"m ui; )^- -^ -- ■ V -_ » _ - v 1 - - -^ ? 4 ^. NOUVELLES SUITES ^ 1 ■ I #1 ^1 ^ -. ^r-^ / FORMANT, ^ /^y f ^//^ / / //^ r ^ _ f ^ ^ **. ^;> i) N F . . .i ' Ti .. f» ^-K '# .> ti '*: > * JK I 4. i?*^) ■* •!* ) - /.?/» C^ tW(4'«"tu>n ^^^ y y >////? ^/,/// , / i I / / / ^' ^ ! ! > 'i - I'l .^ ^ -% \ )- V K.. A \ \ I - ^\'-. i i J * h!^ r"- ^¥ V^s ffiv' r 1^ hL ■ i [ I J J I "^^ ■'r-: jr-^ -J .^^' t I i I A Iv i I I 4 ^^ i-A iviijiiAiiiii, j::s(>Tix)j>Ki)ioi i: dm roiu^t. 1 L J(-j^ npt *fi ^if^t^^,^ - .. - \ - > •6€8l saeui 95 '- SUCJ -xneiunof xne juaupsap sjuiesodxa S9i *i\[ivi onb saDuouui? S8p sed oSaeqo os au ourejqij an :jiP9iejajis9p jnod NOUOVaaH aa SIVHJ SWnDnV ?puBraap gjja jnai BJjnod au ij nb sjuBsodxa sai j^i^ juaiA^id ' 9u}snput.i b 8[pn aSBJAno un jajiqnd op onb )nq ajjns.p b u inb anaixMassa MoixvA\i3sao ^ \' MM inas 8[ |9 g^SejAnoj ap sjnajBJoqBnoo sap unj 'jnauuoH.p-noiSaT bi gp jaiiBAoqo M M S9I MM anb uopjosui^p sapuBraap xiib jiojp ojibj mod jgxij nd juaiB Koixisodxa;i aa anaxiNOivi np s jnajipg saj onb ouSioia sn^d 9x anija^ a; ;sa ureqaoad ibui s j; 8^ •sanbgpuaps sjuaraoddoxaAap sanbpnb :^uassn5aj sjuBsodxa sa^ jBd S91U jnoj S9|ou sai anb o jibssoo^u jib jos xj .ivb sioj sax sa jnoj s jnaxipa xub sanoouoa jnax a jxprao jd nxno a uaiq juo ' a ji jaui axxa ,nb aouBj jodrai ,p a jSap ax uoixBoixqnd ojjao B :juBqoB);B 'xuBpads sauiraoq sap anb isure }Sdp • aasoduii jsa^s xi.nb uoissiiu ex ap Jiiajneq ex b :)rij ajAjx aa ap uopoBpaj bx anb jnod sasijd aja juo saansani sa(j •sjB^nsaj sas jBd axjjn ja wuBpuaj sas jed axqBJOuoq ajAnao aun aj|^ jiBAHod noixisocIxj^t aa uoaiiMoj^ ai 'sjnaxxre.p 'saxnas suopipuoa saa b ^mddB uos ja aSBuoJjBd uos aSBiAno xaAnou aa B jaj^jd nd b pJO>i jvE ap uosibui bx anb suoijipuoa saxnas saa B^nb :jsa,u 9^ %nbixqnd ajqnpa ja bi b npua j aSaid un SBd jios au ja auisinBXBx JBqa jno j ap aa^BSap ' jios sasodxa s)inpoad sap uoi|Biaa jddB ^x anb a joaua a j jos axxo; ap i axjxB at j ap sais "^noxBf xnB lu ' sajixeuuosiad xnB lu jjaAno ;ios au Noixisodxa^i aa HQaxiNoi\[ ai anb %ios axiax ap 'uoipBpai «! Jns axQjjuoa jnax aaajaxa.p jiojp ax juaAJasaJ as sjnajipa lax siojajnoj s saoi)uaAui sinax ap aauaSqxa jui j Jnod saaressaaau no sjajajui sanax *B saxqBuaAuoa juojaSnf sxi.nb siab ja suopBOixdxa ' saxaijjB sax J8-i?sui aarej juoj ^-anod 'saauiudxa sajdR-i:i snnniDUOO xnB iiiBiiooinon ac nn m^ y oiudxa sajdB-p suopipuoo xnB juBuuojuoa as ua 'sjuBsodxa sax MM • jajxnsuoa b apmS jnaxxpni ax JiuaAap anod aA jasuoa b xas xi ' a JAix aa ap axxai jajBin uoijBai jqBj bx b xa uoix -aBpaJ BX B saxjoddB xuoaas suios sax snox oraraoa ja 'sjnaxaqoB^p ajquiou puBjS un jQXuaiq Bjaxdraoa xi 'xud SBq b npuaA : axjXP^.P ajapBjBO axqnop aa BjnB Noixisod x^p aa aQaxiwoj\[ a^ anxadjad as xaaxxaAnouaJ as ax|a puBub anb sxBJxnsai xnajnaq apuoaaj jsa^u ajpixqnd anaa 'apxsnpuij ap xa oojararaoa np xuauiaddoiaAap nB tiJXuoa xuassind inb sjpaB snxd sax spossaj sap un xsa aipijqnd bx is anb luapiAa ^pads jno) ajpBa un suBp xuojjiBJBd sxi > i ^. Jl» I fc i ' ^ / r t m * *" < L- I u 1 V ^ / 1 \- s PARIS.— IMPUIMERIE J)E FAIN ET THUNOT, ULE RACINE, 28 i <-, It "^' ^ - *j f. ^* -^iJX^x^ — . / . - ^i'l ■ ' ■ " - - ■ "— — If -- ^ri ■ ^/ -v-^"* ; / ^- VrVj^;^- ^:. ■ ■ ^k#^* ■r i: aPV'^ 'V. ESSAIS ^■JT * _^ '•n- - t DE li J 9 GMMALE f ou T 1 MfiMOIRES ET NOTICES SUR la zoologie »enerale, l'anthropologie , ET L'hiSTQIRE DE LA SCIENCE; PAR M. Isidore GEOFFROY SAINT-HILAIRE , *%\ / MEMBUE BE L'iNSTITUT (A-CADliMIE DE3 SCIENCES), ETC. i- 1 t t * PARIS. A LA LIBRAIRIE ENCYCLOPEDIQUE DE RORET, J RUE HAUTEFEUILLEj N^ 10 BIS. t« 1841 X • < t n \ I I 1 P 1 I (- h 'i I i ! P t I i » f iftiirry soanejsee. # ^ -^ I Y K' <-l t* v\40|> ^c4\^«»Hj ^ |. cfc OTTxrvi a tf"~If^^ L^ J\r ftJOll aUuLfl(;>TTTa r,^\H*^^ «■ ^i^' '.--■- -»"^ ■■ r y r M \ €. a. E. iSfrm I t ' ieWc/e-n/ c/e /'^cac/e'm/e <>'aya^ c/cj ycee^ced, e/e. ^\ - \ • * \ 4 J Y L ' V '" L Puissent les idees exposees dans ce iivre lui paraitre de quelque interet pour la science ! Puisse cet hommage ne lui sembler trop au- n ■ dessous , ni des conseils eclaires par lesquels il a bien voulu, avec mon pere, m'ouvrir les voies de la science, ni des inspirations que j'ai essay e de puiser dans la meditation de ses belles lois organogeniques , ni des sentiments d'amitie et de vive reconnaissance que je ne cesserai de lui porter ! f / Is. GEOFFROY SATNT-HILAIRE. !( I :^ T * 1 \ \ ■■> I ■1 1 » F 1 I / I «i * « i • i* J f ""- *, 1'^ I'V ,7 Off?- t>^ ^^^^^' \ - t ■:.^. * -r _^tTl mt « i I t I 1 1 PRI^FACE ^'^ ^ - Ce compose de auiiize fioticel e V quinze J annees, les autfes zoologie i'histoirfi dej^ piibli(^s il j^ a qiieiq g sill de science. C ' ■- ined anthrdpoio siir H^' don c un d articles detaches, bieii piiit6t qu'un iivre, que je public aiijourdlui. toutefbis, entrelesdi^rses parties de cet ouvrag donne , 11 existe un 5 nom qii qui lie ; ebhappef ati lecteur attentif ; et ce lieri, aii delkut de I'unite de date et de sujet, resiilte de I'unite de pensee. J'essaierai de le rendre sensible, des a present , ■i ■ par quelques remarques gen siir I'etatde qui troiiveroiit a la fois , dans la Suite (I) J'avais eu I'intention de placer en tete de ce volume , et comme une introduction a laquelle se ^ seraient rattachees ses diverses parties , quelques considerations nouyelles sur les rapports gcnerau^ des sciences entre elles , sur les mithodes scientifiques , et principalcment sur la mi- thode eu histoire naturelle. Ce travail, qui m'a occupe pendant deux mois , est fort avance ; mais I'extension qu'il a graduellement prise , ne me permet plus de lui donner place ici , et m'oblige i le r Jserver pbur une publication speciale. *{ III fil ^ If * t I* \r\ 'I 4 i u V \l \ _i +_ T*"' s 9 Yiri t: i* -•11 * ; PREFACE. de cet duvrage, leiirs developpements et leur ^ complement. Chaqiie siecle a ses besoins et ses tendances , comme ses facultes et sa puissance propre. Ce qui , a un moment donne , est prudence et louable reserve , peut devenir plus tard timidite exces- sive. Ce qui, dansune epoque, doit paraitre teme- rite et presomption , pourra etre juge , dans une autre, sagesse et juste intelligence de sa force. Dans la course rapide d'une science vers le pro- gres, il est done parfois utile, il est necessaire de faire halte durant quelques instants, afm de por- ter ses regards au loin de soi, et de mesurer par la pensee I'espace deja parcouru, I'espace qui reste a parcourir. L'etat actual des sciences naturelles, et specia- lement de la zoologie, a ete, comme tout le monde le sait, le sujet de graves dissentiments et de debats plusieurs fois renouveles entre les na- turalistes les plus illustres de notre epoque. Depuis un assez grand nombre d'annees , deux ecoles , Tune et I'autre recommandables par denombreux services , se partagentles esprits : deux ecoles que Ton peut caracteriser en pen de mots , I'une par la recherche presque exclusive des faits a I'aide de I'observation ; I'autre par ses tendances con- stantes vers la generalisation et I'abstraction. La premiere, V ecole positive , ainsi qu elle se qualifie elle-meme, I'eco/e timide ^ ainsi que d'autres t I I ^ ^1 w 4 '-■ --^1 i 1^ ( f 1 \ \ r I # \ PREFACE IX J ont nommee , accorde , par consequent , ia pre- eminence aux fails sur les idees : par I'organe de son chef le plus illustre , elle a nieme declare a plusieurs reprises repousser toute theorie comme necessairement entacliee d'erreur, ounel'accep- ter qu a titre provisoire , et en vue des fails nou- veaux qu'elle peut faire apercevoir. La seconde . ecole sjstematique Vecole pro & r ess we ou philo s ophique , selon les autres, sub- rdonne , au contraire , I'observation a I'abstrac- ion , et, pour ainsi dire , tient les fails au servire des idees : celles r but veritable de conduire fails , seulement la voie qui doit y Ces dissentiments, ce conflit, caracte'ristiques du monient actuel , ne sauraient etonner , et encore moms afflig sur qui a quelque peu medite 1. lis tiennent a I'elat meme de la indecise et flotlanle entre la phi- et losophie de deux epoques, dont I'une finit, dont I'autre commence (1). lis ont aussi leurs causes dans la nature meme des choses , dans la diversite des tendances intellectuelles dont cha- en naissant , ou de nous a apporle le g qu'il a revues de I'educalion et des \ i if il P- ( I I I: r , r (I) Voyez les Considh^atlons kistorlques sur la Zoologie, et la Seconde addition l\ cet article P i ■< r -I m ^ 1 1 X PREFACE Pascal a reinarque qii existe deux sortes d'esprits j les uns qui penetrent vivement et pro- fondement les consequences des principes ou des faits; les aiitres qui comprennent un grand nombre de principes ou de faits sans les confon- dre. De cette difference dans la nature des esprits, il resulte que les uns sont plus disposes a em- ployer le raisonnenient , a recourir a 1' abstrac- tion; qu'ils poui ardeur les quences les plus eloignees des faits; qu'ils tendent toujours vers la generalisation. Lesautres, aii contraire , pokes ters I'obser et alyse, tendent surtout a augmenter le nombre n'accordent qu'une moindre impor- ^neralites. aux theories. Ces deux des faits g dispositions d'esprit , egalement louables et lentes en elles-memes , peuvent etre exag > Aussi il arrive que quelques-uns negligent rement les faits pour l d'antres se iettent dans consequences 5 3t que Quel- quefois meme les premiers pretendent eriger en lois generates de la nature les resultats d'un petit nombre d' observations , veulent embr asser tons les faits dans des theories improvisees , et se perdent en de vagues abstractions. Les seconds , a leur tour 5 repoussent comme de vaines deductions de I'esprit, les faits generaux les mieux etablis : tout ce que leurs yeux ne peuvent voir, n existe pas pour eux. Quelques-uns ne veulent et ne vou- 4 I 1 I t i f I * \ ■''. ■;''':■' 9 i 1 { t J t i ^ * 1 ^ ^ I r PHEFACE, XI dront jamais admettre qu'une seiile idee theo- riqiie : c'est qu'il ne faut pas de theories. Les deux ecoles auxquelles ces doctrines di- verses ont donne naissance , se jugent mutuelle- nient d'une maniere defavorable , et il n'en peut etre autrement ; car, pi des points, de vue opposes , tendant vers des buts inverses parlant en quelqiie sorte des langues difFerentes coniprendre. Chacune \ dails sa rivale g elle est quelquefois tombee. La premiere acci la seconde de temerite, de folle etpresomptuei ambition, de poesie (reprocbe dii accepter peut-etre a titre d'eloge). A aux yeux de la seconde ; la premiere est timide que celle-ci eiit pusillanir stationnaire : elle parce quelle-meme nose outre mesure, nie le mouvei marcher. ! Ces jugements severes ne sont point entiere- ment faux, mais ilssont incomplets. Ces critiques que se renvoient Fune a I'autre les deux ecoles adverses , he sont pas sans fondement j mais elles s'efFacent devant les immenses services que toutes deux ont rendus a la science. L'ecole positive a demontre a jamais , a consacre la necessite de s'appuyer constamment sur la base inebranlable de I'observation et des faits. Au point oii nous sommes aujourd'hui parvenus, nous avons besoin plus que jamais de science positive et solide , et, X !(■ (' fP» i if i\% / ' ! I 1 1 ) 1 1 ^1 I ■i 1 .%[ ^ l: ■ J ■^ It XII PBEFACE. liors de cette base , nous ne saurions elever que des edifices fragiles, ephemeres , mines peut-etre avant d'etre acheves. Nous devons done nous gar- der del'esprit de systeme, craindre les generali- sations hatives , bannir entierement de la science ces conceptions vagues dont le moindre inconve- nient est de nous dissimuler a nous-memes notre ignorance , et de jeter un voile sur des lacunes qu'autrement nous nous efforcerions de rem- plir. Les services rendus par I'ecole progressive sont autres, mais ne sont pas moins grands, et lis completent ceux-ci. La premiere ayant jete les solides et durables fondements de I'edifice scientifique , la seconde en commence aussitot la construction. Que le plan ait ete d'abord impar- faitement congu ; que quelques parties , prema- turement construites , doivent etre demolies et reprises des leurs fondements , je ne nie pas ces inevitables erreurs ; mais je n'y attache qu'une importance secondaire. Le progres reel est ail- Icurs : il reside tout entier dans I'emancipation de la pensee, enchainee par I'autre ecole a la suite des faits et de I'observation. H reside dans la ne- cessite logique, rendue a I'avenir incontestabJe, du raisonnement et de I'abstraction, auxquels appartient essentiellementla decouverte des rap- ports, comme a I'observation celle des faits. La science, comme elle a deux ordres de verites ^ ^ \ t i I • I i i j (- \ % ^ _ _ r i i r r I f i i \ 1 PREFACE. xni connaitre,aura desormais deuxniethodes. Apres avoir recueilli tous les enseignements qu'elle peut devoir au temoignage des sens, elle osera s'elever par la pensee vers de plus generales et de plus hautes verites ; et dans cette lutte si inegale de r esprit humain centre les difficultes sans nom- bre de Fetude des etres vivants , il ne se presen- tera plus desarme de ses plus belles etplus nobles facultes, et semblable au soldatqui, de peur dese blesser lui-meme, aurait jete ses'armes surle champ de bataille. Si ces remarques generales ont quelque fonde- ment, et je pouvoir dire qu pleinement justifieesdans la suit il y a mieux a faire aujourd'hui que de seront preeminence de ou de I'autre des accompl les. Notre epoque a une grande tache r, leur conciliation , et , par elle , I'al-- liance, en une juste proportion , de I'observatioi^ et du raisonnement j Tune, element de certitude * I'autre, de puissance et de grandeur; I'une, source unique de la connaissance des faits naturels • 1 autre , de la decouverte des rapports, des gene'- ralites , et finaleraent des lois de la nature. Quand ce progres vraiment f ondamental sera par I'esprit humain , c'est + que nulne peut dire presentement. Les difficulte sont grandes , immenses encore , et I'oeuvre au-dessus des forces de chacun de nous. Par i lit r I 1 i ti Rt n / - % I l> t- iHfe ; '( >* f M \ ^ XIV PREFACE. devoiis nous y emplo}' ardeur per C'est sous ce point de vue que, depuis douze ans (1), je n'ai cesse de considerer la science , aux progres de laquelle j'ai consacre mes faibles efforts. Selon I'exemple deja donne , en anatomic surtout, par quelques savants illustres (2) ; sou- vent sur les traces de celui que j'appellerais mon premier maitre , si je n'avais a lui donner un nom plus clier, et parfgis aussi a I'aide de methodes nouvelles , j'ai cherche a montrer que le moment de la generalisation et de F abstraction est enfin venu pour la le ; a preparer et a commencer la fondation sur des bases dura- bles , des theories dans lesquelies doivent se re- sumer tons les faits particuliers de la science. La coordination rationnelle, renchainement metho- dique de tous les resultats generajix deja obte- par detous les rapports jusqu'a present deduits meme ; tel est spe- d ou p moi V, alement le but vers lequel j'ai dirige mes _ rl recherches dont ie n'ai par jnentanement que pour lui , par ^ 1*- (i) Et jc pourrais dire depuis seize, si je devais tenir compte de quelq^i^s apercus dejajetes dans mes premieres publications. -^^ (2) Voyez , par exemple , la belle serie de Memoives que M. Sehres a publics dans les Amiales de Sciences naturcUes , sons le titre de Re- cherches d'Anatomle transcendanie. ■^ > i I t / - 't I \ I » I f I I s p \ I I ^ I I 4 t PREFACi:. XV ■v 1 etude des faits teratologiques, une voiemo... airecle, mais plus siire peut-etre et plus facile. Me sera-t-il jamais donne d'atteindre ce but Men eloignede moi? Et si je ne dois pas 1 atteindre , en approclierai-je du moins d ^.^^„ pres pour que les resultats de mes recherches puissent un jour former un ensemble , en tete duquel il soit permis d'ecrire sans trop de pre- somption ces mots : Traitede zoologie gimrale? Je n'ose dire que telle est mon esperance ; mais mbition , sans doute au-dessus de mes forces. Dej trois reprises differentes en 1831 , en 1837 , en 1839 , dans des seuls peut-etre qu'on ait entrepris sur V ensemble de la zoologie generale , et les seuls assurement que Ton ait faits sur ces bases ,j'ai expose I'eu- semble de mes idees et le plan de mes recher- ches. Aujourd'hui ce sont quelques parties, un pen plus avancees que les autres , de neral , que je presente re'unies dans ce volume : puisse le jugement que portera sur elles le public n'etre point pour moi un motif de decouragement dans I'ceuvre si difficile a laquelle j'ai voue mes efforts ] ge An Port-Marly , le i4 septembre 1840. m ^ tH > *■ ^ \ n f* { 1 / r- tf y ^ ^ w ^ i m i '^ ill ■ > REMIERE PAUTIE • HISTOIRE DE LA SCIENCE. » I - ZOOLOGIE GfiNtRALK. 1 •^ 4 r. m \ t 1 p y \ / f M \ « t* 11 r > • ^ » .-. *;« - ^:-^ \ I ^ * CONSIDERATIONS SUR LA ZOOLOGIE. (0 L 1 I. Dans me suis souvent phique des sciei ! I ou I'histoire philosophique de k litterature a ete le sujet de si nombreux travaux , je etonne de voir I'histoire philoso- ces naturelles rester en dehors du cercle habituel des recherches et des meditations des savants. Entierement neghge par la plupart , ce ma- gnihque sujet d' etudes a ete seulement aborde par un petit nombre d'esprits eminents de notre epoque • et \ ¥■*«■* n« du 1^^ avnl 1887, p. io5. Jaicru dpvnir 1^ 1 • • • ^ passages pres , tcJ quil a ete compose- iTm'c ^,,+ 1 1 * . ^ / ' ^ ., . , \ r' ^^^^ ' ^^*i'^ quelques notes pla- cees au bas des pages , j ai cherche a le rnmv.l^f^,. i • /i -,• ,, , • ' . ^ /^ '^ *c completer par plusicurs Addl^ (ions que 1 on trouvcra reunies a la fin de Tirticle -^ w i # ^^ * ^ I* I i m t li HISTOIRE DE LA ZOOLOGlE. SI quelques parties en ont ete traitees , c'est , presque toujours , afm d'etablir ou de refuter par les enseignc- nients de I'histoire certaines theories plus ou moins contestables , et par consequent sous un point de vue special et partiel. Les articles liistoriques eux-memes de M. Cuvier, ses eloges, ses notices biograpliiques , et jusqu'aux lecons, si justement celebres, par les- quelles il a illustre la cliaire du College de France , offrent ce caractere incomplet. lis forment dans leur ble, et sans do ils resteront gtemp beau monument que pays a I'liistoire des ils doivent bien plutot cette haute superiorite k 1' eru- dition lucide de I'auteur, h I'habilete spirituelle de son exposition, qua la profondeur de ses jugements sur la valeur des faits et de ses apercus sur leur enchame- ment et leur portee dans ravenir. G'est, au contraire, d'une histoire vraiment philosophique que M. Am- pere parait avoir concu le plan pour les sciences na- turelles , comme pour toutes les autres branches des connaissances humaines (i); mais si Texecution d'une oeuvre aussi immense ne surpassait pas la puissance de pensee et le savoir ency clopedique de cet homme de genie, elle etait du moins trop au-dessus de ses forces physiques : il est mort , sans I'avoir meme com- xnencee ! h H I (j) Voyez, a la flu de cet article, k premiere d^lditiony page i5 rt- 1^' **■" - - / - - H.^- ._,■:. \ ■*/-- -^-^'- 1 t INTRODUCTION. 5 11 est douteux , disor le poir que la conception grandiose de M. Ampfere puisse etre realisee avant de longues annees ; mais il est pos- siWe et il importe des aujourd'hui de preparer par des travaux partiels et de hater le moment ou ce progres pourra etre accompli. En d'autres termes , I'liistoire generale des sciences, I'examen pliilosopliique de leurs rapports de filiation et des influences mutuelles qu'elles ont exercees les unes sur les autres , la determination du but commun vers lequel elles tendent et de la dis- tance qui en separe cliacune d' elles , toutes ces liautes questions , et plusieurs autres encore qui derivent de celles-ci, nous restent encore en grande partie inac- cessibles. Mais le moment semble venu ou les rela- tions de cliaque science en particulier avec les sciences les phases div volution , appreciee^s sous un point de vue pbiloso. phique, peuvent conduire h rintelligence nette e precise de ses progres passes et de son etat present et , par elle , k des enseignements precieux , impoj silDles par toute autre tbode , sur ses prog futurs et sur la d imprimer qu'il convient de lui G'est avec cette pensee que j'ai presente , il y a quel- ques annees , dans un autre travail, I'histoire de la te- ratolosjie, et raontre comment cette science a com- puis coup grandi et s est developpee selon les lois voulues par ses rapports de tiliation et par ses connexions avec m W i[ *!• 1 1^ I n Lr:3r / i 6 mSTOIRE DE LA ZOOLOGIE. les autres sciences de rorganisation (i). C'est encore avec les memes idees que je vais aborder aujourd'hui I'histoire de la zoologie , consideree dans son ensem- ble, etque peut-etre j'essaierai par la suite deretracer celle de la physiologie et des diverses branches de ranatomie. / II. I i ^ i I Soit que nous considerions la zoologie dans sa vaste et harmonieuse unite , soit que nous deroulions de- vant nous la longue serie de ses branches diverses, elle nous apparait egaleraent comme une science im- F niense par le nombre et la variete des etres qui ap- partiennent a son domaine , immense encore par le nombre et la variete des problemes qui sont a re- soudre pour chacun d'eux. Comment I'homme a triompbe graduellement de tant de difficultes amon- celees devant luij comment il a ^randi k leur e^al son genie d'investigation ; comment lui, humble parcelle de la creation animale, s'est leve au milieu d'elle pour la connaitre tout entiere; tel est I'immense probl^me dans lequel se resume le sujet tout entier que je me propose de traiter. II n'entre pas sans doute , (i) Voyez rintroduction de mon Histoire generale et partlcuUere des anomalies y t. I, i832. On trouvera reproduites plus bas ces considerations historiques suv la teratologie. Leur sujet, plus special, les place naturellement a la suite ^e cet article sur Tensemble de la zoologie, dont elles forment , a quelques egards , le complement. V *T IC -^^^^ ? - J f* 7=^ ■ ::^i: ■-' - # L^-f. ( ? i -T 4» INTRODUCTION. 7 peut eiitrer clans mes idees d plet des developpemeiits et des progres de logie , et de suivre dans son cours le long enfantement de ) ; mais J essaierai au moins d quisser a grands traits, dans cet article general, le ta- bleau de la lutte victorieuse qui a deja valu k I'liomme la decouverte de plusieurs des mysteres de la creation animale, et lui a ouvert la voie vers des conquetes plus liardies encore et plus belles. Gette lutte a ete longue; les phases en ont ete di- / * iprit humain , longtemp qu deva naire, a quelquefois ete retrograde; mais, en depj de tons les obstacles , cbaque generation de travail leurs a porte sa part de materiaux a I'edifice comnmn jusqu'k ce qu'enfin ij ourd le plan de son ensemble fut nettement trace , et pa le but clairement signale aux efforts de chacun. (I) Un jeuiie zoologiste deja connu par plusieurs travaux zoologi- ques et pliysiologiques , M. Vigtoe Meunier, n'a pas ete effraye de la grandeur d une telle entreprise. II a annonce il y a (juelques mois un ouvrage en quatre volumes , sous ce titre : Ilistoire phihsophique des progrks de la zoologie generale , prindpalement depuis Buffon (l^4g)jus- qu'a nos jours. (Depuis que cette note a ete ecrite , le premier volume , contenant une introduction generale, a ete mis en vente : il paratt de- voir etre procKainement suivi d'un second dans lequel sera faite This- toire de la science dans Fantiquite.)- II serait a desirer que Ton publiat aussi la serie des lecons faites cette annee (iSSg) a la Faculte des Sciences parM. de Blainville, et qui ont eu egalement pour sujetl'his^ toire de la zooloerie. \ it ] . 4 r- n ^ (« * \ if : :■ r ^ 1 t \ i 8 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. Au milieu cle toutes les alternatives qu'a presentees zoologie clans sa marche in^galement progressive, )is periodes principales peuvent etre distingudes ; )is periodes qui ont existe ou existeront aussi pour utes les autres sciences d'observation ( i ). Dans Tune, periode d'essai et de confusion avec les tres branches des connaissances li pour employer Texp des anciens, le savant ■g I'expression des modernes, comprend, dans tations , tons les pli ses mais g med menes que les mondes exterieur et interieur offrent a sesyeuxou k sa pensee. Ardente, a vide, temeraire, comparable h un enfant dont les facultes nouvelles , dont la jeune intelligence s'exercent incessamment , sans reserve et sans cboix , sur tout ce qui I'entoure , la science de cette periode se li^te de recueillir des faits dans toutes les directions , et d'enfanter des sys- pour I'expl de tous ph^nom^nes mais ces faits , non soumis k I'analyse , ces systemes oeuvres brillantes mais fragiles de I'imagination , in struisent moins I'esprit qu'ils ne lui plaisent et n 1 etonnent. La po(5sie s'en inspire , mais la science ai langage severe et precis, n'en conclut rien. G'est I'analyse ; au contraire, qui regne dans la se- conde periode. Le r^gne animal servateurs speciaux; et de cette deso rmais ses ob division d ^ ^ r (i; Voyez, p. 55 , la secoiulc Addition. \ 5t >v i ^ l m » INTRODUCTION. 9 ^ « J "squalors inconnues. A une precision , une rigneur issi la zoologie, j usque- la sans faits, sans principes, sans noui, s'enricliit rapi- dement de faits autlientiquement constates examines avec soin dans toutes leurs circonstances , analyses dans leurs details, ou, pour tout dire en un mot de faits bien observes. Des lors elle prend place , elle ac- quiert un rang distinct et important dans le cercle des connaissances liumairies. Ce n'est pas quelle soit en- core une science constituee ; mais une base solide et durable est desormais offerte aux travaux des zoolo- gistes futurs, et la voie du progr^s est largement ou. verte. Aussi , dans la troisieme periode, les deacon vertes .. succedent aussi rapidement qu'elles etaient rares dC l)ord ; et cbaque jour leur importance croit comnie leur nombre. Une multitude de faits etant connus , il devient a la fois possible et necessaire de saisir entre eux une foule de rapports inapercus , d'en de- duire des g^neralitds , d'en rechercher les lois. Et des qu il devient possible de generaliser, de comprendre 1 expression d'une foule de faits dans une formule ^e- nerale, les barrieres qui separaient cbaque ord re d^ faits et d'idees tombent ; et les sciences , si lon^temp divisees nnnr^ VAt,.A^ ,ioo faito A^ ^i^<-„ -i » . ^ .■^ s la decouverte paraissent de grandes lois de la nature. Alor c concept des systemes aussi vastes que le res Co '\ ■ . t * "^ m i M m *♦ m »m % \\ii » -^^ ■-az_ 1 i 1 'f 1 4 M ^ 1^1 t 10 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. mais avec la r pour guide , Firaagination pent deplojer ses ailes vers les sommites les pi et la poesie , efFrayee un instant par les formes seches gage aride de I'analvse , retrouve de suLlimes spirations dans la contemplation des harmonies de nature et de ses eternelles lois. Ainsi , confusion de toiites les sciences , et pssak nn_ dacieux dans !S directions; isole de ioologie, et analyse des fa 5 'S generalisation des ft sont les caracteres des trois periodes qua presentees le cours progressif des deYeloppements de la zoologie , et dont il me reste , apres avoir indique les traits ge- neraux , a montrer les phases principales et I'enchai- nement . ^^ m. If La Genese , ce monument mysterieux de Vorigine de notre globe et de I'origine de notre espece , nous represente Adam , h peine sorti des mains de Dieu , et avant meme la creation de la femme , occupe h. de- nommer les animaux de la terre et les oiseaiix da del-, et les noms quit leur donna fureiit , dit la Ge- nese, les vrais noms {{), JNous serions done en droit 9 V t ^-nr9 (i) Chapitre II, yerscts 19 et 20. marquable : Void le texte de ce passage re- « Formatis igitur^ Boinmus Deus , de humo cimctis animantiius terra% t; - X -\ ^ r.:- ! m '■T i| I f PREMIERE PERIODE II tie dire que le premier Iiomme fut aussi le premie giste , et que la zoologie , anterieure k toutes les de precede meme raclxevement de Dans I'antiquite la plus reculee k laquelle puisse remonter I'liistoire autlientique , la zoologie nous ap- parait de meme , sinon distincte , et elle ne pouvait etre a une epoque dont le caractere le plus essentiel est la confusion de toutes les sciences , au moins cul- tivee a I'egal de toutes les autres brandies des con- Cliez les Egyptiens peuples divises en castes , Tune d'elles se trouve de positaire k la fois de toutes les sciences , de toutes le lettres, de tous les arts liberaux. I.e pretre est a 1- fois le seul pliilosoplie , le seul lettre , le seul savant et meme le seul medecin. Le droit de savoir est Tunc de ses prerogatives , et cette prerogative , 11 la con serve precieusement. Tout le tresor des connaissancei humaines , il le place dans le temple , entre lui et sor Dieu ; il en lionore , il en agrandit la reli peuple que quelq presentees de Tallegorie , et comme des m\ que Ion doit reverer sans oser les comprendre. Ce qu'etart la zoologie k cette epoque reculee , quels fu- « et volatilihus cceli, adduxit ea ad Admn i,f . -j . -i ^aam ut sndcret quid vocaret ea,: omne enim quod voccmt Adam animm dn^.,^- • • 1 ^lu.nce vis^entis ipsum est nomen ejus. <* Appellavitque Adam nominibiis ??//c ^■„.,^/ ■ t ^'olatilia cveli^ et omnes bestias terras,., ■„ n l!. 1 ( 1 f I ■ \ \l «»1 _■ - Bl^ L /^ *■>»■ 'm m \ P t f> i i ^ K \ ! ,' I '■1 i- ^ I' 12 HISTOIRE DE lA ZOOLOGlE. breet rimportaiice des faits c recueillis, decouvertes de peut le dire avec precision. Meme api deux illustres eniules, Young Champollion , cpi oserait concevoir la pensee cher auiourd gjpticnne les travers lesquels les Egyptiens eux-m ernes ne faisaie qu'entrevoir quelques douteuses lueurs ? On est do: ^- d doute on sera toujours red pproximation dont meme < surer 1 erreur ; mais cette approximation nous suffit ici pleinement. Le voisinage du desert, I'etendue de I'E- gypte , et par suite la difficulte de voyager, sous un climat aussi ardent , sans I'aide d'animaux domesti- ques; le grand nombre de mammiferes et de serpents redoutables h Thomme que notirrit TEgypte , aussi fricaines \ toutes ces tude des poissons alimentaires qui peuplent le Nil des reptiles qui vivent sur ses bords et s'avancent a lui chaque annee lors de ses inondations ; conditions imposaient aux Egyptiens la necessite , meme temps qu'ellesleur donnaient de faciles moy de recueillir une foule de faits et de notions les animaux. Le savoir zoologique des Egyptiens en effet mis liors de doute par les temoignages 1 histoire sur la religion egyptienne dont cliaque mys tere etait I'expression allegorique de I'un des grand, plienomenes naturels; par les peintures des monument; sur lesquels une multitude d'animaux sent representes et presque toujours avec une entente admirable d( c le / I f I h - - ^ -.\\-^^y / ■ - ^ ■ _"^-4 ■ -^ h - , r r. ^ r ■ h - '---" "^'- '%_ \ 'SM PREMIERE PERIODE. i3 liabitucles ; par les niomies, les statuettes d ont d'autres documents de diverses sortes qui ilans les tempi les bes ; enfm par les recits d'Herodote , dont I'admirable § scientifiq g et qu'Herodote temps que politique. Les details ganisation de plusieurs animaux del'Egypte, les recits si fidelement naifs qu'il iious a faits de leurs moeurs, ne sont sans doute qu'un pale reflet du savoir des Egyptiens • et cependant , tels qu'ils sont , ils eussent suffi pour faire ' jamais le nom d'Herodote , alors m^me que le destruction du tous ses titres k une pere de I'liistoire eut perdu , pa reste de son admirabl plus brillante immortalitd (i) IV. .V f 1- iii tr rl ■J \ f fc ^ I I La Grece n'a pas plus ecliappe que I'Egjpte a cette loi de I'esprit humain , qui le condamne h s'essayer a la fois, k I'origine de ses etudes, dans toutes les bran- dies des connaissances , et, par suite, h s'arreter des les premiers pas, dans cliacune d'elles. Un pliilosopbe (i)Mon pere.diirant son sejour en Egypte, s'est attache a verili ler les circonstances les plus remarquables des recits d'TTrU a . i> tionetles moeursdes ammauxdontiltraite. Les resultats de cescurieuses observations, par lesquelles la veracite auplrm^f • . . ' vtt - , ^ . . 1 ^^*it;, queiquefois contestee, dHero. dote, a ete mise dans tout son jour, sont consignes dans le grand ou- vrage sur VEgjpte et dans les Annates du Museum d'hhtoire naturdlc. W T r A 'I f S s V r^ f^ ttii- > t? # r I ^ r \ \ » ? f V' ;f^' V' . K r It _ \ 1 V k >4 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE grec, comme un pretre egyptien, cultivait, iion la' philosophie telle que nous rentendons aujourd'liiii , mais toutes les sciences alors indistinctes. Thales le premier des sages de la Grece , etait physicien , astro- nome , seometre et moraliste ; Anaxaejoras , natiira liste , geologue , aiiatomiste , physicien et me tapliysi- cien ; Democrite , anatomiste , medecin , na turaliste , geometre et moraliste. Pythaffore, Zenon d'Elee et plusieurs autres n'avaient pas une instruction moins etendiie, moinS diverse. Mais ni eux , ni leurs con- temporains , ne paraissent avoir fait faire a I'histoire naturelle aucun pas important , et la Grece antique serait restee presque etrangere aux progres de cette science, si elle n'avait a s'honorer d'avoir donne nais- sance a Theophraste et k Aristote. Theoplaraste , contemporain et ami d' Aristote eieve avec lui de Piaton , et digne de I'amitie d'un tel condisciple et d'un tel maltre, a cultive a la fois, comme presque tous les pliilosoplies grecs qui Font precede ou suivi , toutes les brandies des connaissances humaines. On sait qu'il avait etudie d'une maniere approfondie les trois regnes de la nature , et expose liistoire complete dans plusieurs traites speciaux j ' son livre sur les animaux n'est pas venu jusqu leu r :l nous, et quelques fragments, retrouves en divers lieux , ne suffisent pas pour nous en donner une idee exacte. G'est une perte que nous devons deplorer : les oeuvres botaniques de Tbeopliraste attesteut en lui un talent remarquable d'observation et d'a- I 3 i 4 / »i. i PREMIERE PERIODE. i5 qual Grecs en nienie temps que cette hauteur de vues qui fo ; m J ^*L *>■# r I i6 HISTOmE DE LA ZOOLOGIE. rle rinvasion des LarL § nie- frage de la civilisation antique qui a engl de si beaux monuments des temps passes , le n le souvenir d'Aristote eussent ete effaces de 1 moire des liommes, le recueil de ses ouvrages eut ete pris sans doute par la posterite pour une vaste en- cyclopedie, ecrite en commun par I'elite des littera- teurs, des pliilosophes et des savants de I'une des plus grandes epoques de la civilisation grecque : taut ve partout, precises et etonnante, de idees y pr pletes et arretees ; tant I'auteur, si Ton petit s y pa special. Dans giques pa et il ne m'aiD- "tient pas de le suivre ici liors du cercle de la zo( ;ie , non-seulement Aristote expose une multitu( faits , les uns sur les formes exterieur-es et Yom des faits sont analy dans prmcipa sagacite et un scepticisme critique jusque-li'i sans pie J mais la ^en6rix i Fepoque la pi quefois meme elle pleter Texposition des faits. Quel ¥- I I r que passant ia zoologie et I'anatomie comparee ordin jusq res, ses consequences remontent abstraites de la zoologie et de I'anatomie pliilosopl ques , jusqu'^ la notion elle-meme de I'unite de coi ■f - n M h \ , L I ,-, -. \, > ■ -^ -> - ^ X L _ rw-=^::^z-%.- 7 PREMIERE PERIODE. j position organique(i), cette conqu^te toute lecen encore, inachevee meme, de I'esprit humain. ^ Aristote est done un de ces liommes h part qui ^ ont de rang que dans I'histoire chronologique de la science, non dans son histoirepliilosophique. Dii sein de la premiere periode de la science a laquelle ses ecrits appartiennent par leur date, Aristote s'avance au loin vers I'avenir; et, par un privilege accorde a lui seul entre tons , vingt et un si^cles et demi apres sa niort, il se trouve encore, par plusieurs de ses hau- tes conceptions , un auteur progressif et nouveai, \ \ V. suivi, a Passer d'Aristote aux auteurs qui I'ont Pline , Oppien , Athenee , Elien , Ausone , c'e; ber de toute la hauteur qui separe I'invention et le genie de la compilation fleurie et de la causerie spiri- tuelle. To us ces hommes , que la longue flatterie des niodernes envers I'antiquite a decores si souvent du titre de naturalistes illustres , ne sont , a vrai dire Sl^e des litterateurs h propos de I'liistoire naturelle (2). .^ (0 Voyez la quatrieme Addition, p. 6g. Monde s phrase et les deyeloppements qui suiyent, ont ete releyes comme in- justes et irreverencicux envers plusieurs des .rand. ' T r . m.if^ .r„.«,.c Pi^ . , ... , ^/'^^Siandsecnvamsdelanti- q.ite, envers Pline surtout. J ai relu Pline. je I'ai etud^^ , et J a. conserve ma phrase. _ Dans leloquent articl. ...il . r. nouveau , ^. , ,. ' T> /r / ■ , loquent article qu'il a recemment pubhe sur Buffon ( voyez, a la fin de cpt ni f;.i , i / • ■ ^ ^^ rr -n rr^ nr Tr aiticlc, la txoi^ieme Addition, p. 00), iVL ViLLEMAiN, amene par snn ^m'of ; ' • i ' ^^' ^^^^ ^Hjet a apprecier en quelques mots '^ ^^ ^'\. ^ ^^ ^-fc ^ ' - ^— _ *_ ^ ZOOLOGIE GEKlillALE. 2 •A h '■♦W I (-* '*p^ - ■'■v f^. - 11 k^ - , ^ n. - i._-4.V— I ^ >\ \ 'I / i I a 18 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. Pline lui-meme n'est, comme les autres, quun compilateur, plus elegant peut-etre, plus spirituel, mais tout aussi peu scrupuleux. On pent le lire avec plus de plaisir, mais non avec plus de profit. Son but evident d d Soutenir le contraire serai t meme, selon nous, se rendre cou- pable en vers lui d'une injure grave : ce serait lui im- puter d'avoir cru et rapporte serieusement toutes ces fables absurdes , tous ces contes de bonne femme dent il a rempli tant de pages de son livre , en depit de la 1 qu'Aristote avait pris , quatre siecles reduire h leur juste valeur la plupart auparavant , c cl le 3 ces mepties populaires. Que Ton cesse done enfm, dans finteret de Pline lui-meme, de le qualifier de naturaliste ; car la voix de la verite devrait lui devenir severe. Et surtout que ron bannisse enfin de I'histoire de la science tous ces paralleles , si cliers aux rheteurs entre Aristote et Pline , entre Pline et Buffon : Buffon que ses contemporains ont cru flatter, et que la pos- terite a voulu louer en le decorant du nom de Pline francais , qu'un seul bomme a merite peut-etre , le cUsert, mais peu scientilique Yalmont de Bomare. 4 » \ 1 oeuvre de Pline, s est exprime sur lui dans le meiiae sens : « PJine appar- tenait a cctte ecole d'imagination plutot que de gout qui produisit dans Tacite un pemtre incomparable, mais qui partout ailleurs est empreinte de declamation et de subtilite. Homme cUlettres, him plus que de sciences, PliaejenesQuvent sur des fables on des ideesfausses u/t style recherche. * ■■^ ■r- .-s ^ / V *^T PREMIJ^RB PERIODE % J9 VI. ou in- \ Ce que je viens de dire des auteurs anciens poste- rieurs a Aristote, je dois I'appliquer a plus forte rai son au petit uombre decrivains du moyen ^o-e Isidore de Seville, Albert le Grand, Manuel PHle, Vincent de Beauvais et quelques autres , qui ont d^crit dique un plus ou moins grand nombre d'animaux dans leurs ouvrages. Tons ces liommes, erudits plu- tot que savants, sont aussi des compilateurs (j)' et ce quails ont compile, ce sont surtout les compilations de Pline et des autres auteurs des premiers siecles de I'empire romain , les ouvrages d'Aristote n'ayant ete connus pendant une partie du moyen ^ge que pa des extraits faits sur une traduction arabe. ■ ■ ^ Dans les siecles suivants, et jusque dans la premie moitie du seizieme, les zoologistes , si tant est qu'on puisse ainsi les nommer, continuent h compiler les anciens. Etudier I'liistoire naturelle, c'est, h cette epo- que , examiner et analyser, non les productions cle la nature , mais les livres des naturalistes anciens • con- r re tribuer aux progres de la science , ce n'est pas V enri- chir de notions nouvelles , mais classer dans un ordre nouveau ce qui etait su deja depuis plusieurs siecles. Tel est evidemment, k quelques rares exceptions pres, le seul merite auquel aient pu pretendre Gyllius, ^W D 4 1 (I) Voyezle troisieme Article. Vi -^ M \- i »\ % I \ \ ■- ■ * U H— "^ -- * \. _r L ' ^J I I i f > \ > I * r ' 30 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. Wotton, Lonicerus et leurs contemporains : auteurs dont il faut signaler toutefois les compilations comme mieux faites que les precedentes, grace a une nou- velle traduction d'Aristote, faite par un refugie grec apr^s la prise de Constantinople. Conrad Gesner, de Zurich, contemporain de Wot- ton et de Lonicerus, est aussi un compilateur, et nul meme n'a plus compile que lui : mais Gesner, bbser- vateur instruit en meme temps que commentateur erudit , n'est plus un simple compilateur ; et le titre de restaurateur de Thistoire naturelle , donne dans les siecles suivants k homme laborieux que la juste expression des important S J J im rendus par eu la patience de lire dans son entier cet mense ouvrage que Gesner cependant a eu la patience bien plus grande de composer ; je pense meme que engag plus que moi dans des etudes devenues evidemmen pas un des zoologistes modernes ne s'est e impossibles a une epoque ou I'histoire naturelle est ricbe de plus de livres quelle ne possedait de pages au temps du naturaliste de Zurich. Mais, si Gesner n'a plus de lecteurs , il est encore consul te chaque jour il ne cessera jamais de letre; et ceux qui le consulte- ront, le feront toujours avec un immense profit pour eux et une ^gale admiration Histoire des animaux. dont les diverses parties pa pour S S de 1 55 1 587, n'est p bienplutot une bibhotheque complete de J' *\ . - 1 ■ - _ . H ■- .,...^=■■.::■;^:.■;^^:'::■-* ' ■■ r - h -> - ^ - J - J ■^ - ' ■ ■ -^ - ^ r t PREMIERE PERIODE. 21 avec un gie. Tout ce qu' ce que I'antiquite et le moyen %e avaient transmis aux temps modernes de notions zoologiques , tout s'y trouve fidelement rapporte , nietliodiquement classe et , de plus , augmente d'un certain nojubre de faits habilenient observes par Gesner lui-meme. Gette oeu- me done en elle tous les livres precedents immense avantage , et les complete par les premiers resultats de la science moderne : c'est tout ^ la fois I'epoque de la compilation qui se clot et celle de I'observation qui s'ouvre : c'est le passd qui iinit , et 1 avenir qui commence. Ce double caract^re, qui marque en traits si ^vi- dents la transition d une epoque k une autre, nous le trouvons aussi imprime aux ouvrages de Rondelet et Belon. Ces deux illustres contemporains de Gesner se montrent partout , comme lui , livres k letude di- recte de la nature, aussi bien qua celle des livres anciens. lis observent I'une avec babilete , ils com- mentent les autres avec sagacite : par leurs efforts si- niultanes , et par ceux de Salviani , Tune des brandies les plus importantes et les plus difficiles de la zoolode 1 histoire des poissons , se trouve des lors portee tres- loin. Mais ce merite, auquel tous deux ont des droits egaux , n'est pas le seul dont la posterite doive leur son compte. A Rondelet , il app iclitliyologie , prepare par de justes et7n^ rapprochements , d'avoir cbauclic^ m^me yne classifi' cation rationnelle; premier pas vers I'un desprogre t' N ill ■ r 1* 1 y -1 II : ^ ■ i« I i^- ti "^ >ir-mr-^r ^t"^ - J 1 - : ^..TtfT ■"- -^ ' »f I r J r y L ■t J L ■i \ > J I »#> ^ ^ ^ft ^ » tft '* 22 HISTOIRE be tA ZOOLOGIE. les plus importants et alors les plus difficiles de la zoologle. Belon , selon nous bien superieur encore h Rondelet, ouvre h la science deux nouvelles voies. L Voyageur en Italie , en Grece , dans I'Orient , il se niontre partout observateur plein de sagacite, et ajoute a lui seul au tresor commun des connaissances plus de richesses que tons ses predecesseurs, depuis I'antl quite , et tous ses contemp Grains a la fois ; puis , penseur audacieux dans ses ouvrages , il ose pour la premiere fois , k la tete de son traite sur les oiseaux , dresser le squelette d'un oiseau en face de celui de rhorame , et designer par des signes communs toutes les parties communes de Tun et de I'autre (i). Pensee d'une immense portee, d'une inconcevable audace pour une ^poque aussi reculee , et qui assure k Belon riionpeur du premier essai tente pour la demonstra- tion de I'unite de composition organique , comme a Aristote la gloire premiere de sa conception theorique. vn. ^ La fin du sentent h pi dix-septieme pr^ 3 noms celebres ma is les uns, tels que ceux d'Ulysse Al et de Jonston , ne rappellent que des travauj pilation , faits le plus souyent sans intelligen de progres. G de Gesner qui sert de (0 Voyez, a la fin de cet article, la quatvieme /Addition, p. 71. f ' / ^ . '-' - . K. \ ( ^ 1 1 COMMENCEMENT DE LA SECONDE PlillODE 283 r texte principal k Aldrovande , puis celui d'Aldrovande a Jonston ; sorte de metempsjcose des memes idees et des memes faits dont le seul resultat fut d'y intro- duire quelques erreurs de plus. Les ouvrages de Fabio Colonna , plus connu sous le nom de Fabius Columna , et ceux de Thomas Mou- fet, meritent une plus haute estime , parce que I'ob- servation y tient une plus grande place. Mais , si im- portants qu'ils puissent etre dans I'histoire particu- liere de quelques branches de la science, ils n'ont exerce qu'une influence a peine sensible sur les pro- -res de ]a zoologie consideree dans son ensemble. Colonna et Moufet n'ont fait , I'un pour une partie des animaux h coquilles, I'autre pour les insectes, que ce que Gesner, Rondelet, Belon, avaient dejk reahs^ pour d'autres classes ; et ils I'ont fait , malgre la diffe- rence des temps , sans une superiorite marquee sur ces illustres fondateurs de la science. L'un et I'autre ^ sont done du nbmbre de ces hommes estimables qui marchent habilement sur les traces de leurs devan- ciers , et non de ces genies, seuls digues de notre ad- miration, qui entrahient les autres a leur suite. Aussi placons-nous au-dessus et ^ une grande dis- 1 d'Aldrovande de Jo de Colonna et de Moufet, fillustre Jean Ray (i), dont les travaux appartiennent moitie du dix-sept seconde (J) En latin Rajus, J f! ^ / L . K ^94 ff It ./ m * i .r M . i ^ - X. — ^ ■- V ^ I' ■ i J I, i ■ ^ n m \i ^ , $ If r iiu ^ it" ^ #>*■ r 1» 4 1 '[ V <' « HISTOIRE DE LA ZOOLOGlE. Ray, qu'il faut distinguer avec soin d'un autre zoo- logiste du menie iiom (i), mais d'un autre pays , d'un autre si^e et d'une Lien moindre portee ; Ray fut un de ces esprits sagaces qui , entre ces deux voies tou- jours ouvertes devant nous vers le passe ou vers I'ave- nir , choisissent sans hesitation le progres , et se por- tent hardiment et habilement au-devant de lui. Dans un temps ou tant d'autres en etaient encore k ignorer les premieres regies de I'art d'observer, Ray concut et osa tenter un de ces perfectionnements capitaux qui suffisent h caracteriser une epoque : retablissement , pour plusieurs classes du r^gne animal , de classifica- tions reguli^res et rationnelles. Une telle conception, une telle tentative, suffiraient k I'illustration de leur auteur, alors qu'il y eut echoue ; mais il ne s'en tint pas k ouvrir la voie aux efforts des autres zoolo- gistes (2) : lui-meme la parcourut avec succes, et le premier, il atteignit un But que le premier il avait apercu. Ses classifications sont tellement rejiiarqua- bles qu'elles sont restees longtemps en usage chez les Anglais , et que plusieurs de ses divisions subsistent encore aujourd'hui dans la science et sans doute y resterontk jamais. V (1) AuGas-rm Ray, zoologiste francais , auteur d'une Zoolo^-ie unh'er- je//<;e//jorfrt/zVe, publieeen 1788. (2) Je dis des zoologistes , et non des naturalistes en general .- car il y avait deja pres dun siecle que la voie etait ouyerte aux botanistes par les admirables essais de Cesalpin. ^ I i ■ / J .- » 1 I # ^' COMMENCEMENT DE LA SECONDE PERIODE. ^^5 Soit par ]ui-meme, soit par son e]^ve et ami Wil- gliby dont il a complete et public les travaux , Ray iouble merite d'enrichir la science de des etres d^ja don c fails connus, d'ouvrir une voie facile aux investi^ des observateurs futurs. L'Angleterre pent s'liono d'avoir en lui donne naissance au precurseur de Lin V VIIL able que Ray s'essaie a coordonner I'ensemble d gie, d'autres progres s'accomplissent. Claud, epoque, pendant Pe de la colonnade du Louvre et D •ney, fondent, je ne puis dire encore 1 com- paree , car leurs descriptions ne sont jamais compara au moins I'anatomie zoologique ; et deux loivent HoUandais, dont les Leuwenlioeck et Hartsoeker, font faire progres dont aujourd'Iiui nous n'osons ( dant po dix-septieme si^cle , et meme encore pen grande partie de sa duree , les zoologiste: porte leurs etudes que sur les grands ani- • Non-seulement on n'observait pas tons dont I'immense multitude ( ■■ ■ infer et pi petits classes dans les mysteres de leur or^ il existait depuis longtemps comment alors ent a^ ^, ' '^ >Auia eui-on pu penetrer parmi les S fr 4>*--. .:^ t ' . I I ^ f ¥-\ •^i I i I q4_^^w ^» ^^-^^\.JI*t- ^t^ ^^ %^ "^ ^- ^- -^ ^ -*^* Wl r^i Ml s i! 1/ i 1 * t ( I 2C ♦* rT 26 ii> HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. un accord tacite pour en declarer la connais utile. Pareiliement pour les grandes especes diait que les details principaux, dans les rare s ou Ton songeait ^i en faire I'anatomie. Guil Harvey , si celebre par sa brillante decouvert 1 sang, et non moins digne d sur la § de la circulation d I'etre par maitre Fabrice d'Aquapendente , et quelques autres medecins eminents de divers pays , etaient presque les seuls qui eussent clierche dans I'analyse des organes la solution des problemes que ne resout pas leur exa- men superficiel. Tous les petits animaux, et tout ce qui est petit dans les grands , restait ainsi , a peu d'exceptions pres, en dehors de la science , comme si la grandeur materielle d'un objet etait la juste mesure de son interet. Ce fut done toute une revolution qu opererent Leuwenhoeck d'abord , puis Hartsoeker, lorsque, par le perfectionnement du microscope , et son application h I'histoire naturelle , ils appelerent k leur suite tous les observateurs , non-seulement k I'etude des petites clioses , niais nieme h. I'exploration de ce monde in- visible dont riiomme avait si longtemps ignore jus- qu'k I'existence. A I'instant meme, et des I'annonce des premiers resultats obtenus, les naturalistes, comme il arrive apres toutes les grandes decouvertes, se clivi- serent en deux camps , les hommes du passe et ceux de I'a venir , les uns aussi empresses de nier le progres que les autres d y applaudir et d'y prendre part. Mais I I (f h ^ *^» >— -^ " -» y :^y/\ ' y -J^b^ fu I COMMENCEMENT DE LA SECONDE PERIODE. •> 7 1' opposition retrograde et envieuse dut tomber bien devant des faits que cbacun pouvait voir,pourvu qii 11 voulut les regarder. Si le danger des illusions 1 croscopiques fut des-Iors signale et demontre , I'im- portance et le merite des observations bien faites n'en L essortirent que mieux ; et leur nombre n'en alia pas loins croissant cliaque jour. Aussi I'application du licroscope a la zoologie datait a peine d'un petit ombre d'annees , et dejk cette science devait a Leu- ^enlioeck , k Hartsoeker;, et k quelques autres la de- 3iiverte dune multitude d'infusoires , k Malpiglii un nd nombre d'observations d un haut interet pour '3 comparee , et k Swara- i'anatomie et la pliy merdam la connaissance de tD me- *_-' •pboses des insectes , et , par elle , la premiere fondation de 1 IX. G'est a cette memorable epoque des Ray, des Leu wenhoeck , des Ha ■tsoeker , des Swammerdani , qu doit faire commencer la seconde periode de 1 >gie. Tous les caracteres que je lui ai assimes elFet, deja marques a un liaut dee de Leuwenboeck , de Hartsoek Swammerdani surtout, et lis dans i\ de ape aussi quoique moms manifestement, dans ceux de Ray. Place intermediairement sur les confms de deux pe- riodes , homme de transition , si Ton pent s'exprinier lilil^. V ^ \ i Hi \ mH* f! m i--' i \ 1 1 '.'m*. tt' ¥^ k \ iii I : ^i bri k ;^— -r>*-^ . ! I sT ^ I 1 1 , h ■■M i ' •I ^ ! i I. f 4 *t. 28 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. Ray ofFre bieii encore , dans la clir prit et dans le mode de son travail , plusieurs d caracteres de premiere periode. Co predecesseurs, on le voit s'essayer dans presque toutes les voies ouvertes aux speculations de I'liomme. On sent qu'il se croirait un savant incomplet , s'il n'etait un savant universel. Ains Etudes n'embrass pas seulement toutes les branches de 1 relle : la litterature, la philosophie , la tbeologie , les niathematiques , il etudie tout ou veut tout dtudier; il fait plus, il enseigne tout. On le voit a de courts iiiucivaixca uu meme concurremment , et ce nest pas un des traits les moins caracteristiques de ce temps , professeur de mathematiques, professeur d'humanites, et predicateur. Mais , en meme temps , lorsqu'il re- vient k ses etudes de predilection , a I'histoire natu- relle, Raj sait dtudier les details des faits ; il analyse igacite : temoin ses classifications qu ui une connaissance si precise de clenotent en 1 1 1 organisa aniniaux. externe des traits d des X. Dans le dix-huitieme si^cle , I'analyse exacte des faits, et la division du travail, tel est le double ca- ractere dont nous allons desormais trouver fempreinte de plus en plus profonde dans les oeuvres de tons les grands zoologistes. Les preceptes de Bacon commen- cent k etre compris : on ne croit plus aveuglement M m ........ .^-:y, - - f- ^ ;- 1 SECONDE PERIODE parole ; car trop de fbis de\k « 2 9 surpris en flagrant delit d'erreur. De Ik I'analjse qui ■ifier par forme _1 - dix-huiti siecles, d dans les dix-septieme et scepticisme pliilosopliique contre la tradition et la fo En meme tenips , la division du travail s'opere observateurs : la tendance commune des esp I'analvse le veut ainsi ; et c'est que Corn- ell plus considera- lointaines de Belon , de mande egalement Taccroissement numerique des peces connues , devenu de He par les peregrinations Bontius, de Marcgraaf , d'Hernandez, de Pison et de tant d'autres voyageurs contemporains de ceux d'une epoque posterieure. ^ ■ Le dix-huitieme siecle , s'ouvrant sous Finfl de ces nouvelles idees tre marque pour la zoologie par d ne pouvait manquer d pro gres : il pour pent le dire, qu'^ suivre son de succes en succes. Les esprits plus eminents de cette epoque I'ont esp previsions grandeur futu de leur siecle n'ont pu , si sagaces qu on les supp s elever jusqu'a la realite, en approclier meme. Dans precedents , la zoologie n'a pr 1 admiration qu'un seul grand liomme , Aristote e r BuiFon. Qui eut ose espei deux, Linne doterait a la fbis I'humanite de deu Providence qu § \ 4^ \ % I 'tf m t ^ I ^ \ It »Ni ''\ -T i\ ^( t r if ^1 I I I •♦ / X I 'I ' t i i\ m m * r f '.TlV' '*5rs. I 3o HISTQIRE DE LA ZOOLOGIE. quelle se plait d'ordinaire a nous montrer de en loin , comme ces meteores eclatants qui tra- k coup le ciel aux acclamations dcs pcu- ples , et dont pour ifique spectacle ne do qui Tent fois J L^ple , ni apres eux pour plusieurs generation I'agiterai pas ici la vaine question de la sup de Linne sur Buffon , ou de Buffon sur Linm comment mesurer la srrandeur intellectuell hommes qui dep haut ? Po des genies aussi eminents , le terme de comparaison m que : a peine pouvons-nous essayer un jugement la valeur absolue des services qu'ils ont rendiis a 1 prit humain ; car nous ne vojons que le passe et present, et leurs idees appartiennent aussi a I'ave; G est en effet , dans ma Densee . une firrf>nr crravi le Triere croire que, parce que nous vivons un demi apres Linne et Buffon, nous avons laisse loin de r 1 ces grands hommes , et qu'il ne nous reste plus qu a retourner sur nos pas pour les admirer. Ce que 9\ O dit plus liaut d'A J e :lo 1 e dii :e, k plus forte raison, de Linne et de Buffon. Tous deiu ^ sont encore aujourd'liui des liommes nouveaux et pro gressifs; car si les faits se sont, apres eux, multiplie; pie , il s'en faut de que deroule toutes les consequences cle leurs ideas , que nous ayons parcouru , jusqu'c\ leur terme, les voies nouvelles qu'ils ont ouvertes a leurs successeurs. Et qui s'en etonnerait? Ignorp-t»on encore que le plus W T F r r. * 'K-- ' * - ■- ^ ■:' ■:.:/ SECONDE PERIODE. 3 c peu d beau privilege du g^nie est de merits , ce que les autres deduiront plus tard penible nient? Et si les poetes out donne des ailes au qenie si cette image, belle par elle-meme, est aujourd'hui usee et presque triviale , n'est-ce pas k cause de la verite -rop evidente de I'idee quelle exprime ? G'est parce qu'il en est ainsi, c'est parce que bien de S plete des oeuvres d'un grand liomme, que la pos porte sur eux tant de j successifs et di q Pens'era-t-on , dans quelques annees, sur Linne I'on en a pense il j a cinquante ans, ce qu'on en penseaujourd'buiPEt I'opinion que les naturalistes du commencement de notre siecle ont eue de Buffon est-elle celle qu acceptera la posterite ? Jc ne saui le croire, et il y a egalement a revenir sur ce qu'o a loue en eux, et sur ce qu'on a cru pouvoir blamej Linne et Buffon sont nes precisement dans la mem annee , et a quatre mois seulement de distance , I'u; en mai, 1 autre en septembre 1707; mais cette pres que identite de dates, la puissance de leur genie e la grandeur des services qu'ils ont rendus a I'bistoir naturelle, sont les seules similitudes reelles que I'oj puisse signaler entre eux. Linne naquit pauvre dan un petit village de la Suede guerriere et encore bar- ais de Charles XII : Buffo riclie fi d ans Fi noble et egne de Loms Xiy venait de faire si grande. Linne, c.„„™. d abord de se f aire apprenti cordonnier . eut i 'sou % #• \' «4 '\ ID iir f I i' - 'I I ^ , -^ / X -V If ity 1 4 i' I vi ^ f X t » I 1/ % « \ 02 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE, tenir une longue et penible lutte contre I'adversite : si Buffon eut besoin d'une fernie volonte , ce fut pour resister aux seductions de cette vie nioUe et oisive dont sa fortune et son rang lui ofFraient le privilege. Tous deux enfin avaient recu de la nature des ten- dances intellectuelles plus diverses encore peut-etre que les circonstances au milieu desquelles ils durent developper : L patient gace dans la recherclie des faits qu'ingenieux a les tordonner ; precis et rigoureux dans son exposition , n'y reclierchant d'autre elegance que celle qui re- de plicite des moyens r elevation c dees ; plus prudent que hardi da sions , ne s avancant jamais , meme lorsqu'il attaq les questions les plus ardues, qu'appuje pas a pas s des faits positifs et des raisonnem goureux ; Labile a faire des lijpotlieses vraisembla- bles, mais ne les prenant jamais, par une illusion trop habituelle aux savants de nos jours, pour des ve- rites demontrees ; appreciant, en un mot, cliaque fait, w cliaque idee^ cliacjue generalite a sa juste importance, et ne dedaignant pas de se tenir longtenips terre a terre, perdu en apparence au milieu d'innombraloles details 5 pour s elever ensuite avec plus de surete vers les liautes regions de la science : Buffo ace, m g e Linne, mais dans un autre ordre gligeant de creer, de multiplier autour de 1 es faits cl sequenc r et, sur une La en app ■i 1^ f» t t ^'i * v V» ^ < '\ 1 4 f F -> \ i 1 SECONDE PERIODE. 3 1 fragile, elevant hardiment un edifice dor la posterite concevront le gigantesque plan dedaignant les details techniques, les divisions sys teniatiques, parce qu dans ses hautes concept planer au-dessus d pendant, par heureuse contradiction, creant lui- classification metliodique digne de servir de modele a tous ; s'egarant quelquefois dans ces espaces incon- nus ou il s'elance sans guide, mais de ses erreurs meme sachant faire naitre des verites utiles • passionne pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui est grand* avide de contempler la nature dans son ensemble et appelant a son aide , pour en peindre dignement 'les grandes scenes, tous les tresors d'une eloquence que nulle autre n'a surpassee : Linne, un de ces types de perfection de fintelligence liumaine ou la synthese et fanaly se pletent 1 I et, pour dire , se font equilibre : Buffon , un de ces liom qui ne terminent rien , mais qiii osent tout com- cer ; un de ces liorames puissants par la synthase franchissant d'un pied hardi les limites de leur epoqu les siecles futurs en tenant tout de leur genie comme un conquerant de son epee. Telle est I'idee que je me fais des deux grands vnn- logistes du^ dix-huitieme * " ' siecle ; tel est le caractere que J ai cru trouver empreint dans leurs ouvrages. Si maintenant j essaie de dire quels pas chacun d'eux a tait faire a la zoologie, ici encore j'aurai a nrotester 200L0GIE GJiNEllALE. 3 r .4 ^ :■ ^ 4i 1 ^ K . I V >M»> n V ■ * T i I' i ^. / 1 '' ' t M \ {. fc - ■ ■ * ■_■ - U _ - L L it ^ Mr ! 1 i J . ^ J ii 1 t fr4 ( * ? I i ■ ft»i 9 « % H HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. sjugements faux ou incomplets que les na- de notre epoque pnt herites et acceptes de generation k laq ccede XI. Les ouvrages de Linne ont ete vivement admire J *jr c e c lirai meme op ad admi :|uelquefois exaltee jusqu au fanatisme exclusif et qua I'injustice envers BufFon ; mais ni cette adm tion , ni les criticjues severes par lesquelles plusi I'ont temperee, ne se sont jamais adressees a I'oei tout entiere accomplie par Linne. La conception g diose et neuye alors d'un catalogue general et i thodique de toutes les productions de ia nature ; uperieure tielles de Ray 5 la creation de la nomenclature binaire , admi ra ble des deux qui permet de denommer tou gnes organiques sans multipl 1 infini le nombre des mots , qui introduit d les parties de la science un ordre uniforme, et fournit, en meme temps , la plus lieureuse et la plus simple expression des affinites naturelles les plus fondamen- tales ; I'art , pour la premiere fois mis en usage , de caracteriser rigoureusement, de defmir les etres, et de determiner d'une maniere fixe et exempte d'arbitraire le rang (jue cbacun d'eux doit occuper dans la serie ; en un mot, des formes nouvelles , des principes nou- veaux, une langue nouvelle, donnes en meme temps f T ^ ^ 1 J ^ ^ ^ S -/' ^ ■■ -^■^'^^- « SECONDE PERIODE. 35 pour t( mediat plie par Linne en c ime ZQQlOgie <^omme aussi en botanique, et qui a fait aussitot de tous les naturalistes du monde, Buffon et quelques autres exceptes , les admirateurs et les disciples de Linne. Et cependant, ce n'e^t pas encore la Linne tout en- tier. Independamment de ses autres ouvrages, riches le tant de vues fecondes sur la zoologie generale et sans franchir les limites de ce livre si peu volumineux et cependant si immense , le Sjstema natures , un autre progres, une autre innovation capitale est encore a signaler : I'invention de la methode naturelle. Le sjsteme botanique de Linne , fonde sur 1 des decouvertes les plus brillantes de la physioloe vegetale,excita, au moment de son apparition , u] entbousiasme au milieu duquel on n'apercut pas (e peut-etre Linne lui-meme ne I'avait-il pas nettemen comprise) la divcrsite des principes sur lesquels repo sent sa classification botanique et sa classification zoo logique: I'une, sjsteme eminemment ingenieux, mais apres tout , artificiel et insuffisant ; une de ces oeuvre: ciont le merite brille d'abord a tons les yeux mail qui, par leur nature meme, ne peuvent avoir un( existence durable dans la science : I'autre , fondee es- sentiellement sur I'ensemble des differences organi- ques des etres, et regie evidemment, sinon par urn perception nette , au moms par sentiment pro fond de la subordination des caract^res : une de i> ii t ;! k i i •m 1 4 U J ^ -.1 i ^ '*' /■ L i \ J h ii i( Ii U J 'I It * t 36 HISTOIRE DE LA ZOOLOGlE. L dans la destinee desquelles il est d i detruite, mais perfectionnee par lesprogres ulterieurs. Aussi qu'est-il arrive? Le dix-liuitieme siecle n'etait pas aclieve, que deja Bernard de Jussieu avait concu et Laurent de Jussieu presque realise la substitution, au systeme linneen , de la metliode naturelle ; tandis que tons les travaux de Cuvier et de son ecole ont tendu . non a pie developper la metliode zoologique de Linne. Et s'il est besoin de citer ici des preuves a I'appui de 3 trop longtenips laissee dans I'oubli, ppelons ici que la plupart des groupes etablis par Linne subsist nonis . dans encore, souvent avec les niemes pie deja signale dans salt r dign_ „„ ._.. _... . .._^... que la classification des mammiferes , que suivent au- jourd'hui presque tous les auteurs, eut pour fonda- teurs , en 1 797, MM. Cuvier et Geoffroj Saint-Hilaire Les travaux d X nombrenx k cette epoq etendu et profond des deux collaborateurs , avaient des I'abord amene cette classification k un haut point de perfectionnement. Gependant ' diverses ameliora- i f *! I i * t r / (0 Voyezrnes Considerations ginerales sxtr les mammiferes {ryv\\ l8'i6}, p. 12, Oil I'article Mammalogie du Dictionnaire Qassique tVhisioire na- turelle, t. A, p. Gy — .J'^i clepuls presente surle meme siijet, dansTar- ticle Zoologie ^G\Encydopedie du dix-neus^ieme slide , des considera- tioiis qui seront reprises et developpces plus bas dans un article special 5ur les travaux de Linne. \ t f- * -■N P \ ^ t :-V'^". . ' h h - r 1 ,■^.^'^- ' J ^ L ''.*'" _ *. T I ^mt \ ¥ 'f SECONDE PERIODE. 3 7 suo tions furent reconnues utiles, et la classification fut niodifiee par Cuvier a pliisieurs reprises, jusqu'k ce qu'enfin en 1 8 1 8 elle fut presentee comme definitive. Or, que Ton suive Cuvier dans ces remaniements cessifs , et Ton reconnaitra que cliaque pas de Cuvier vers le progres est un pas vers Linne , si bien que pour le nombre des ordres et leurs caracteres fonda- nientaux , la classification s'est trouvee finalement placee sur les memes bases ou I'avait creee des fabord le genie de ce grand liomme. Restituons done a Linne I'honneur d'avoir le re- pre- mier invente la metliode naturelle; reconnaissons lui I'auteur , non-seulement des formes presentes ^ mais aussi du fond actuel de la classification zoologi- que ; et que, dans raccomplissement definitif d L J oeuvre capitale , chacun reprenne enfm la part de gloire qui lui appartient. e cette y XII. La posterite qui a, comme les contemporains, ses prejuges, ses predilections, et souvent meme ses pre- ous injustes, n'a pas non plus, jusqu'a present I pleine justice a Buffon. Quelques lignes ecrites par Goethe peu d'annees avant que s'eteignit cette lumiere de TAllemagne (i), et, dans la patrie meme rend (I) Voyez le second des articles publics par Goethe sur les Pnndpes ^e Philosophie zoologique de man peve. Get article, le dernier que \ f t 1 r ma i t 1 «« L ' d ^ m f :l I! I : > tf - K 38 HISTOIRE DE LA ZOOLOGlE. e Buffon, un article cle illon pere (i), tels etaieiit peut-^tre, il y a deux annees encore (2), les seuls juge- ments equitajjles qui eussent ete renclus sur I'un de nos plus grands liommes. Le litterateur eloquent a trop longtemps eclipse en lui le penseur profond. Dire, comme tant d'auteurs modernes, que BufFon^t donne a la science la meilleure ou , pour mieux dire , la seule histoire quelle possede des mammiferes et des oiseaux ; le proclamer I'auteur fondamental pour ces deux branches importantes de la zoologie ; lui at- tribuer le merite d'avoir, par la richesse et la poesie de son style, repandu dans toutes les classes le goiit i> *f ■^ r I \ \ ■ Goethe ait ecrit , se trouve dans Fexcellente traduction de ses OEwres cV Histoire naturelle -pur M. Maktins , p. i6i. (i) L'article Buffon de Y Encyclopedic nowelle ip?iX MM. Lekoux et Reynaud. Voyez t. Ill, p. io5. —Void le debut de cet article, qui en resume en peu de mots Tesprit et la tendance generale ! « Buffon, que la voix publique placa avec Voltaire, Rousseau et Montesquieu au premier rang des ecrivains du dix-huitieme siecle , attend encore peut-elre du savoir philo^ophique de nos jours le salut d admiration du, selon moi, au plus grand naturaliste des ages mo- dernes.... » — J'ai signale cet article comme etant, lorsqu'il a paru le seul jugement equitable rendu en France sur le genie et les tra- vaux de Buffon. On ne saurait en effet considerer comme de veritables jugements sur Buffon , si merites, si justes et si eloquents quils soient d'ailleurs, ni les closes obli ges de son digne successeur a I'Academie ;tte belle nbrase. Maipsfati imtura^ nar iti- genium , inscrite du vivant de Buffon aupied dune statue erigee bien plutot par la flatterie et legoisme que par une sincere et pure admi- ration. (2) Voyez , a la fm de cet article , p. 69, la troisieme Addition, rela- tive a quelques ecrits recemment publies sur Buffon. I Fi 1 '. % i 1 .¥ i SECONDE PERiODE. Ae rliistoire haturelle , entramd tous les esprits v cette science , et imprime ainsi une vive impulsion k sa hiarciie progtessive , t'est beaiicoup sans doute , et Ce serait assez pour la gloire immortelle d'un liomme ; niais la justiee v^ut plus encore. Ou se i4\k\e toute la puissance d'invention, ou se rnesure la lointaine portee du regard de BufFon, c est lorsque , siii- les ra- res cements qu il voit epars autour de lui , il deduit plutot il deviiie les lois principales d c 1 bution geograpMque des etres, et menie aussi d »PP la su retrace les liarmonies variees du globe ; lorsqu'il es aniniaux, et les il des diverses creations locales ; lorsqu'enfin jusqu'a la conception de dans le regne animal ^ du priricipe hoii moins mental de la variabilite des especes, et de pi le ces liautes verites dont les peine d dues accessibles V dont les autres, e:ncore ^i demi comprises auj lui, iappartiennent moins au present qu'ti I'ay de la zoolog XIII. Be la science telle que Linne et Buffbn Tont faite us pourrions passer sans transition a la science d I ques instants, ou pi devons ici nous arreter quel ciions aux confins de notre epoque , revenir sur nos pas pour nous rendre compte de tous les elements y «n h 1! P r'r i: 4 I i ^ f t- M 4 r i d If I, ft ,h I { I M M f.^ I fl f ; I t 'i ! ? I ■-. - J!av V IIISTQIRE DE LA ZOOLOGIE. A 4 qui out concouru k I'acceleration si rapide du progres dans ces derniers temps. Nous manquerions aussi no- tre but, si nous n'essajions de payer, non pas a tous les services rendus , les bornes de cet article sont loin de le permettre, mais a toutes les gloires, nienie aux moins brillantes, le tribut auquel elles ont droit. Linne et Buffon semblent remplir, par rimmensite de leurs travaux, le dix-buitieme siecle tout entier; et cependant il est vrai de dire que ce siecle resterait § rand pour la gie, alors meme que Linne ni Buffon n'eussent existe. Quels noms en effet, meme apres ceux de ces deux cbefs de la science, que ceux de Fabricius, second fondateur de I'entomologie ; d'Otbon Frederic MuUer, qui est presque pour les in- fusoi res que Fabricius est pour les de mer le monde > de Ljonnet , ce prodige de perseverance et d'ad le Pejssonnel, en partie precede par Rumph, < reconnaitre enfm des animaux dans ces fleurs de la mer, les gantes les madrepores; de Reaumur, qui a su penetrer, k force de patience et de sagacite , les mysteres les plus caches de la vie et des , r mceurs des insectes ; de Degeer , digne d'etre cite k cote de Reaumur; de Spallanzani, experimentateur SI habile , quelquefois si audacieux ; de Pierre Cam- per, qui a merite d'etre nomme par Cuvier un ana- tomiste plein de genie ; de Haller, dont la grande pliysiologie , bien que consacree surtout a la connais- I I 1 ^ . I I + \ II SECONDE PERIODE. sance de rhomme, renferme tant de faits nouves et importants sur les animaux ; de Daubenton , ce collaborateur laborieux de BufFon qui a fait seul tous ses travaux , et sans lequel peut-etre Buffon n'eut pas fait les siens; de Vicq-d'Azyr, dont les conceptions aussi belles qu'eloquemment exprimees se sont plu- sieurs fois elevees jusqu'a I'anatomie philosopliique elle-meme ( i ) ; enfm, et par dessus tous, de Charles Bon- net et de Pallas : Bonnet, observateur aussi ingenieux que son compatriote Trembley et que notre Reaumur penseur profond et audacieux presque a Teeal de Buffon lui-m^me : Pallas, qui a tant fait pour la science par ses voyages, et plus encore pent- ^tre par ses beaux travaux sur la classification des zoophytes et des infusoires, sur I'anatomie des vertebres, sur la zoologie generale , et sur la zoologie fossile ; Pallas dont les travaux sont si nombreux et si parfaits mal- gre leur nombre , que quelques zoologistes modernes ont hesite a le proclamer, en presence de Linne et de Buffon , le premier naturaliste du dix-huitieme siecle. ^ ^ ill ■ I M ,> . if . v^' k \ i XIV. M ■ Ainsi, au moment ou s'ouvre notre siecle ou plu- tot, ou commence la revolution francaise car I'ecole zoologique contemporaine a precede de quelques an- nees le dix-neuvieme siecle ; h ce moment meme dont (I) Voycz la quatrieme Addition , p. 8q. t« *• i 1 **■ V '^ Xs r J- ■ -- -F^ (E »* i r I 1 » II* 6 'J l-^lfr fc ^ - * 42 HISTOIRE DE La ZOOLOGIE. 1 6ti peiit dater uhe ere nouvelle pour la zoologle , dejl '* n'etait aucune d^s branches de I'histoire des ani- laux qui n'eut ete dans le dix-liuiti^me siede ijet de quelques travaux, aucune direction dans ie 'S quelle on n'eut fait au moins quelques pas. Pour la zooiogie sjs tematique , apres Linne , Pallas , Fabricius, MuUer ; pour I'etude de I'organisation , apres Dau- benton, Vicq-d'Azyr, Camper, Lyonnet; pour I'ob- servation des moeurs, apres Bonnet , Reaumur, BufFon, Pallas; pour la zooiogie generale, apres Buffon, Linne, Bonnet , Pallas , il est manifesto que les voies etaient ouvertes a I'avance au dix-neuvieme siecle par le dix- huitieme. Et s'il n'en est pas de meme de la zooL fossde, de la pliilosopliie zoologique et anatomiqu ces deux branches doivent rester la propriete presque exclusive et la gloire prmcipale de I'epoque moderne, encore est-il juste de rappeler ici , pour I'une d'elles les recherclies de Pallas sur les grands ossements fos- siles du nord de I'Europe; pour I'autre, les liautes conceptions de Buffon et les idees , moins generales , mais mieux precisees , de Vicq-d' Azjr. Ainsi, dans quelque direction que ce soit il est vrai de dire que notre siecle a son point de depart dans les decouvertes du siecle precedent. Mais com- bien il s'est eloigne rapidement de ce point de depart! Combien il derriere lui! On I'a dit le pense aussi : les cinquante qui viennent de s'ecouler, ont plus fait a elles seules pour la zooiogie que tous les siecles qui les ont pre- ( > It -■n,-*^ ^ ' J I # SECONDE ipifiiiioDE. V dees. Ad 43 exem plede ce progres continu qui entralne les sciences avec une vitesse toujours crois- sante, comme la pierre qui tombe, s'elance de plus en plus rapide vers le point qu elle doit atteindre. J'aurais aime a continuer ici pour I'ecole nioderne , pour cette ecole dont j'ai eu le bonheur de connattre presque tous les chefs principaux , ce que je viens de faire pour les zoologistes des siecles precedents ; a de- terminer quelle part cbacun a prise aux progres de la science ; k j uger, selon ma conscience , sa tendance in- tellectuelle et la portee de ses travaux. Mais comment des bommes au milieu desquels annrecier PP desquels De raeme qu'un objet , trop en- de yeux par vons-nous pas craindre d'etre egares par des illusions devant des travaux dont nous avons ete presque te- moins , et qui ne sauraierit nous apparaitre, quoi que puissions faire , sous le point d Llil S ap parattront a la posterite ? Et pour ne parler ici que des savants dont la science a dej depl il est vrai , comme on I'a dit tant de fo que la perte, s que la mort d'un bomme ouvre a la verite 1 droits sur lui , ne faut-il pas reconnattre aussi verite ne peut en user aussitot, puisque cbaq temporain , quel que puisse etre son amour pour la justice et I'independance de son esprit , ne saurait en- tierement franchir le cercle des idees, des opinions , je dirai meme des passions de son epoque, et se >« » # l.r ^ i \ \ ■■A^ m 4 i .- \ i » . i r' 41 4 , h II 5? \ I^JE< a l! ^ ^ ^ i ^ f If i.^ » i { ; t9 / I t ^> »- I i it / , > ^•^ r ■ * \ ; i * '■ I I * ' i I r^ * M W «r' 44 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. enlace dans une multitude d et puissants , Lien qu' invisibles pour lui ? Je ne renonce pas cependant a completer cet arti par un apercu des progres les plus importants que science doit a I'ecole moderne; mais ici jem'exp merai avec plus de reserve , et si j'ose hasarder qui ques jugements, je suis le premier a les declarer i complets et en quelque sorte provisoires, Parmi les zoologistes que la niort a moissonnes, la posterite S recemment sans doute. I'ont fait leurs contemporains , Lacepede, dont les ouvrages sur les cetaces, sur les r ptiles poissons , trop lou^s pendant sa vie, ont ete trop se- verement juges apres sa mort ; Everard Home , auquel on doit un si grand nombre de recliercbes impor- tantes d'anatomie comparee ; Meckel, superieur en- core h Home corame zootomiste, et, de plus, I'un des fondateurs de la teratologie; Rudolplii, auteur aussi sur I'anatomie de plusieurs remarquables comparee, mais surtout auteur d'un ouvrage sur les entozoaires qui restera k jamais dans la science ; Huber, de Geneve , qui , aveugle des son enfance , a su se con- f m querir une place au rang des observateurs les plus sa- gaces ; Latreille , que la voix unanime de ses contem- porams anomme le prince des entomoloffistes : enfm , bien qu'inegalement celebr ies I'un a I'autre, Lamarck et ces deux meritent d _ J Guvier. La longue et honorable vie de Lamarck se divise ■^ ^i 1 r #? 4 1 i i Fk f # \^ \ \ SECOKDE PEJRIODE. en deux epoques. Botaniste eminent dans le der- ► nier tiers du dix-huitieme siecle , Lamarck est mal- §!■« lui, appele, en 1793, ^ I'enseignement de la zoologie, jusque-la etrangere k ses travaux. Ainsi le voulaitun decret de la Convention, qui cliangeait en meme temps la destinee de mon pere, alors mineralogiste ; tant la zoologie etait encore a cette epoque pen cultivee en France! Lamarck obeit au de- cret de la Convention ainsi qu'il convenait k un homme tel que lui : de botaniste distingue , il se crea zoolo- giste illustre. II avait fait la Flore f ran gaise , il fit le Sy Sterne des animaux sans vertebres , et la Philoso- phie zoologlque : deux ouvrages dont I'un linneenne , presente pour la premiere ibis , niethodi- quement classes dans leur ensemble, tous les groupes inferieurs du regne animal; I'autre, livre jusque~la sans modele , aborde et traite d'une maniere scien- tifique la grande question de la variabilite des espe- ees, et plusieurs de ces immenses problemes que Ton eut pu croire accessibles tout au plus aux speculations sans base , aux reveries de la metaphysique. La des- tmee de ces ouvrages , si differents dans leur plan , si inegaux dans leur portee, devait etre et fut bien di- verse. Le premier, immediatement intelligible a tous oeuvre fut mimediatement admire de tous. Os erai-je dire que le second , non-seulement resta d'abord incom- pris ^ et fut vivement critique , malheur inevitable pour une oeuvre aussi nouvelle; mais que ces esprits legers , toujours prets a accueillir par la plaisanterie ce * ^ f y \ rl- i ? I \ iir ■►■1 I i J ■- L„s _ . ^__ -^ — r^ ~ te^ PI sl r I i X ^, > * 1 j1 \ * II r » »# 1 1 I t*'f i> L I m f [ V * * r4 m f* -^'^^ Wt. 4^ 46 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. L J qui est au-dessus de leur portee , ne v dans gnifiq idees de Lamarck qu de faire rire le public aux depens d'un homnie de ffenie? Oserai-je dire surtout que plusieurs savants distingues firent eux-memes comme le public , et que quelques autres crurent etre elements en pardonnant a Lamarck sa Philosophic zoologique en faveur de son Sjsteme (les animausp sans vertebres ? Plus heureux que Lamarck, dont la vie s'est ecoulee modeste et presque obscure , et qui , sur sa tombe meme, n'a pas obtenu justice, pendant sa vie , et presque des sa jeunesse ecompenses par une admiration que lu Guvier I un lieu que nul doute la posterite. C'est presque que de louer Cuvier. Q 1 comparee a fond cette science , riche avant lui de faits nombreux mais que nul , si ce n'est quelcjuefois Vicq-d' Azjr, n'avait encore rendue comparative? Qui ignore ce que les recberches de Cuvier ont jete de jour sur Torganisa- tion de ces etres innombrables que Linne avait con- londus sous le nom de Vers ? Et surtout qui n'admire da Guvier le createur de la zoolosjie fossile? Ain par un privilege accorde a lui seul peut donne a Guvier d'operer, par cJiacun de dans diatement accepter par tous (i) de la faire ^ * (I) le cinquieme Article. % I i*=H ^ r \ 4 \ r -r . , ;'^'..- i^ w I \ TROISIEME PERIODE ^ ^ y V XV. r • epoque a laquelle ont paru les grands de Cuvier, de Lamarck , des zoologistes que i nents dont dep de plusieurs autres hommes emi [ rd'hui : epoque, I'une des plus memorables dans I'his- de la zoologie , est toute recente : un quart de : environ nous en separe. Et cependant, deia , pour b operee ! Tell phe constante des sciences : pi epoque est progressive, et plus courte est sa duree P 1 plus nombreux sont les progres accomplis, et pi oches sont les prog qui do ceux - ci. naitre de Cuvier et ses contemporains , tous imbus des idees que lui :s :le- par la y J- suite s'en ecarter le plus , dans la meme direction , avaient multiplie a I'infini le nombre des plete en quelque sorte la periode d' obser- vation temps que de g d De la I'ecole pliilosopliique qui conipt dans ses rangs presque tous les z( 'Europe , principalement de ] eminents de ] et de I'Allem; o Sans doute ni mon pere en France , ni les illm philosophes allemands, Gcetbe par exemple, qui niarcbe en meme temps que kii dans les memes v( iogistes France m U4 sJ \f i a ^L !f i m \ »^ f t 'r f ? ■ ^ ^ .J ^V f. -f f *fi + i r r \ It P I i f» II I V. f I iti f i «!! s r \ ■T »ir / 48 HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. ne sont les premiers qui aient considere ]a science des aniniaux sous un point de vue philosophique. Des le dix-huitieme siecle, Buffbn, Vicq-d'Azyr et d'autres encore ; des le dix-septieme, Harvej, etbien longtemps avant eux tous, Aristote, avaient emis, et j'ai eu le soin de constater plus haut ces exceptions si glorieuses pour leurs auteurs , des idees plus ou moins explicites et plusou moins larges, soit sur la zoologie philosophique propreraent dite , soit meme sur la pliilosophie anato- mique. La doctrine de I'unite de composition, en particulier, a reparu si souvent h toutes les epoques de la science, qu'il estpresque vrai de dire quelle n'a jamais cesse d'avoir des partisans (1). Mais la difte- rence est grande entre tous les travaux anterieurs a 18075 et ceux dont nion pere commenca alors la longue serie (2). Ceux-ci etaient entreprls dans le but formel et explicite de parvenirj par de longues et pe- nibles reclierclies , k une expression nouvelle des ca- racteres generaux des etres. Dans les travaux anterieurs au contraire , au moins en ce qui concern e la philoso- phic anatomique , si des rapports d'une haute portee sont quelquefoistrouves, jamais ils ne sont, ni cher- ches par des efforts specialement diriges vers leur decouverte , ni , par suite , rigoureuseiiient et scienti- fiquement demontres. Le plus souvent c'est une idee grande et feconde qui surgit, k I'occasion d'un fait t (1) Voyez , a la fin de cet article, p. 68, la quatrieme Addition (2) Voyez la cinqiiieme Adduion. .1^ li rf ■^ ^' ■ "^i;^^^*^ hi^"^ i TROISIEME PEUIODE. remarquable, dans Tesprit cVun penseur profond, et qui est saisie avec le meme empressement qu'un observateur ordinaire eut mis a la repousser comme une vaine liypotliese. Aussi quelle difference immense dans les resultats voyons obtenusi Dans les si^cles precedents nous briller de loin en loin quelques idees pliilosopliiques d'une grande portee , ma is incompletes , sans bases positives, sans pre uves, sans autres partisans que leur auteur , sans adversaires meme qui les repoussent. Au contraire ^ la theorie d e 1 mque 'unite de composition orga- etleprincipe des inegalites de developpe- ment(i), fondes enlin sur des bases solides; la loidu developpement centripete presque aussitot demontree que decouverte (2); ces verites fondamen tales et pi u sieurs autres encore , ouvrant , a peine etablies dans la science , autant de voles diverses vers la decouverte d'une multitude de faits nouveaux ; la serie des es- peces animales , celle des ^ges et des divers etats du 1 (1) La consideration des arrets et celle des exces de developpement ne peuvent ctre separees Sdus un point de vuc philosophique. Ce qui est arrj^ pour une espece , est souvent cxces pour une autre, et dans le meme etre, dans I'liomme par exemple, des arrets sur un point co- existent toujours avec des exces sur un autre. U n y a done a vrai dire, pour les faits de cet ordrc, ni theorie des arrets, ni Hieorie des exces mais bien une scale theorie generalc, la theorie des inegalites de dc- veloppement, ainsi que je Fai nommee dans le troisieme volume de nion Histoire des anomalies^ (2) Voyez YJn^itomie compaice du cervcau, par M. Sekres , et surtouL ses meinolres sur V Anatomic trau:.cendantc, inheres dans les Jnnalcs des sciences uaturcllcs. ZOOLOGIE GLMiUALt:, 4 / 1^ ii ft^Ai 'i k^i I Hfr m f t \. m •M > Tm4i J ■ i I h I \ t I; r W*r I t» i 1 f ! \: ■f VW) f #il ff 5o HISTOIRE DE LA ZOOLOGIE. foetus , celle des etats anomaux et meme aussi des etats pathologiques de rorganisation , ramenees a des lois analogues ou identiques, et , par la, I'unite fondamen- tale de la zoologie , jusque Ik simple vue theorique elevee au rang d'une verite positive : tel est le spec- tacle qu offre a nos meditations le quart de siecle qui vient de s'ecouler ! Dire maintenant la part 'que cliacun a prise h cet immense mouvement , dire ou il s'arretera ; ]v un mot, la nouvelle periode de la science dans son court passe et dans son long avenir, c'est ce que Ton me demandera peut-etre , et cependant ce que je ne ferai pas. De ces deux questions, I'une, purement historique, serait d'une solution facile ; mais ma posi- tion particu nterdit de 1' essay er, moi qui J- t/ ^ — JL trouverais partout au premier plan des travaux qu'il appartient de venerer et non de jug au le temp directioi libre pour moi comme pour vitesse d'un mouvement si pres encore de son origine ? Lorsqu'un astre inconnu apparait dans le ciel, le geometre ne se hate pas d'en calculer la course rapide a travers I'espace. Attendons comme lui , pour determiner I'avenir lointain auquel tend la pensee humaine , quelle se soit avance^ plus loin dans son orbite. -K ^ 1 ^ ' _--^ ■■*. 1 - ^b_. 1 ttt\ . ^ f I IL ADDITIONS AUX CONSIDERATIONS HISTORIQUES SUR LA ZOOLOGIE (i). I. DES VUES DE M. AMPERE SUR L'HISTOIRE PHlLOSOPHIQUE DES SCIENCES (2). En attribuant a M. Ampere la pensee d'un travail sur I'histoire pliilosophique des sciences, i'ai du m ex- primer avec quelque doute. Ni dans les ecrits de cet illustre savant, ni dans plusieurs entretiens scienti- fiques qu'il voulut Men avoir avec moien i833, i834 et 1 835, je n'ai pu acquerir la preuve que I'histoire pliilosophique des sciences eut occupe 1' esprit de M. Ampere a I'egal des autres branches de la philoso- phic des sciences. Voici, par exemple, comment il trace , dans son livre sur la classification des scien- ces (3) , le plan de I'ouvrage , Men autrement etendu et important , qu'il se proposait de publier sur I'en- semble des connaissances humaines. (I) Je reums sous ce titre plusieurs fragments qui sont autant d'ad- ditions et de developpements relatifs a divers points de larticle prece- dent . Des renvois mdiquent , pour chacune de ces additions , les pas- sages auxquels elle se rapporte. (a) Voyez pages 4 et 5 . (i)£ssai sur la philosophie des sciences iU i^ p^ ^^ ^^ 33, m i* i L r X ■ A ^ %* ? r^:-- *»^ ( I (fl't * ttt .^ iMIr if \ ti 1 i; M * L ■ f J « » 't m I ( « \ - w ■ ■ ■ ^ 52 PREMIERE ADDITION. « L'ouvrage qu'on va lire n'est que le programme cVun Traite de mathesiologie plus complet que j'aurais public a la place de cet Essai , si le temps m'eiit permis de Fecrire. Alors j'au- rais eu soin, en parlant de clxaque science, de ne pas me bor- ner a en donner une idee generale; je me serais applique a faire connaltre les verites fondamentales sur lesquelles elle re- pose ; les metliodes qu'il convient de suivre, soit pour Tetudier , soit pour lui faire faire de nouveaux progres ; ceux qu'on peut esperer suivant le degre de perfection auquel elle est deja ar- rivee; j'aurais signale les nouvelles decouvertes, indique le but et les principaux resultats des travaux des hommes qui s'exr occupent, et quand deux ou plusieurs opinions, sur les bases meme de la science, partagent encore les savants, j'au- rais expose et compare leurs systemes, montre Torigine de leurs dissentiments , et fait voir comment on peut concilier ce que ces systemes ofFrent d 'incontestable.... » Celui qui s'interesse a ces progres, et qui, sans former le pro- jet insense de connaltre toutes les sciences a fond, voudrait ce- pendant avoir de cliacune une idee sufFisante pour comprendre le but qu'elle se propose, les fohdements surlesquels elles'ap- puie, le degre de perfection auquel elle estaccordee, les grandes questions qui restent a resoudre, et pouvoir ensuite, avec toutes ces notions preliminaires , se faire une idee juste des travaux actuels des savants dans chaque partie , des gran- des decouvertes qui ontillustre notre siecle , de celles qu'elles preparent, etc. , c'est dansle cours ou dansTouvrage dont je parle , que cet and des sciences trouverait a satisfaire son no- ble desir (1). » (l) Ce passage remarquable a ete cite en partie dans le savant et in- teressant article public sur M. Ampere dans la Beuue des Deux Mon~ des (n*> du i5 fevrier iSSy, p. 437) , par MM. Littre et Saime-Beuve. « II est tres-regrcttable, ajoute M. Littre apres avoir cite ce passage, queM. Ampere n'ait pas execute un pareil projet. Un homme qui. I a . ' - ^ -.'' -• . y \ . .- y '■- - v: i 4 Cert es, dans YUES DE M. AMPKRE. ce passage, M. Amp^ 53 c le la beaucoup plus occupe du present et de ravenir science que de son passe , et ses pensees tendent evi- demment vers un but tout autre que I'etude pliiloso- pliique de renchainement des faits et des idees dans les siecles anterieurs. Un lecteur superficiel et pen attentif pourrait meme penser que cette etude n'a rien de commun avec le plan trace par M. Ampere. EUe y tient au contraire, dans ma conviction, une tr^s-grande place. Est-il encore necessaire de denion- trer que I'intelligence approfondie du present de la science , et, bien plus encore , la prevision de son ave- nir, sont absolument impossibles sans la connaissance de son passe? Faire un expose pliilosopliique de ses verites fondamentales y sans recberclier comment et sous I'influence de quelles idees elles ont ete concues, demontrees, mises en lumiere, quel accueil leur a ete fait h leur apparition premiere , et jusqu'a quel point elles ont modifie la niarche ulterieure de la science; ju- suivre , sans tenir des methodes quit convient de -compte des verites que ces methodes ont devoilees des qu' elles ont ^vo^mies y signaler les 4 *L comme lui, setait occupe 'avec interet de toutes les sciences et en avait approfondi quelques-unes , etait eminemment propre a cette ta- che... C'est, par im detour, revenir a Tinvestigation de Fesprit humain; cest contempler I'instrument dans ses auvres, la cause dans ses effets, et, atoute epoque, unepuissante etude ressortira de Texamen conipa- ratif entrc les sciences que riiomme eree, et les facultes qu'il emploic a cette creation. » s \ f iw \ Mi m r \ u ^ ': ( \ \ ■--, r ^ \ H^ h-^ L„/^ "*^»^r-r- ^M.U _. ■^_ -I I L_ L I I I I I I .1 I! y t A-J' i i 1H» i n <{ I c I » I h I I L ^V > ^ HI- » ■ i "^l I r ^ I ' m PREMIERE ADDITION. i^elles de decou ve terieures d'ou elles derivent ; montrer rorigine clu dis s entiment des savants et de la diversite des sys- temes , sans la chercher oii elle est , dans I'influence des doctrines transmises autant et quelquefois plus que dans la diversite native des esprits ; apprecier la grandeur des decouvertes qui ont illustrenotre siecle, et de celles qiC elles p rep arenty sans avoir apprecie la grandeur de celles qui les ont elles-memes preparees : tels seraient autant de contre-sens, autant de fautes ^ I contre la logique, qu'il n'est pas permis d'attribuer h. un penseur aussi profond que I'etait M. Anipere. Aussi, en reconnaissant que le passage cite plus haut laisse quelques dout M. Ampere, ait pu, plan de son ouvrage en adniett; nieme que dans la preniiere conceBtion d du point faire une large part a leur liistoire , j'oserai moins affirmer que ce plan eut ete modifie par son illustre auteur. Si sa vie se fut prolongee , si , de la conception, il eut pu passer h I'execution de son oeuvre, la rigueur de son esprit I'eut conduit , inevita- blement et des le debut , k faire, d'une etude philoso- phique du passe de la science, la base solide d'une appreciation vraie de son etat present et de ses pro- gres futurs. Alors seulement il eut pu elever un mo- nument durable , et les illusions de sa vieillesse sur I'iniportan de sions si prejudiciables h la glorieuse realite. ses travaux mathesiologiques eussent ete une 1 / ^ 1 il .'V'^VV. - .* ""^,-' " i* ^T - r::.\\ . . i- '■■:.y-- \ J- f- I I PERIODES PE x'hISTOIBE DES SCIENCES tf 55 11. •1 / DE LA DIVmO!\ DES SCIENCES ET DE tEUR ASSOCIATWIS , CONSIDEUISES GOMAp CONDITIONS NECESSAIRES l»E LEURS PROGRES (i). r Toute science physique r Ite essentiellement de deux ordres de faits : les faits particuliers , que reyele r obser vati les faits g que le raisonne- ment fait decouvrir. Embrasses dans de communes etudes , ils se fecondent , se vivifient mutuellement. Consideres isolement , les premiers ne seraient que de (i) Voyez pages 8, get lo. Dans mes considerations sur Thistoire"" de la zoologie , j'ai distin- gue pouv cette science , et indique pour les autres sciences d observa- tions, trois periodes principales, que Ton peut ainsi nommer at ca- ractenser : Premiere periode , ou Periode de confusion des sciences. Point de metliode determinee. Pour resultats, des hypotheses. Seconde periode, ou Periode de division. Pourmethode, Fanalyse Pour resultats, des faits. Troisieme periode, ou Periode d'association. Pour methode , la syn- *^hese. Pour resultats, des theories. Selon ces vues, les progres dans les sciences sont dus premierement a lenv division, d'oixVanolyse qui decouvre les faits ; puis aleur association, d'ou la synthese qui les generalise etles coordonne. La consideration de ces trois periodes a plus d'importance qu on ne serait peut-etre porte a le penser au premier abord. Je me propose de faire bientot de leur succession logique le sujet d un travail special, et de signaler quelques-unes des consequences qui en decoulent. En attendant ce travail plus complet, j'ai place ici un fragment deji inserepar moi dans mon ///store generak des anomalies (preface, p. yij), qui completera et eclaircira en meme temps le passage auquel se rapporte cette Addition. J •• f pf t \ «t m 1 m f lir^f i ■•■i It* ^f 56 steriles mat theses. Une SECONDE ADDITION. que de fut pas plus e: li sans misses ou sans conseq qu un raisonnement sans pr A ces deux ordres de faits dont se compose touti snce, au double besoin quelle a d'etudier les de Is et de les generaliser, correspond une doubl dance que nous revele d'une maniere positive I'hii :e de toutes les branches tres-avancees des con it dont toutes les autres pre e sentent c 'J d dices d ^ ma ni festes qu elJes sont moms imparfaites. Ainsi, dans toutes les branches des faits de detail etant extremement nomb cune d'elles d'observatioi ayant une marche, un but, un mode ;, a mesme qu'elles se perfectionnent , que 1' partage I'etude. Plus s'agrandit le cercle des cc on Pl d d'en embrasser I'immense etendue ; pi bl d S dhnsioji se fait sentir. Ainsi la physique ' que les faits se sont multiplies, a du se par c prBs 5 A jui toutes ont .aujourd'hui speciaux. De meme, I'histoire natr bdivisee en un grand de ndaires ; et c'est h peine si , parmi distinofues de notre quelq poq en pent compt dont les rccherchcs s'etendent a Ten- H «* i> ii I 11 H JT ' *^ .' - ,/y' '\-r- ^u I ^ f \ ^ n PEPJODES DE l'iIISTOIRE DES SCIENCES. dii regne vegetal et surtout du regne 57 Enfln I'anatomie elle-memes'est fra qu elle d'embra s'est enricliie : et il da de communes etudes 1 impo etendue de I'anatomie descript de I'anatomie chirurgicale , de I'anatomie veterinaire, de I'anatoniie des tissus , de I'anatomie patliologique , de 1' embryo- genie, de I'anatomie comparee, enfin de ranatomie pbilosopbique, conquete toute recente encore et due aux travaux contemporains. D'un autre cote , en meme temps qu'une science par I'accroissement numerique de ses faits particu- liers, tend k se diviser, d'autres progres bji font eprouver un autre besoin, lui impnment une ten- dance en apparence contradictoire : celle d'une asso- elation avec toutes les brancbes analogues des con- naissances liumaines. A mesure quelle s'eleve h des generalites plus nombreuses et plus vastes, Tintervalle, d^abord immense, qui I'isolait, se comble et s' efface peu k peu ; et bientot une periiiet plus de e ; les sciences de meme ordre que des rameaux distinct? mais etroitement unis , d'une meme tige. Ainsi pa la grande loi de I'attraction newtonienne , I'bistoJD tout entiere des corps inorganiques repose sur de immense corollaire d plus qu'un vastc et h principe. L' etude des res organises, plus varies, plus compl cbaque instant par les pbenomenes encore inexpl ' 4* r V I ■J • * I 4 i If 1 'i 1^ i I ^ - ;ij t \ m f i d < f f T - i( m / x_i ^hfci^ i t Ik 1} \l ti»i ^ ■ f ■} f A ^f^ a m *<►* ^! \ » I -^ I j ( i * ^ 58 SECONDE ADDITION. ques de la vie , ii'a pu etre embrassee dans une aussi haute generalite; mais dejk des principes communs a tout le r^gne animal , a tout le regne vegetal et meme a r ensemble des deux regnes organiques, sont les magnifiques preludes dessucces futurs (i). Ajouterai-je que deja meme il est permis d'entrevoir I'instant de haut progres scientifique ou , par les lois des courants, un admirable lien s'etendra sur la nature entiere, et ou se trouvera realise cet encbainement de toutes les parties du grand ensemble vers lequel tendent de- puis si longtemps les efforts prematures d'esprits audacieux (2)? Ainsi, toute science tend h se fractionner, h se diviser pour I'etude des faits de detail, a s'unir, k s associer pour la recbercbe des faits generaux. Ses progres ont ete ou seront I'oeuvre d'une beureuse dmsion du travail entre un grand nombre d'homnies speciaux , et d'une association , d'une coordination eclairee de tous les efforts vers un but commun. C if V i \ \ I- I Jt« ♦jU r ^^ t * h (i) I'ai essaye de le moutrer dans les generalites de mon Histoire generale des Anomalies. Voyez, dans le torn. Ill , la quatrieme partie et les deux derniers chapitres de la cinquieme. (2) « L'Univers, a dit D'Alembert {Discours prelimincdre de XEncr- clopedie, 1. 1, p. jx)^ pour qui saurait Tembrasser d*un seul point de vue , ne serait , s d est permis de le dire , qu'un fait unique et une grande ve- rite. » Et de plus, ajoute mademoiselle Sophie Germain, en citant cette belle pensee : « Unfait necessaire. » Voyez (p. 67 et 69) Touvrage jus- qu a present si peu connu , et cepeudant si digne de Tetre , qui a ete publie apres la mort de mademoiselle Germain sous ce titre : Conside- rations gmerales surVetat des sciences et des lettres, in-8, Paris, j833. * ^ ri \ '' , b' ^^H ^ * _ ' TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE BUFFON fS III. ^ DES JUGEMENTS PORT^S SUR BUFFON , ET SPECIALEMENT DE QUELQUES HOMMAGES ^ ' NOUVELLEMENT RENDUS A SA GLOIRE SCIENTIFIQUE. 'n jH J A I'epoque ou j'ecrivis, surlesprogresdela zoologie, I'article qui precede , je recherchai et je relus les di- vers jugernents portes par les auteurs modernes sur Buffon. L'impression que me laisserent ces lectures, eut quelque chose de ce sentiment penible qu'on eprouve , avant toute reflexion , k la vue ou au recit d'un acte d'injustice. Je vis partout les hommages les plus eclatants dus a la gloire litteraire de Buffon. Nul echo, dans notre siecle, de ces reproches qui oserent, au dix- huitieme , s'attaquer a Tadmirable style de YHistoire iiaturelle^ nul vestige de ces critiques auxquelles Voltaire , homme de gout , mais encore plus liomme de passion (i), eut le tort de s'associer par une celeLre i s- ren- * ■■! i !*ti ■^ (1) Voltaire ayait ete critique et meme , pour tout dire, raille par Buffon au sujet de quelques opinions geologiques qu'il etait en effet difficile de refuter serieusement. Comment un liomme qui avait ose plaisanter sur les pretentions scientifiques de Voltaire, eut-il pu etre , a ses yeux, un grand ecrivain? Plus tard, cependant, il y gut reconci- liation enf re Buffon et Voltaire , et echange mutuel de politesses et de louanges. Onsait comment Voltaire , ayant recu de Buffon un volume nouveau de YHistoire naturelle , Ten remercia par un billet oii il lui parlait de son predecesseur Archimhde premier . Ce rapprochement, plus flatteur qu exact, avec I'iUustre geometre de Syracuse, valuta Voltaire ce compliment qui est encore et pourra bien rester a touj ours une ve- Vice : f)« M/a /lir>n ■irtniniC J/nlfni^o o^y^«„ J ite ; Oil ne dira jamais Voltaire second. f ■I ■ p \^ I s i i-'-t: / -■^ V - p-f - 1 i'l It 4 I ^-i id V 60 TROISIEME ADDITION. et trop transparente allusion (i). Je ne trouvai pi qu'un seul sentiment sur Buffon , proclame par to 1 fles gloires litteraires les Voltaire et Montesq krillantes du Jean- Jacques Roui Mais, en faisant si grande la part de Tecrivain, a-t-on rendu une complete justice au naturaliste? Je ne pus le penser, quand je vis, dans la patrie meme de Buffon , ce grand homme place , d'un accord pres- que distance au-dessous de Linne ; quand je trouvai , dans tant d'ouvrages mo- dernes , une si grande place accordee k la refutation de ses hypotheses , de ses erreurs , on I'a dit meme , de ses aberrations ; quand , h cote de tant de critiques , jelusquelqueslignes consacrees a des eloges timides et pleins de restrictions sur ces vues sublimes de plii- losopl I'esp humain, sur ces lois g fecondes qui attesteront h jamais la grandeur du g crea ' de Buffon ; quand, en un mot, onsemble s'etre plu h etendre les ombres et a voiler la lumiere • n, quand je vis M. Cuvier lui-nieme, dans un J"S qui a presque fc pour les zoolog contemporains, placer le merite le plus reel de Buffon dans ses droits au titre d'auteur fondamental pour riiistoire des quadrupedes ! Oui , ses droits a ce titre A (i) Dans un style ampoule ^arlcz-oo^s de physique, . / ^ i 1 i t. i I >^ TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE BUFFON. incontestables S P 6 1 Si Buffon ne fut pas venuj'histoire des quadrupedes u par un autre ; mais qui se fut eleye a la J ces idees eenerales , a la decouverte de P conception de ces idees genei lois qui , des le d b ran labl fondements de la geograpl ont jete les P que et de la zoologie philosopliiquc Les regrets que m'inspira en 1837 b pi rendue a Buffon he D tte epoque, devenus beaucoup moins fondes. lee suivante, deux articles etendus et im- j^. ^ , un specialement scientifi- que par mon pere (i), I'autre litteraire et pliiloso- phique par M. Villemain , ou le genie et les travaux de Buffon se trouvent enfin apprecies avec une haute superiorite. Si ces articles eussent precede mon Essai sur riiistoire de la zoologie, j'eusse sans doutc juge inutile d'insister autant sur les titres scientifiques de I Buffon; puisqu'ils ont paru apres lui, qu'il me soit du moins permis de le completer en leur empruntant quelques fragments. L article ecrit par mon pere sur BufFon a ete d'a- borcl place en tete d'une nouvelle edition de YHistoire jiaturelle {2) ^ puis bientot reiniprinie dans un ou- (i) J ai rappele (p. 38, note i) , un autre article public un an aupa- .^vant par mon pere dans V Encyclopedic nouvelle. (■2) La secoudc des editions publiees par le libvaire Pillot. ' r < r I h-* ♦*'»-*#*•-.< ^ ^Z H { 4 t ,A I ! f 1^ ; t I ! i t 'i Hi m t' 62 TIIOISIEME ADDITION. vrage a part (i). Gomme il appartenait a mon pere, c est une etude approfondie des titres scientifiques de Buffon comme zoologiste, conime geologue, et aussi, conime intendant-general du Jardin du Roi. Voici le debut de cet article : r , « II n'y eut jamais plus d'empressement que dans Tepoque actuelle a reproduire Foeuvi e monumentale de Buffon.,. Dans ces homniages rendus au genie de Buffon sont les signes d'un grand progres scientifique^'j une revelation de la marche des idees plrilosopliiques : je vaisessayer de dire comment- » Leslumieres et le savoir profond du dix-neuvieme siecle s'identifieiit aujourd'hui avec les ecrits de notre grand natu- raliste , publics de 1749 a 1788 , quand au contraire le siecle precedent ne s'etait emu que devant la magnificence de son style. Pour que les previsions du genie de Buffon , pour que la valeur de ses pensees et la portee de ses conceptions fussent dignement appreciees , il fallait que Thumanite eut perfectionne sa raison et fut entree profondement dans le savoir philoso- pliique des choses, » Ceci 5 qui ne fut point d'abord aperju , laissa Buffon in- compris durant un demi-siecle ; mais aujourd'liui on revient ses conceptions sur les rapports des etres , comme a des pro- plietiesdejaplacees dansle souvenir des homnies, et dontles pvogres recents de la science permettent mieux de jour en jour Imtelligence ^ » Notre epoque seule devait recomialtre en lui , telle est 4 ! ^ ii \ (I) Fragments hiographiques par M. Geoffroy Saint-Hilaire, mi volume in-8, Paris, i838. L'article sur BufFon est le morceau le plus important de cet ouvrage, qui renferme en outre des notices biographi- ques sur Daubenton, Tlxouin, Pinel, Lamarck, CuYier» SeruUas, Meyranx et Latreille. ^ [ ^. L 11 •f * : ' 1 • ^ I T I TRAYAUX SCIENTIFlQtIES DE BUFFON. 63 ma ferme conviction , le plus grand penseur de Thunianite au- quel il fut donne d'embrasser les ages, les temps , la natm^e des clioses, etde plus les harmonies de Dieu et de runivers.,. . » La niagnifique elocution de BuiFon ne devait etre consideree ni comme le sujet d'un meriteapart, ni surtout comme son principal litre de gloire. La beaute de son style n'etait et ne pouvait etre que la consequence necessaire de la grandeur de ses conceptions. Ce sont ses pensees , s'exaltant et croissant comme le sujet de ses etudes, qui forment toute Tessence de Buffon , et qui ainsi deviennent le style-Buffon , pour nous renfermer dans Tenonce de ce mot aplioristique. Les allures de son langage majestueux et etincelant d'images, repondant ^ la grandem des scenes qu'ilavait a peindre,ilen resultait, si Ton pent s'exprimer ainsi , une sorte de vestiture et des formes convenables pom- Texposition des faits de cet ordre. » De ceci il fautconclme queBufFonne donna jamais mo- tif aux deux jugements prononces a son sujet, Sonoeuvre n'a point manque au caractere d'unite^empreint dans tout bon ouvrage ; ses qualites de grand ecrivain et ses qualites de grand penseur sontliees intimement, et pour ainsi dire se coiifondent. Les aper9us incomplets d'un premier age liumanitaire ont pu seuls faire penser le contraire , et si Buffon a apparu, depuis la production de ses ecrits , comme porteur de deux faces a part produites Tune apres Fautre,... cette distinction, bien qu'il y ait eu progres chez lui d'annee en annee , est seulement le fait d'un des progres incessants de Fesprit liumain, dontl'in- structiou s'etendit graduellement et est venue naturellement aboutir au savoir de notre asje. »^ Je regrette de ne pouvoir transcrire ici en entier les pages dans lesquelles mon pere cite et commente im niagnifique passage, ecrit par BufFon dans sa vieil- lesse, et auquel on avait u peine jusqualors accoide 1 A N t I J I \ ir. m *4 * #• t#» I Pi i iiW 11 ^h !| t t ' - mm 'i I ! I tt I .1 ■ J «'n ft I i^ k f I ft" if 64 ■ TIIOISIKME ADDITION. quelque attention. G'est im cliapitre de YHistoire ties Mineraux (i) qui porte ce tiUe : Petrifications et Fossiles. Voici quelques-unes des remarques de mon pere : « .Te citerai comme un autre exemple non moins memora- ble , un passage qui parut deux ans avant la mort de Buf- fon, et que les auteurs de nos jours ont neglige, bien que Ton doive admirer egalement dans ce fruit de la vieillesse d'un grand homme la perfection du style et la profondevu des idees. Oui, Buffon s'y inontre encore tout entier avec son innnense faculte synthetiquc, avec I'incomparable puis- F sance de son intuition, avec tout reclat d'une elocution dont mes lecteurs seront juges; car je rougirais , pour abrcger de si belles pages , de leur substituer d'aussi faibles paroles que les niiennes, » F t i r - ' r Et apres la citation : J « Jeme borne a cet extrait, et cependant c'est tout ce me- nioire du prince des naturalistes , aussi ricbe de faits precis qu'adniirable par ses notions generalisees ; c'est ectte portion vivante de ce qui est et de ce qui fut dans tons les tenq^s , qu'il faudrait transcrire en entier. A ce moment, c'est le cbant du cygne que ce grand liomme fait entendre , et bien qu'emanes d'une muse octogenairc , ses accents sont males et assures. Icile genie est sans vieillesse,. • Que les liommes du dix-ncuvieme sieele ne croicnt done pas devoir attribuer seule- L ■ L ment a eux et exclusivement a leur savoir accru par Fac- tion ineessante et progressive du temps , le merite d'avoir les premiers penetre dans Tune des mines les plus riches qui soientaujourd'hui ouvertes aux speculations dcla philosopliie naturcUc- Sans doute, lis ont rassemble avec sagacite une 1 ■ i 1 fc I* A i ZOOLOGIE GfiNERALE. 5 t 1 n |t>4» £ *■ ■ , J* *. f^ If i f 1 m f i r M'l I I I. y I* t L L i^^ 4,1 f»^ i *• n 66 TR0ISIEMJ3 ADDITION. C'est dans son cours de litterature (i) que M. Vil- lemaln , tracant a larges traits le tableau dn dix-hui- tieme siecle, s'est occupe a son tour de Buffon. Dans son oeuvre M.Y emam d a considerer que I'ecrivain et le pliilosopl e n'est pas lui , ce n'est pas un esprit de qui pouvait, renoiivelant une erreur de ju parer, dans I'oeuvre de Buffon , sa pensee et la for 1- • • ^ T ir .arai pr cl il la revet , et je ^sqiie, scinder I'auteur lui-meme en deux ges , le litterateur et le savant. Les premiers de M. Villemaln . abordant Tetude de BufFon , sont ceux-ci : J « L'eloge de BuiFon ne nous est accessible que par un cote de sa gloire. Mais, bien qu'il nous faille admirei' Tecrivain , sans apprecier le natui^aliste , et que la science , se derobant a nous , semble ne nous laisser que son vetement dans les mains , nous essayerons de rassembler sur cet homhie illustre quelques vues et quelques souvenirs. » ' Voici, sur la gloire scientifique de ques-unes de ces vues , quelques-uns de ( ainsi que I'auteur nomme des pensees B c :|uel pour qui les compare aux jugements po dre Buffon , n'est pas i'un d (2) \ * « Je ne doute pas que BufFon, quand (i) Tableau 4u dix-huitieme siech, premiere partie , t. II* p. 35a (3) Page 357. ^ 1 m I 1 Jh n u / \ ... xv*. 'T* h fr V , - *'*" V 4 TRAVAUX SCIENTIFIQTJES DE BUFFON. r - f immense dont rempreinte se retrouve dans la solennite de son langage, et qui fit de lui un si eclatant promotemvde la science. ce magination des contemporains. Car voici ce cjue nous racont Hume de Timpression que fit en lui la partielaplus con jecturale des ouvrages de BufFon, la tlieoriede la terre Cctte grandeur imposante , et si bien attestee par Fe tonne- nous genie de Buffon. Par la aussi BufFon appartient bien plus a la famille des pliilosophes anciens qu'a celle des savants et des nomenclateurs modernes. II commencerait volontiers son r , _ .ouvrage, comme Empedocle, par ces mots : J'ecris de TUni- versv Ni rinfini du monde reel, ni FinSni du possible n'ef- frayent son imagination. II entreprend de tout raconter en mie site des faits accable , il ajoute sans crainte Fimmensite des hypotheses. » Gette affinite de BuiFon avec les anciens sera le premier trait de sa physionomie » ^'} t 9 ■^'' < r i i Eiitre les nombreux passages dont j'aurais desire pouvoir orner ce livre, je choisirai encore un frag- ment qui forme le complement naturel clu precedent. M. Villemain, apres avoir indique le plan que s'etait trace Buibn, poursuit ainsi : Ce que quelques rayons , et la nieme il a choisi sa part de tra- vail , et s'est fait aider pour le reste. . ; . » Malgreces omissions et ces secours, TefFort de BufFon .f r^ ;^^:^« .i;^: tv i „ moins Dans rare,ce sont 1m / ) ' L m M -^ I ■ I ,^ 1 s ^ I V *. «. r f f ^ *■ i i i \ \ j .1 1 ■■\- 1 I t!| f r' 68 QUATRIEME ADDITION. \ philosopliie de la scieace, et Tart de peindre , le genie de I'ex- pression. Par les premieres, nous n'entendons pas seulement les h^-potheses de BufFon , ses systemes sur I'origine du monde. IS^ous touchons a ce qui a le mieux marque la force de son esprit 5 ses vues profondes sur la topographic du globe , sur les differences entre les animaux des deux continents , sur leur degeneration , sur le mecanisme des especes inferieures, sur Tu- nite de Tespece humaine j vues neuves et independantes , les unes favorables , les autres contraires a la pliilosophie de son temps , mais toujours par des raisons originales. » Qui done, avant lui , en saisissant de si haut et dun re- gard si ferme toute la configuration du globe , ces glaces crols- santes des poles , ces vastes mers coulant toujours de Torient a roccident, ce nouveau monde contigu a Tancien par le nord sum osseuses r la surface du globe, avait en meme temps decouvert et ex- plique les rapports de toutes les especes vivantes avec les ac- cideiits et les divisions natui'elles des climats? C'est la surtout que BufFon semble sublime. C'est la que les generalites pa- raissent non des conjectures, mais un ensemble de verites anercues et comparees d'un seul COUP de eenie. >i I i \ t IV. w h> t th ^ % DES VUES EMISES SUR VUJSirE DE COMPOSlTWy OU VUNlThl DE PL.4iV A DIVERSES EPOQXJES DE LA SCIENCE. ^ 3'ai dit (i) que Tunite de composition n'avait ete, jusqu au dix-neuvierae siecle, Tobjet d'aucun travail vraiment scieatifique, mais que, longtemps aupara *? ■ / '41 .1 q 'J I (I) Fhrez plusliaut, p. 47- ff *« ^ V UNITE DE COMPOSITION ORGANIQLE. par cl pi espi J'ai ajouLe nieme qu'on pourrait presqiie considerer I'idee de Tunite de composition yant , pour amsi di la d'avoir des partisans. Ce point de Thistoire de ence est trop important pour que je puisse m'en faites dans quelques passages de ■al sur riiistoire de la zoologie. ques e- Je pense qu on verra avec interet rassemblees des p dont G quelques-unes sont connues de tout le monde, i dont les autres, etc'est le plus grand iiombre, o peine ou n'ont point encore fixe I'attention. preuves seront les passages eux-niemes dans lesquel Videe de Tunite de composition s'est trouvee indi quee ou formulee par ses inventeurs successifs (i) Aristote dans I'antiquite , Belon au seizieme siecle IN lT Buffoii, Herder, Yieq-d'Azyr, Goetl pere au d siecle. Vices d Aristote sur les i k f 11 ii II S I f M. Cuvier et mon pere ont I'un et J'autre, raais dans un esprit bien different , remarque en plusieurs occasions que les premiers germes de la doctrine de ^ I \ i (i) Je dis ses inventeurs successifs; car il est evident que cost par ses inspirations propres que chacun d'eux s'est eleve a son tour a la con- ception de la memo idee. i\} a 1 J I J - > 4f. -. ^ ^ -. ^ U L \ 4 U !f I EV t 'S t i H ■■ i I ! ' i I 1* I I i I ^ W» *i U t i *■■■■■ u t ) * ill r i 70 r unite de ment, de les ouvra QUATRIEME- ADDITION. position organique, ( exacte- ges d'Aristote. Le P de ranatomie comparee est done aussi ie premier qui SI ihl perceptio absolument im pos epoque reculee , au moms le p pports pliilosopliiques des etres. \ 1 se tromperait en effet gravement si Ton con- cluait, de (Juelques assertions recentes que Tidee de runite de plan est quelque part clairement enoncee F dans les ouvrages d'Aristote. On comprend, en etu- diant cet illustre naturaliste , qu'il s'etait deslors eleve jusqu'a la conception de cette idee; mais ne le dit pas. Voici le passag LI e apport, quej' mais lui-merae, plus remarqua- dans ses ecrits ; il est place a la tete deVHistoire des An im L apres avoir msiste sur Ja similitud em S presque complete des especes qui sont de n 'nre , passe k la comparaison des especes qui diffe- rent davantage , et il dit : J F « II y a d'autres aniinaux doat on ne peut pas dire que les parties sont de meme figure, ni qu'ellcs different du plus au moins : on peut seuleinent etablir une analogie ( ava).cyJav ) entre les unes et les autres. G'est aiusi que la plume etant a Foiseau ce que I'ecaille est au poisson , on peut comparer les plumes et les ecailles , et de meme les os et les aretes , les on- gles et la corne, la main et la pince de I'ecrevisse. p^oild de quelle maniere lesparties qui composent les individus sont memes et sont differentes ( hipi vm zh um-U ). II faut encore rcmarquer leur position. Plusieurs animaux ont les memes le / % I !i m t i V « UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE 7 i parties , mais ne les ont pas placees de meme : dans les uns les mamelles sont sur la poitrine , tandis que dans les autres elles sont entre les culsses (1). » / Comparaison de Fhomme etde Voiseau, par Belon, e/2 i555. \ . C-b / pi Apres Aristote, Vid de I'unite oe se retrouve I , dans Touvrage de Belon parole celebre de saint Ku- e^ustin , N a fur a appetit unitatem; &i remarquable ! soi t , est trop vague pour que Ton puisse I'in- ter avec probabilite dans le sens de I'unile de q 'ell composition. Belon , au contraire , est aussi explicite que possj bie . II se renferme dans un cercle fort etroit , il est vrai celui de la comparaison du squelette de riiomnie et d squelette de I'oiseau ; mais aussi, loin de se contente Vindications plus ou moins vagues , et de recourir des phrases sasceptibles d'interp emploie, pour rendre sa pensee ; reuse et p 3tliod« nsou- Q r•^ or b ■e gal P science Avec ime hardiesse que 1 I "1 i ^} « 1 1 1- \' \ I 1 ^ ^ (i) Traduction de Camus, t. I, p. 5. La phrase la plus remarquable de ce passage est ainsi rendue par Cesar Sgaxiger, dans sa cele])re tra- duction latine, p. 7 ^ « Jnimalium partes igitur sic se habent, ut aiiC cceclem sint , ant dwersce, » Scaliger interprete comme il suit cette phrase dans son commentaire : ^ Animalia diffemnt pariium siihsiantid^ quantitate ntrdque , proportiotie, atque etiam loco, et situ, ■ . \ '!. 1 ■ < i i I ■ i t : '«**u: I # ^ h i I ,f i ■ \ r ! S v* I. * r I *i I » * I ;• ii I 1 ;^ t 1 y 2 QUATRIEME ADDltlON. trop admirer a une epoq ]a ciresse , dans son //. de la nature des Oiscaux (i), m en face de celui de Thomm I'un et d sur les pieces correspondantes de Par ces lettres , il en indique I'ana- plus claire en meme temps que Et cepend pas encore asscz pour mettre sa pensee i] place, au doiit il suffi de da fig premier « Portraict de I'amas des os liuinains , mis en comparaison de Fauatomie de ceux des oyseaux , falsant que les lettres d'i- celle se rapoiteront a cestc-cy, pour faire apparoistre com- IJien lafllnite est grande des vns aux autres. » On ne peut lire ce passage , non plus que les deve- loppements qui sont donnes plus Las , sans s'etonner de voir des idees aussi avancees ecrites dans le Ian- gage naif du milieu du seizieme siecle. Rien ne mar- que mieux que ce contraste entre le fond et la forme la superiorite de Belon , attestee , d'ailleurs , par fou- bli ou ses idees resterent si longtenips apres lui. Les parurent n avoir pas meme remarque les fig 1 de pour querent que (i) Paris, in-foUo, i555, p. 40 et4i \_^ 1 1 \ 1 -L i «, 4 ■fft-" w r [ UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. 3. Fue nenerale ^z^r/'uNiFORMiTE des animaux , par Newton, en 1704. Lo rsque, au 1 commencement du dix-liuitieme siecle^ • V la conception cle Tunite cle composition reparut, pour la troisieme fois, dans la science , ce fut sousTinspira- tion d'iclees d\m autre ordre; etles travauxdeBelon, aussi bien que etraneei ceux d'Aristote lui-meme, resterent ■s a cette eclatante manifestation. Ce fut par ^^ ' f la meditation des lois qui regissent les mouvements des corps celestes, et ce fut dans i' esprit de Newton, que I'unite de composition fut de nouveau concue. • Mon pere rapporte ainsi ce fait memorable de fhistoire de la science (i) : , r 4 ■ ■ V « Newton, meditant un jour sur la simpliclteetriiaruionle ties lois quirc'gissent Funivers, frappe sur tout des rapports et de Vuniformite des masses du systeine planctalre, aLandonnait son ame aux sentiments d'une vive admiration, lorsque, rame- want tout a coup ses pensees sur les animaux , sur ces am- maux dont la mervcillcuse organisation n'atteste pas moms dans un autre genre la grandeur et la supreme sagcsse de la puissance crcatrice, 11 s'ecrle : Je n'enpuis douter^ les animaux * P sont soumis au mSme mode d'tiniformite* » i ■ Voici le passage lui-meme de Newton ; il se trouve place a la fm de son immortel livre Z)e TOptique{'?). \ i i ■i i i ut ^i m i \ 1 ^ I m ) * 3 il Ml ^ \\ (1) Pkilosophie anatomiqite, t. i^r. Blscours prelimlnnire;^. 16, (2) Page 411 Ae la traduction latine de Samuel Clarke, et p. 690 de la traduction francaise de Coste, -i^ edition, Paris, i^^-i. C'est cettc f • • . f edition dc 17^2 que j ai citec ^^ ■i A > 1 i- II ■■ i i ) .* I f r . f. r I I * r r I J ; :v « 4 k li li 4,1 ^ I ^74 QUAXmilME ADDITION. « Une uniformite si merveilleuse dans le systeme plane- taire, doit etre necessairement regardee cotnme TefFet du clioix. II en est dememe de r uniformite qui par alt dans les corps des animaux. Car , en general , les animaux ont deux cotes , Fun droit, et I'autre gauclie, forme's de la niemt^ ma- niere, et, sur les deux cotes, deuX jambespar derriere, et deux bras ou deux jambes ou deux ailes par devant sur les epau- lesj et entre leurs epaules un cou qui tlent par en bas a le- pine du dos avec une tete par-dessus , ou il y a deux oreilles , deux yeux, un nez, une bouche et une langue, dans une memo situation (1). Si, apres cela, vous considerez a part la premiere formation de ccs znemes parties, dont la structure est si exquise vous conviendrez que tout cct artifice ne pent etre que Feffet de la sagesse et de rinteliigcuce d'un agent puissant et toujours vivant, qui, par cela qu'il est pre- sent partout, est plus capable de mouvoir par sa volonte les corps dans son sensorium uniforme et infmi , et par ce moyen de former ct de reformer les parties de Tunivers , que nous ne le soninieSj par notre volonte, de mettre en mouvement les parties do notre propre corps. » H On sail que parmi les objections opposees par Gu- j J \ ^ 1^ r (11 f 5 V CO Cette derniere partie de la phrase a ete defiguree par le tvaduc- tear, eta perdu presque tout son uiteret : apcinepeut-on encore yretrou- ver rexprcssion de Tunite de couiposition, meiue restreinte a une par- tie du regne animal- La traduction latinc est bien autrement explicite : « Idemqne dlcipossit de uniformitate iila qu^ est in corporibus akimalidm. Hahent s^idelicet auimrdia plemque omnia Una latera , dexlrum et sinis- trum.formd consimilL ; et in lateribns iliis , a posteriove quidern corporis suipartCy pedes hiaos ; ah anteriori autem parte, Linos armos, vel pedes. ^D '^P OS et iinguam ; SmiUTEK POSITA omnia, in omnibus fere ANlMAtlBUS. f J t t i I i '^-^^ ■-' I mm m 1» i UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. vier h la tlieorie de I'unlte de composition , Tune des plus graves par elle-meme, et surtout par les circon- stances dans lesquelles elle fut produite, fut tiree des pretendues entraves apportees , selon cette tlieorie , a la liberie et a la puissance du Createur. La plu- part des tlieologiens s'empresserent d'accueillir cette objection, de la developper, et cle reponsser comme irreligieuses les idees de raon pere. Son repos fut plus d'une fois trou])le, et il i'a ete tout recemment encore, par ces accusations extrascientiliques. On vient de voir sous quel point de vue dilFerent , et avec quelle haute pliiiosopliie , Newton considere I'unite de composition. S'il se complait i I en r eclier clier quelques prcuves dans une rapide etude de Forganisation des animauxj si cette idee, quand elle se presente a son esprit , est avidement saisie par lui, c'est precisement parce quelle lui fait aperce- voir sous un jour nouveau la grandeur et la toute- puissance du Createur. 4- f^ii^es de Buffon sur le plan commun 753 et I 7 56. r Le passage precedent de Newton, auquel le noni de sonauteur et le point de vue auquel il s'est place donnent un si haut degre d'interet, est d'ailleurs , on doit en convenir, vague et pen explicite. Il apparte- nait a Buffon de proclamer le premier, avec nettete , J le principe de I'unite de composition. C'est presque desle debut de ses travaux zoologiques que fimraortel 4 \ \ 'If \ ■)■ ;', q i \ \ I If' . f ^. 4 ■- '1 r ^ 'W H I I M f '» t ! I f ) i I 'r 1^ t iK f I I t« i|^ ( I . i \ ^. J ■ 1 i « "L ; 6 QUATRlilME ADDITION. de Yllistoire naturelle a ecrit le fra^ sq :|ui se sont occupes de blie par la pi Quoiqu'im peu long, rimportance de ce p bljge de le citer presque dans son entier I « ^i 5 dans riminense variete que nous presentent tous les etres animes qui peuplent Tunivers , nous choisissons un animal , ou meme le corps de riiomme , pour servir de base a nos conuaissances , et y rapporter , par la vole de la compa- raison, les autres etres organises, nous trouverons que , quoi- que tous ces etres existent solitairement , et que tous varient par des difFerences graduees a I'infmi , il existe eri meme temps un dessein primitif et general qu'on pourrait suivre tres-long- tenips 5 et dont les degradations sont bien plus lentes que celles des figures et des autres rapports apparents ; car , sans parler des organes de la digestion , de la circulation et de la genera- tous i'animal cesserait d'etre animal et ne pourrait ni subsister ni se reproduire, il y a, dans les parties memes qui contri- buent le plus a la variete de la forme exterieure , une prodi- leuse a le cori^s du clieval , par exemple , qui , du premier coup d'ceil, parait si difFerent du corps de I'liomnie , Ibrsqu'on vient a le comparer en detail et par parties, au lieu de surprendre par la difference , n'etonne plus que par la ressemblance singu- liere et presque complete qu'on y trouve Mais pour sui- vre ces rapports encore plus loin", que Ton considere separe- I (I) Ge passage fait partie de Tarticle sur XAnc, lome IV de VHistoire naturelle^ p. 'i'^Q. II a paru en i^53. t ki- h J UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. 77 ment quelques parties essentielles a la forme , les cotes , par example, on les trouvera dans Thomme, dans tous les qua- drupedes , dans les oiseatix , dans les poissons , et on en sui- vra les vestiges j usque dans la tortue, ou elles paraissent en- core dessinees par les sillons qui sont soiis son ecaiUe ; que I'on considere, comme Ta remarque M. Baubenton, que le pied d'un clieval, en apparence si different de la main d'un homme, est cependant compose des mcmes os..... ; et Ton jugera si cette ressemblance cachee n'est pas plus merveilleuse que les differences apparentes, si cette conformite constante et ce dessein suivi de riiomme aux quadrupedes , des quadru- pedes aux cetaces, des cetaces aux oiseaux, des oiseaux aux reptiles ; des reptiles aux poissons , etc., dans lesquels les par- ties essentielles, comme le coeur, les intestins, Fepine du dos, les sens , etc., se trouvent toujours, ne semblent pas indiquer qu'en creant les animauxl'Etre supreme n'a vouluemployei* qu'une idee, et la varier en meme temps de toutes les ma- nieres possibles, afin que riiomme piit admirer egalement et la magnificence de rexecution et la simplicite du dessein. i> Dans ce point de vue ^ non-seulement Tane et le cbeval (1), 'mais meme I'homme, le singe, le quadrupede, et tous les r aniraaux , pourraient etre regardes comme ne formant que la meme famille. » \ Ce passage est le plus remarquable et le plus ex- plicite, mais nonle seul dans lequel BufFon ait indi- que Tunite deplari. Dans les considerations generales qu'ii a placees a la tete de I'histoire des singes (2), il revient , et presque dans les memes termes , sur ce 1 \ ■ (1) On vient de voir que ce passage remarquable est place menceiuent de f article sur lAnc. ^ (2; Tome XIV, p. 28 et 29. Ce volume a paru en 1756. I au com- M r i i Hk m t7 P ■i f I .f I S'l r" \ 4.^ _^kx tf^ - « ^ ^-L .._ J J H *t I a ii»->-^' ii ;). r 1 1 4- Iri ( I ri r k if ' i I * i'- 1> QUATRIEME ADDITION. grand tableau des res semblances dans lequel Pvm- YERS vivANT se presentc conime ne faisant quime meme famille. « L'homme qui a voulu savoir, a vu qu'en disse- quant le singe ^ on pouvait donner Fanatomie de riaomme; qu en prenant un autre animal , on trouvait toujours le nieme fond d'organisation ; il a trouve dans tous un coeur des veines et des arteres... ; dans tous, une charpente solide , com- posee des memes pieces assemblees de la meme maniere ; et / - ceplan, toujours le meme, toujours suivi de Thomme au singe iu si ces smge aux quadrupedes , des quadrupedes aux ceta- aux oiseaux, aux poissons, aux i*eptiles; ceplan^ dis-j^? bien saisi par Fesprit humain , est un exemplaire fidele de la nature vivante^ et la vue la plus simple et la plus generate sous laquelle onpuisse la considerer : et lorsqu'on veut Feten- dre et passer de ce qui vit a ce qui vegete , on voit que ce plan, quid abord n'avait varie que par nuances, sedeforme par de- gres des reptiles aux insectes , des insectes aux vers , des vers aux zoophytes, des zoophytes aux plantes; et, quoique altere dans toiites ses parties exterieures, conserve neanmoins le meme fond, le meme caractere, dont les traits principaux sont la nutrition , le developpement et la reproduction ; traits generaux et communs a toute substance organisee; traits eter- nels et divins que le temps, loin d'elfacer ou de detruire, ne fait que renouveler et rendre plus evidents. » ;} «» f! >! « t I F 5. Files philosophlques de Herd^ '» 'V 84 A mesure que Ton se rapproclie de notre epoque, voit i'idee de 1' unite de composition, non-seule- snt concue et comprise par un plus grand nomhre \ 1 t '\ i \r *^-Cr^. ki^ r ;V :. \ *- - . -. mf : ^t ^ .■ -\--.-".: r - ,-F , 1- n -.4 UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. f d'liommes eminents , mais en meme temps expi par eux avec plus de nettete. Le fragment de Herder que je vais citer off remar- plus liaut degre ce caractere ; maisil est plus quable encore sous un autre point de vue. L'illustre philosophe de Weimar semble considerer luoite de position des progres fi de Voici, en effet, en quels termes il s'exprime (i) « II est incontestable que, clans toute la creation ani- mee, on yoit doniiner, parmi tant cVetres difFerents, une cer- taine conformite d'organisation , et, pour ainsi dire, un type exemplaire^ qui ,se modifie au sein de la plus abondante va- riete (2). On voit, au premier coup d'oeil, combien il y a de ressemblance dans la structure osseuse de tous les ani- maux terrestres. Les parties principales dans tous sont la tete, le corps, les mains et les pieds^ et meme leurs mem- bres piuncipaux sont configures d'apres un seul prototype di- versifie a Tinfini. La structure inlime des animaux rend cette proposition encore plus evidente , et plusieurs formes , gros- sieres a Texterieur, ressemblent beaucoup a celles de Thomme dans leurs parties internes. L'ampliibie s'eloigne davantage de /'■ (l) Idees sur la phiiosophie et I'Mstohe de Vhumanite^i. I, p. 89, cleTex- cellente traduction due a notre celebre poele et philosoplie Eegak Quinet. (2) Cette phrase rappelle, par Texpression , la celebre form ule de I Leibnitz t Vunite dans la varike ; fonnule qui, aujourcL'hui , ne s'ap- plique pas moins heureusement a I'unite de composition organique ou a I'unile harroonique de I'uniyers. \ f! .1 u i I I / r „ r^r^ >-^^= -"-*■ it^j" '^---^ ( J i I i i J' f 4 I !■ t tf i » k I ti t; » I ff ?;■ + ' # i '9 * t I \ j^ - „ Kfc--«-f -■'»■--■■- -^ L-- ■— ^- fr \ 80 QUATRIEME ADDITION ^^ ■ r ce modele, moins pourtant qvie les oiseaux, les poissons, les insectes et les animaux aquatiques , qui vont a la fin se per- dre dans Ic monde vegetal ou fossile. Nds yeux ne peuvent pas penetrer plus avant ; mais ces transitions n'empechent pas de conjecturer que dans les productions marines, dans les plan- tes et dans les oLjets inanimes, comme on les appelle, il ne se trom^e un seul et meme type d'organisation , quoique infi- niment plus grossier et plus confus. A Tceil de I'Etre eternel, qui Yoit toutes clioses dans un seul tout indivisible, peut- etre que la forine d'une parcelle de glace telle qu'elle est en- gendrec, et que le flocon de neigc qui se developpe par elle, ont quelque analogic avec Teuibryon dans le sein qui le nour- rit. Nous pouvons done encore adinettre cette grande propo- sition : plus les creatures se rapprochent de Tliomme , plus elles ont de ressemblance aVec lui dans leur forme generale , et la nature^ dans lavariete infinie qu'elle aime^ semble avoir construit toutes les creatures vivantes sur notre teiTe d'apres un seulet m6me type d'organisation. Ainsi il est evident que, comme ce type doit varier necessairement avec la race , Tes- pece, la destination et les elements , une copie est expliquec par une autre copie, Ce que la nature a donne a mi animal comme accessoire, elle Ta fait fondamental dans un autre soit qu'elle le produise au jour, qu'elle Tagrandisse on qu'elle v fasse concourir les autres parties, toujours dans une harmo- nie parfaite. Ailleursce sont ces parties dependantes qui pre- dominent ; ainsi , tous les etres de la creation organlque appa- raisseut comme disjccti membra poetw. Celui qui veut les etu- dier, doit les etudier V\m dans I'autre. Une partie semble- t-elle negligee ou cachce , il a recours a une autre creature , dans iaquelle elle a ete aclievee et developpee par la nature. / • confirme tent de Fextreme divergence des etres... L'homme semble etre , parmi les animaux, cette parfaite creature centrale qui, sans briser I'individualite de sa ^estinee, reunit en elle le / i -4-«- J -X J ■ ' ' 1. UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. 8 1 plus grand nombre possible de rayons et de formes ... Si nous lui comparions les animaux qui se rapprochent le plus de lui , nous pourrions presque nous hasarder a dire qu'ils sont des rayons divergents de son image , refractes par un miroir ca- toptrique , et ainsi nous pouvons admettre que Vhommt est une creature centrale entre les animaux : c est-d-dire , la forme la plus parfaite qui reunit les traits de tous dans Vabrege le plus complet. » J'espere que la similitude dont je park entre Thomnie et les animaux ne sera confondue par personne avec ce jeu de r I'imagination qui a fait decouvrir des images de la figure hu- maine dans les plantes , dans les pierres , et qui , d'apres cela , a bati des sy stemes ( 1 ) . Tout liomme r aisonnable sour it de ces cliimeres ; car la nature creatrice couvre et caclie la simili- tude interne de structure sous la difference des formes exter- nes... L'enfance et la premiere jeunessepeuvent seules se con- tenter , dans I'histoire naturelle , de quelques distinctions de formes exterieures , pour aider To^il et la memoire ; Fhomme m et le philosoplie ; observent a la fois la structure interne et externe de Tanimal , pour les comparer avec son mode de vie , et decouvrir son caractere et le degre qu'il occupe dans I'e- chelle ; c^est ce que Ton a appele , par rapport aux plantes , 4 J i / / U ii / i » ^ (O Ce passage est evidemment une allusion au bizarre systeme de RoBiNET, public de 1761 a 1768, sous ce titre : Considerations phdoso- phiques sur la gradation naturelle des formes de Vdtre, ou Essai de la na- ture pour apprendre a former Vhomme. Herder ne semble-t-il pas avoic prevu que la confusion de cet absurde systeme avec la theorie de Tu nite de composition et celle des inegalites de developpement ( et de meme la confusion du systeme de Dcmaillet avec la theorie de la va- riabilite des etres) deviendrait au dix-neuvieme siecle une arme puis- sante dans les mains de plusieurs auteurs, de M. Cuvier lui-meme , contre des idees qui nieritaient au moins d'etre combattues par des ar- guments scientiliques? ZQOLOGIE GiiN'EKALE. 6 \ \ i-i I K^ J ^«±- L . f * (ii .f t ^ I '\ i n I 6-i »*■ I 1 ! ^ •f I. t-' r ■« :' I I &i \ \ *i V 82 QUATRIEME ADDITION. la melhode natureUe : raiiatoinie comparee est le guide qui doit nous y conduire pas a pas dans I'etude des animaux. » 6. Flies de Ficq-d^J^jr, en 1 786 A la meme epoque ou I'idee de 1' unite de com position organique etait Allemag par Herder, et, comme on va le voir tout a I'heure, par Goethe , Vicq-d'Azyr la aussi France deja meme s'en inspirait pour I'expl decouverte desfaitsjusqu'alors incompris ou ignores. Le fragment suivant du discours general sur UAna- tomie ( I ) est assurement digne de I'auteur de I'admi- rable memoire Surh parallele des extremites (2). « En dissequant les muscles des quadiupedes, j'ai trouve, dans quelques-uns , des clavicules bien formees, dont au- cun anatomiste n'avait eu connaissance ^ et dans d'autres des OS places dans la meme region , que Ton pourrait appe- ler du nom de claviculaires^ et que Ton n'avait point encore observes , parce qu'on n'avait point examin^ les muscles entre lesquels ils sont flottants. On demandera peut-etre quels sont les usages de ces os formes a Fimitation des clavi- cules , dont cependant ils n'ont pas la solidite ^ puisqu'ils ne s'etendent pas de Tomoplateau sternum; maisne trouve-t-on pas evidemment id la marche de la nature ^ qui semble operer « II ( 1) Voyez le Trait6 d'Anatomie, in-folio, p. 9, OU les OEmres de Vigq • dAz^yr, tome IV, p. 25. (2) Voyez Memoircs dc Vdcadcmk des Sciences , dun. 37;4, p. 254, Oil OEuvrc^i t. IV, p. 3i3, i I fi f Hi * . h I -.J ^. - I r J UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE apres un modele primitif 83 carte qu' a regret, et dont on rencontre pdrimTkriraces? Veut- delf e Jecette pensee , en voyant le plus intelligent on se peut-etre de tousles aniniaux, I'elephant , pouryu d'un carpe , d'un metacarpe et de doigts semblables a ceux de Fhomnie , mais encroiites d'une masse solide qui s'oppose k leurs mouve- nients , et reduit ces grands animaux , sous ce rapport , a la condition de solipedes ? Peut-on se refuser a cette pensee , en observant les deux petits doigts exterieurs situes , dans quel- ques quadrupedes, au-dessus des doigts moy ens , qui sont les plus longs et les seuls utiles ; en examinant ce faisceau cliarnu si delie , qui tient , dans le cliien et dans plusieurs fissipedes , la place du long supinateur? Peut-on s'y refuser enfui en comparant les os maxillaires anterieurs que j'appelle incisifs dans les quadrupedes, avec cette piece osseuse qui soutient le^ dents incisives superieures dans I'liomme , ou elle est de Tos maxillaire par une petite felure ti es-remai quable dans les foetus , a peine visible dans les adultes , et dont personne T n'avait connu Fusage (1) ?• • . Accoutumes a voir des dispositions dont ils ignorent les causes et la fin , les anatomistes etaient Testes dansle silence de retonnement ; mais qu'ils jetteut avec moi les yeux surles osdela face des solipedes et des bisulques, dans lesquels cette region est tres-prolongee : ils apercevront aussitot que ces pieces ^ dont la peritesse les avait surpris , soiit ici tres-etendues J que c'est vraiment dans les quadrupedes separee que les os de la face jouissent de tout leur developpemeiit ; que dansriaomme on n'en trouve que le raccourci , mais que Fordre et la distribution generale sont les mimes dans tons. » l^^.-i.^^^ m.-^ ^i"*'^,"«i_.'m| I (I) On verra plus loin , dans un article special sur les trayaux de Goethe, que ce grand poiite etait conduit aussi de son cote, a la meme epoque et pat les memes idees, k U decouverte de I'iuteimaxillaire chez I'homme. y 111! r *r \ I I. I' L I \ I if* 1 i I T 1 .ft ^_k L I i !'. m i \ 1 '■i I f t I' I I! k ( I ■ ^ ' :N r r ft I ' fi 84 CINQLIEME ADDITION. 7 P^ues dc Goethe et de M. Geoffroj-Saint- Hilaire, de 1 786 « 1800. Pour completer cet expose des vues emises , ante- rieiirement au d sur 1 de r f composition organique ou Tunite de plan, il me res terait a citer plusieurs passages non moins remarqua bles que les precedents , les uns (Merits par Goethe les autres par mon pere ; mais il me suffit de les rap peler ici pour memoire. A I'egard de ces derniers , r Addition suivante, et a I'egard des vues de Goetlie un article special et etendu , que Ton trouvera plu; fermero documents que pu desirer ici comme complement de cette Addition V. i DE LA DATE ( 1807 ) ASSIGNEE AUX TRAVAUX DE M. GEOFFROY SAINT-HlLAiRE SUR L'UNITE DE COMPOSITION. 1 r Les auteurs qui, jusqu'k present, se sont occupes de la tlieorie de I'unite de composition sous le point de vue liistorique , sont loin de s'etre accordes sur la veritable date qui doit etre assignee aux premieres reclierches de mon pere. En exposant par quels mo- tifs j'ai cru devoir fixer cette date k I'annee 1807 (0. j'ai moins pour but de resoudre une question de *f f (1) Foyez p. 48 * 1 r ■1 /, i 1 i >■■<'.. 4 ^ ^ ^ r ^ UNITE DE COMPOSITION ORGANIQTJE, 85 priorite (i), que defaire nettement sentirce qui dis- tingue essentiellement les travaux de mon pere sur i unite de composition, des brillants apercus rappeles dans r Addition precedente: La difference fondamentale entre les uns et les n. de J autres est celle-ci : dans les ouvrages de Belo Newton, de Buffon et des autres auteurs du di^ ne siecle plus liaut cites , on voit I'idee de 1 composition pressentie ou proclamee par ces •hu de r rand s piraiit fois ces pages pages (jue ees radmiration de la posterite seule (car les porains ne les comprennent pas s'arretent ^ et la r (I) Mon pere, dansle Discours preliminaire de son Histoire naturelU r des mammiferes, p. ig, a lui-meme refute un passage de la Bame Fran- grilse (puhlie en 1829), danslequelon -pvesentdii Kiebneyer etsonillustre 4 H ele^e, Meckel^ comme ouvrantla carriere en 181 1 , Tlcdemann laparcou- + raiit en 1816, et les Francais arrivant seulemcnt a leur suite en 1817 et 1818. La question de priorite a encore ete soulevee tout recemment par M. DuvERNOY dans ses Lecons sui^ Vhistoire naturelle des corps organises professees au College de France, lecons qui ont paru imprimees il y a quelquesmois. Dansle texte de ces lecons (p. 54), M. Duvernoy rapporte aussi les travaux de monpere a Fannee 1818, date de la publication du premier volume de la PhilosopMe anatomique, et il fait remarquer que des vues analogues avaient ete publiees en 181G, par consequent deu annees auparavant, par M. Savigny. Mais, dans les notes ajoutees a la fin de ses Lecons , et avec unc impartialite qui lui <^st d'autant pi honorable quaucune rectification ne lui avait ete dpmnr.Hpp M R us avaitete demandee, M. Du- vernoy reprend la question ( p. gS ) , et reconnait que le memoire de mon pere, publie en iSo-j, sur la composition de la tete osseuse, as- sign© sans contredit a son auteur une longuc anteriorite de publication. I - 1 f 1 ii i i ) ^ % t t •%% ^^ V ^. ^ J I I J.' * ) I I I I I ! L L J K ^t n t Ik 86 GlNQUliiME ADDITION. sublime verite qui avait un moment jete de si vives lueurs dans leiir intelligence , semble bientot oubliee d'eux-memes. En 796, monpere, enc t presque au debut d c lans I premi / tour a la conception de la meme idee ; il la proclan ^vec enthonsiasme. Comme Belon , comme BufFoi comrae Vicq-d'Azyr, il reste incompris j et la page c il a depose le premier germe de ses idees , est bient oubliee de tous. Mais il ne se decourage pas; il se: que I'idee qu'il a concue a de I'avenir , et , des fixee dans son esprit. On T la empreinte dans toutes ses productic et des que, revenu d'Egypte, il pent des qu'il se sent riclie de faits c lans pable d'asseoir ses idees sur une base solide, il aborde pour ne plus s'en ecarter, la demonstration scienti. fiq de qui , jusque cbez lui predecesseurs, qu'un pressentiment une conviction personnelle et intime. Tel e partir de 1807, i'invariable caractere de ses tra tous diriges vers le meme but, avec une perseve sans exemple peut-etre dans rhistoire des sc depuis rimmortel Kepler. Ainsi, dans ses divers travaux sur 1' unite de a position , deux pb deux periodes qu'il impo de distinguer avec soin, si Ton veut en avoir 1 gence complete : la conception , la procl I'idee , en 1 796 et dans les annees suivant 1: * (* f . -^^ - ^ ill- -■■: X' 1* m n UNITE DE COMPOSITION ORG/VNIQUE. 8 / ficationsclentifique, son developpement , sa demon- stration, en 1807 et pendant trente annees apres. Quelques citations empruntees aux premiers me- moires de mon pere , et aux prmcipaux des me- moires de 1807, vont k la fois eclaircir et justifier eette assertion. G'est k la tete d'un memoire sur les quadru- manes (i) que mon pere a, pour la premiere fois , en 1796, enonce ses idees sur I'unite de plan. Void le debut de ce memoire que tous les auteurs ont cite r pour les faits de detail qu'il renferme, sans avoir donne attention k la page , bien autrement impor- tante , qui en forme le debut. « Une verite constante pour I'liomme quia observe un giand nombre de productions du globe, c'est qu'il existe entre toutes leurs parties une grande harmonie et des rapports necessaires ; c'est qu'il semble que la nature s'est renfermde dans de cer- taines limites , et n'a forme tous les etresvivants que sur unplan unique^ essentiellement le meme dans son principe^ mais qu'elle a varie de mille manieres dans toutes ses parties accessoires. Si nous considerons particuli^rement une classe d'animaux , c'est la surtout que son plan nous paraltra evident : nous trouverons que les formes diverses sous lesquelles elle s'est plu a faire exister chaque espece, derivent toutes les unes des autres ; il lui m n des organes etendre ou restreindre les usages: La poclie osseuse de Ta- (i) Memoire SUP les rapports natureh des makis , Aam le Magasin JEncydopedique, tome I, p. 20. <■ > t \^ ^ ^c t _ K ) . 4bi I %^ ^ ^ . ? I / t \\ r : m^BL y I I f f i >i« 'K fa , I 88 CINQUIKME ADDITION. ■ louate , qui donne a cet animal une voix si eclatante , et qui est sensible au-devant de son cou par une bosse d'une gi osseur si extraordinaire , n'est qu'un renflement de la base de Tos liyoide; la boujse des didelplies femelles, un repli de la peau qui a beaucoup de profondeur ; la trompe de Tele- phant , un prolongement excessif de ses narines ; la corne du rhinoceros, un amas considerable de poils qui adherent entre eux , etc. Ainsi , les formes , dans chaque classe d'ani- maux, quelque varices quelles soient, resultent toutes^ au fondy d'organes commum a tons : la nature se refuse a en em- ployer denouveaux. Ainsi, toutes les differences les plusessen- tielles qui affectent chaque famille dependante d une meme alasse, viennent seulement d'un autre arrangement^ d'une autre /omplication, d'une modification enfinde ces memesorganes.» Si mon pere s'etait borne k placer dans Tun de ses memoires la page remarquable que je viens de citer , il s'en serait tenu precisement au meme point que Buffon, quarante ans avantlui^ et surtout que Yicq- d'Azyr et Herder. Mais si Ton parcourt ses memoires ulterieurs, on voit que, ni son depart pour I'Egypte , ni I'etude de cette contree si belle et si riche en sou- venirs, ni les grands el poetiques ev^nements auxquels il prit part, n'eurent le pouvoir de le distraire de la poursuite d'liiie idee doiit il avait su, des I'abord, apprecier toute I'importance. II a compose, durant son sejour en Egypte , trois memoires, dont deux ont ete imprimes au Gaire meme; et dans tous trois se trouvent des passages moins remarquables sans doute, mais analogues a celui qui vient d'etre cite. Ainsi , je lis dans le premier qui fut communique _^ I ! w^A'; * ^ n ^ m -^ r I UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. a rinstitut d'Egyptepeu de temps apr^s sa fonclation, ^ et qui a pour sujet I'aile de I'autruche (i) : « Ces rudiments de fourchette n'ont pas ete supprimes , parce que la nature ne marclie jamais par sauts rapides, et qu'elle laisse toujours des vestiges d un organe , lors ineme qu'il est tout a feit superflu, si cet organe a joue un role im- portant dans les autres especes de la meme famille. Ainsi se retrouvent sous la peau des flancs les vestiges de I'ailcdu ca- soar ; ainsi se voit dans lliomme, a Tangle interne de I'ceil , un boursoullement de la peau qu'on reconnait pour le rudiment de la membrane nyctitante dont beaucoup de quadrupedes et d'oiseaux sont i3ourvus , etc. » Le second, lu a I'lnstitut du Gaire un an apres, a pour sujet I'etude des appendices des raies et des squales , et la demonstration de leur identite avec les corps caverneux des animaux superieurs (2). Le troisieme, ecrit durant le siege d'Alexandrie, niais imprime seulement en France en 1802 (3), a eu beaucoup plus de celeLrite que les deux precedents, k cause de Textrenie interet de son sujet : ranatomie comparee des organes electriques de la torpille, du gjmnote et du silure trembleur. En voici un passage : « J'avais aussi eu occasion , dans mes voyages , de voir des L ^ torpilles... Je ne doutais pas que j'eusse sous les yeux les ov- (i) Obsen^ations sur faile de Vautruche, dans la Dicade igyptlcnne , edition du Caire , torn. I, pag. 46, an VII. (2) Voyez la Decade igypticnne, tome III, p. a3o, an VIIL (3) Dans \es Annales du Museum, t. I, p. 392. Ce memoire a ete compose en Egypte, mais sa redaction a ete refaite a Paris, ^ { \ i y r n J- I I*; ] I I 8 "!f r f * ■ i it:. .1 / N In I I » * ( t i J * ^'■n *l I I I I' r 9 CiNQUltME ADblTIOh" ganes ail moyen desquels la toipille se rend si redoUtable au sein des eaux.,. ; mais alors j'ignoiais; si d'autres avant moi , avaieut remarque cette organisation , et, dans ce cas quel complement aiix observations deja faites la science r pouvait exiger de moi. Enferme dans Alexandrie assiegee, prive de ma bibliotheque , je me consolais de ne pouvoir sm-le-champ eclaircir mes doutes , en me flattant qu'au moins ces organes tie seraient pas connus dans lem* relation avec la physiologic generale. Pom* parvenir done a acquerir cette cpnnaissance , je cherchqis opinidirement quelque chose dans ies autres raies , persuade que c'etait moins a la pre- sence de cet organe qu'a une disposition qui lui etait particu- liere, que Ies torpilles avaient, exclusivement aux autres raies, cette etonnante faculte de foudroyer en quelque sorte Ies petites especes de la. mer. II ne faut pas avoir compare entre eux beaucoup d'animaux , pour etre averti qu'il n'y a jamais parmi eux d^ organes nouveaux^ surtout dans des especes qui tessemblent autant que des raies : il etait plus naturel de ux dans la torpille , existaient masques dans Ies autres raies et on va voir que fai en effet trouve dans celles-ci une organisation analogue , avec des differences auxquelles doivent se rapporter Jes difFerentes manieres d'etre et d'agir de chaque espece, » Ainsi , des I'epoque de son sejour en Egypte , soit qu il etudie le moignon de Tautruclae et le compare a I'aile des autres oiseaux, soit qu'il clierche k se rendre compte de 1' organisation des appendices des selaciens , soit qu'il fixe son attention sur I'appareil electrique de la torpille , il a presente k I'esprit I'idee feconde de I'unite de plan, et deja , se laissant guider par elle , il cherche opinidtrement , selon sa propre expression , des rapports et des analogies. V ^ \i \ .-■^ b I 1 . " ■■ ^ . F'---- -^m^^ •^ If ^ Le UNITE DE COMPOSITION OftGANIQUE. hme esprit est plus on moiiis evidem 9» empreint dans tous ceux des memoires de mon pere ou , de 1 80 1 h 1 806 , il a traite des questions pliysio- logiques ou anatomiques en meme temps que giques; par exemple , dans son premier memoire 1 du crocodile (i) bien mieux encore dans son travail sur les polypteres (2), si interessant plusieurs egards. Je n emprunterai toutefois aucui citation a ces memoires , et je passe immediateme 1 h rindication des travaux publics en 1807. Dans cette seule annee 1 807, mon pere a public sept memoires , dont cinq sont specialement diriges vers la demonstration de I'unite de plan. Voici leurs titres, assuremcnt bien nouveaux quelques lignes de cliacun d po cette epoque, et I. Premier memoire sm^ les poissons , ou Von compare les pieces osseuses de leurs nageoires pectorales avec les os de rex- tremite anterieure des autres animaux a vertebres (mars 1807). Je citerai seulement le passage suivant (3) : mimes t retrouvent leurs analogues chez les autres animaux vertebres. Je vais essayer d'eii fomnir nne premiere preuve,,.. « (1) Obsen^ntions anatomiques sur le crocodile du Nil , dans les Annahs du Museum, tome II, p. 87 , i8o3: (2) Description anatomique du polypthre , Hid., tome I, P- S?^ 3t8o2. (3) Jnnalesdu Museum, toxxxQlXj p. 358. II ft ** 4 I 1 * r I i '1 i tr f ■ r f i i ij ;'i H hi I I j^r* 92 GINQUIEME ADDITION. II. Second memoire. Considerations sur Tos fuicvdaire. En voici le debut (i) : r ' « Dans notre precedent memoire , nous avons fait connaltre Tos furculaire : nous avons iudique ses relations avec les autres pieces de la nageoire pectorale , et nous croyons avoir prouve qu'il est analogue a Tunc des branches de la fom- chette des oiseaux. Nous allons le considerer dans cet article sous le rapport des clmngements qu'il subit dans les divcrses families de poissons... » III. Troisieme memoire sur les poissons, oil VontraUede leur sternum sous le point de vue de sa determination et de - ses formes generates. Dans ce memoire , le sternum des poissons est com- pare aux diverses pieces die sternum chez les jeunes oiseaux. X ■ « J'imaginai de cliercber dans ces derniers (les oiseaux) les grands os des rayons et de la membrane branchiostege. Quoi- que I'etat de la science me laissat sans renseignement a cet egard , Fanalogie m'en avait assez dit pour que je perseverasse dans cette recherche. Je crus d'abord que les families les plus eloignees de la plupart des oiseaux me les montreraient ; ma is je fus beaucoup plus heureux j car je les decouvris dans toutes , non pas a la verite pour tous les ages , mais du moins dans tous les indlvidus qui n'ont pas acquis leur entier develop- pement(2). » , On lit aussi remarquables : dans meme memoire S (I {i) Annnles du Museum, tome IX, p. 4i3. (2) Ibid,, t. X, p. 7- \ -A-.-: h ■■ L J . ^- "i 1 UNITE DE COMPOSITION ORGANIQLE. « On ne s'est pas aperju qu'en se laissant aller a ces conse- quences ( Fadmission d'une organisation toute nouvelle , spe- cialement relative a la classe des poissons) , et qu'en supposant avoir des organcs nouveaux , on arrivait a un resultat beau- coup plus extraordinaire que celui auquel peut conduire le desir de ramener les formes varices des poissons a celles des aniiiiaux vertebres. IV. Determination des pieces qui composent le crane des r L crocodiles (1). Le comniencement yet « Des de ce memoire en indique meat >es raisons particulieres me decident a publier ce frap- : il fait partie d'un ouvrage plus etendu, ohje cherche a determiner les pieces dont se compose le crane des vertebres. Ayant eu besoin, pour mcs recherclies sur I'anatomie des poissons 5 de connaltre avec precision les analogues de plu^ sieurs parties de leur crane, j'ai ete entraine dans une com- paraison tres-suivie des difFerents os dont la tete est formee dans chaque famille. » V. Considerations sur les pieces de la tete osseuse des ani- inaux. vertebres , et particulierement sur celles des oiseaux (2). Voici quelques passages de ce memoire, plus re- marquable encore que les precedents : « Desirant donner a mes reclierclies sur ^dnatomie generate des poissons toute I'etcndue dont elles sont susceptibles i ai continue a m'occupcr de Texamen des parties de leur squelette sur lesquelles on navait pas encore de notions i^recises-... ^r / lAi (i) Annates dii Museum, tome X, p. 249 (2) Ibid. p. 342. ) i I t- m J fl V W i i 4 (■ i i J _ i I ^ \ \ * i i ♦ h I ■t^» ; f t I . - ■ ^ / 1 CINQUIEME ADDITION. 4 Quelques pieces 5 d une forme et cFun usage unlquement pro- pres aux poissons , telles que les opercules , ont sur tout contri- bue a faire croire que si , du moins dans la formatiou de ces etres singuliers , la nature n'a pas abandonne le plan qu'elle a suivi a regard des autres' animaux vertebres , elle a dii , pour les mettre en' etat d'exister au sein des eaux , modifier telle- meut leurs principaux organes, qu'il n'est reste de ce plan primitif que quelques traits epars et difficiles a saisir. Un pareil resultat n'offrait rien de satisfaisant. 0^ sail que la nature tra- vaille constamment avec les memes materiaux 5 elle n'est inge- nieuse qu'd en varier les formes. Comme si en efiet elle etait soumise a de premieres donuccs , on la voit tendre toujours a faif^e reparaitre les memes elements^ en meme nombre, dans les r memes circonstances, et avec les memes connexions. S'il arrive qu^un organe premie un accroissement extraordinaire ^ Tin- fluence en devient sensible svu* les parties voisines^ qui des lors ne parviennent plus a leur developpement hahitueL...; elles deviennent comme autant de rudiments qui temoignent en quelque sorte de la permanence du plan general. » II reprend plus bas , apres a\oir indique le parti que Ton peut tirer de Tapplication de ces vues a la determination des pieces du crane des poissons : / « Toutefois j'ai cru un moment que, nonobstant ces reduc- tions, le crane des poissons renfermait encore plus de pieces que n'en montre celui des autres animaux Tcrtebres ; mais j'eu ai pris une autre opinion ^ des que j'ai eu songe a considerer les OS du crane de I'liomme dans un age plus rapprocbe de I'epoque de leur formation, Ayanl imagine de compter autant d'os qml y ade centres d' ossification distinctSy et ayant essaye de suite cette maniere de faire , j'ai eu lieu d apprecier la jus- tesse de cette idee : les poissons, dans leur premier age, etant dans les memes conditions ^ relativement a leur developpement, , r ■( f F J ..^ U ^ I H . . ■ ^ _h" - " , - - ', . ■ ■ - - - _ r. ,. .. . ■■ V „■;;:::■ ! 4 m UNITE DE COMPOSITION ORGANIQUE. r que les foetus des mammiferes, la tlieorie u'oflVait ri traire a cette supposition. » :le leii cie con- ^n lit plus has encore ; / « D'apres ce principe, je n'aurai jamais a me decider dans la determination des os de la tete despoissons, d apies la con- sideration de leur forme, mais d'apres celle de leur connexion. » Et a la fin du memoire , sous forme de conclusion : ^ L ft k y. i» XOOLOGIE GLXEKALE. 7 1 . 1. i I B '^ B-H *^ y .- .: / - K r n X I^ 4 i ^ \. i t ^ III. SUR LES NATURALISTES COMPIIiATEURS DU SEIZIEME ET DU DIX-SEPTIEME SIECLE .J 1 ^iii t III I L si eel e et d des naturalistes du partie du dix pt c'est la pilation. Les uns compileiit et commentent les ?ages des anciens ; les autres , les compilations des de font avec une erud sans s tion lucide et intelligente ; les autres , sans critique : mals tous , interpretes habiles ou et serviles copistes , tous poursuivent le meme ce marchent vers le meme But. Pourquoi cette tendance commune, ces efforts ninies vers 1' etude cles livres, et non vers celle de 1 •meme? Cette tendance ^ta irrationnelle. }i forme a la raison et aux vrais interets de 1' esprit ^^ Ces efforts etaient-ils retrogrades, ou de -lis, bien que diriges vers le passe , exercer sii xlie de Thistoire naturelle une influence util r progressive Du point de vue de \ \> # ^- ^^ -4^* ^ T- -^ r '^ 4 .1 }\ i 1 *1 NATUMLISTES COMPILATEURS. 99 ne tenait compte de la difference des temps , on ne saurait se defendre de les juger defavorablement. Les travaux de compilation sont aujourd'liui peu estimes, etnon sans raison. II y a mieux a faire, au dix-neu- vieme siecle , que de cherclier a revetir de nouvelles formes , h classer dans im nouvel ordre , a reprendre, sous quelque rapport que ce soit, les faits dejk connus, les idees deja emises. G'est mal connaitre son ^poque , temps que de remuer le ■ge avenir est c'est mal employer son passe de la science , quand un si la ouvert devant elle. G'est done k juste titre qu'aujourd'hui la compi- lation, meme bien faite , jouit d'une estime mediocre, et que la compilation servile et inintelligente est completement dedaignee. Mais, en nous reportant au quinzi^me, au seizieme siecle, au commencement du dix septieme, la com- pilation va nous apparaitre sous un tout autre point de vue. Si tons les esprits se portaient alors avec ar- deur vers I'etude.cles livres de I'antiquite, ce netait pas seulement par une juste admiration pourcesglo- m rieux et imperissahles debris des civilisations grecque et romaine; il j avait de plus un sentiment irreflechi instinctif , si Ton veut , mais assuremeht vrai de I'etat et des besoins de toutes les brandies des sances humaines et de celles de I'histoire naturelle. Un siecle ne peut apprecier lui-nieme d niere absolue, I'etendue et le degre de son savoir : ce qui , a un moment donne, nous parait lumiere, peut, connais- une ma- \ ( tm 1 -4 *l» i i A 9 V! \t. t m [ ^ ( ,1 « « m _':'^:'z^ ■- , ^ - .-^i' -y" tip I i I * s I 111 .3 ( #> \ 100 NATtRALISTES COMPILATEUIIS dans un autre instant , et par comparaison, nouspafat- tre ombre. L'epoque on Ton vit renaitre les sciences, ne put done avoir completement conscience de son ignorance, et se juger elle-meme comme nous la ju- geons aujourd'hui. Mais si elle ne reconnut pas com- tien elle savait peu, une facile comparaison lui apprit du moins qu'on avait su davantage autrefois. Que de textes en elFct dont le vrai sens etait perdu ! Que d'idees dont rencliainement n' etait plus saisil Que d e 1 bles dont quelques mots ouH comp ndai lent rintellJgence incomplete ! de precieux monuments sur le seuil desquels on voyait arrete! Au quinzieme , au seizieme siecle , et meme pi tard leursveilles a I'etude done iernorer rmp h, q P consacrerent efois qu " pletement. Des lors le but vers lequel on devait 1 dre, ne po On que, p 1 oyait, dan r i^s a exploi |uete rait tout a coup riclie crune de ; ,u nouveiles (i). Fallait-il reculer devant les obstacl qui en defendaient i'app refaire pa 1 m (1) La position des naturalistcs du seizieme Kiecle en presence de ees tresors de I'anliqiiitc grecque et hitine est comparable, i quelques egards , a ceJle oil sc tvouvcnt les savants dc notre epoque devant les ^^ ^ > -'<:.>:^:.:: ■ .^^ V , ;;■:-/ ■■-. k ■ I J \ ^ y n NATLRALISTES COMPILATELRS. 101 ses propres forces ce qui avait ete fait autrefois? Ou en devait-on engager contre ces obstacles una Li lutte opiniatre, et se decider ales vaincre h tout prix? Ce dernier parti etait evidemraent le plus ra- tionnel : il fut celui qu'on adopta. Gomparables a ces bataillons pleins d'ardear et de courage qui, SLiccedent lei s uns aux dans un siege difficile , se autres jusqu'a ce que la breclie soit faite, I'assaut donne et la victoire remportee, Gesner, ceux qui I'ont precede , ceux qui I'ont suivi , tous se succedant de generation en generation, lie sarreterent que qudnd ils crurent avoir atteint lear but , la coiiquete du savoir des anciens. Ma pour y par que de iiicult a Essayons de iious rend cipale^ de la plus grave d Ce q d'etre dit suffit deja pour montrer que la compila- anciens a ete, dans Tune des pliases de la des le premier de besoiiis. Les le vais feront comprendre pourquoi pliase s'est prolongee si longtenip L II. Le premier problenie a resoudre pour qui veut pe trer un peu profondement dans I'etude de I'liistoiri ^ monmnentscgyptiens. La aussi on cntrevoit cVimmensesricUesses, mais gans pouvoxr encore s en rendre cfimpleternent m:)ttve* QuQ dWQvt^ pjk iu„-. ^ ^ * His ! Qm^ ^^m^ ^ xm^ ?^9m \ I r* ' * II- ^. I * \ i t % i I :t \ i 1 I \ >■ ■■-,-.. I i i n i I'iii I i I 102 NATURALISTES COMPILATEURS. est evidemment la distinpti' 3n nette et 1 aux autres. r ■ precise des etres les yns par rapport Les observations les plus curieuses sur les moeurs d'l animal , les recherclies les plus sagaces sur son or^ nisation , les experiences les plus ingqnieusps sur s fonctions perd demraent presque tout leur prixjsi I'auteur, faute d'indiquer exactement a ses ntemp I'espece qu'il etudiee , les met dans I'impossibilite de constater, de completer, et , au besoin, de rectifier les resultats ob- tenus par lui-meme. Cette verite est trop evidente pour qu'on puisse supposer quelle ait ete meconnue par les naturalistes anciens ; et cependant , soit qu'ils aient cru que les noms usites de leur temps devaient etre imperis- sables , soit toute autre cause , ils n attaches a determiner, a rendre re( des notes caracteristiqiieS;, les etres amais onnaissables dont ils s'n par pent. Lorsque Aristote ou Pline font un de ces beaux tableaux de moeurs si souvent imites , si rarement surpasses par les modernes ; lorsque Aristote expose I'organisation anatomique ou les fonctions d'un ani- bornent presque le nommer: lu plus ajoutent-ils a son nom I'indication d quelqu'une des circonstances qui le rendent remar ^. (0- ^^ cliercliera it en vain dans I'ouvrag Vr^ •*r-* (I) Cette remarque a ete deja falte par plusieurs auteurs, et notam- ment par M. Cuvier. Voyez ses Lecons du College de France, recueillies * -,- * ■;'■^7-'■' ■ ' ' V '.. ■ . '■::^r''. - ' ■ ^ J L ■ J ,-^Jr^^ > I 1 l» I ^ ^ ^ NATURAMSTES COMPIUTEURS, io3 livres + ron [" de Pline , et on trouve h peine dans le§ memes d' Aristote , quelques passages que puiss considerer ren fei en eux soit une description zoologique , soit surtout ime classification. ; Tel a ete, lors de la renaissance des sciences , I'un des obstacles qui ont le plus contrijaue h m retarder les prpgres ; telle a ete Ja cause qui a prolonge , pen^ dant plusieurs siecles , la lutte des njodernes contre les difficultes de 1' interpretation des anciens. Les com- mentateurs les plus habiles d' Aristote, de Pline d'Elien, commettaien|; eux^memes de frequentes et inevitables erreurs enappliquant a un animalles faits quand de I'histoire d espece elements de determination manquaient pi devant le dan er pletement encore, ils s'arretaient trop evident an quel les eussent es^poses leura conj tures sans vraisemblance. II fallait done qu apres e d'autres , aj-mes de nouyeaux textes, et forts en meme ■ -f \ I temps des recemment acquises par Yoh vation, vinssent tentep la yectification des erreurs comniises des doutes laisses J de points importants; double travail dontla difficult! eut decoprage, au debut, les esprits les plus perseve rants, s'ils gussent pu sen rendre cpmpte a I'avance r et publieespar M. Magbeleine de Saint-Agy, premiere partie, p. i66. Je I'ai anssi moi-meme consignee dans Varticle Zoologie de V£ncy •lopedie du dix-neuvieme siecle, ^vticle auquel jaj in^me empr^Bte cette page tout entiere. J7 .t : . :^ (;■ I i i - f ^ I .< tf i f. P * ♦» V mi » Y t \ \ * la f I C ■^^ ^ /. I0l\ NATURALISTES COMPILATELRS. Apres avoir occupe presqiie excla: du seizieaie siecle, sans ]3arler de place impo parmi les recherches du dix-septiem dans le dix-liuitieme, se poursuit encore de nos jours, et sans nul doute se poursuivra apres nous. L'inter- pretation complete des anciens est iin de ces buts dont on se rapprocliera davantage k chaque nouveau progres de TolDservation, mais queron n'atteindra jamais. I I t . t « HI. Nous ne devons done reproclier aux naturalistes d seizieme siecle ni de r etude des livres des 9 A po de avec araeur sur car tude necessaire, ni de lui avoir consacre tant de temp car elle etait eminemment difficile. Ce qui £ etait precisement ce qu'il fallait faire ; et contemp de de d dans les )rains qui, du haut de la science >ntjugeseverement, et presque avec de- ■ M ivaux de cette epoque reculee , ont fait d'injustice et d' ingratitude. Ces hommes perseverants , qui ont consume leur vie clies plus abstruses et les arides , et, par elles, ouvert la sont-ils pas en effet pour k ne so cetres de veritables ifiq quels nous devons notre que En essayant de rendre just tawr^tenv w ppieiiee, jeswg, (r^iil ¥ Iqip de fc \ 1 T I m¥ -- *- -m J r 4 - ^' :-r-. ■/:•■'-'■. I 11 il ^ NATURALISTES COMPILATEURS. io5 r pretendre que tons les travaux de compilation du seizieme siecle et du comniencement du dix-sep- tieme aient droit aux memes eloges. Gomme il y a aujourd'liui de bons et de mauyais observateurs , il y avait alors de bons et de mauvais compilateurs. Geux que nous ne saurions trop louer, sont ceux qui etaient savants en meme temps qu'erudits ; ceux qui faisaient marcber de front I'etude de la nature elle-meme et celle des livres qui en traitent , et savaient ainsi , dans leurs travaux de compilation, s'eclairer habi- lement des premieres lueurs de la science moderne. G'est la gloire de Gesner, et ce n'est pas I'un des me- rites les moins eminents de Belon et de Rondelet d'avoir les premiers compris la necessite de cette alliance feconde de 1' erudition et de 1' observation, et, par la , ouvert one voie ou ils fiirent bientot suivis par toutes les intelligences d' elite de leur siecle et du siecle suivant. ] * i 1 A 4 -■\ \ I I M ^ f J «f ^ i ^ / ♦ • k N I y /• w ' i M ■a i r I I J i f i: * 1 ^ t L. t I¥. DES TRAVAUX DE LlNNfi suu LA NOMENCLATURE ET LA CLASSIFICATION ZOOLOGIQUES. t i!i t L f I ^ I. » m ijijl 'I !! 4 II est des illustrations que le temps grandit ; il en est d'autres, et en plus grand nombre , qu'il diminue. II est aussi des gloires qui , reconnues et honorees par les contemporains , brillent d'un eclat eeal dans les siecles suivants. La posterite, juge en dernier ressort , et 5emble, h Teeard de celles- J"S confirm er les jug ntemp mais dans ces cas eux-memes qu'il en soit completement ainsi. Si la grandeur d horn me parait pi siecles ap sa mort ce qu elie paraissait sur le seuil de sa tombe i Ton en si posterit enfaitavec soin I'analyse, que les motifs qui determinent I'admiration reflecbie de la different presque toujours de ceux qui avc I'entramement enthousiaste des contemporains. Linne est du petit nombre de ces bommes dont S perdre par le temps. Le di it et lui rend hommage cor ^v f - I, - ■ - ^' . t^ ' } CUSSIPICATION BE LINN]G. \ dix-huitieme ; leur tour l*:.c 07 lui accorderont ho Po le et ur riia part, du fais mil doute. Mais suit-il de la que jugement porte sur Linne p premiers successeurs , ait ete ntemporains 'mpletement e roi equitable? Devons-nous le louer aujourd'hui co] Font loue , sur sa tombe recemment fermee , 1 de Suede Gustave III, Gondorcet et Vicq-d'Azyr? Et les eloges que nous pouvons aujourd'hui lui decerner, seront-ils repetes par la posterite ? Je nele pense pas, et je dirai plus : Linne pourrait etre un naturaliste digne de toute notre estime , mais il ne serait pas un homnie, 1 rand ^ J P promptement mesurer tendue des services rendus par lui a la sci( dmiration avait pu, des I'abord, s'adress oeuvre tout Un erand homme , a-t-on dit quelquefois , n'cst pas de son siecle : c'est une propo- sition que je repousse comme fausse, mais pour y substituer cette autre Un ble d est, tout a la fois. d car, apres avoir exerce une grande influence poque par ses pensees ou ses actes, il agit par les puissamraent developpements longtemps imprevus , paries quences inapercues de ces memes pensees et de memes actes. G'est dan de la classification zoologique de Li siecle se fut ecoule que j'ai repris I'etude Bien qu depnis sa premiere publ f 11 ' III li I t \ f i \^ I f % ^9 I N .'I- MfT I «t n* i 4 ^ I N J - I *fef; » i^itt m m 1 08 bier CLASSIFICATION DE LINNE. I quun g d'honimes eminents se pour peu qu refle fussent succede dans son etude, il pouvait y avoi d' examiner si elleneresteraitpas encore incomp quelques egards. Et meme , chit, il n'j avait pas seiiiement possibilite, mais cer- titude qu'une etude nouvelle dut conduire h. des aper- cus nouveaux. Comment , en nous placant au point de vue de la science actuellcjn'aurions-nous pas un lio- rizon plus etendu que celui sur lequel s'arretaient les re- gards de nos devanciers? Si , a la distance plus grande ou noussommes, des details , clairement apercus de ceux-ci , nous echappent ou ne nous apparalssent que confusement, ne devons-nous pas , par compensation, brasser dans notre cliarap espace ^ exacte de par les pr par la meme , nous fo d Nous ne saurions done aujourd Linn Inn nous en te^ jugements du dix- ptes, si fidel 1 jusqu'a ce jour si compl reproduits par presque naturalistes ; pas plus que nos propres juge- ments ne sauraient etre I'expression exacte des opi- nions de I'avenir. L'un ou I'autre serait ee;alement du developpement et du progr^s de esp humain. Fair la regie de celles des epoque pousser la presomption au delh de nos opinions actuelles ce serait ! i ^ , t _ ^J- ^ M h ■ J i^ i J -4." t» i,! / CLASSIFICATION DE LINNE. 109 passe , ce seiait user envers lui cl'mie deference 11011 moins irrationnelle etnoii moins contraire aux inte- de >j \ L'article que Ton va lire, est un p pour but Li line. U prit. Je ne m J suis point propose slnn roinolete cles classifications de fois d VJ igie et en botaniq lessus de mes forces. Mais j espere pouvoir dan t -le Li , r gue et les formes nouvelles dont elle a dote la zoologie, on 'op perdu de vue les progr que lui dpit le fond menu science. 11 ^ I ^4 f I t Le Sjstefiia naturcc a eu , dans I'espace de trente- six aiis, et pendant la vie de son auteur, de i'JdS h i'y'^o,jusqu'a quatorze editions publiees en Suede, en Allemagne, en France, en Ilollande, en Italic ( 1 ). Parmi elles , neuf sont de simples reirapressions, etcinq au (1) Trois autres encore out ete publiees depuis la mort de Linne ; la premiere par Gmelin, 1788, en 9 volumes; une seconde , imprimee a Lyon , et qui n'est qu une contrcfVicou assez impurfaite de celle-ci ; la tvoisieme enfln , par les soins de M. Fee, i83o, en i volume, ou plutot en une simple brocliure. Celle-ci est une reimpression de la premiere edition {editio prima leecHta), — Ou doit en outre a M. Fee une Vie de Linne, 1 volume in-8%faisant partie des Memoires dc la Societi royale dcs Sciences de Lille, annee ]83>. On y trouve un ffrahd nombre dc documents intcressants sur la vie etlesficnts de Linne. [ 'I I \ /. 1 4 ^ 4 I X n J/ -'^ 1^ RHbwIl i / I IP ft) J _l- I \ ¥'■ I 11! I ' ilO CLASSIFICATION DE LINNE. des oeuvres presque nouvelles dans pi de leurs parties , et quelquefois dans leur ensemble que cet immortel ouvrage , d'abord simpL public en un petit cabier compose de bleaux, est dev sa treizieme edit pi ion (i) dans sa partie systematique naturelle tout entiere A sa premiere ap^parition, le System flit pas accueilli avec la meme faveur pa volumes I'liistoire turalistes. Gomm tous eussent-ils comp des Et comment, parmi ceux qui comprirent, ne se serait-il pas trouve quelques esprits jaloux d 9 r cbappa done pa superiorite? Le System forma trice : il fi d attaques , a de parfois jusqu'a la censure la plus acerbe. Mais il ne tarda pas a en triompber completement. En develop- pant davantage ses idees , dans les editions successives de ses ouvrages,Linne les rendit de plus enplusclaires; et quand il fut intelligible a tous , fadmiration pu- biique vint bientot forcer au silence presque tous ceux qui s opiniatraient I pas accept r forme. En vain , pour ne citer ici que cet exemple d'autant pi (I) Douzieme , d'apres son titre, parce qu'on n'a pas tenu compte dune edition publiee a Lucques, en lySS. Voyez Fee, Fie de Linne, p. 340. — Je cite specialement cette douzieme edition, parce quelle est la dcrnierc qui ait ete revue par Linne lui-meme. I I f *m t ^*r n « J.- _ ■ > ' ■ V. i ^ 1 "f . f CLASSlFICATIOJf DE LINNE. I I I insupportable J deplorable cju'il nous est fouriii par un homme plus illustre, en vain Haller s'elevait-il avec amertume contre les fautes de Linne en botanique, contre son )mination en zoologie ( i ), et contre [ son caractere ; en vain quelques autres naturalistes se faisaient-ils les eclios de cette voix puissante. Moins de douze annees apres la premiere edition de Tou- vrage de Linne, son systeme botanique jouissait d'une juste autorite dans tous les pays ou les sciences sont cultivees; et si , a la meme epoque, la classifica- tion zoologique avait moins de partisans , c'est seule- tiient parce que la zoologie etaitalorsbeaucoup moins cultivee que la botanique. Et non-seulement , pour qui 1 ere fluence d resta puissante en presence meme des admirabl r vaux de Buffon; mais il est vrai de dire que par ( elle devint de plus en plus predominante , gr il J > ■i if I \ '\ J> I i^A (i) Le passage de Haller dans lequel setrouve exprlinee cette plainte, est curieux sous plusieurs points devue.On y apercoit bien lamauvaise humeur dun homme qui voit triomplier des idees qui ne sont pas les^ siennes. On y trouve aussi, et par cette raison memo exprimees plus clai- r rement, et si Tonpeut s^exprimer ainsi, plus crument, des critiques adres- sees dejafort souvent,mais en termes plus polis, a Fillustre auteur da Sy sterna naiurce f — Voici comment M • Fee (p. 299)cite ce passage : « L'in- supportable domination dont Linne s'est empare pour le reo-ne animal a ete desagreable a plusieurs personnes. II se considere commeun autre Adam , et donne des noms a tous les animaux d'apres leurs caracteres distiuctifs, sans avoir les moindres egards pour ses predecesseurs. II ose a peine decider que IhoiBme nest pas un singe, et que le singe n est pas un homme. » \ *- . 1 ■ I I , i ' ?i i\ \ ^,* ■_ _■ -^ \ I iJ jl 4 - ^ 112 CLASSIFICATION DE LINNE grand nombre d'intelligeiices qui furent tout h coup appelees a la culture de I'liistoire naturelle, et dont la plupart s'empresserent d'adopter la classification et la nomenclature de Linne r Les principaux progr^s hiinied P ar rensemlole d du naturaliste suedois ceux que les premiers siiccesseiirs et les contemporains eux-memes de Linne ont presque tons acceptes , et qui lui ont valu , des son vivant, le titre de It rhistoire naturelle^ peuvent etre ramenes a trois p cip c Li blissement d'une langue rigoureusement descripti la creation d'une classification embrassant pour P Examinons peu de mots linfluence de cliacun de ces prog m. I t :( ri L. 1 trV cl ■ n La nomenclature biuaire 5 appliquee l\ la des »n de tous les animaux et de toutes les plantes progres accoraplis par Li o Imiportance a ete le mieux comprise , et celui aussi dont I'invention lui a ete le plus exclusivement attri- buce. Ces deux expressions, Nomenclature bmaireet JS omeiiclature liiineennc^ sont nieme devenues au- jourd'hui des synonyines si parfaits qu'on les prend idillferemment Vune pour Tautre. Cc nest pas quavant Linne quelques 1 natura- lislcs 5 d plusic :;urs parties de leurs ouvragcb, * '*r n* ■j^ % )ft 'S I _ f "3^=^ -T - .*-.*-< 'V- k J ^' -* : d ■ f ! / CLASSIFICATION DE LINNE. ii5 r un autre point de vue sous lequel on doit attribuer US d importance encore h retablissement de la nomenclature binaire. On n'aurait d'elle qu'une idee non-seulement incomplete , niais tout h fait fausse, si I'on se bornait k la considerer comme un artifice inge- nieux , propre k soulager notre memoire. Pour qui- conque I'a bien comprise dans son essence et ses principes, elle constitue en meme temps une methode eminemment philosopliique a I'aide de laquelle nous pouvons h la fois abreger notre travail et en etendre au loin les consequences. Renfermer dans le nom de cliaque etre I'indication des ressemblances et des dif- ferences qui existent entre lui et les autres especes du meme genre , c'est exprimer evidemment ses affi- nites les plus directes et les plus fondamentales ; c'est mettre en evidence les analogies essentielles des etres, sans en exagerer la valeur, et donner aux naturalistes des nioyens surs en meme temps que faciles de gene- raliser dans leur juste limite , et d'appliquer imme- diatement h un plus ou moins grand nombre d' etres, les resultats que robservation directe a d'abord reve- les pour un seul. Tons ces avantages de la reforme terminologique de Linne sont tellement manifestes qu'on ne sau- *f / rait assez s etonner de les voir encore incompris de plusieurs naturalistes distingues. On a vu vers le com- mencementde ce siecle , quelques zoologistes delai V isser presque completement remploi de la nomenclature binaire : ila fallu que d'autres vinssent apr4 eux ache- ter leur oeuvre en ramenant leur terminologie arbi- \ \ \ 1 .m >■ i ' f^ ■ / 11 ♦ \ t ) f-j ^-1 f J^ fr*-= -i ' — ' J :■ -L-_ r 4 ■ h I * <«# n \ (.■ • !. ff' ft 1 I f «ff i >»* I m i 1* i'iff fl 1 1 6 CLASSIFICATION DE LIiNiSE. traire aux regies et aux principes linneens , consacres aujourd'hui autant pavl'usage que par la taison. Plus recemment etj usque dans ces dernieres annees d'au- tres auteurs ont cru devoir, sans renoncer a la no- menclature linneenne, admettre concurremment avec elle une autre nomenclature entierement arhitraire. J'avoue queje prefererais encore , s'il fallait opter entre I'un et Tautre , I'abandon complet de la nomenclature r V linneenne , k ce systeme faux et batard qui double inu- tilementla terminologie, dans une science ou la termi- nologie nccessaire est, a elle seule, si immense et si bors de proportion avecl'etenduede notrememoire.A quoi DOn , par exemplcj donner a cliaque mammifeie deux iioms, Tun latin, compose de deux mots com- bines seloii les principes linneenSj I'autre francais, ou pretendu tel, forme d'uii noni de pays arbitrairement modifie, ou meme d'un mot forge selon Fidee du mo- ment , et en Tabsence de toute regie ? Si de tels exemples trouvaient de nombreux imita- teurs, ce deplorable retour a la nomenclature des Seba, des Hernandez, des INierenberg, ne saurait manqiier de plonger, apres quelques annees , la zoo- logie sjst(^'matique dans la confusion la plus complete etla plus inextricable; et bientot, le clesordre dans les idees etant I'inevitable consequence du desordre dans les mots(i), la science tout entiere deviendrait im veritable cbaos. / (i) Nomina si nest is j pcrit co^-niUo raunu \ I \ ^ «• ^ ■^.^ ^ . - T *H - ," ■»t * Je 1 CLASSIFICATION DE tlNNE. F r gnore pas qu'en repoussant la nomenclatur linn^enne,oa en adoptant une double et vicieuse nc menclature , on a era pouvoir s'autoriser de I'exempl de notre immortel Buffon. Mais on eut du remarque que BufFon, con 7 posant ses g a poque Linne publiait les siens, suivaut en quelqu^ *^oie parallele k celle de son illustre emule vait pas place , par rapport aux travaux d( Linne. dans les cond aujourd'hui ; il n'a pu ni comprendre nettement, ni juger avec impartiality , ni mettre k profit des idees qu 'il avait d'abord adoptees. Ne faisons done pas intervenir le grand nom de Buffon dans des debats d penetrons , k la suite de Buffo dans les voies ou il s'est montre si admirableme novateur ; niais, dans celles ou il conserve la traditk du passe, saclions I'abandonnerj et clierclier aillei le progres : ce sera lui rendre un hommage plus dig pi IV. r « * I I I I I (■ Si la nomenclature binaire me parai plus important meme qiie ne I'ont jug porains et les successeurs de Linne . prog dans que je m'ecarterai de rs opniions sur une I de I'oeuvre de Linne : I'introduction d de cette langue descriptive si p /it 4 1 ■ -t- f \ r ( i^ ? i w I * \t ii8 CLASSIFICATION DE LlNNE. en menie temps si concise , clont Linne s'est servi avec tant d'liabilete. II est juste de remarquer en premier lieu que ce progres constitue plutot une amelioration, un per- fectionnement , qu une innovation. Le style que Ton n ^ appelle aujourd'hui linneen, etait reellement en r" usage avant Linne; son emploi etait meme Tune des conditions essentielles de la nomenclature du commencement du dix-septie us haut comment, faute de siecle. On a vu ns specifiques, il fallait, avant Linne, joindre au nom generiq courte phrase caracteristique dont le merite coi dans 1 d'une precision suffi d'une extreme concision. Bien loin que Linne le a la science de nouvelles formes de langage, serait done en droit de dire par sa nouvelle nomenclature on dait rendre moins i^idispensable h Linne le + style concis de ses devanciers. Mais Linne n'etait pas liomme , parce qu'il operait un progres , a en delaisser un autre dejk prepare et commence avant lui. Par la rigueur avec laquelle il definit les termes dejk usites, par la sagacite qu'il montra dans le choix et la for- ■ L Illation des mots nouveaux , par les regies ingenieuses auxquelles il souniit I'usage des uns et des autres , en un mot , par I'habilete avec laquelle il perfectionna une langue encore si imparfaite avant lui , il se I'ap- propria veritablement , et merita de lui donner son nom. f- • rr -^ *--*,v* ' ■ ^ ■ -"^ ^ .- ■ ■ - 4 ■/ ■ X CLASSIFICATION DE UNNE. 9 La creation de cette langue, fut-elle enti^rement due a Linne, ne saurait d'ailleurs etre consideree, com- r parativement k Tensemble des travaux de ce grand na- turaliste, que comme une oeuvre tr^s-secondaire.Toute science a sa langue teclinique indispensable a la discus- sion , ou meme k 1' exposition de certames questions : mais cette langue technique n'est apres tout qu*un ins- trument de la science, et non la science elle-meme. C'est ce que n'ont compris, ni certains detracteurs de Linne , ni les naturalistes beaucoup plus nombreux els on pourrait iprocher d pousse jusqu k rexageratiSn I'eloge e% I'imitation de leur Les uns, seduits par la beaute et la poesie du style de BufFon , ont reproche k Linne I'aridite de ses phrases caracteristiques : esprits faux et legers qui prenaient pas que aliste doit se placer k les points de vue dans 1' observation de la P les details des choses , et les exprimant dans un langage qui est parfait , s'il est clair et precis ; tantot planant au-dessus des details , contemplant les grandes scenes de la creation , et elevant son style au niveau de leur magnificence. par une erreur contraire , d'autres zoologistes, de- tracteurs non moins injustes de Buffon^ ont voulu faire de Temploi du style descriptif linneen la con- dition necessaire de tout travail scientifique , et res- rhistoire zoologique de chaq dans \ \ f .\ ^t i i V ■:t ^ - Y ■■^ ■w.-m^ mT ^^4- ^ > -k' 'n + -^ i» »^'h *i •If ( V t J1 ^'l# Lr* ^ »9 !« ^ # t \ f20 CLASSIFICATION DE LINNE. qiielques phrases caract^ristiqu r grave , et que Lin g^ damnee k 1 1 Ul SI precis , et , pour dire tema. mais si quelquefois si aride ( i ) dans son Sr mgen leux , si ^leg quelquefois meme si poetique (2), quoique toujours si concis, dans ses autres ouvrages ; lui qui savait si bien qu'un ca- talogue exact des productions de la nature est une nee ! (J) On peut reprocher parfois aussi , au style de Linn^, de laffecta^ tion et dela bizarrerle; je citerai comm? exemple iin passage dans le- quel il compare Tancienne nomenclature botaniqne a un chaos : Cujus mater est barbaries, pater aiictoritas, et prcejudicium uutri^, (2) M. Fee ( Vie de Linne, page 290 et 291) cite, comme exemples de la poesie du style de Linne, deux passages qui sont en efFet tres-re- marquables : I'jin snr Ihistoire de ia botanique, dont Linne compare les progres successifs au developpenient d'une plante; Fautre, sur 1V«- dromeda, dans laquelle il volt TAndroraede de la mythologie enchal- xr un rocher que Teau environne de toules parts. Je ne reprodui- rai pas ici ces passages , mais je citerai un autre fragment; cest le de- but du Systema nnturce, ^ a Eternel immense , sachant tout, pouvant tout , que Dieu se laisse entrevoir, et je suis confondu! J ai recueilli quelques-unes de ses traces dins les choses creees ; et dans toutes. dans les plus petites meme , quelle force! quelle sagesse! quelle inexplicable perfection! Les ani- maux, les vegetaux et les mineraux empruntant et rendant a la terre les elements qui servent a leur formation ; la terre emportee dans son eonrs immuable autour du soleil , dont elle recoit la vie; le soleil Jui-meme tournant avec les autres astres , et le systeme entier des etoiles suspendu et mis en mouvement dans Tabime du vide par celui qu on ne peut comprendre : le premier moteur, I'etre des etres, la cause des causes, le conseryateur, le protecteur uuivevsel et le souverain ar- Q qui tout depend : qu on I'appelle Nature ,^ on n erre point \ ■ car I \ / •% *f '-". 1-- - ^> r CLASSIFICATION DE tiNNE. 121 oeuvre d'une immense importance scien tifique , mais que , cette oeuvre accomplie , 1' edifice de la science n'est pas eleve, mais seulement ses fondementsjetes; lui , enfin , qui n'arrive au developpenient de sa clas- sification qu'apres avoir pose comme un immense frontispice de son ceuvre ces grandes questions : Quis sit homo? Ujide ortus? Quo tendat? Quid hie"? Quo munere"? V. La creation d'un syst^me embrassant a la fois tous les animaux et meme aussi , car tel est le plan gigan- tesque que s'etait trace Linn^, toules les plantes et tous les mineraux ; en d'autres termes , 1' execution d'un immense inventaire des productions des trois regnes de la nature , est une de ces oeuvres dont il serait superflu de cherclier a faire ressortir le caractere grandiose. La pensee seule d'un Sfstema naturce honorerait a jamais Linne , et sufiirait a attester I'e- tendue et la puissance de son esprit (i). Mais Linne il est celui de qui tout est ne : qu on I'appelle Providence , on dit vrai ; car cest sa seule volonte qui soutient le monde... » (Traduction don- nee par M. Fee, loc, cit., p. 70. ) (i) Cest d elle surtout que Ton peut repeter ce que Vicq-d'A»yr a dit dans sonelogede Linne, au sujet de la reforme botanique due al'illustre zoologiste suedois. « L'homme qui a concu un projet aussi vaste, pou- vait etre regarde comme temeraire avant d en avoir commence Texe- cution; mais il a des droits a notre admiration et k notre reconnais- sance , sil a reussi. En vain on lui reprochera quelques erreurs dans une revolution pareille ; on doit etre moins etonne de ses fautes que de ses succes,.» Voyez 0£!uvres de Vicq-d'Azyr, t. I, p. 180. I , * •1 I 1 I. 't 4 \ I m % * 1 ■* r - r ^ «# ---^ ■--^^^ -ta-^..^ ^ — «-W-L^- ^1-^ 1- ^ ^ k nti -r ^ u _ F I ,T ^t *» » t t t ai 4 I ft \i mil m I ,«l 122 CLASSIFICATION DE LINNE. n est pas moins admirable pour rexecution que pour la conception de son oeuvre. En botanique , il a cree , de I'aveu de tous , le plus facile et le plus in^enieux des systemes : la methode naturelle pouvait seule pre- valoir sur lui. En zoolog classificatio fait pi us encore: I ne tient pas seulement une pi importante dans I'histoire de la science ; elle subsi ? nul doute subsister dans de ces deux - plusieurs de ses parties. Pourquoi cette destiiiee si contraire parties d'une meme oeuvre, la classification zoologique de Linne , et sa classification botanique ? Pourquoi la premiere, moins admiree que celje-ci par les contem^ porains et encore d' hui perfectionnee, etendue, rectifiee, modifiee de toutes manieres gres ulterieurs c jamais renversee par les pro- ence ? Et pourquoi , au con- traire, la seconde, accueillie k apparition par radmiration , et , ce nest pas trop dire, par siasnie universel, a-t-elle eu dans la science aussi peu de duree quelle j a jete d'eclat ? Pourquoi , elle k peine publiee, Bernard de Jussieu, renoncant k la perfectionner, crut-il necessaire de construire a neuf, ■ et sur des bases toutes difFerentes , une autre classifi 1 bientot adoptee, quoique moin moins elegante , par les botanistes les pi simpl de tous les pay h II est curieux que les jamais repondu a toutes ces questioi I I I ■^l i,n ><\ ** J' «4 / I ^'V . 4 k v:. w-." r -- I ! - .-^ / CLASSIFICATION I>E LINNE. / 23 »:* nieme ne les aient nettement posees , et qu' ^ un nt ainsilaisse dans I'oubli un sujet qui interesse k aussi haut degre I'histoire de leur science? Essay ons, attendant des travaux approfondis et speciaux , de I'eclai par quelques reniarques generales ( 4 \r f t I : m VI. • ^ + La decouverte du sexe des plantes , bien qu'entre- vue fort anciennement et hien qu'etaHie des le dix- septieme siecle par des demonstrations rigoureuses , etait restee jusqu'au dix-huitieme siecle , sinon igno- ree , au moins negligee par les botanistes. A cette epoque , au contraire , divers travaux particuliers et le progres general des esprits la mirent tout d'un coup en evidence , en firent sentir la haute valeur, et clian- gerent bientot I'indifference des savants et du public en un interet qui, s'accroissant cbaque jour, alia pres- que jusqu'a renthousiasme. En creant une classifica- tion generale , rationnelle , d'un usage facile pour la determination des plantes , et en la fondant precise- nient sur ces organes sexuels dont les fonctions , re- cemment connues, fixaient I'attention du monde savant, Linne avait j-euni dans son oeuvre nouvelle / '\ m tff if '1 (I) Les remarques qui vont siiivve, et quelques-unes de celles qui precedent, ont deja ete presentees dans larticle Zoologie de YEncydo- pedU du diX'Uemneme siecle^ et, en partie, indiquees dans mes Consider rations historiques sur la zoologie. Voyez plus haut , page 35, : i I 1 ■ M^* ■4 » J i ffc fi 1 ; ^ \ CLASSIFICATION DE LINNE. tous les Elements d fut immense popula Son nees s'etaient ecoulees eff'et, rapide et complet. Mais pen d que juste admiration pour I'ingenieuse et elegante classi- fication de Linne, les esprits les plus avances (1) durent reconnaitre son insuffisance pour I'expression des rapports naturels des etres ; et bientot apparut nouvelle : niethode ' abord , d'un usage dans science methode moins satisfaisante au P beaucoiip plus difficile ; metliode beaucoup plus pliquee surtout , mais par cela meme mieux en tion avec la realite des choses. Vainement en effet nous essaierions de faire ren- trer les phenomenes ou les divisions artificielles fondee naturels da des consider dont meme imaginees a priori, dans ces cad } raison. Ge reseau presque inextricable d'li, d'analogies, de rapports etde differences de espece, que nous avons fmalement k resserrer dans une classification ; cette multitude in nombrabled' etres dont nous avons k indiquer I'ordre et le rang, veulent une expression , sinon plus confuse (car I'etendue n'ex- « I I I f I ^ (i) Sansexcepter I^inne lui-meme. Malgre I'eclatant succes de son systeme botanxque, Linne n a jamais cesse de desirer'et de vecherclier une niethode basee suv les veritables rapports naturels. II a laisse des trayaux botamques importants dans cette direction. Voyez surtout son ouvrage intitule : Genera plautarum earumque characteres naturales. t Lr-- H. •t^ tf^ hJ ^-> •^ ■•m A \ « # CLASSIFICATION DE LlNNE. 125 clut pas la lucidit{5), au moins plus complexe. Cet qui fait d'une maniere generale que les classificad artificielles, si seduisantes pour I'esprit, et adop dans une premi epoq del a ence , font place, quand les faits se sent multipl quand on a penetre plus profondement dans k jde, a des classifications naturelles; oeuvresquel' ie peniblement et par une longue et difficile ar ie de I'ensemble de I'organisation de chaque eti d en raison fois etablies , et posent sur des bases solides nd ^ r Ces considerations, dont la verite est aujourd'hui universellement reconnue, nous expliquent a la fois pourquoi la classification botanique de Linne, si promptement comprise et si vivement admiree par ses contemporains, n'a eu dans la science qu'une exis- tence passagere ; et pourquoi , au contraire , sa classi- fication zoologique, plus difficile k comprendre et k appliquer, et par suite moins bien accueillie lors de leur commune apparition , lui a survecu , et sans doute subsistera , non toutefois sans de nonibreux et graves cbangements, jusque dans I'avenir le plus recule de la zoologie. Sans doute Linne lui-meme, eu creant successive- ment sa classification des plantes et sa classification des animaux, ne comprit pas completement la diver- des principes sur lesquels reposent au- de P ti • \ ) mt « ** I • » /^ (f «i •^■. I 4 V 4 \ k -fe ■ *^y^' I r n ■ r k: V r ^1 ^ I \ ' K ff n ki It p J >r t * « # J ♦126 CtASSlFICATlON DE LINNE. • • .** r livre , revetues des niemes formes et exposees dans meme langage, il put croire, et tout le monde ci qu identique d'e ac- complie pour les deux regnes de la nature organique. C'etait une erreur naturelle, inevitable meme a cette L epoque; mais comment concevoir, si Ton ne savait avec quelle confiance aveugle les opinions scientifi- ques d'une generation soilt acceptees sans examen par la generation qui la suit, comment expliquer que r erreur n'ait pas ete reconnue et repoussee an mo- ment meme ou les deux Jussieu montrerent par leurs I F preceptes et ^eur exemple la difference des classifica- tions naturelles et artificielles? Et cependant tous les modernes s'accordent y sinon a ranger explicitement la metliode de Linne parmi les classifications artifi- cielles, au moins y ce qui revient au meme , a attri- buer aux naturalistes de Tepoque actuelle Tlionneur d avoir y pour la premiere fois, applique k la zoolo^ie les principes dela metliode naturelle; et cela, en pre- sence de ces exposes , si admirables pour Tepoque ou ils ont ete faits, ou Linne resume pour cliaque groupe, en les classant selon Tordre de leur importance (i), les caracteres de lensemLle de I'etre ; en presence de cette classification tout entiere , qui est si manifeste- ment, non-seulement dans ses formes et dan ses prnicipes uf d'immenses perft ■a (I) Voyez a ce sujet un passage vemarquable de YFloge de Linne parCoNDOKCEi; recueil des> Elogcs desAcademicims, t. II, p. i3i. • I I w- m I 4^ '^- r.-, ■ ' . -:^- < " ^ . n" r k _ ' 1 >t '1 i \ I 1 « « « CLASSIFICATION DE LINNE. ft 127 merits , dans son fond et son essence , la meme que presque tons les zoologlstes , ^ leur insu , suivent en- core aujourd'hui. VII. * i: n Je pas de presenter ici avec detail preuves de cette derniere assertion : un volume entier r suffirait a peine a une comparaison qui devrait des- dre successivement d aux ord des ordres aux genres. Mais je puis du moins citer quel- ques exemples , auxqueJs chaque zoologiste , dans sa specialite, en ajoutera facilement une multitude d'autres. La classification de Cuvier est celle qui compte au jourd'hui le plus grand nombre de partisans : ell • represente science. C en quelq ;t done c sorte, 1 actuel de la qu'il importe surtout de comparer a la classification de Linne. J T- Ghacun sait que Linne avait divise le regno anim en six classes. Guvier en a admis un nombre plus qi triple, dix-neuf En se rendant compte de cette difference nume rique , on trouve qu'une des classes de Linne , la de niere, vermes , a donne a elle seule douze des classi de Guvier, les unes placees au bas, les autres vers 1 de I'tichelle. Ici 8 io derablement de Linne, mais evidemment en raison de la difference, non de leurs principes, mais des temps, Linne ajant ecrit a une epoque ou Fhistpire ■T I L I 4 i ■ \ ' f \ ' i K^ ■ m-^f^^^- ^: ^_L ^t ^* m ;l M^ II Ji I mtv i\ t i f t* f f^^ f^ i i i '■ *1 •^ \ ♦ ?1 % V • # ^^ ^ 128 ver CLASSIFICATION DE LINNE. r V vermes n etait encore et ne pouvait elre qu :able cliaos (i). Et neanmoins, dans cette pai meme de la science, un grand ndmbre de groupes secondaires et te autres que des g aujourd'liui ad de derable du nombre des I ^ang de families ou d'ordres. Par une semblaLle ralson, la classe des insecta est devenue un groupe d'un ordre superieur; mais, qu'on la subdivise en trois classes, avpc Cuvier et Latreille, bu en quatre, selon des idees plus recentes pas moins vrai que ces trois ou ces quatre lasses sont par leurs rapports qu i classifications. En outre, parmi pas seulemcnt une multitude de de Linne , ce sont aussi ses ordres que Ton trouve enerale sous les niemes de •pteres, nevropteres, lepidop La quatrieme classe, pisces y et la troisieme, am phib doptees par Cuvier d :mble; et en remontant a rorigine de ses travaux de Tableau eUmentaire de r his to naturelle^ on voit qii meme suivi Linne pour la division de ces classes en ordres et la subd vision des ordres en genres. b^ j.-rf-^r r,' .4h \ (1) Vojez raiticle suivant smlus Uavaux de classiHcation de Cuvier r I F 1 4 ^ i ¥ ' I CLASSIFICATION DE LlNNE. II en a ete de meme de la seconde mais avec cette 129 difference, ^ I'avantage de Linn qu apres avoir admis les ordres du Sjstema natun Cuvier les a conserves depuis dans tons ses ouvrag( bornant h franciser leurs noms et h les dispos ■e. Les seuls cliangements qu'il cr di ord i t devoir faire au fond de la classification, furent le rejet du second ordre de Linne, piece ^ et 1 etablissement d'un ordre nouveau , celui des grimpeurs ,• mais ces deux changements, en realite, tendent h. s'annuler reci- proquement; car les grimpeurs et \es piece se corres- pondent en grande particles uns aux autres (i).La \ jourd'hui si gen( « dire, autre que thologique de Cuvier done classificat ornithologique de Linne, modifiee et perfectionnee par Cuvier. On f ^ \ (i) Tous les grimpeurs de Cuvier, sans exception , sont A.e^ piece pour Linne, qui joint en outre aux especes zygodactyles {pedihus scan- soriis) , les syndactyles de Cuvier {pedihus gressoriis)^ quelques-uiis de ses tenuirostres et les corbeaux; en un mot, toules les especes qui se- cartent par quelques modifications remarquables de Tensemble des passereaux. C'est done d'une section Aes piece, section nettementdistin - guee par Linne, que Cuvier a fait son ordre des grimpeurs.^ Au surplus, dans letat present de la science, il n est plus permis de considerer comme de veritables ordres naturels, ni le groupe des piece de Linne, ni celui des grimpeurs de Cuvier. Les piece ou grimpeurs ou mie'ux ( puisqu une partie des oiseaux dits grimpeurs ne grimpcnt jamias) leszygodactyles, ne sont , comme les syndactyles, que rune des divisions primaires des passereaux. Les syndactyles ont meme des rapports beaucoup plus intimes avec les zygodactyles qwt^ les passe- reaux ordinaires ou deodactylcs. ^ ' > ZOOiOGlE GL^ERALt 9 \ \ f ^ i - Ik- .^*_w--'' ^U ^J'Jh-J- i^f-B-L-iJfr-^^-V-' h.. ^v-.^ ^^^ ■ ^ I t t* *i kk ,?ii« *^il f ■* - ^ t I fT' ■»< «t r*' 1^ * .L « i3o CLASSIFICATION DE UNN^, juger par le taLleau comparatif que oi'dre de Cuvier est pi neen correspondant. a ou clia- dre lin- CLASSIFICATION DE LINNll CLASSIFICATION DE CUVIER. I. ACCIPITRKS in. A^sKnEs. IV. GUALL^ (1). y. Galllwe. VL Passeres. OrDUE I. OlSEALX DE PROIE. 0. HI- Grimpeuks, O. VI. Palmipedes. V. Echassiers. 0. IV. GxVLLINACliS. 11. Passereaux r JW. p Nous allons trouver la meme concordance entie la ssificati gique de Lin et celle de Luvier, mais ici avec une circonstaTice aui la rend beaucoup plus remarquaLle. A I'egard de pi des classes precedentes, et specialement des oi Cuvier a reconnu celle de Linne, et, pour ainsi dire, n'est que cette derni^re etendue et perfectionnee selon les besoins que fication P de les progres de la science. Mais a I'eg fer en a ete tout autrement. Pou /' sific tte premiere classe du regne animal^ C le h mon pere , entreprit de fonder im entierement nouvellej d'apres une etude i 1 'i » \ (i) Scolopaces^ dans les premieres editioiis. m \ 4. \ «. i-r 1 ■ J - _ h :■;, .■^-^ 1 \ r I J CLA S S I F I C AT 1 b N » B hi N N J^ i3 c pprofondie de tous genres connus. Le commun Cuvier et de mon pere parut 1 n dans I'un des recueils scientifiques du temps (i). classe J etait divisee en tioisembrancliements : les 4 peces a ongles , les especes a sabots , les especes m; 97 / de de 3n quatorze ordr [ogistes profondi primait deja d'ui faisante I'ensemble des rappor d d especes qu posent la premiere classe du regne animal; nean moins des reclierclies ndiq de quelques remaniements destines 1 ed g q elles / simples famille ttribue d'abord des division dinale. Ces i furent faits da ■ ■ suivantes , non plus par les deux auteurs , I'un d'eu etant alors livre a d'autres travaux, mais par Cuvie n ■ seul, d'abord en 1798 , dans son Tableau elemen taire , puis , quelques annees plus tard, dans les ta YAnatomie comparee Le resultat d o e animal divers cl fait ailleurs (2) , 1 remaniements est ex- appelle sur lui, comme de \^ croient comme moi que la connaissance du ceux qui passe f le Cl) Le Magasiii cncyclopcdiquc. V. (•i) Considerations ghieralc, sur les tnamwifercs (1826), p. 26, ou AttidQ Mammalogic: dwBictioiinairc dassique d'hisloire nalurelle, t. X, / i I \ V ) I " A- f 1* 4. --*- ■j f ^ ^-^-"■■' - ■' ■m — -^ ^ _■ ■.^y^' i n n \ . J s It r t I \ » I I 1 -■ t^i P>« I f' \ \ 1 33 CLASSIFICATION DE LINNE. r \ la science , si interessante historiquement , a aiissi uiie r importance reelle par les enseignements pr^cieux, im- possibles par toute autre raetliode, quelle nous donne sur I'avenir. Ayant pour point de depart une classifi- cation fort diflerente du systeme de Linne , on voit r Cuvier etablir entre I'une et I'autre, a chaque reraa- niement nouveau , quelques ressemblances de plus , et finalement reproduire et retablir dans la science , sous des noms nouveaux, et sans que lui-meme ni 4 personne ^ cette epoque s'en apercut, tous les ordres primitivement etablis par Linne. Je le demande, est-il une preuve plus convain- cante et plus belle de la solidite des bases sur les- quelles repose la classification de I'illustre natura- liste suedois, de I'identite fondamentale de sa metliode r aveccellede Cuvier ? Est-il im hommageplus eclatant au genie de Linne , que ce retour de la science , opere par les mains d'un zoologiste tel que Cuvier, a des idees coneues trois quarts de siecle auparavant? Voici la concordance des ordres linneens, au nom- bre de sept , avec les ordres de Cuvier , tels qu'on les trouve dans la premiere edition du JReov/e ai limal {x) . I -! I (i) Dans la seconde edition, Cuvier a separe les mavsupiaux des car- nassiers, et en a forme uu ordie distinct. Voyez t. I, p. 172. — II est a vemarquer que Cuvier, en etablissant ce gvoupe, nele considerait pas A ^ lui-meme cgmme un vevitv^ble ordre. II remarque en tcrmos expres que \ony ohsefVQ en quclque sopIq la representation de trois ordres tres-diffe- rents^ H a done adopte, aufond, I'idee de quelques zoologistes recents, de M. de Blainville en particulier, qui voient dans les marsupiaux une se- r conde serieou S0U5-da^se,paraUele a celle des mammiferes oidinaires. L f r » * - -*. ii* * "^ 4^-^>.^^'-^* ^ ri *'^ - ' ^^ -^ -'f* I^A^ I / CLASSIFICATION T>E LINNE. 3 3 .Tc laisse c 1 cles h imane J que Guv fond idmis dans son premier travail , et qui r. * des considerations pliilosopliiques bien plutqt que zoologiques ■^ CLASSIFICATION DE OuDO I. Primates. IL Brut A. III, FeRv^. IV. Glirks. Pecora. BkLLU/E. O. VII. Cete. CLASSIFICATION DE CUVIER. OrDRE II. QUADRUMANES. V. Edenti5s. III. Carnassiers. L IV. Rongeurs. A^II. RUMIKAMS. VI. Paciiydermes. J O. YIII. C^^TAcfis. vm . \ f< \ ^^ * \ V ■\ I . I I La classification zoologique de Linn^ n est done point essentiellement differente de la classification de Guvier ; elle repose sur les memes bases , elle tend vers le meme but, elle conduit aux memes consequences. JiUe n'a point ete, par les pi a de Guvie rem- effacee de la zoologie, mais developp ^randie , perfectionnee. Elle vit dans la science , comme y vivra la classification de Guvier lorsqu'elle aura, k son tour, subi la loi du temps ; lorsque les suc- cesseurs de ce grand maitre , eclaii es par de nouveaux progr^s aux(|uels elle^m^me aura puissamment con- *! ( 1 / T t I i i r^' T ^^ - - .*^ A*- -^-^t 4(^ i'S ,■- ' * Af Oi I % ft t \ 3 CLASSIFICATION DE LINNE, t venus la modifier, la rectifier c :le velopp Z' P A vrai dire meme , et sous un point de vue ph ique , il n j a point une classification de Linne e ' J ssification de Cuvier. 11 jades systemes artif r Raj et de Brisson, par exemple ; mais une c fic >o re thode, fondee pa perfectioimee par Cuvier. Ces tombes ^ et ne figuren t plus que dans le passe de la science , ils n ont plus de place que dans son liistoire. Cette metliode unique, au contraire, durera autant 1 - que la science elle-meme , variant sans cesse dans ses r daires , mais touiours la meme d principes et ses faits fondamentaur, toujours tenda vers ce but dont elle se rapprocliera de plus en pi sans I'atteindre jamais : I'expression exacte des ra ports naturels des etres. J / h *f n l4 *t ^ ^ 1 '■ - T Fr- J ' ^ ' , .^— ■*■ hh W .*».»^."^ ^^ .J---"" 1^ I" «rf .jft * « I ] H r ^ #» t t I w i38 qUSSIPICATlON DE CUVlEPi. d'lme fois Vinnovatipn repoussee, au lioq d'argu- nieiits , par le trop celebre ipse dixit des anciennes ecoles de pliilosojiliie. Cette disposition de tant d'esprits a sen tenir aux idees de Cuvier, est sans nul doute honorable, elorieuse nieme ppur lui ; elle atteste I'impression profonde - produite sur tons les esprits par ses travaiix de classifi- cation, si supericuf's a ceux de ses devanciers. Mais Ce qui me semble plus honorable encore pour Cuvier r que cette erreur d'un grand nombre de ses contem- porains, c'est que lui-meme, evidemraent, ne I'a point partagee. Sa classification n'eut jamais h ses yeux qu'une valeur relative h' I'etat present de la science ; et il sentit toujours le besoin de la modifier , de la perfectionner, de la mettre en harmonie avec les progres nouveaux. La preuve en est dans les nom- breux changements qu'il lui fit successivement subir. Sans parler de quelques memoires publics a part , que ron mette en regard le Tableau elementaire cV His- toire naturelle , les tableaux annexes a Y /Inatomie comparee, les deux editions du Regne animal , et en dernier lieu I'ouvrage sur les poissons ; et Ton re- connaitra que Cuvier n'a paspublie deux ouvrages, pasmeme deux editions successives d'un ouvrage, sans se reformer sur plusieurs points importants. Parfois jiieme on I'a vu sacrifier des idees dont I'etablissement lui avait autrefois coute beaucoup de recherches , ou reprendre des les premiers fondements des parties en- tieres de son oeuvre. \ I I ^ *^ ■J -^1 L "8 ■ e \ CLASSIFICATION PB CUVIER. c do nc r idemnient compris que, par pas plus ferme la voie qu'il Tant qu il n'a cesse de perfectionner sa metliofle en toute ( casion , et de donner ainsi aux autres un noble C iple. Pourquoi done aujourd'liui devrj Pourquoi faudrait-il renoncer a faire uvier ce que C fi Linne ce que deja il avait commence a faire pour rt / A ceux aui considerent la classification du R Animal comme definitivement bl ie dans la pretendent devoir borner les ef- fo des successeurs de Guvit pardels, je pourrais do a quelq rema- a 1 je ppeler le temoig de Guvier lui-meme. Mais fe plus : j'essaierai, pai^ une analyse de la classification de Guyier, d'apprecier ce qui parait devoir rester a jamais , ce r rester a jamais , ce qui, a parait devoir disparaitre pen a peu dev progres de IT \ !■■. f ( ) / \ .'t » ir k Toute oeuvre intellectuelle porte en elle une dou- ble empreinte ,: celle des qualites particuberes et des tendances propres de 1' esprit deson auteur; celle des circonstances de temps et de beu oii elle a ete , eoncue et s'est accomplie. La classification de Guvier, par example , ne saurait etre appreciee avec justesse, K ^ 1 Ha r .'. / 4 m 1^ * 11^ i *l ^ ' ^ I ^ ^ n I 4 d CLASSIFICATION DE ClJYIEB. rendant hommage h la lucidite et a la puissance 1 esprit , on ne tenait compte aussi de repoque d des lieux oil il a commence ses travaux. Linne , qui ayait precede Cuvier d'un demi-si^cle ait, comme cliacun sait, et comraeje I'ai rappeL ns I'article precedent, divise le r^gne animal er [ classes : mammalia, aves , amphibia, pisces secta et vermes. De ces classes , les cinq premiere: lient fondees sur une appreciation exacte des rap ports des il n'en etait pas de meme de la sixieme ; celle-ci etait purement artifi- si ]'on analyse avec un peu d'attention le naturce . on reconnait aussi tot la cause de Sy sterna * cette rence. 11 est evident que Linne, apris avoir liabilement groupe dans les cinq premieres classes tons les animaux qui lui etaient le niieux connus , avait relegiie dans la sixifeme une multitude d'especes , presque toutes , r habitantes des rivieres , des ^tangs , des lacs , et sur- tout des mers. La science manquait alors de notions exactes sur Torganisation de ces especes ; mais le peu que Ton savait sur elles, suffisait pour que Ton reconnut I'impossibilite de les faire rentrer, soit dans e groupe des insecta^ soit, h plus forte raison , dans les classes superieures. Par un lieureux concours de circonstances , cette sixieme classe, que Linne lui-meme avait ete cOntraint de laisser si confuse et si obscure ; cette sixieme classe, prescrue comparable aux species incertce sedis des I ^ -i*^" 1 1 V t; r V CLASSIFICATION DE CUYIEB. fut precisement I'une de celles que Cii i4i des le debut de ses travaux , se trouva ie mieux a poi tee d'etudier. Instituteur des enfants d'une noble fa J niille dont le cliateau etait situe en Normandie , su les bords de la mer, Cuvier, encore inconnu des zo( logistes, et deja presque digne d'etre place aleur tete consacrait ses loisirs k I'observation de ces myriadc Vetres marins dont quelques naturalistes avaient 1 peine essaye avant lui de penetrer Seul, avec quelques livres, son ardeur de perseverante sagacite, et pour ne pas ou cause en apparence accessoire, en realite s; de ses premiers succes, avec son immense talent de iblier c L puiss chait de decouvertes en deco qua preparait pour la classe des vers une reforme peine arrive a Paris, il put en effet proclamer et bien- tot faire accepter de tous. Dans les pretendus^ vermes, il avait reconnu trois types piincipaux : les veritables vers, ou, selon la nomenclature actuelle, les amielides qui ont de nombreux rapports avec les insecta de Linne; puis les moUiisques et les zoophytes; grou- pes immenses , eux-memes subdivisibles en plusieurs vastes sections que Ton reconnut bientot _ correspon- dre par leur degre d'importance , non k des ordres que Linne et tous les naturalistes dep t nomme et nOmment des classes. G'est ainsi que Cuvier fut conduit k reprendre p base la classification de Linne , et qu'il devint ond le^islateur de la zool 1 osjie. ft .t 1 / *♦ m m ^ ^ 1 r P X * \ T I k r >*-i -r*.C- .Y -J- ^ ^ K \ ! il m * # I vl^ L ai4 CLASSIFICATION LE CUVIEB Les iniiovations qu il op f principales. La flit Tadd qiiatr ' t premieres classes de Linne d'un grand nombre d tres classes formees aux depens dea ins ecta et des mes. La seconde, rendue necessaire par la premi fut retablissement , entre les classes devenui omLreus et le 6 oupe sup ani- de divisions d'un ordre intermediaire qui fi nees emh ranchenient s . Ainsi fut fondee 1 leb dont le Regne animal •tiels , offril divers essais et changements partiels, en 1 817, I'exposition complete et le developp J'en indiquerai, autant qu'il est possible ei ques pages, I'esprit, L-i valeur, et d'abord, sans dans aucun detail, le plan general (i). ap fin T^3E *1 lit 1 ■ #y i f I ^ \ * -1 de rapporter tous les animaux a une seule serie li- ^ neaire, soit que Ton veuille considerer avecmoi tous les groupes nombreux comme divisibles en plusieurs series paralleles , une classification natureile tend ton- joiirs au meme but^ savoir : disposer^ seloii Torclre de ffinites 5 tous les etres que comprend la c ; en d'auties ternies , placer les uns pi ceux qui se ressemblent le plus y et ecc 1 aes \ I 1* (1) Les reniarques qui vont suivre , ont deja ete presentees en partie dans larticle Zoologiede \ Encydopedie du dix-neuv>ieme siccie. I 1 if i k » .* -y^- i ^ . i I I ^ i } CUSSIFICATION C^ CUVIER. 143 tres-grande distance ceux qui different profondement par leur organisation. La consequence logique etnecessaire de cette don- nee fondamentale de toute classification naturelle, est 1 que les deux types les plus differents , ou si Ton veut,. modifications extremes de Fanimalite , se ^ n le s d cieux trouvent places aux deux extremites du Regne ani- mal , tons les autres etres etant disposes interme- deux types 'extremes sont ne^ diairement. O r , ces cessairement le tjpe le plus complexe , celui dont le developpement orgaiiique a ete porte le plus loin , et le tjpe le plus simple i ou encore , et quoique je ces expressions comme pen exactes , je con sidere les cite parce qu'elles sont genei-alement usi tees, le type le plus parfait et Tehauche la plus in- fo rme de l animal it e. Dq ces*cleux types, le pre- mier est represente par riiomme , le second par la monade. , • L Les deux points extremes de la serie aniniale etant ainsi determines , cette question se presente aussitot : est-il plus rationnelde placer riiomme en tetedela se- rie animale, et de descendre gradueilement de ce type plus complexe , par des organisations de plus en plus simples , jusqu'a la monade, dernier terme de la se- rie? Ou bien , vaut-il mieux, selon un ordre inverse s'elever, en partant de la monade, vers des etres moins simples , de ceux-ci a cfautres plus complexes encore, et ainsi de suite, jusqu'a riiomme qui serait alors le terme extreme , et comme le couronnement fc s i' r i n >i \ r% J i ' ■( «t V J. 7 I « , ) f. 4 i \ h ^ I '\ if' ^ -. _^__ > 1 -J t Mf •i!/ I h r r ■ t ) J i I *. i'- 1^4 CLASSIFIGATlO?f DE GIJVIER. du r&gne animal ? Autrement , la serie doit-elle etre descendante ou ascendante ? Les deux methodes, precisement inverses , que je viens d'indiquer, ont eu toutes deux leurs partisans, I en d S r I 1 \ i t Vti ivait etre ainsi ; car Tune et Tautre ont i ieur faveur un precepte logique. Clas iial en serie descendante , c'est proceder du connu a Unconnu ; car I'liomme , apres lui les mam- niileres, et apres eux, les autres vertebres , sont ne- cessairement les mieux connus ,de tous les animaux, tandis que Tliistoire des etres les plus simples, tojiis petits ou niemes invisibles sans le secours du micro- scope , presque tous habitants des eaux, reste encore enveloppee de tenebres profondes. D'un autre cote , classer le regne animal en serie ascendante , c est pro- ceder du simple au compose ; c'est s'avaiicer suivant Tordre dela nature elle-meme : car c'est ainsi quelle- meme precede dans la formation de chaque etre en particulier, et quelle semble avoir precede, sous un point de vue general, dans la creation du regne ani- mal tout entier. J Pour quiconque reflecliit sur les consequences qui derivent de ces apercus, il sera evident que de ces leux metliodes inverses, YuhQj par serie ascendante^ procedant du simple au compose, est, sous le point de vue tlieorique, la plus rationnelle : mais Tautre, par sine descendante ^ procedant du connu a I'in- connu, est la plus facile dans la pratique, disons memc la seule praticable dans I'etude des faits de de- { I r >*«« IT ^ \i I i 1 CLASSIFICATION DE CUVIER. I r il et dans toutes les recherclies speciales ; par c quent , celle qu'il convient de preferer, sinon d e eleve et pliilosopliiqiie , iz|5 s es travaux d ord dans ceux qui constituent 1 ordinaire cl u zoologiste. De la il est arrive que Lamarck , esprit meditatif , syntlietique , essentiellement dirige vers la theorie et I'abstraction , a adopte I'ordre ascendant cOmme le plus rigoureusement rationnel, comme celui qui sa- tisfait leplus completement I'esprit. Guyier, au con- traire, esprit plus positif, et dirige plutot vers la decouverte des faits par Tanalyse que vers leur ab- straction et leur generalisation par la synthese ; Cuvier, comme avant lui Linne et plusieurs autres , a suivi I'ordre descendant : I'liomme est pour lui le premier 1 4 de I'animalite , la monade le de les etres intermed off] de deeres de simplification successive, ou, suivant 1' expression orclinairement usitee, de degradation. Get ordre descendant est aussi celui qu'ont adopte presque tous les auteurs qui out ccrit depuis Guvier, et il est aujour- d'hui consacre par I'usage en meme temps qu'impe- rieusement commande . lande, pour I'etude et I'analyse les faits, par les besoins actuels de la science. IV. Lc plan general de la classllication de Guvier doit done rester en dehors de toutc contestation; mais ZOOLOGIE GtNfinALE 10 .-^ H itHi i S i\ ¥ / m I i i i M Mt ;| lJ i M I -^ I t* k ^: .■J . J- ^ »** J. :■. ! V ,. t ■im ! » I n ? '^ f i •11 «*' i *=\ : f . \ 14 /S CLASSIFICATION DE GUVIER. etitre I'liomme, premier terme , et la monacle, dernier terme de la serie, tons les animaux occupent-ils le rang qui leur est rationneJlement assigne par leur dee-re d' organisation ? La serie qui, d'apres le principe ge- neral de sa coordination , est descendante , qui pro- cMe du compose an simple , est-elle en efFet disposee de telle sorte que cliaque groupe presente une orga- j iiisation plus simple que le groupe qui le precede plus complexe que le groupe qui le suit? C'est ce qu' exigent les imperieuses necessites de la logique , et malheureusement , il faut le reconnattrej c'est ce -quili'existe pas toujours. A part qnelques modifica- tions de detail dont il est inutile de parler, et dont ftssurernent Guvier eut ete le premier a faire justice s'il eut pu mettre a profit les resultats des progres re- cents de la science, il est une interversion telle- nient iniportante 5 tellement grave ^ que je ne puis i' me dispenser de la signaler ici : celle de Tembran- clienient tout entier des niollusques et de TemLran- eliement articules. Considerer les moilusques cdmme superieurs par la complication et la perfection deleurs orgaiiismeS; aux articules, en d'autres termes, et les resultats de cettd comparaison plus speciale seront plus frappants ^ placel^ un ceplialopodc ali- dessus d'un crustace, un ptcropode ou un gasteropode un ace ^pliale ou un Lra- c sacrifie r evi- au-dessus dVme araclniide^ cliiopode au-dessus d'un insecte, 1 denniielit une IbulG de considerations de la plus haute importance a un seul oidre de caracteres, ceux que \ i t m y^ r »> "^■_.^» m 4 1 t CLASSIFICATIOiN" DE CUVIER, lA fourriit la circulation. C .47 ( lo poulp c laiis le I mars 3 ppar <^^omparable il circulatoire si riclie et si b iui des vertebres , que Guvier s > les plus rapp len de ceux-ci. Mais cette perfect circulatoire , chez les c qui avait si iplialopodes ^ iie peut vivement frapp Guv] d ler etre fav perionte des moliusques sur les aiticules : car uoe partie de ceux-ci, et tels sont surtout les crusta- c pod circulation tout aussi com plete et tout aussi compliquee que lopodes c les eux-memes. crustaces, mais aussi i les seul :plia aclinides I'emportent infmiment sur 1' ensemble desmoUusque pa r 'ganisation de tous les autres syster L de leurs organes des sens , de leurs m s, de leur squelette dont la dispositioi remamuable , et de leur sjsten par les pi infmiment varies et par les admirables instincts qui rendent si interessante 1' etude de cliacun de leurs genres. Dans ces derniers temps, la question a d'aiileurs ete trancliee d'une mani^re directe et decisive : en demontrant cme des moUusques represente le syster lystem des articules tel qu'on Tobserve avant son entiere <5vo lution , chez les larves par exemple , M. Serres a con lirme, par un argument d'une immense valeur, toutei -1 a ^ i H i \ A I I I I A i *i\ \ I tf 1 t , 1 i i ^_ -,.-- ■ii — ■ f I ^f *^ ■f \\' f i ^ ^i I k I 4 r Mk / >ff I !■ ^ '■■ ^ 148 CLASSIFICATION DE CIJVIER. Us autres preuves que Ton pouvait donner de la supe- riorite des articules sur les mollusques. - Ainsi deja, et en supposant que les quatre era- branchements doivcnt subsister avec leur caracteris- tique et leurs limites actuelles , I'ordre selon lequel Cuvier les a ranges , doit subir une modification tres- importante : le troisieme embranchement doit etre reporte avant le second. Si maintenant nous passons a Texamen de la com- position elle-meme des embranchements, d'autres remaiques non moins importantes se presentent aussitot. Est-il , en effet , conforme aux veritables rapports naturelsdediviser le regne animal en quatre embrancbements ? Et si les quatre embrancbements doivent etre admis, doivent-ils rester composes et limites ^ comme ils le sont dans la classification de Cuvi ler I P M. de Blainville est le premier qui se soit refuse a adopter la division, presque consacree par fusage, en quatre embrancbements. Selori lui, le r^'gne animal doit etre partage , non en quatre groupes principaux , mais en trois, le premier, comprenant trois des embrancbements de Cuvi rhT* • ei les deux derniers groupes^ correspondant au contraire, tons deux en s erabl ^9 ^ un seul des embrancliements de Cuvier, \ \ le dernier. M. de Blainville reunit done plus intime- ment que Cuvier les embrancbements superieurs; il etablit , au contraire , parmi les animaux infcrieur:s, une division fondamentale negligee par Cuvier. I 1 m 1 1 i ^» \f IK ;/,V m s CLASSIFICATION DE d-IVjEa. lA 19 Ge n'est pas ici le lieu d'exposer les pmicipes sur lesquels M. de Blainville a Base la iiouvelle classifica- tion proposee par lui ; encore moins ai-je h signaler ici la confirmation remarquable des jdees de M. de Blain- ville que j'ai trouvee, sans meme ravoir chercliee, IS une autre serie de travaux ( i ) , et a deter- da me miner si la preference doit ^tre accordee k la tliode de Cuvier ou k celle dc M. de Blainville, si le lal doit etre divise en quatre groupes troisj dont Tun subdivisible h anin regne principaux, ou en son tour en trois autres. Mais il suffit qu un zoologiste aussi eminent que M. de Blainville ait era devoir r proposer , si peu de temps apres les travaux de Cu- vier, de nouvelles bases de classification , il suffit que les esprits soient des aujourd'hui partages , pour que la conservation, dans un avenir eloigne des quatre embranchements , doive etre regardee comme tr^- peu probable. Si cependant, contre mes provisions, Tavenir donnait gain de cause h Cuvier, si la cOlebre division du r^gne animal en quatre embranchements etait consacree par les progr^s ulterieurs de la science , j'oserais du moins affirmer que ces quatre embran- cbements ne resteront pas definis et limites comme ils font et^ par leur premier fondateur. Le premier, ou celui des vertebres, est le seul qui paraisse ne > 4 (l) On peut consulter a ce sujet mon Histoire generale et pnrticnUert des Anomalies yU II, p. J97, et t. Ill, p. ASg^ I h A !i T i ■I i \ i! ■^ ■V- * ♦^ I i 1ft- . J ^ - -^^ ^ -. _' AJ >" :i n ^ I n I f 5 ( CLASSIFICATION DE CXJVIEa, F pas eprouver de modifications fo A regard des la necessite en pour Tavemr ; mais , des a present se fait vivement sentir, et partie deraontree par div i] a nieme , ell Parmi rayonnes, par exemple, la classe des le des infusoires, ne peuventetre evidi que comme des group este I'opinion de Guv Mais , de plus , une grande partie des comp dan3 I'une et I'autre de finitio presque aucun des caracteres qui , d'apres la de- le ; distinguent un animal rayonne gener Quant aux infusoires en particulier , classe fond presomption adm qu annua al bl a roeil nu do ■ etre tres- les observations recentes d'Elirenb il est 3uvele cette partie de la zoolo^ aujourdliui que Tinfinie petite clut pas ime tres-grande complication d ganisation interne. rembrancliement des it beaocoup plus de t< les a nuclides autres classes que celles-ci ne different entre elles. La classificatio icore ici un cliangement de quel :|ue implortance. Enim 1 une des classes que Cuvier comprenait dai] e second embranchement, les cirrhopodes, ou, comm )n les nomme plus ordinairemeht , les cirripedes i t f I E I' ^ r+ — Hi- -'^ Jtp r i _ ■ I CUSSIFICATION PE CUVIER. 5 f. ^ ont ete 3ep des iiioUusques, d'abord par M. de Blaiiiville et quelques zoologistes qui w — vXt type intermed r 1 n ciollusq lies les puis, tout recemment, par d'autres obserys It par iiion savant ami M. Marti Saint-An^e , qui ont fait plus encore : car les recher pprofondies auxquelles ils se sont livres surl :1 pedes , observat r etat primitif et sur les nietamorpboses de qu'il fan Ainsi. da de la science , les cirripede plus des niol- lusques par lesquels s'opere la transition du second ler aux animaux articules, de Gu\ :les qui leur embranchement jiiais au contrail f sieurs points de des moUusques. Si de telles modifications sont iudiquees po li k realisees : si , d( plu- procliain ou meme d d'lmi, la necessite a ete reconnue d s Tordre relatif. dans les limites, et quelques annees , lies embrancbements principaux d par les seuls progres accomplis e fed a ete ebranl 1 usque dans fonde dent qu'il devra en etre un jour de la fication de Guvi X de celle de Linne. Apres avoir, comparativement celle-ci dont elle procede , constitue dans la science nil immense Derfectionnement, elle devra a son tour L ; -J 'I ^ i i m "^ ^ ^ !t \y 4 # fc I I ^_^*^ -^ ^ L^ - rfr ■ J ■ H ■- v^-J V^ I f < \i 4 I t\ m l52 CLASSIFICATION DE CUVIER. profondement modifi progressive de I'esprit liumain. Guvi y ment qui form lie je I'ai deja indique, avail prevu pte cette necessite avec ce lucide fug des eminents dc son esprit J et j'oserais affirmer que s'il eut ete con- serve h la science , il eut ete le premier a accueillir des innovations dans la methode, que d'autres, par un respect plus honorable que sagement entendu, se sent empresses de repousser en son nom. . Dans la serie des travaux par lesquels la classifica- tion olfrira enlin une expression vraiment satis faisante des rapports des etres, le Regne animal done toujours une pi inent entre tons. II pourra etre place a cote, 1 au-dessus de la methode du Sjstema na- tura3 et des principales metliodes auxquelles on sera par les progres ulterieurs de la science. duit Dans la longue cliaine qui representerait tons ces tra vaux, le lit'gne animal hq serait done ni le premier n le dernier anneau ; et c'est pourquoi , quelle que soi I'importance momentanee de ce livre , quelle qu'ai ete son influence sur les zoologistes de I'epoque ac tuelle , il ne saurait vivre aussi longtemps dans 1; posterite , et, des aujourd'liui , il ne doit pas occupe dans notre estime une place aussi elevee que les troi autres grands ouvraces de Cuvier. I "t I ! ( * * » 4j ■,- ,i*'m ^ n\- 1 ¥1. SUR LES TRiVAUX -■T^l ZOOLOGIQUES ET ANATOMIQUES DE GOETHE. N 1 'i ^i . ■ 1 1 Rapport fall a rAcademie cles Sciences, clans sa seance du 12 mars 1838 (1). / deux de naturell e de L L L' Academic a renvoy^ k Te) membres, M. Augusto de Sai traduction des OEuvres dli r Goethe, tout recemment faite et puhliee par M. le docteur Martins. M. Auguste de Saint-Hilaire , que I'etat de sa sante retient ni Iheureusement lo de rAcademie ^ lui enverra prochaineiijent de Montpel- lier son rapport sur la partie botanique de cet im- portant ouYrage(2) : je presente aujourd'hui la portion du travail dont j'ai ete specialement charge , c est-a- dire Tanalyse des prlncipaux travaux zoologiques et anatomiques de Goethe. \ I ^ J t } ] i { 1 It 4 * -I ^ ,t < " \ (1) Get article etant un rapport demande par I'Academie des Scien- ai cru convenable de le reproduire ici sans aucune modification , et tel qu'il a ete insere dans les Comptes rendus des seances de I'Jca- ces, 1 demie , t. VI , page 320. (^) 434 V ti i\ I iL f r" .- ■■ ■ ^ r \ n t I ( t* 1 I 3 ■ If^ W '-hk. \\ .V- r '■ t M ,4 \ TRAVAUX ZOOTOMIQUES DE GOETHE. m Yos Gommissaires , en effet, ont I'un e I'autre pense que la missjon quils tiennent cle I'Acad elite et borner a une simple appreciation de opportunite de la traduction • m; r squ'a I'auteur 1 qu lis devaient et essayer de le suivre d r run des premiers parroi les zootomistes all s'est engage et s'est avance sans cesse d' fiq un pas SI ferme. En donnant a nos rappo nous avons cru les rendre a la rAcademie et plus utiles a la s contribuer a detruire fois plus dignes de cience; ils pourront des opinions tres-inexactes et fiques de ( repand iur les travaux moment ou ee grand nom prendra, dans riiistoire de 1 pliilosopliique r q I. La gloire litteraire de Goetlie a longtemp pour r Alleiii fiqiie. En en ^ f fin dix-huitieme siecle, et avec une admiration presque egale a celle de FAllemagne elle-meme,le plus illustre 'ep de la L manique font Europe, et la France en particul jusqu'il J a dix ans, ses travaux d'anatomie philoso- pliique dans nn oubli presque complet. En 1820, et plus tard encore, les biograplies et les critiques fran- eais se taisaient encore entierement sur eux, ou bien, m ™i \ + \ hM^ : *. k J i ^ I TRAVAtlX ZOOTOMIQIIES DE GOETHE. 1 55 tifi pour faire sentir runiversalite des coniiaissances du poiite de Weimar, se bornaient a remarquer qu'il etait aussi, comme Voltaire, auteur de quelques ecrits scien- p ques ; et pai^ la , on croyait presque faire preuve d'une erudition allemande , qui d'ailleurs ne s eten^ dait jamais jusqu'a la connaissance directe, et encore bieii moins jusqu'a rappreciatipn de ces ecrits. En i83o meme, quoique trois ans auparavant justice eut ete rendue par M, de Gandolle aux travaiix Lotaniques de Goethe, son intervention dans une discussion ce- lebre elevee au sein de cette Academie etonna encore comme un evenement nnprevu et presqae singulier. Enfm , aujourd'hui , beaucoup de persorines instruites ienorent encore si Goetlie s'est borne a revetir des / de d yi prop idees deja existant dans ^ des pre- tendu a la gloire plus brillante de I'inventeur; et les iral des pour temps h ad qu dep d comme romancier, et meme comme cliansonnier. le Goethe ait paru quel- G juoiq quefois en etre blesse , me semble elle-meme gl pour faire 1 ui. Elle B ■que, mieux que ne pourrait le nalyse , et , pour ainsi dire , mesure toute la distance qui separ poetiques et souvent fantastiq de Goethe pop les qui dans toute 1 d 'E ces recherches positives , de ces ded urop e de s ration 1 y'^^- ri\ 1 -fS \ I ) \ I i I ^ 1 i i } ) » - ^m-'-i^- -V- ■f '' t I -M ^ - /i ^} « ( 56 TRAVA-UX ZOOTOMIQUES DE GOETHE. nelles crui seules peuveiit ad par la prudente severite de la science. Plus cette d plus on a de peine k t pent sembler infrancliissable concevoir que la meme main qui a ecrit PFerther et Hermann , Faust et Eg montj ait pu tenir habilement le scalpel de Tanatc miste, et pi dmirable de voir ce prodig accompli par la plus rare alliance de qualites Intel lectuelles ordinairement exclues rune par I'autre. Pour essayer de detruire enfin les opinions precon cues qui ont refuse si longtemps et contestent encor a Goethe le titre de naturaliste , la simple indicatioi de quelques faits , tous autlientiques et empruntes i Goethe lui-meme, la citation de quelques dates, son les meilleurs et les plus courts arguments que j puisse invoquer. Et ici, Tinteret qu'ofFre pour toire de la science Tappreciation des travaux d homme tel que Goethe , et la grandeur exceptionnell de ce nom, me doute d yeux de rAcademie , si quelques-uns des c le qui vont suivre lui paraissaient sortir d t pations liab IL Le gout prononce de Goethe pour Thistoire natu-' relle, depuis son adolescence j usque dans son extreme vieillesse, est atteste par une multitude de temoi- gnages. Enfant, Goethe, presque a son insu, nour- rissait deja son esprit des premieres notions de cette w m I \ I ■A. I #* '■ .H ^ w ■ I # science TRAVAUX ZOOTOMIQLES DE GOETHE. en visitant et ran^eant une petite ^ >57 posseclee par son pere (i). Jeune hon rdeur les enseignements scientifiques des prin cipaux profe de cette epoque : au point que venu, vers 1770, a Strasbourg, pour y prendre L bonnet de docteur en droit, il se decida prompte 1 pprend d spru de que ce qui necessaire pour examens, et se livra de etude de la cbimie , de 1 avec arcleur a J mie, de la medecine et de I'art lui-meme de Lobstein le ptei ! Spielmann et I'anatomiste alors au nombre de leurs eleves les plus assidus (2). Un pen plus tard , rentre en AUemagne , il passe , de ces premieres notions elementaires , a une investigation plus profonde des plienomenes naturels. II fait, avec de jeunes amis, des courses geologiques et surtout des herborisations , tour a tour observant les faits , en cliercliant les con- sequences 5 et surtout reflecliissant profondement sur la des omanes des vegetaux. A poqu dans il se qua le d laquelle o-dldactiq plus sur son esprit, etaient, lui modestenient trois nonis qui (4), Shak et {' Linne : trois li 1 >i » J* \ v\ i im I \ (i) Mkmoires de Goetke. (o) Mimoires de Goethe. (3) Yoyez, dans la Traduction de M, Martins, page 200, lliistoirc que Goethe donne liii^uieme de ses travaux botaiiujues. (4) Ibid, page '^oS. i \ >«l ti \ V i % 'A 4 -J i\ '■* • <, .' J/ -m*^*'^ ^-^--^^ ^- 3 r * <^« II # ) J i- ikif^ I ^ i58 TRAYAIJX ZOOTOMIQUES DE GOETHE Srands noms clorit 1 association dans 1 P d e Goctlie exprime admirablement I'ardeur juvenile de ce genie , hesitant encore entre la poesie , la philoso- phic et la science , ou plutot concevant deja la pensee de se conque 1 one I Dans les annees suivantes, en Allemagi en Italie, Goetlie poursuit son plan de ti tifiques eil nienle temps que litteraiies. ] particulier, sousla direction clu professeu 1780 3 en r dont releve le pi ■» • ha nieme, p a de son temps^ il essaie d Tel son desir de s'instruire , et cet exemple seul montre- rait par quelles etudes solides et positives Goethe a prelude a ses publications scientifiques; tel etait son zele pour ranatoniie, qu'il fit , de cette menie main qui Goet z> et grand bre de preparations osteologiques , destinee lena , en fournir a lui-i verification (i) temps qn Ce 1786 q fohe) le premier iLit compose (niais non pu des lors, jusqu'a la fin d ootoniique de Goethe ^ et u d publications ^ toujours dirigees I i (l) Yoyez llluloii'C dcs truvaux anatotni'iucs dc i aatcuv ^ traduction de 31. Maktiins, p. y6. \ ^k ■A I *t i I I TRAVAUX ZOOTOMIQIIES DE GOETHE. iSc) idees , se succedent a des intervalles asscz rap . Ainsi trois menioires ou articles appar- proches. tiennent aiix annees 1793, 1795 1796. Ap En laissant de ■aduction faite. en i8o3, de I'ouvrasfe du h b i3 4 ■ Benvenuto Cellini , bien cpe ce grand artiste y 'place plusieurs cliapitres d'anatomie pittor que ( pi :1 Clans leiir etude: en oraettant aussi une note assez courte re- digee en 1 80 ;' zootoniiques de Goetl te qu'en 1819 : niais a 1 apres cette annee , trouvoiis-nous a peine quelque interruption' ui;i pen longue, comme le montre la se- e des annees 1820, 1822, 1823; 1824, i83oet i832, lUtes marquees par la publication d'un ou de deux tides zootomic|ues de Goetlie. Ges memoires ou no- ces, dont le nombre est de quatorze, ont paru pour t pas la nioindre preuve du zele le leur auteur pour la science, f da P /■ / < d'histoire natorelle, fonde etd par Goethe lui-meme (i) En outre J et sans park /. m 'g notices g de I'All gne , et surtout de son ouvrage sur roptique ileurs, qu fait en dehors de (1) Ztir l\\ilurwisseiuckafl ubcrlumpt, hcsondcrs zur Morpholo^'^'e , Stutteivdt et Tubmgiic, 4 '^^^■•> ^Sr; k 1825. "^ f9 \ 'I t # '4 \ \. '- \ f ■ r*-^ ^ 1- V f ^ N I )^ 160 TRAVAUX ZOOTOMIQUES DE GOETHE examen , on doit h la jeunesse de Goethe plusieurs autres travaux zootomiques que I'auteur n'a point lui-meme mis au jour, niais qui, communiques par lui k divers anatomistes allemands , et lionorablement cites par eux , sont un peu plus tard entres dans la ■ r science. II en est ainsi , par exemple , des recherclies de Goetlie surle crane des mammiferes, dont les re- sultats , publies en partie par Loder et Soemmering , ont surtout contribue a fixer I'attention des anatomis- tes sur une piece tour h tour appelee os transversa], pa- ietal impair, epactal, o^ de Goethe (i)et interparietal. En presence de faits qui attestent des etudes pre- liminaires, solides, pratiques et poursuiyies avec per- severance pendant quinze annees ; en presence de travaux aussi nomLreux et continues par I'auteur presque jusque sur son lit de mort (2), les droits de Goethe au titre de naturaliste ne sauraient etre un instant douteux. Assurenient , si rhoninie qui a fait r tout cela 5 n'eut pas ete en meme temps Tun des plus grands poetes, le plus grand peut-etre de rAllemagne, 1 ridee ne fut venue k person nede n attriLuer Ix Goethe que des vues poetiques sur la nature , ou Lien , selon les expressions employees par lui-meme pour carac- f m m tenser quelques pensees jetees dans ses premiers ou- f *i ( (I) Os Goethinnum. (2) Le second clcs articles consacves par Goethe a la colcbre discus- sion de i83o, a ete compose tres-peu de temps avant la moit de ce grand liomme; test le dcmier ecvit qui soit soiti de sa plume. i Hi t ^/ / 4 «v .\ "^^^ - ^ *f in N TRAVAUX ZOOTOM,IQUES DE GOETHE. vrages litteraires , des desirs de connaitre qui j6i poraient en vag de Goetl les contemplations. Et , cette vie dans toutes une si belle les phases de laquelle la science a eu part , eut ete plus completenient connue , nul n'eut admis cette erreur, encore partagee par plusieurs, que les travaux scientifiques de Goethe se reduisent ^ quelques brillants essais de jeune homme et k quel- ques reminiscences de vieiUard. Toutes ces opinions preconcues, que j'avoue avoir conservees tres-long- temps , et qui ne sont tombees que devant un examen approfondi des faits , sont nees du sentiment, exagere peut-etre, q meme y flechi, sur 1' immense difference des conditions psy liologiques qui tendent a constituer le poete et le na uraliste, et des facultes par lesquelles ils se distinguent 1 un s 1 elancant liardiment vers I'ideal pensee sur le monde reel fixant les sur faits positifs, sans cependant qu il lui soit interdit de parfois, et po dire de planer grande liauteur au-dessus d'eux , pour en contempler Vensembl III. V m \ i 9 I I r I t k I 4 I J de donner idee de direction et des resultats des travaux zootomiques de Goethe. Ici , h la difliculte de parler dignement de Goethe, de ce genie k I'egard duquel, selon une ce- lebre expression , I'examen n'est meme pas permis j a ZOOLOGIE GEKERALR. 11 I I ' J J|f ^>A ^r^ --UiL h m- .,—,^'tr.m- ^ ^ m- r ^--*^- ^ ^ ^ — ¥ i T - I -I 1 # ■»ji 162 TRAVAUJi ZOOTOMIQUES DE GOETHE difficulte, si grande pour pour moi celle d'analyser, des travaux qui offrent avec ceux de mon p^re , une analogic frappante , e parfois meme une identite complete. L'un en Alle magne , I'autre en France , n'ont cesse parallelement , et souvent de front , sans de marcher ^ meme, comme on le verra, sans qu'il leur fut pos- sible de le savoir, vers une semblable renovation de I'anatomie comparee. II est done ici, on le sentira facilement, plusieurs questions que je ne puis aborder, au moins dans un j'ai I'honneur de parler comme rappor- de I'Academie, et j serais meme entiere- ment abstenu pour ce qui concerne Goethe particulier, de hautes convenances ne m'imposaient le devoir de presenter ici de simples remarques histo- riques bien plutot que d'emettre un jugement scien- tifique sur des travaux signes d'un aussi grand nom. Cette similitude et, pour ainsi dire, ce parallelisme des idees de Goethe et de celles de mon pere, va d'aiUeurs , a quelques egards , simplifier et abr^ger ma t^che, puisqu'il s'agira pour moi, non d'exposer des vues particulieres a Goethe , plus ou moins com- pletement nouvelles pour nos e gibles iprits P suite de longs developpements seulement de faire connaitre la pensee de Goethe des questions souvent controversies dans le meme de TAcademie sem L'illustre auteur de I'Allem \ 'B cherchant a ap \ \ I I I T r.L& ?-.'k.-F^^ ^. I m TRAVAUX ZOOTOMIQUES DE GOETHE. i63 precier Goetlie sous le rapport litteraire , a dit : « Quand il s'agit de penser, rien ne I'arrete, ni son >> siede , ni ses habitudes , ni ses relations. )> Tel est aussi Goetlie sous le rapport scientifique. Pour me ^^estreindre ici a ses travaux zootomiques , des ses premieres etudes sur I'or^anisation, il repousse loin de lui des av le joug d' opinions que 1 parole si respectee de ses maitres tendaient egalement k lui imposer : opinions dont telle qu'aujourd'hui meme, apres la puissance etait un demi-siecle et plu une partie d c ve elles ecole de regnent encore souveraines dans plus haut enseignement. Ce qui, au premier ahord,blesse surtout cet esprit ami de la simplicite et de Tunite , c'est la diversite bizarre et contradictoire de toutes ces nomenclatures anatomiques , veterinaires et autres encore , imposant des noms differents a des orga- I nes analogues {i)^ et scindant ainsi la science en parties presque etrangeres les unes aux autres ; c'est aussi I'arbitraire et Tempirisme aveugle qui president parties de T la tete hun descrip iple, k des des OS de ree (2) ne telle quelle etait alors cOnside- puis ajouter, telle quelle Test encore ' les anthropotomistes ; c'est enfm pa le plus souverit le partage de presque tons les naturalistes d'alors I ^ y I i9f^ 1 J t 4 (I) Voycz, dans la traduction de M. Mai tins, p. 24 et 65. (a) Ibid. , p . 44 m IJ t 'I m \\ \ \ |T^ 4 V r seloignant 164 TRAVAUX Z00T0MIQ13ES De GOETHE- •Reux classes, les uns sattachant servilementaujait materiel (i), les autres recourant sans cesse aux causes finales y et par la, dit Goetlie , de plus en plus de I' idee i^raie dun etre vwant. Apres avoir fait ces critiques et dresse cette sorte d'acte d'accusation contre I'etat de la science vers la fm dii dix-liuitiemesiecle, Goetlie clierche comment une voie nouvelle et mieilleure pourrait etre ouverte aux investigations des auteurs ; et aussitot il signale deux progres a accomplir. L'un, et celui-ci estaujourd'hui si bienconsacre, aumoins en principe, qu'il est necessaire de mettre a cote de ces idees leurs dates, 1 786, lygS, I -ygG , c est I'intime fusion de I'anatomie humaine et defanatomiecomparee. La dis section des a?iimaux, dit-il dans un passage dont M. Mailins a fidelement rendu le sens general, mais queje prefere traduireici plus litteralement , doit toiijours etre a cote de celle de Vhomme (2). Le second progres , par lequel seul suivant Goethe , pent etre renouvelee ou plutot fon- dee I'anatomie comparee , et c'est vers celui-ci que I'auteur a constamment dirige ses travaux , c'est Teta- blissement , autant que possible d apres les fonc- tions, d'un tjpe anatomique (anatomischer Typus), 1 s I I / *■" 9f (0 Foyez dans la traduction de M. Martins, p. 24 (2J MiPster J^tnwurf einer all^emeineii Ehileituug in die \>ergleichencle Aiiatomie, dans le Zur Morphologic, t. I, p. 147. La meme idee est ensuite reproduite A^^^i^Iqs Vortrcege itber den Entwurf, etc, ibid., p. :.,6i et 262. Yoyez la traduction dc M. Mait"ns, p. ^3 et 63. I t \ 1 ! j * ri t I f 1 65 TRAVAUX ZQOTOMIQDES DE GOETHE. d'uii modele universel (allgemeines Bild), leqiiel, dit I'auteur, doit etre ideal, et ne saurait exister dans aucun etre vivant en particulier, la partie ne pouvant I'imase du tout (i). La pensee de Goethe, enve- lopp ee ici dans des expressions bstra heureusement dans tout son jour par d IS, eclairee par la discussion de plusiei passages, eclairee particuliers domies comme exemples, et jusquk un certain point completee par I'indication des deux faits generaux que mon pere a nommQS p rincip e du halan- cement des organes et principe di / idees erenerales sont intimement 1 les de r ses elles J et tant T esprit qui a < vinciblement entraine vers meditations ulterieures. Voici le passage tres-explicite dans lequel Goethe indique le principe du balance- merit desorganes, et les lignes moins precises dans lesquelles il enonce son opinion sur la fixite de )) II existe, dit-il, uneloi en vertu de laqu menter de volume qu' y » )) » )) » depens d'une autre , et vice versa. Tell barrieres dans I'enceinte desquelles la force plasi que se joue de la maniere la plus bizarre et la pi arbitraire, sans pouvoir jamais les depasser; cet force plastique regne en souveraine dans ces limit im 4. m l W m 't 1 I ,1 4 m i 1 ^i* i f. i : 11 t *»» (i) Erster Entwurf, etc, loc. cit., p. i5o; traduction de M. Mar- tins , p. 9.6. ) ^ I I i _ ■, ^ , 1 \ i > ^^ ! i r '/ ... —ru. _.. .^r^ fr—l.... xj V i66 TRAVAUX ZOOTOMIQTJES DE GOETHE. )) peu etend ffisant a » » total general, au budget de developp fixe: mais elle est lihre d' affect parti elles a telle depense qu'il lui plait (i). )> L 3 principe est ainsi exprime : « L'ostec M stante en ce q run nieme os est toujours a la » mime place et a la meme destination (2). » Et ail- leurs , presque dans les memes termes : « Ge qui est )) constant , cest la place quitn os occiipe dans » V economic^ et le role qu'il y joue (3). )> Tons ces passages , que leur interet pour Tliistoire de la science me comniandait de citer textuellenient , sont extraits de deux Menioires etendus , les plus ini- portants peut-etre que Tauteur ait composes , et cependant modestement intitules par lui : Plan dune introduction generale a I anatomic comparee^ hasee sur Vosteologie, Je serai douLlement juste 3 en no- tant icil'epoque de leur redaction, et celle, tres-diffe- rente , de leur publication. lis ont ete aclieves, Fun en , I i,795Vl'autre en 1796^ commele prouve leur commu- nication des lors faite h. plusieurs des sommites scien- tifiques de TAUemagne, a Camper, a Loder, h Soemme-^ nng, a Blumenbach, a notre illustre confrere M. de Humboldt; mais ils n ont ete publics que beaucoup plus tard, en 1820. > pouvaient avoir aucune connaissance des travaux » (restes i*iedits) du poete allemand , et que cette » grande idee a ete concue en meme temps et a la ^) meme epoque cliez les deux nations. » un autre ordre de considerations dont la Dans liaison est d'ailleurs evidenteavec celles qui precedent, Goetlie , de meme encore que mon pere , et de meme que Buffon et Lamarck , repousse fortement les abus de la philosoph ^ n-. finales , et admet 1 des modificateurs ambiants sur Vorganisme ; doit resultent, ajoiite-t-il , sa~perfection interieure et f Iharmonie que presente son exterieur avec le monde ohj ectif {1) . Cette idee, simplement jeteeen ces termes au milieu duMemoire de 1795, est reprise et developpee en 1822 par Goetlie, dans une note ecrite h I'occasion de divers debris fossiles de tau- reaux, decouverts en 1819 et 1820, dans leWurtem- berg. La, Goetlie cite en entier, declare approuver completement , et appuie de quelques remarques nouvelles un passage du docteur Koerte , destin^ expliq uer comment les formes cr^niennes du taureau fossile ont pu se modifier peu k pen, et (1) Page V. (2) Traduction, p. 3o. I V » A^ : \ t t I 1 I, r I t^* ' i * ( ^ \ ■* < f w m t ■ r it '' -i^j / ^ .1 .« ^ A & : i I 1 68 don TRAVAUX ZOOTOMIQiES DE GOETHE. lieu finalement aux formes que nous aper aujourd'hui dans di verses races vivantes. Enfin , si etroites que soiept les limit quelles je dois resserrer cette analyse, je c ^ le Memoire, ecrit en i'tqS dans lequel 7 faisant quelques emprunts au systeme de Kant , traite de r experience consideree comme mediatrice entre Vohjet et le sujet, Dans ce travail , que le traducteur a place comme une excellente introduction a la tete de I'ouvrage tout entier, Goethe insiste sur la necessite de composer la science , non pas seulement d'obser- isolees de S de verites d'un ordre intermediaire ; dialler deproch en proche , et de tirer les consequences les unes de (i). « Cette methode prudente, dit » vient des themat quoique ne » fassionspas usage de calculs, nous devons toujours » proced de no.' comme [)us avions h rendre compte geometre severe. » On pent juger, par cette phrase , si Goethe, dans la science encore oj de rester poete et se laisse r nation. ipirations de sa brillante imag IV. 1 I Je craindrais d'abuser des moments de 1' Academic si, del'analjse des idees generales de Goethe, je passais F I) Triiductiou, p. ir>.. \ 4 V -^^ I ft N TRWAUX ZOOTOMIQUES DE GOETHE. 1 a rindication des nombrcuses applications qu'il en faites a diverses questions particulieres. II en est deu I tefois, que j puis oniettre entierement , ne fut-ce qua cause de Vimpoi grande qu' tacliait Goethe, et que les zootomistes les plu dist § de I'Allemagne attaclient encore h 1 1 ■v d e ; Si I'on en croit les temoignages de Bojanus, Carus , de plusieurs autres encore , et la declaration formelle de Goetlie lui-meme , il aurait le premier aborde une question tres-importante et surtout tres- difficile, k la solution de laquelle se rattaclient, h des divers, les noms de enibres de Academie , 'M. Dumeril, en 1808 ; M. de Blainville en 1816 ; men pere, en 1824. Cette question est cell de la composition vertebrale de la G promenait , en 179 I dans le cimeti^re des Juifs Lido, lorsqu'a la vue d de mouton gisant sol, il concut tout a coup la pensee que la tete de 1 de plusi ertebre dans leurs formes et leurs dimensions. Malheureuse ment pour I'anatomie philosopliique , qui peut-etr , fait des lors uu pas important , Goetli vague pressentiment , ou s'il entrep quelq ues tra vaux , il ne les livra pas a la publicite . Ge fut ^ ment en 1820, douze ans apres qtte la deco qu'il avait ete sur le point de faire fut entree dan par les presque simultanes d M. Dumeril ; ce fut meme ap r ecb ercli es 4 I >- / f \ *« ^ \ f k f ti t*^ i '*m if ^ f r \ I II il i i # m •I I I f 4 i { *^ * II i — ■_-■_- ■- / -I-- vi t 4 1^ r 't v.' « I iri » r I L i ) B ./'. 170 TRAVATJX ZOOTOMIQIiES BE GOETHE de plusieurs autres zootoniistes j que Goethe reprit enfin les idees concues par lui si anciennement. Le systeme dans Jequel il les coordonna alors, ne s'ac- corde entierement avec celui d'aucun autre auteur niais les details seuls varient et le fond des idees est exactement le meme. II est done impossible de consi- derer Goethe, avec Cams et surtout Bojanus , comme I'auteur d'une decouverte qu'il a seulemei tefois, la conception seule plete qu' la suppose, d'une verite aussi difficile a demontrer, meritera d'etre citee dans la science comme un re- marquable exemple de la puissance d' invention et de la force synthetique de son auteur. L de 1 humain una d'une moindre importance , mais a 1 de laquelle Goethe a pris bea grande part. Plusieurs anatomistes , Vesale , Winslow Albirius , Nerbitt , avaient depuis longtemp que, sur quelques cranes, la separation de la portion de la machoire superieure qui porte les incisives* mais ces cas particuliers avaient ete neghges , et Cam- per, en cela suivi par Blumenbach, placait meme au rang des c rapport aux si distinct. Goeth S ;teres distinctifs de I'homme par !s r absence d'un intermaxillaire ^ ■ I ■ r dors au debut de ses recherches, ipercevant une contradiction entre I'existence de cet dans les singes et son absence chez I'liomme qui a le nombre d'incisives semblable- cependant meut disp ) chercha et trouva I'interma *«* L ' f I / tt i-*' i r-.\ % ^ ^m m ^ { i I f -4 de § r • TRAVAUX ZOOTOMIQXJES DE GOETHE. : ce fut Ih, dit Soemmering, son ei f. Cette clecouverte, dont Tinteret ni 7 Pl frappe plus aiitant aujourd'hui, n etait alors , en effet, ni sans importance , ni sans quelque difficulte , te- hioin la vive opposition quelle eprouva , des le pre- mier moment , en AUemagne , de la part de TiUustre Camper, et qui se continua longtemps encore ap^s lui : il fallut , remarque quelque part Goetlie , qua- pour faire admettre de tous un aussi petit decouverte de Goetlie est de 786 la meme annee , Vicq-d' Azyr indiquait en France Tin termaxillaire liumain dans un passage tres-remar quable, Men que non encore cite (i), de I'un de c 1 g sur I'anatomie ; passage dans 1 trouve aussi nettement for quel i' unite de type se mulee. Vicq-d' Azyr a ainsi la priorite de publ Goetlie dont Memoir e fQt en que I'annee suivante, de Loder (2), et beaucoup 787, par les citations us rd 817 par son insertion integrale dans le Zur Morpholo- gie (3). G'est un exemple k ajouter h. tant d'autres infi quabl de ces decouvertes Liultanement faites en des lieux differents et quel I (1) L'oubli dans lequel on avait laisse ce passage remarquable, m'a decide a le citer dans son entier. Voyez plus haut, p. 82 et 83. (2) Voyez son Manuel anatomique, p. 89. (3) Tome I, p. 201. — On le trouve aussi reimprime et complete par de nombveux dessins dans les ^ova Acta Naturae Curiosorunh t. I. § »f1 ■'■^ I ^ I «r ♦ \ I i i • ^ / i H ! 4 I i* I I.. I I f \ '\ ^., it I ■- ^ * ) ! 1 I F- i, t. fri f ^ \ ;^ ^ ^ 173 TRAVAUX ZOOTOMIQIIES DB GOETHE. quefois par des esprits de genres divers, et qui out si souvent donne lieu a des accusations de plagiat , quand il s'en presentait une explication si simple et si honorable pour tous dans les rapports de fdiation de ces decouvertes avec les acquisitions anterieures de la science. J ai du rechercher pourquoi les tiavaux de Goetlie sur rintermaxillaire , et tant d'autres, sent restes ine- dits pendant plusieurs annees, et ont ete prives ainsi * par leur auteur de leur juste influence sur la marche de Tanatomie pliilosophique. J'ai trouve nettement expriniees , dans plusieurs passages de ses ouvrages , deux raisons de ces longs retards , egalement prejudi- ciables h la science et a la gloire scientifique de Goethe. L'une est le decouragement quil eprouva trop souvent en se vojant inconipris par des homnies qu il supposait ses juges naturels; par exemple , lors- qu il souniit son menioire sur rintermaxillaire au plus venere de ses maitres, h Camper^ et qu'il en recut pour toute reponse, des eloges sur le format et Fe- criture de son manuscrit. L'autre, et assurement notre amour pour la science n' est pas assez exclusifpour aller jusqu'k regretter celle-ci, est I'entrainement passionne qui le porta de nouveau vers la poesie, lors- que ses liaisons avec Schiller vinrent , suivant son ex- pression, larracher de son ossuaire s cientifiq ue . li ci I'analy ps P le ur d'ouvrage : dissemines dans plusieurs issez difficile de les y trouver, et de comparaison , la fdiation des idees qui s'y trouvent contenues ; sujet si interessant d'e- tudes, lorsqu'il s'agit d'un homme tel que Goethe! J'ai vu pour ma part,avec une satisfaction que I'Academie partagera sans doute , la France prececler 1' Allemagne dans le soin de recueiUir et de coor4onner ces docu- ments epars, si precieux pour I'histoire de la science. Les AUemands nous ont reproche quelquefois d'lg rer et de meconnaitre les Goethe : c'est un reproch M . Martins nous j ustifie pleinement r dont la de de moms po I'avenir. EUe est en effet claire, elegante, fidele, en chie de notes instructives , et telle, j'oserai le di: que Goethe n'eut pu manquer d'en approuver et d plaisir la publication. Oblige d'expr" You^ ave I ici toute quelque tion , pensee, j ajouterai toutefo qu 1 est P assagc dont i'eusse desire une traduc- non pas plus fidel Va vm ;i -i f I i - -rt I \ \ I I i \ r i 1} ft * I \ ! \ / I ■klh ^-M _, ^_. , I -» « M-^ J.J- H n «^. _-.-. km. ^L ^ _i_-r- --.- u »' 1 *» *- 1 f- J ^ > i '■ m '■ r t " I 1 ' 174 TRAVALX ZOOTOMIQUES DE GOETHE. exact, mais plus litterale : pour ma part, et peut- etre cette opinion personnelle de votre rapporteur n'aura-t-elle d'autre partisan que lui, la reproduction de la pensee de Goethe , avec les formes memes dans lesquelles elle a ete concue, ne m'eut pas paru achetee trop clier au prix meme de quelques germanismes. le docteur Martins etait deja connu par plu- M ginaux, justement excellente traduction des OEuvres d'histo par relle de Goethe , il me parait ne pas avoir moins bien merite d'une science qu'il s'apprete , en ce moment meme, a servir plus activement encore par un voyage dans les regions arctiques (i). (i) L' opinion que j'emettais dans ce rapport, il y a pres de deux ans, ' - / .^ --r-r a ete confirmee par Taccueil tres-favorable que la traduction d? M. Martins a recu du public eclaire , non-seulement en France , mais encore en AUemagne. Entre plusieurs temoignages eminemment ho- norables pour M. Martins, je citerai ici celui de M. Nees dEsenbeck, president de TAcademie des Curieux de la Nature. Selon cet illustre savant, M. Martins a rendu a la science un service qu'un etran£;er a la France, qu'un compatriote de Goethe surtout, avait seul le droit de proclamer. Ce service consiste a avoir fait passer les resultats des tra- vaux de Goethe dans une langue qui a le privilege, entre toutes, de fan^e comprendre et de propager les idees nouvelles : Car, dit M. Nees diiiSenbeck, nous ne pomons pas nous dlssimuler que ce iiestqueti francais qu'on est unWersellement et completement compris par tout homme intelligent et eclairL "4 lif b % r »". #-\ t 4 » t ^ 1 VII. CONSIDERATIONS 4H 9 f I SUR LA TJ&RATOLOGIE > 4 i ^- I I I. Les plienomenes de la monstruosite ont fixe I'at- ntion des savants et des pliilosoplies de tons les siecles. Si I'antiquite d'une s chose a son importance reel! quelque droit de faire remonter I'orisiine de la teratologic a une epoque eculee que celle de la zoologie et de 1 elle-meme : Democrite, Empedocle, Hipp Aristote , Pline , Galien , pourraient etre cites ( teratoloeues. Mais des faits dont les con- sequences ne sont pas deduites, et des opinions qui ne reposent pas sur des faits , de simples observations etdes systeraes hasardes, ne peuvent etre justement honores du noni de science; et sans contester ni le nierite ni Tutilite des notions que nous ont transmises un grand nombre d'auteurs , il est vrai de dire que la teratologie est encore, apres tousleurs essais, une (i) Voyez la note de la page 6= '•»« I *'. \ * 4 \s i 1 \ i i i i I 1 I I % ^ ^^wm ff » -r u. ^--1 '-^ t /^ i #^ * n ! I .1 I' u I 1 1 in6 HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. science iiouvelle, une science clont la creation est es- sentiellement due aiix anatomistes contemporains. Avant eux, une multitude de faits avaient ete recueillis ; de graves questions avaient ete soulevees ; des hypo- tlieses plus ou moins satisfaisantes , des theories plus on moins ingenieuses, avaient ete proposees; mais, k quelques exceptions pres, des observations sans au- tlienticite, admises sans defiance et commentees sans discernement ; point de direction philosophique, point de but determine; nul ensemble dans les vues, nuUe liaison entre les resultats dejk obtenus ; en un mot, des essais plus ou moins heureux , de simples etudes , et non des travaux vraiment scientifiques : voila ce qu'on remarque dans la plupart des ouvrages ante- rieurs a notre siecle. Le genie et la science profonde , les vues elevees et Timmense erudition du plus illustre teratologue du dix- liuitienie siecle , Haller, n'ont pas toujours suffi pour prseerver ce grand pbysiologiste lui-meme d'erreurs quepersonne ne coramettrait plusaujourd'hui, et plu- sieurs passages de son excellent traite de Monstris pre- sentent d'une mani^re frappante I'empreinte de I'e- poque ou il a ete compose. G'est que les efforts de Hal- ler, comme ceux de ses contemporains, devaient echouer devant des obstacles alors insurmontables. Le dix pouvait bien preparer les bases de la science , et recueillir pour favenir de ] precieux materiaux; il le pouvait, et il I'a f; et app pas d'aller plus loin. Av q t y i I '1 m * ^1 t INTRODTJCTION. 77 1 \ les connaissances acquises sur les anomalies pussent revetir un caractere vraiment scientifique , avant que la teratologic put etre creee , il fallait de toute neces- site que rembryogenie eut revele les veritables lois du developpement des organes, et qu comparee fut entree dans les voies nouvelles et phi- losophiques ou nous la voyons aujourd'hui marcher avec tant de succes et d'eclat. Cest Ik un fait capital, et sur lequel nous ne sau: rions trop insister, si nous youlons saisir la loi des developpements de Elle est nee apres les autres brandies de la grande science de I ;une eanisation, parce quelle devait empruntei d'elles I'une de ses bases. Elle constitue presentement un dernier progres prepare par les travaux d sieurs siecles , Wis qu'il n'etait donne k aucune epo- que , la notre exceptee , de realiser, et peut-etre meme de prevoir. Telle est en efFet la marcbe constante de r esprit humain. IJne de dan f; J d'une decouverte nouvelle; chaque ■ ^ ^e k son tour dans I'ordre des temps, comme cbaine cliaque. anneau conduit k 1 elles-memes se lient en- subordinat J qui le suit; et les sciences tre elles par des rapport d puis parler ainsi , de filiation , qui apparaissent quel quefois avec evidence, mais que exacte pent seule reveler. r. Ces rapports de filiation , essayons de les demeler de les suivre au milieu des diverses phases qua ZOOLOGIE GENERALE. 12 4 1#. II 1|"11 i 1 ^ ■ *Vw f \ \ S9 I 1 ( i \ ,i \. \ ( .^ ^ J r^ LJ ^ n ^ ** lb 41 S Hi t '» f MISTOIRE DE LA TfiRATOtOGIE. presentees la teratologic ; cherclions k appreciei fluence qu ont exercee siir elles les progres des a sciences de I'organisation , subordonnees h. leur ' _r- idees generales, tour perstitieuses |ihilosophiques , qui ont domine dans chaque epoque Par Ik il deviendra possible de comprendre pour- presque stationnaire pendan iioi la teratologic, plusieurs siecles , a brills tout a coup d'un vif eclat; pourqubi les memes decouvertes ont ete faites h. la fois par jptusieurs auteurs, et sur plusieurs points de r Europe; pourquoi enfin les consequences de faits an- ciennement connus, apres avoir ecbappe pendant 1 temps k tous les anatomistes , sont devenues presque eh meme temps evidentes pour tous. Sans doute , par tette etude curieuse et instructive du passe , il iious sera donne de comprendre mieuxl'etat present de la d periodes ittarquecs par une tendance particuliere des es- pritS', et que je vais chercher k faire connaitre par Ifeurs traits les plus saillants et les plus caracteristi- cjues. Je les designerai dans cet article sous les noms de periode fabideuse , periode posiiwe et periode ■ scient'ifiqiie (i). V. ) r t - (1) Les divisions et les noras que j*adopte ici nont rien de con- tradictoire avec les remarques gexierales que j'ai presentees plus haut (page 8 et page 55) sur la succession, logiquement necessaire dans les sciences d observation, de trois periodes , Tune de confusion, Vautre dGdimion^ et U Uom^niQ ^'association. On va voir, en effet, que I t \i s- 44 + T ^^WP ■*f'^ PiftlODE FABULfiUSi* 11. d L Bes observations vagues , incompletes , recueillies hasard ; des ouvrages ou 1 on voit a peine briller le verite utile au milieu de cent erreurs grossieres ; ; plus absurdes prejuges admis sans hesitatioi e velles preuves apporte sans cesse a le ur appui ; des explications enfantees par la superstition dignes d'une telle ongme : te teres de la periodefahuleuse sont les Cette periode ne se termine pas au temps d'Am- broise Pare, comme on pourraitle coiiclure de remar- ques faites dans plusieurs ouvrages modernes. Tons les travaux , ou pour mieux dire , tons les essais de i'antiquite, du moyen ag / des lusqu du dix-huitieme , doiven pportes a cette longue enfance de la science. L' etude des nombreux ouvrages publics dans 1 I 4 * - I 3k\ \ \ \ Ir /, I la teratologic a ete d'abord confondue avec les autres sciences, a eu ensuite ses observateurs speciaux , puis enfin s'est associee avec ces memes sciences au milieu desquelles elle etait confondue a son origine. Les trois periodes que j'ai distinguees plushaut pour la zoologie, pour- raient done Tetre aussi pour la teratologic, et la meme formule gene- rale est applicable a Tune et a I'autre. Si j'ai admis dans cet article des divisions fondees sur d autres considerations , c'est parce que j'ai du me proposer ici pour but , non detablir une uniformite qu il suffit de constater au point de vue philosopliique, mais d'adopter , dans Texposition des progres successifs de la teratologie , I'ordre et le plan le mietiit approf ries a I'histoire particuliere de cette science. { K J i 1 > i \ II ■fi .--•^ * " "dr _ -J'J' _. J . ^ ^ ^m U) / I A^ i 1 ^ ^ \ i! J ' * 80 mSTOIRE DE LA TERATOLOGIE. de cette periode , si elle excite soi •, V riosile et meme retonnement , est rarement instruc- ' L tive. On ne saurait sy livrer sans eprouver une im- f jion ;le reeret , a la vue de pressi d'efforts faits en pure perte. Et meme, ce n'est pas la philosopliie seule, c'est aussi la morale qui gemit des erreurs vers lesquelles la superstition a si longtemps Je presenterai de y Lien que levulg arques , d'aborc V les faits, puis sur les idees et les expl dm A regard des faits, le caractere leplus remarquaLl de cette period que rappelle lequel je Tai designee, est Taveu^le credulite de gues. i)ans dans le dix-sep tieme siecle, et meme encore au commencement d fausses pi pparences ou par un bruit populaire, n'avait pas f; paradoxal, un pi qu iJs etaient admis pa avec d'autant plus d'emp Js, et toujours qu'ils devaient paraitre plus incroyables. On eut dit qu'alors la science avait pour but la recherclie , non du vrai , mais du Souvent meme, lorsqu'un auteur avait ■' monstrueux, une de ces designa- donne, d etre gues qu d e c pt ses successeurs ne se faisaient aucun scrupule d giner, dapresces seules et insuilisantes donnees figuie que tons les ouvruges ulterieurs reproduis m i 1 -4 ! ^ 1 .1 I I i PERIODE FABULEUSE. l8l mie authentique. II n'est pas jusquaux monstres dans I'antiquite dont la figure ii'ait ete parfois con- ite sur quelques mots vagues de Tite-Live, de Valere-Max ■S de quelque autre auteur d tifique. De Ik toutes ces fan lies , tous ces fi mbres de cliien.de niouton, d d'oiseau, de licorne meme, ces monstres faits k I'image du diable, ces centaures, ces dragons, ces sirenes, dont tous les anciens teratologiiesont rempl" 1 dans une epoq pi ent k grand pas dans la voie du progres. II est presque inutile de dire que les explicatioi de ces pretendus faits n'avaient pas une valeur pli scientifique . La cause la plus generalement assignee des monstres, c' est la volonte de Dieu, soit qu'ils fussent destines a attester par I'etrangete de leurs formes la puissance sans limites du Createur, soit surtout qu'ils fussent envoy es comme preuves de sa co- lere et comme presages des calamites publiques. Au- cune verite ne fut jamais crue plus fermement et plus universellement que cette derniere et deplorable er- reur. Ontrouve, en un grand nombre d'ouvrages, des maximes ou axiomes tels que ceux-ci : ^ Po'Hendit iram qiiodlibet monstnim Dei. Monstnm omne belli tempore extal crelrms. Une autre cause encore , tres-generalement assi- gnee k I'apparition des monstres, est I'intervention , V k 1 'J 1:1 ** f! i ^ I \ j I t r i #: -^ fc' l^it ^0' ^ t *4lp m # «to JT'f * * i 4 '7 182 HISTOIRR DE LA TERATOtOGIE. ou, selon I'expression consacree ^ cette epoque, /'o/?c'- ration da demon , ce principe du nial presque tou- jours place apres Dieu , par un accord singulier de la superstition grossi^re des peuples , de la plupart des religions , et de Ja pliilosopliie d'un grand nombre cje sectes. Tantot , disent les anciens teratologues , le demon fait glisser dans la matrice des causes de monstruosite ; tantot, au moment meme de la nais- sance, il substitue an foetus un monstre apporte d'ail- leurs; parfois encore, il fascine les j^eux des specta- teurs, et fait paraitre monstrueux un enfant qui, eri realite , est bien conforme. r Enfin les exemples ne manquent pas de monstres p attribues k des unions adulteres entre Tliomme et la brute, par de deplorables prejuges que des malheu- de debauches invraisemblables expies dans : plus d'une fois payes de leur liberte les supplices, Les anciens terc^tolo- gues, par exemple , n'hesi tent pas, d'apres d'absurdes traditions populaires^ a assigner pour bisaieul a Sue- con, roi de Danemark, unhomme tout velu^ fds d'un ours. Licetus lui-meme regarde ce fait et plu- sieurs autres analogues comme si bien constates, qu'il s en autoiise pour admettre comme vraisemblable la fable du Minotaure et forigine assignee par les haines populaires h Attila, fils d'un chien, selon quelques anciennes cbromques. On ne s'etonnera pas que, domines par de telles croyances, restes des superstitions du moyen ^ge^ les •T ti^ I I / A :^^.i i H -m "r I » \ piRIODE FABUI.EUSE, 83 auteurs ^u dix-septieme siecle approuvent presque unanimement la barbarie des lois grecques et romai- qui condamnaient a mort les enfants aflPectes de monstruosite ou d'herniap^^^^^^^"^® pitie pouvait-on ressentir pour des etres 4ans lesquels pn yoyait les messagers de la colere divine, les produits de I'operation du demon, oules fruits d' unions coupables, de profanations grossieres et degoutantes de la dignite humaine ? Mais ce qui pourra paraitre singulier dan^ le siecle eclaire ou nous viypns, qest de voir, dan§ quelques ouvrages dw temps, pes lois, non moins ab- surdes que cruelles, justifiees par de pretendues coiif giderations pbilpsopliiques. II est aussi inipp^^ible de nepas eprpuver quelque surprise, Iprsqu'on voit Jean Riolan lui-meme, homme vraiment superieur k son eppque , etablir, comme une nouveaute bardie, que I'pi:^ peut sfijiispenser de faireperirles sexdigitaires, lesin- diyidus k tete disproportionnee ,les geants et lesnains, et qu'il guffit de lesreleguer loin de tons les regards. Ainsi Riolan , en leur faisant grace de la vie, les exile du moins de I derobe des prejuges et de h superstition qui pesent sur ses eontemporams III. y %* Dans la serie des ouvrages qui appartiennent h cette longue et deplorable periode de la science, on est beureux d' avoir, Hen rarement sans doute, k reposer imp veritable son esprit sur des ecrits empreints d \ /■ rt I 1 J f* ^ I A I ■ I *^^- -L_ __ ,.^ _^ f f i 1 ■f T^ ft^ *1 •f. I \ *'1bk ^ « m 1 84 « F HISTOIRE DE LA T^RATOLOGIE. philosopliie. A toutes les epoques il a existe des liom- mes qui ont fait mieux, et d'aiiti es plus mal que leurs contemporains. II ne me serait que trop facile de citer desauteurs qui,eciivant au dix-neuvieme siecle ppartiennent tablem r encore a la premiere periode dont ils ont conserve la maniere vagui , en grande parti meme correcte, inexacte, et pr^juges. En revanche, plusieurs ecrits, quoique ap partenant par d la premiere periode rapportent veritablement par leur esprit a la seconde , quelquefois nierae h la troisieme. Je puis citer pour exemple un passage que Montaigne ecrivit vers 1 58o, il I'occasion d'un monstre double, d u g heteradelplie, qu'il avait eu occasion devoir vivant( Les phrases dans lesquelles Montaigne resume ; ;s sur les etres anomaux, peuvent encore au- nui etre adoptees comnie le resume philoso- phique de la teratologic : on s'etonne , en les lisant jourd de voir exposees dans Ian g « • d u temp d'Henri III des idees que Ton peut aujourd'hui ap peler toutes nouvelles , et qui meme commencent peine a avoir droit de cite dans nos ecoles. Voici le propres expressions de Montaigne : Ge que nous appelons monstres ne le sont pas Dieu qui veoid en I'immensite de son ouvrage I'infi nite des formes qu'il y a comprinses (2).... De sa tout (l) Voyez Essait, livre II. chap. xxx. (a) . Et est a cvoire, ajoute ici Montaigne, que cette figure qui nous ( «1 f f \ L I I 4< \ 1S. '^^ __£_ * ^ i * I I < I I PERIODE FABULEXJSE. i85 gesse il ne part rien que bon , commun et reg mais nous n'en vovons p la Nous appelons contre nature ce qui advie coustuoae: rien nest que qu el >n universelle et naturelle I'estonnement que la nou- qu'il soit. Que cette rais cliasse de rious I'erreur et vellete nous apporte (i). » En pensant que des idees si vraies, si judicieuses, ont ete concues et^ exprimees avec cette lucidite des i58o, je ne sais en verite sije dois davantage admirer la puissance ou deplorer la faiblesse de 1' esprit liu- niain. II est beau de voir un auteur du seizieme siecle s' el ever par les seules forces de sa pensee k d'aussi hautes conceptions; mais il est triste d'avoir k ajouter que la raison publique a eu besoin de deux siecles et demi pour parvenir pas a pas a la reinvention et a la demonstration des memes idees. \ estonne se rapporte et tient a quelqne aultre figure de mesnie genre incogneu k riiomme. • Cette phrase est'laseulc, dans le passitge en- tier , qui n'exprime pas une idee completement exacte. (i) La phrase suivante du Novum organiim de Bacon ( hvre II, S XXIX ) est moins remarquable , sans doute , que le passage de Mon- taigne ; mais elle renferme une idee qui a echappe a Fauteur des JEssaU : « Qui enirn vias naturce iioverit y -is deviationes etiam facilius L obsermhit. At rursus ^ qui de\>iationes noverit ^ is accuratiiis s>ias des- cribet, » ^ Le savant traducteur du Novum organuniy M. LxsAh^z{ OEuvres , torn. V, p. 287, note), attribue aussi a Bacon la pensee suivante : « On peut regavder ce qu on appelle un monstre cainme un assemblage ex- traordinaire de choses ordinaires , comme une espece de quine. » Cette pensee , un peu bizarre dans T expression , mais vraie et ingenieuse au fond ne se trouve nuUement exprimee dans le texte originaL i V i i \. h 1f1 \^ J L \ I } ■tT^ - ■^^^m ^ ■- -h h ^ ? t t t M I *i-ir f» * ^ I 86 inSTGlUE DE LA TERATOLOGIE IV. Dans la seconde periode, la teratologie perd le ca- ractere merveilleux et mystique quelle avait revetu dans la premiere ; elle devient positive. Ainsi s'opere r ^ la transition des fables du premier Age aux conceptions scientifiques et pliilosopliiqiies dela periode suivante. Dans le cours de ceLte periode, qui comprend en- viron la premiere moitie du dix-huitieme siecle , la teratologie offre dans son ensemble satisfaisant : les progri^s vers le bien sont evidents. Sans doute de fausses explications exercent encore une fAcheuse influence sur Jes liommes les plus distingues de ce temps ; les prejuges du siecle prece- dent n'oiit point ejicore entierement disparu de- yant cet esprit d'examen et de sage critique qui forme Tun des caracteres de Tepoque suivante : mais deja liniportance de robseivation comnience k etre comprise , et im grand nombre de faits sont recueillis avec soin et exactitude. A la verite, la plupart des anatomistes qui se livrent h des recherclies sur les monstres, y sont portes moins par un veritable sentiment de I'utilite de leurs etudes nouvelles, que par un interet ne de la curiosite et de ce gout pour la nouveaute qui est si naturel l\ I'liomme. Habitues h la yue de certaines formes , n'apercevant pour amsi dire dans tous les individus d'une meme espece qu'un seul et meme individu, ils s'etonnent k fapparition de ces formes insolites, de ces combi- \ i i I t / / ♦ PERIGDE POSITIVE. r87 jiaispiis inattendues qu'il leur arrive quelquefois de rencontrer. Bientot de Vetonnement ils passent a n spectacle tou^ ^ ^ d r et notent avec empressement Hnteret : ils se complaisent da nouveau pour eux, les anomalies qu' ils pbservent La science , qui pr ofite d point , comme on le voit , le but el. De tels obser point animes d'un zele scientifiq Leurs leurs plaisirs sont ables h ceux qu'eprouve, en anivant dans des gnes escarpees percevant de lui des traces de bouleversement , le voyageur qui long temps n'avait eu sous les yeux que le spectacle beau , mais un pen monotone, d'une tranquille vallee. A I'aspect de cette nature des montagnes , au milieu de ces immuables monuments du monde primitif , de I'habitant des villas ne peut se defendre d une genre de sensations , de jusqu'alors inconnues , nait pour lui de la contempla- tion d'un tableau dont la magnificence surpasse telle- les merveilles des Mais qu'il y a loin de ces impressions vagues , fugitives , de cette admi . ration sans resultat , aux 1 dans lesq le meme tableau entraine la pensee du geologue! Lui aussi , il admire ; mais , de plus , il comprend , il s'ex- plique le spectacle qu'il a sous les yeux ; il y puise une instruction profonde : chaque site noiiveau , cba- que accident de terrain bii revele un fait de I'histoire de la creation ; et quelquefois mei>ie , lisant le passe « m\ i ■II i I '/ ^! n I I I u ri' ♦ i ■f i I )' / i \ i^.-^.u^-. ^ ^ kJ .b_i ^^ ^-^4 ^1 *^ V f . f Ki Ifl f « '^ iK # 88 ^ ^ HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. ^ dans le present , i! se reporte vers ce monde antique qui a precede I'homme de tant de siecles , et assiste par la pensee a la formation de ces debris gigantesques de I'ancien ordre des clioses. Dans la seconde periode , si les monstres ne sont plus des objets d'epouvante , ils ne sont done point encore les sujets d'etudes vraniient scientifiques : les sentiments qu'ils inspirent aux anatomistes, sont ceiix d'un interet et d'une curiosite vagues ; et si des resultats positifs et utiles sont des lors obtenuSj c'est parce que les auteurs qui cultivent la teratologie, soiit des anato- qu ils portent dans Tobservation d ['exactitude liabituelle et Tesprit se e , dej^ si avancee k cette epoque. c le 4 ■ Parnii les travaux de la premiere nioitie du dix- huitieme siecle, il faut distinguer toutefois , comme faits dans des vues plus reellement scientifiques, et placer hors de rang ceux de plusieurs mem- bres de r Academic des sciences de cette epoque, Mery, Duvernej, Winslow, Lemery, Littre, et de quelques autres anatomistes francais et etrangers. Non- seule ment on trouve dans les ecrits de ces liommes justement celebres des faits bien observes ; mais des remarquesjudicieusesen font presque toujours ressor- tir 1 interet, et dejk de yives attaques, dirigees contre les anciens prejuges, attestent un progres rapide vers la verite. Aux explications des plienom^nes de la I, (- \ I m [ I PERIODE POSITIVE 189 monstiuosite admises par la superstition de I'epoque precedente, on cLerche a substituer des theories qui s'accordent avec les faits et que la raison puisse avouer. Les causes de la monstruosite occupent sur- tout vivement les esprits ; beaucoup d'erreurs sont admises, car les faits sont encore trop peu nombreux pour que ces premiers essais puissent etre heureux; mais, du moins, on reconnait que la plus grande diffi- si les etres si I'anomalie Winslow surt ano culte reside dans cette question : maux sont originairement tels , ou acquise, accidentelle. Lemerj et consacrent k sa solution une suite de memoires im- r" portants, et commencent avec eclat, au sein de 1' Aca- demic des sciences, des debats (i) qui ne sont point encore entierement terniines de nos jours. Enfin, au H milieu de ces efforts pour embrasser dans une theorie les faits de la monstruosite , on commence aussi k soupconner I'influence heureuse que leur etude peut exercer sur les sciences d d'appl peu ; anatomiques ; et meme , quel physiologic sont faits epen d un succes reel. Ces tentatives plus ou moins heureuses attestent au moins dans leurs auteurs un amour vrai de la (1) L'influence que ces debats academiques ont exercee'sur les pro- gres do la teratologic , a ete telle que j'ai cru devoir consacrev a leur histoire et a I'examen des arguments produits de part ct d'autre, un chapitre presque enticr de mon Histoire generale des anomalies, \oyez t. Ill, p. 473- - T ^ - I A \ % i L ^«. H k ■^^J h J ■ ■ i f i <" n I J i ' ^rA^ i r *lf * t * M •»! 1 fft4 r> !¥ 190 HISTOIAB Dfi LA tBRATOLOGIE. etudes •giques at reflechi de riitipdrtance des , et par elles un lien intime se trouve etabli entre les reclierclies des isavants acade- miciens et celles doiit il reste & tracer le tableau. ' VI.' ' ■■ F L Apres des travaux qui n'avaient rien de scientifique ni dans leur but , ni dans leurs moyens, ni dans leurs resultats , nous venous de voir des travaux nes quel-. r quefois d'un interet de curiosite, mais cependant utiles k la science, ou, en d'autres termes, scienti- fiques dans leurs moyens et leurs resultats , quoique ne I'etant pas toujours dans leur origine et leur but. Dans la troisieme periode , sauf quelques exceptions rares et peu honorables pour leurs auteurs , nous ne trouvons plus que des travaux entrepris aussi bien qu'executes dans les vrais interets de la science. Les faits sent recueillis avec plus de soin encore que dans la seconde periode, mais surtout leurs consequences- sont mieux deduites, leur valeur est mieux sentie. L Le commencement de cette periode, justement nommee scientifique j est marque par la publication de I'excellent traite de Monstris de Haller ; ouvrage dans lequel I'auteur, faisant un resume fidele et lu- cide des connaissances de cette epoque , montre, avec une science profonde et une immense erudition, un F esprit de sage critique inconnu avant lui. L'influence de ce liyre sur les progres de la terato- logic fut tres-grande. On pent dire que, par lui, Haller f \ \ F \ I I m * I I J PJSRIODE SClENTiFIQUM. 9 renouvela la science des anomalies, comme plus tard il devait renouveler, par ses Element a, la physiologic elle-meme. I I €e n'est pas , a vrai dire , que Haller ait beaucoup ehriclii la science par les resultats de ses recherches propres. II se montre bien plutot, dans son traite de Monstris , savant et habile comnientateur qu'auteur original. Les observations nouvelles qu'ii y a consi- gnees , les descriptions anatomiques dont il I'a enri* chi, et qui sont autant de modeles du genre, sont sans nul doute et seront toujours pour la teratologic. Mais la n'est n cipal de Haller , ni surtout le secret de son immense influence sur les progres ulterieurs de la science. Le progres capital que Haller accomplit , c'est la dis- tinction faite , avec une surete de j ugenient que Ton ne saurait trop admirer, entre les erreurs et les verites d'uri grand prix le merite prin- qui composaient, j dirai pas le le chaos des connaissances de cette epoque. Le la separation du vrai et du faux une fois ope- ree, ia teratologic se trouva tout a coup entraves qui s'opposaient h son avancem science des siecles anterieurs fut eca La fausse le vrai savoir nut commencer k pour j en ceuyre. II faut bien remarquer en effet, que, jusqu'a Haller, par cela meme que la science etait pauvre, il lui etait difficile de tirer parti du peu quelle possedait. Les observations etaient eparses dans plusieurs recueils pu- •* *- % f'-t I I # ^ I ^ <4 t n _ - L^ Wf — I - w Im ^ I j H» ttH 1; ^ %. m^ i r ■ i4 I i V J 9 HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. « blies en diverses langues et dans difFerents pays. Lors- quedes faits nouveaux etaient annonces, il etait done fort difficile de trouver des termes de comparaison , et par consequent, de se procurer desmoyens de verifica- tion pour des faits qui , ci cause de leur nouveaute et de ;ur interet meme, ne pouvaient etre admis tantqu'il 3stait la moindre place au doute. Aussi , tandis que les uns acceptaient pour vrai ce qui ne I'etait pas, les meilleurs esprits rej etaient sans hesiter les resultats des observations les plus positives : cliacun se decidait a peu p fait riques. Comn aujourd'liui en d dmettait branches des sciences physiologiques , on i ce que Ton croyait pouvoir expliquer par les hypo- theses regnantes , et Ton rejetait ce que I'onjugeait inexplicable. C'est ainsi, pour citer un exemple remar- quable, qu'un anatoniiste italien, Yogli, ayant public la description cVun nionstre aceplialien et signale Fab- d V ne pouvant concilier un tel fait avec les idees embrjoge- niques alors admises , prit le parti de le declarer faux. Cependant deux anatoraistesdistingues avaient assiste ^ la dissection, et confirmaient Tassertion de Vogli. Mais que pouvaient ces temoignages contre la convic- tion du sceptique Vallisneri ? Get lionime si difficile h convamcre, cautiis homo et difficilis ^ comme Tap- pelle Haller, se serait au contraire aussitot rendu , s il eut pu savoir que deja plusieurs faits analogues etaient consignes dans les annales de la science. I \ I m * I ■v ■ PERIODE SCIENTIFIQUE. 193 ^»^(^% h 1 n VII. Ik \^ i M ^ de J On comprendra , par cet exeniple mieux que par longs devcloppements, le service que Haller rendit a teratolosie, en faisant le releve des faits connus de I ^ temp en I dans son ouyrag : f^ itm ^ m 'I I n ■ } n I I PERIODE SCIENTIFIQUE. igS ment c!e I'anatomie, soit avant I'epoque de Haller, soit meme apres la publication de son ouvrage. II est h imarquer, en eff c 'est la un point histori que tres-digne d' attention , qiie la teratologic ^e par les anatomistes les plus distingues de 1 epoques, est arrivee presque jusquk nos jours sans avoir rendu a I'anatomie aucun service reel signale ; car on ne pent regarder comme ayant une ande influence sur les prog de cette der- les secours indirects que 1' etude des anomalies a pu lui preter en contribuant aux progres de la pbysiologie, ni les faits noml^reux, mais to uj ours ste- riles et sans resultats, que les auteurs avaient eonsignes dans leurs ouvrages. Ges faits , riches et precieux ma- teriaux , renfermaient sans doute le germe de decou- vertes importantes ; mais ce germe ne pouvait se de- res scientifique le feconder ; et ce progres, c est presque ses de nos jours ilopper que lorsqu'un grand pro echerclies entrep par quelques auteurs francais et allemands qu'en doit etre rapporte I'honneur. I VIII. 1. Les recberches que je rappelle ici, quoique etran geres par leur point de depart a la science des ano- malies , signalent pour elle une epoque memorable. Je dois faire connaitre en peu de mots le but ou elles tendaient , et I'esprit qui leur avait donne naissance. Harvey et les auteurs du dix-septieme siecle, Haller I' / 'i I t \ ^ I i ^ » » ^_ > •iSi^ . %> ^ ^ ^ t » ^ Ki 4 4 «» Hi t)4 n£ ** r flP /, 196 HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. I et ceux clu dix-huitieme , s'etaient occupes avec un immense succes de I'liistoire anatomique de I'homme. r e On put croire un instant, au commencement de xiotre epoque , que la science etait aclievee , et qu'il lie restait plus qu'k glaner peniblement dans un champ ou tant d'liommes distingues avaient preleve r de si riches moissons. Mais , des la premiere annee de notre siecle, Bichat cree une anatomic nouvelle ; et , vers la meme epoque, la zootomies jusqualors simple collection de faits , s'enrichit de theories ^ prend un caractere philosophique ^ et s'eleve au rang des sciences. Aingi ^ presque en meme temps , s'ouvrent deux routes ilouvelles vers la connaissance de Torga- jiisation , et Hentot d'habiles observateurs se signalent dans Tune et dans rautrepardebrillantesdecouvertes. De tels succes devaient en «Qfanter d'autres. En- courages par Texcraple , entrames par la vive impul ^ion que tant d' efforts ont imprimee k lanatomicj ^uelques hommes , doues d'un genie vraiment crea- teur, veulent sortir de ces voies si nouvelles encore, mais qui dejk ne leu'r suffisent plus, lis comprennent que d'autres sciences , fondees sur Tetude de Torga- jiisation , peuvent encore ctendre Ic domaine de Fes- pritlmmain. Les faits sont deja connus et coordonnes; leurs rapports prochains sont deduits et apprecies; mais ces faits et ces rapports dependent de lois generales qu un voile epais couvre encore. C'est ce voile qu'il importe de soulever. Bientot des observations sont faites dans un nouvel esprit. Les faits dejh connus r \ / \.^ K i I I PERIODE SGS^NTIFIQUE. I 97 epris et etudies avec soin ; une metliode puis- sante leur demande et en obtient des consequences a auxquelles personne n avait jamais songe. L'homme k rembryon; puis les animaux adult compare compares k l'homme adulte et a 1 naissent deux de cette double comparaison , fa d'idees neuves et philosopbiq branches dont I'existence etai't k peine soupconnee ilya vingt ans, et qui, aujourd'hui, dominent la anatomiq 1 L'une nous revele les veritables lois des format orgamques 1 embrasse dans leur immense tendue les faits g 4 de I'organisation animale consideree dans toutesles especes et dans tous les ages; toutes deux nous font de precieuses revelations sur r essence des organes , sur la composition intime des appareils. L'une nous fait assister a leur creation ; I'autre les decompose par une savante analyse, et nous montre des elements partout identiques, disposes 1 des regies invarialjles. Des lors , rembryogenie placee sur ses veritables bases , et ranatomie phi selo losophique m\ ir J, i % « f f ^ -■^h » r J J IX. I I Nous venons de voir ces deux sciences nattre de 1 ana- les generale et de. I'anatomie comparee , telles que aient faites Us premieres annees de notre sihcle aliens les voir donner a leur tour naissance k i P I f I V \ u ti I t*« t I !l >^j^~ 4i M ^F*--' « a \ \ fl M- H \ ^% M A i! .IIS I ^\ K y \ 198 HISTOIRE DE LA TJ^RATOLOGIE. teratologic. En effet , dans la marche constamment progressive de I'esprit humain, une decouverte a prescjue toujours une double valeur : importante par elle-meme, elle Test encore paries decouvertes quelle pfomet a I'avenir, et dont le germe , cache en elle, se developpera tot ou tard. Ainsi , un succes obtenu est un pas vers de nouveaux succes : plus nous savons, et plus il nous est facde d'apprendre encore. L'anatomie philosophique , par la theotie de lu- nite de composition organique , nous avait niontre les animaux composes de rnateriaux toujours senibla- bles et toujours disposes suivant les memes lois ; elle ijous avait fait apercevoir, entre les etres des degres r ^^^ les plus eloignes de Techcile, des rapports curieux et inattendus ; enfin elle nous avait appris a ne voir, pour ainsi dire , dans tons les animaux d'un nieme enibrancliement , qu un seul et nieme animal, et a distinguer, au milieu des diversites infmies qu'j in- troduisent le sexe, Fage, Fespece, ce fond commun dont la nature, fidele k Tunite, ne' consent presque jamais a s'ecarter. Ces idees grandes et ingenieuses appartiennent essentieliement a notre epoque ; les travaux contemporains en ont seuls donne la demon- stration (i), quoiquelles eussent ete pressenties et admises par avance sur de vagues observations par (i) Voyez plus haut la cinquieme Addition a mes Considerations Jus- ioriciices sur U zoologie, p. 84. I lit i\. '• i i PERIODE SCIENTIFIQUE. 199 Aristote et par quelques modernes ( i ), et quoiqu'on eut pu au i)esoinles concey oiv a p rio ri ; car, sile createur ? un seu est un, pourquoi la creation ne serait-elle pas une La possibilite de ramener les monstres au type commun etait une deduction necessaire et facile , un corollaire indispensable de la tlieorie de I'unite de composition organique. Lorsqu on reconnaissait que des classes enti^res du regne animal sont etablies sur 1 et meme type , il devenait difficile et presque absurde d'admettre Texistence de plusieurs types dans une seule et meme espece. Cependant il ne suf- fisait pas d'etablir theoriquement un fait aussi impor- tant ; et d'ailleurs, la doctrine naissante de 1' unite de composition , bien loin de pouvoir servir de base a dautres theories, reclamaitelle-meme encore denou- velles preuves. L'anatomie philosophique ne devait done que poser la question . Une solution fut deman- dee a I'embryogenie, et celle-ci repondit par la theo- rie de turret du retardement , ou mieux et d'une maniere generale, des inegalites de developpement. La creation de cette theorie sienale une epoque importante par elle-meme , et plus importante encore par les progres rapides quelle annonce et prepare pour I'avenir. Jusqu'alors on n avait vu dans les phe- nomenes teratologiques que des arrangements irre- guliers, des formations bizarres et desordonnees ; .' **- (1) Voyez la quatrieme Addition^ j). 68 % m[ 1% » i 1 r .J i 'i r-u *l t« f f I. I' - ' -J w 1 I \ m ^ f \ m ' i< « :i 200 HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. vain spectacle par leq la prenait pi a se jouer des observateurs en s'affranchissant de ses lois ordinaires (i). La theorie des inegalites de developpement montre enfm le vide cache sous de telles explications. Elle fait voir que jusqu'alors on s'etaitpaye de mots, et qu'on avait delaisse les faits. A I'idee d'etres bizarres, irreguliers, elle substitue celle plus vraie et pi philosopbique d'etres entraves penients, et ou des organes de I'age embrj conserves jusqu'k la naissance , sont venus s ganes de I'^ge foetal. La monstruosite n'est pi dans leurs develop V ^ >in desordre aveugle , mais un autre ordre egalement regulier, egalement soumis a des lois ; ou , si Ton veut, c'est le melange d'un ordre ancien et d'un ordre nou- veau , la presence simultanee de deux etats qui , ordi- ^ I nairementj se succedentFun a Tautre. Des ce moment, les faits teratologiques sont lies entre eux; leurs rapports peuvent etre saisis; leur valeur est comprise; un avenir fertile en succes s'ouvre devant les obi veritable science des il existe enfin une , et nous emploie- ronsa lavemr, a juste titre, cette expression adopte dejk par anticipation , et faute d'un terme plus exact En eftet , I'ingenieuse theorie des inegalites de deve (1) Ludibria sihi , nobis miracula ingcniosa fecit natura. Cette phrase -_ I 1 . * i t f . \ t •m Mi I ■) 202 IIISTOIKE DE LA TERATOLOGIE. pliique Btudiee sous un point de vue neuf et phi , et sous rinspiration de la belle theorie du developpemeni centripete^ revela une loi impor- tante a I'aide de laquelle les monstruosites par exces peuvent etre, a quelques egards, rapportes k leur cause prochaine. Lorsqu'un organe est double , le tronc ou la brancbe vasculaire qui le nourrit, est double aussi , de meme que Tabsence d'une partie est liee necessai- lenient a celle de son artere. Cette loi , simple, et en apparence facile k deduire, est cependant d'une liaute importance pour la science; car elle pose \x la monstruosite des bornes certaines et necessaires , et nous explique pourquoi toutes ces crea- tions desordonnees , tous ces assemblages bizarrcs que + nos peres s'etaient plu a imaginer , ne se sont jamais realises pour nous. X. L'epoque memorable dont je viens de retrac er I'es- prit et les succes, est toute moderne; c est a elle que se rapportent la plupart des travaux contemporains. Cependant J une epoque plus recente encore peut etre admise, et doit maintenant nous occuper. Ame- nee par la tendance nouvelle des esprits, preparee r surtout par la theorie des inegalites de developpe- ment , elle devait la suivre de pres. • Imitant r exemple heureux de la physiologic et de ranatomie, la philosophie naturelle et la zoologie viennent a leur tour apporter et demander des lu- / ; . r ^ m-- ■ t -I '- 4Mi . I I PEillODE SCIENTIFIQUE. 2o3 r mieres, h la science des monstruosites. Les etres ano- niaux d'apres la theorie de I'arret de developpement , pouvaient former une serie comparable et parallele a la serie des ages de I'embryon et dii foetus. Celle-ci h son tour, d'apres de nouvelles et profondes recher- che s pirees par philosophiqu etait parabl la rande serie des especes zoolo giques De la decoulait un rapprochement naturel deg divers de la monstruosite et ceux de I'echelle animale. De la resultait la demonstration pletede cette proposition deja enoncee , que desordre aveugle , mais un ordre cu lier soumis a des regies constantes et pre parti cises. Enfm, une troisieme et non moins importante consequence, c etait la possibilite d'appliquer k la classification des monstres les formes et les principes des methodes linneennes. C'est en efFet ce qui a ete avec un veritable succes par mon pere P et le entrepris avec un veritable qui a donne a la fois les p premier exemple, et ce que d'autres ont continue de puis avec perseverance. L'entreprise difficile de pour les classification vraiment natu- r eile , de substituer une methode vraiment satisfai- aux anciens systemes , est sans doute loin d'etre -^ i nee ; mais il est permis d'affiimer que la tera- le est aujourd'hui plus voisine que la zoologie de ce but , que ni Tune ni I'autre ne saurait au reste atteindre completement. \ » V \ y^ I I m t L I f Y {. V i r V I \ fir ■^ — 1_ -■ - H ■ ^ ■ -^- _ ■1 .^ f 204 MISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. / XL i" I ;» 4 ^i L^ L It. m t»*i Enfin , il me reste , pour completer ce tableau de la marche et des progres de la teratologie , h. signaler une loi generale dont la decouverte est toute recente encore, mais dejk etablie sur des bases trop solides pour qu'il me soit permis de la passer ici sous silence. Plusieurs anatomistes de diverses epoques, se livrant r k I'examen de quelques cas de monstruosite double, avaient ete frappes des rapports remarquables de si- tuation et de connexion qu ofFraient I'un a I'egard de I'autre les deux sujets reunis. On les trouve , par exemple, nettement exp rimes dans les deux vers suivants, que j'extrais d'une longue piece compo- see h. I'occasion d'un monstre double ne a Paris I ' en 1760 : I Opposita oppositis spectantes oribiis ora^ Alternasqxie manus alternaque crura pedesque. Mais c'est dans ces dernieres annees seulement qu'on a accorde toute I'attention dont ils sont dignes a ces rapports de position, et que cet esprit pbilosophique et generalisateur qui forme I'un des caracteres emi- nents de I'epoque actuelle, a conduit a puiser dans leuretude un resultat de la plusgrande importance. La regularite de la disposition que presentent entre eux deux sujets reunis , n'estpas, comme I'ont cru quel- ques auteurs, une circonstance rare, individuelle , csracteristique pour certains monstres , et les rendant I \ m X r \ \ \ \ *A i .i > ^ / PERIODE SGIENTIFIQUE. 205 remarquaLles entre tous les autres; mais, d'apres les travaux de mon pere, elle est constante , com- mune k tous, et se rapporte a un fait de premier ordre qui d sa haute g quelque sorte, corome ses corollaires , tous les autres faits de riiistoire de la monstruosite double. Les deux sujets qui composent un monstre completement ou partiellement double , sont toujours unis par les fa- ces homologues de leurs corps , cest-k-dire opposes cote k cote, se regai encore , adosses Tun k I'autre. Chaque partie , cbaqi organe chez Tun correspond constamment k une pa :lant tuellement bien gane similaire cliez 1 Chaq seau, cliaque nerf, chaque muscle, place sur I'axe d'u- nion , va retrouver, au milieu de la complication ap- parente de toute I'organisation, le vaisseau , le nerf le muscle de meme nom , appartenant a I'autre sujet comme, dans I'etat normal, les deux moities primitive- distinctes laterales d organe unique liene raediane conj oind elles deduire. Ainsi de leur formation et de leur developpement. Ces faits generaux, tres-importants par eux-mei ne le sont pas moins par les nombreuses conseq ces qu'on en pent ils confnment de nouveau cette proposition , que I'o ffanisation des monstres est soumise k des lois tre constantes et tr^s-precises , mais ils montrent de pi la Dossibilite de ramener ces lois a celles qui regi 1 / / y n 1 «» ir i P i iiA k i t- , i f\ 'II ** m r^ U" S fir / f »*^^ tf^ 1 ' ft t ih sent 'g HiSTOIKE DE LA TERATOLOGIE. w nisation des etres uormanv i memes lis conduisent a cette consideration tres-curieuse et plifier au plus haut deere I'etude tres-propre J de la nioiistruosite double, que deux sujets reunis sont entre eux ce que sont i'une a I'autre la moitie droite et la moitie gauclie d'un individu normal ; en sprte qu'un monstre double n'est , si Ton peut s' ex- primer plus ou nioins completes, au qu'un etre compose de lieu de deux. La possibilite de diviser les monstres doubles en un n nombre de groupes naturels de diverses va- de caracteriser et de denommer les groupes de la menclat a plus precise k la fois et la plus simple de creer pour les monstres doubles une elle et parfaite regulierc , temps que methoclique et de Tusage le pi 3 est encore Tune des consequences des fai generaux que je viens de rappeler. Enfin r eux que par ordre de considerations , nous voyons pourquoi tou- tes les aberrations de la monstruosite ne francliissent jamais certaines limites; etdesormais il nous devient possible , en parcourant les descriptions et les nom- breuses figures consignees dans les anciens ouvrages quelle combinaison teratologiques , de distinguer nionstrueuse a du reellement qu elle autre Je que le produit bizarre et irregulier d'une supe e ou d'un jeu de 1' imagination, viens d'indiquer les principals consequenc I I i m i I I i PERIODE SGIENTIFIQUE. 207 simi mais seuleme doubles car elle de la Loi de position en ce qui concerne les peut encore recevoir une JDieii plus grande, une im- mense extension. C'est, en efFet, la loi de 1' union et de la fusion des appareils organiques, des organes, meme_ des simples portions d'organes, aussi Men que des in- dividus entiers, C'est encore celle de la reunion normale des deux moities qui composent primitivement tout organe unique et median. Enfm, c'est elle qui a con- duit k examiner, h comprendre sous le point de vue le plus eleve les rapports physiologiques qui existent dans I'organisation entre les parties similaires, et qui a fait apercevoir entre elles cette tendance au rappro- chement et k I'union , cette sorte d'attraction intime, dont la decouverte a ete proclamee par mon pere sous le nom heureusement concis de Loi de Vaffinite de lelle on ne peut mecon- poiir soi] loi dans laq ■d'hui I'un des faits generauxle impo et dej a les mieux constates, qupique 1 des plu dont oloeie. Ainsi otre epoque dernier des faits par la teiatologie , n'est plus seulement une loi teratologique , mais une loi qui domine les faits de I'ordre normal aussi bien que de I'ordre ano- mal, et qui, vraie du re S animal tout entier, nul doute, applicable aussi au reene veg C est , en un mot fait primordial c les les plus universelles que g revele I'histoire des J 3n dotant la grande 41 t f f* I \ 1 1) * J V \ I \ "^t \ \ 1 ^1 s ^m J ' u J^i i 1^ ^"91 w If I p ^ 208 HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. science cle rorganisation d'une de ces verites meres , sources inepuisabies de decouvertes d'un ordre secon- f daire, nous apparait, au terme comme au debut de sa periode scieotilicpe , mais avcc nn succes et un eclat proportionnes ^i son developpement moderne, I'auxi- liaire puissante de la pbysiologie generale. G'est ainsi que , tantot les resultats de I'etude des etres normaux etant etendus aux etres anomaux , et tantot, k leur tour, les consequences des faits de la te~ ratologie etant rendues communes k la zoologie , ces deux sciences ont contracte des liens intimes , et sont devenucsle complement necessaire Tune de Tautre. C'est ainsi que Ton a pu arriver finalement k ce resul- ta t general dans lequel se resument les recherclies les plus recentes sur les anomalies de Torganisation : non- seulement les etres dits anomaux, consideres en eux-niemes , ne sont pas moins reguliers que les etres normaux , et il existe des lois teratologiques aussi bien que des lois zoologiques ; mais les unes et les autres ont entre elles une analogic qui va jusqu'a I'i- dentite absolue, toutes les fois qu'on sait se placer dans la comparaison k un point de vue suffisamment eleve. A vrai dire, point de lois specialement zoolo- giques, point de lois teratologiques, mais des lois generales applicables h toutes les manifestations de rorganisation animale, et embrassant comme au- tant de considerations secondaires toutes les genera- estreintes a un seul ordre de faits. ^ A i 1 ^. ^ RESUME. 509 I \ ■t XII. i L t Arrive ici k la fin de cette exposition , puisque je le suis k I'epoque actuelle , qu'on me permette de re- porter quelques instants mes regards en arriere. J'ai a coeur de faire sentir nettement ce que 1 on n'a peut- etre pas apercu assez clairement k tra vers les details dans lesquels j'ai du entrer, savoir : I'influence de la direc- tion philosophique nouvellement imprimee k 1' etude des sciences de I'organisation , et , en particulier , de recherche difficile , mais feconde, des analoeies sub stitu^e k la simple, mais sterile observation des differen ces. Par ce seul changement de point de vue, tout i / r paru sous un nouveau jour : pour la teratologic ei particulier, la renovation de la m^thode a ete, k ell( seule, plusquun progres ; elle a ete toute une revo- lutio fiq Et d'abord, pour la teratologic consideree eh elle- nieme , les progrfes accomplis sont immenses et e vi- dents. Les anciens auteurs decrivaient les anomalies; ■T ils les mettaient en parallele avec les conditions nor- males ; ils appreciaient , ils mesuraient pour ainsi dire la difference des unes et des autres ; ils s'etonnaient devant elle , si elle etait grande et frappante ; et leur / oeuvre presque accompHe. Dans la nouvelle direction de la science , la connaissance des rapports des etres anomaux entre eux et avec les etres nor- maux devenait le but principal des recherches : des ZOOLOGIB GfiNfiRALE. lWPf^% i I, t I I ^ it I fed « .^ #f ■ ^ -m -J. w t ■ m 2IO HISTOIRE DE LA TERATOLOGIE. I n % tw ■1 »t t^l I lors la decouverte en devint le prix. Des analogies fu- rent apercues, des generalisations furent faites, d'a- bord restreintes a un petit nombre, etd'un faible inte- ret , puis de plus en plus multipliees et plus impor- tantes, jusqu'a ce qu'enfin toutes pussent se resumer dans cette vaste proposition : toute loi teratologique a sa loi correspondante dans I'ordre des faits normaux, et toutes deux rentrent, comme cas particuliers, dans \ une autre loi plus generale encore. Les anciens auteurs tiraient timidement de leurs etudes sur les anomalies quelques corollaires anato- miquesou plijsiologiques; encore etaient-ils le plus souvent inexacts. Les etudes analogiques sur les anomalies ont eu pour un de leurs premiers resul- tats, de faciliter^ de multiplier et d' assurer les ap- r plications pour Fanatomie et la physiologic , et de les etendre k la zoologie. Mais le progres ne s'est pas arrete Ik. Uhistoire des etres anomaux s'est presque faite une avec celle des etres normaux par la simili- tude de leurs bases et de leurs methodes , consequence necessaire de la similitude de leurs lois generales. Les anciens auteurs, enfiuj lorsqu ils voulaient s'e- lever k I'appreciation pliilosophique des anomalies , voyaient , dans les monstres, des etres destines k faire n _ eclater la gloire de Dieu par le miracle de leur exis- tence etrangere aux regies et aux fins ordinaires de la nature. Je dirai volontiers, apres eux, mais non dans le meme sens, que les anomalies nous ofFrent d'eclatantes manifestations de la grandeur supreme I 4 \ r I • % \ \.. \ / RESUME. 211 du Greateur. A la science mode ppartieht non plus de s'incliner, etonnee et admiratrice, devant d apparentes merveilles , mais d'en penetrer le mys- tere ; mais de demontrer I'liarmome et la regularite de toutes les formes , meme anomales , des etres vi- Vants , et de J r de I'unite. de ^ h elle-meme de suhlim ■iabilite, de la maieste di la decouverte des lois generales de iables, raaiestueuses comme leur premiere ^ \ ■J r I \ #* / FIN DE LA PARTIE HISTORIQUE j^ t ' f? 1' i > 4 \ \, % n I f 1 \ \m 1 t m i r h i I i •^ f \ k \ ^ m tn I I f^ ^ & \ r J ■ 1 _ J -m- ^ ^ «IW i TABLE DES AUTEURS CITES D4r«s LA pXrtie historiqde V ■ i H i «« r A. r i I i Albert le Grand. ~ TravauT de compilation , page ig. ALBiNtJs.— Avait quelquefois apercu rintermaxillaire de rhomme, 170. Aldrovande (Ulysse). — Travauxde compilation , 22. AiEMBERT (F). — Pensee sur Tunite de lunivers, 58, Ampere. — Ses travaux sur la philosophie des sciences , 5 et 5i. Ci- tation d'un passage remarquable , 52 Le plan que M. Ampere s etait trace, le conduisait necessairement a des recherclxes sur I'Ms- toire philosophique des sciences, 53 et 54» Anaxagoras. — fitendueetdiversite deses connaissances , 14. Kun des premiers qui aient observe les petlts organes et les parties difficilement visibles des animaux, 26. Aristote.— Etendue et diversite de ses connaissances, i5 et 16.— Haute Aquapendente (Fabrice d). importance de ses travaux en histoire naturelle, i4'^7 Sa supe- riorite sur Pline, 18, — II est encore aujourd'hui, par plusiears de seshautes conceptions, un auteurprogressif et nouveau, 17, 3o. — A pressenti la theorie del'unite de composition organique, 16, 48 Citation d'un passage sur les analogies, 70. — Ses ouvrages tres-im- parfaitement connus pendant plusieurs siecles , 19 et 20. — II ne de- crit point les animaux dont il parle , 102. ~ H a donne quelques re- marques sur les monstres ,175, Athenee. — N'est point un haturaliste, 17- AtGUSTiN (Saint). — Pensee remarquable sur lunite ,71. AusOKE. — N'est point un naturaliste ,17. n fi i ■» k V* f ; / ■ ^tiu\ F^' -\ 214 TABLE DES ATJTEURS CITES B. » *♦ r ^ t --; M f^ Bacon- — Influence de ses preceptes philosophiques sur les travaux des naturalistes , 28. — Passage remarquable sur les monstruosites, i85. Belon. — Caractere et importance de ses travaux zoologiques, 21 et Ses voyages , 22, 29. — Comparaison hardie du squelette de Citation de quelques io5. rhomme et de celui de Foiseau, 22, 69, 71. lignes servant de titre a une figure du squelette humain, 71. BiGHAT. — Createur dune anatomic nouvelle, 196. Blainville (Dugrotay de). — Lecons sur Thistoire de la zoplogie , 7. Idees sur la classification du regne animal , tres-differentes de celles de Cuvier, 148, 149 et i5i. — II s'est occupe de la question deja composition vertebrale delatete, 169. BiuMENBAGH. — A cu Communication des travaux inedits de Goethe , 166. — Considerait labsence de I'intermaxillaire comme un des ca- racteres distinctifs de Thomme , 170. BojANUs. — Goethe serait, suivant lui, Tauteur^de la decouverte de la composition vertebrale de la tete ,170. Bonnet (Charles). — Merite d'etre admire a la fois comme observateur et comme penseur, 4^ ^t 4^- isoNTius. — Utile a Thistoire naturelle par ses voyages , 29. BuFFON. — A ete compare a tort a Pline , 18. — Secours qu il a trouve dans la collaboration de Baubenton, 4i • — Sonexemple invoque a tort contre Temploi de la nomenclature Hnneenyie, 117. — Eclat et grandeur de ses travaux , 29, .3o-42. — Parallele avec Linne, 3i-33. — Elo^e ^ de BufFon fait a I'Academie francaise pat Vicqd'Azyr, 38. —Appre- ciation incomplete par Cuvier, 60.— Le grand ecrivain a longtemps eclipse dans BufFon le grand naturaliste , 37 , 38 , 60. — Goethe et ^' GeofFroy Saint-Hilaire etaient, il y a peu de temps encore, presque les seuls qui lui eussent rendu une complete justice , 37 et 38. — Pu- blication recente de deux articles, Fun de M. GeofFroy Saint-Hilaire , 1 autre deM. Villemain, ou les travaux de BufFon se trouvent digne- ment apprecies, 61 .—Citation de deux passages deTarticle de M. Geof- Froy Samt-Hilaire, 62-65 ; et de deux passages de pelui de M- Ville- niaui , oo-bo. ^Vues hardies de BufFon en anatomic pliilosopliique, 48 Il a le premier proclame avec nettete le princIpe de Funite de composition, 75 et 76. — Citation de deux passages re- ^ marquables ou ce principe se trouve formule , 76 , 78. — 11 a admis, ■ f ^ TABLE DES AUTEUKS CITES. comme I'ont fait depuis Lamarck et Goethe, Taction modiilcatiice du monde ambiant, 167. C. ^ V ijl» i i \ I i i i L Camper (PiKRUE).-Importance de ses travaux anatomiques , 40 et 4^. Ses rapports avec Goetlxe. 166. - N'a point admis 1 exxstenco de Tin- termaxillaire chez rhomxne , 171,17^- ^ V A J- v.4^ oT^T^TPrie les travaux botaniques de Candolle (de). — Adignement apprecie le^ h Goethe , i55. ' -^^ ^'t_ 1 Goethe, selon lui, aurait decouvert la composition yertebrale Carus. de la tete , 170 Cellini , (Benvenuto). r A eu Goethe pour traducteur, i5g. Travaux estimables sur les COLONNA (FaBIo) OU FaBIUS GoLUMNA. animaux a coquilles , 23. CoNDORGET. — A fait uu eloge de Linne, 107. CuviER (George). — Ses lecons sur Thistoire des sciences naturelles, 4- Ilaremarque que Ton ne trouve point de descriptions dans les ou- yrages des anciens , 102. 4 Buffon, 60. — II a attribue a Aristote la premiere vue de la doctrine de I'unite de composition organique , 69.— A repousse cette doctrine comme apportant des entraves a la liberte du createur, 75. —A considere cette doctrine et la theorie de la vaviabilite des etres comme une simple extension des systemes bizarres de RobinetetdeDeniaillet, 8 1 .— Appreciatioi^ sommaire des travaux de Cuvier, 46.— II a opere par cbacun de ses ouvrages une revolution dgms la science, ihid. travaux ont puissamment contribue , en multipliant le nonibre des faits, k amener lepoque de generalisation , 47.— H es* auteur, avec M. Geoffroy Saint-Hilaire , d'une classification mammalogiquequil a modifiee ensuite et rendue tres-semblable a celle de Linne, 36 et j3o. —Comparaison de rensemble de sa classilication avec cellc de Ses Linne , 127-133. L'une et I'autre ne different pas fondamentale- ment, i34et i36. — Examen general de la classification de Cuvier, 39-i5i. 39-142- Progres principaux dans la classification , dus a Cuvier, Comparaison du plan suivipar Cuvier et du plan suivi 4 45 Modifications a introduire dans la classifi- H *; r- \: fi »»! m n rt lT I J i r f ' r i If ^'^ '(\ vm 1 A f: u f 1 I # n » >* 216 TABLE DES AUTETJRS CITES » • D. i M i h Baubenton. — Importance de ses travaux , 4l et 43. Degeer. Auteur d observations importantes sur les insectes, 4o. Demaillet. ~ Auteur d'un systeme bizarre que plusieurs ont confondu avec la theorie de la variabilite des etrcs ,81. Democrite. — Etendue et diversite de ses connaissances, i5. — A pre- sente quelques remarques sur les monstres , ij5. Dume'kil. — A, Tun des premiers, reconnu la composition vertebralede la tete ,169. Duverney. • — ^L'un des fondateurs de Fanatomie comparee, 25. — Au- teur de travaux estimables en teratologic, 188. DuvERNOY. — Son opinion sur una question depriorite, relative a la theorie des analogues, 85, E. ' Elien. N'est point un veritable naturaliste, 17, Empedocle. gues, 175. Pourrait etre cite comme lun des premiers teratolo- F. Second fondateur de Tentomologie , 4o ^t 4'^" Fabricius, Fe'e. — Auteur d*une vie de Linne ou se trouyent un grand nombre de documents interessants , 109. G. » ! I I ) *>* w Galien. — Pourrait etre cite comme Tun des premiers teralologues. Geoffroy Saint-Hilaire (Etienne). — Devenu zoologiste par suite d'un decret de la Convention , ^5. — A remarque que la nomenclature mnaire est en usage cliez quelques peuples., ii3. — Est auteur, avec Cuvier, dune classification mammalogique que Cuvier a de- puis modifiee, 36 et i3o. —A , lun des premiers, rendu une entiere justice a JBufFon, considere comme naturaliste, 37, 38; et a public recemment, sur ce grand homme, nn article etendu , 61. Citation de deux passages de ce dernier article, 62-65. — A preseute Aristote comme ayant, le premier, concu I'ldee de T unite de com- position organique , 69.— -A cite uu passage remarquable de Newton « i i 1 m- a \ i I TABLE DES AUTEURS CITES. ^ Difference entre oil setrouve aussi indiqueela menie idee , i^3. ses recherches sur lunite de composition a partir de 1807 , et les vues cette theo- II I'a concue pour la premiere fois en emises anterieurement par lui-meme ou par d'autres ne, 47-49, 84-86 et 96-97. u, < " 1796, 86-87. — Citation du passage remarquable ou elle est enoncee , 87-88. _ Citation de divers passages ecrits de 1796 k i8o6, 89-90.— Citation de passages ecrits en 1807, gi-gS--" s'^st occupe de la ques- tion dela composition vertebrale de la tete, 169. -Application a la teratologie d'idees deduites de la theorie de 1 unite de composition et de celle des inegalites de developpement, 198. - Travaux sur la classification teratologique , .o3. -Loi deposUxon sunrkire des xn- dividus reunis et formant nn monstre compose, 2o5.2o6.- Loi del af- Pensee sur la necessity de Tuni- finite de soi pour soi , 207. Germain ( Mademoiselle Sophie ). vers, 58. Gesner ( Conrad ). — Sa superiorite sur les compilateurs precedents, ao-2i, io5. — A meritele litre de Restaurateur deVhistoire natu- relle, 20. Goethe. — A, Tun des premiers, rendu une entiere justice a BufTon r ^^ considere comme naturaliste, 37.— Nouveaute et importance de ses vues en anatomie philosophique, 47> ^9> ^^' ^4- "" Expose de ces vues , et analyse des travaux zoologiques et anatomiques de Goethe, 74 Ses droits incontestables au titre de naturaliste, i54-i6i. Ses vues sur Texistence dun type ou modele unwersel, i64-i67, Sur Taction modificatrice du monde ambiant, 167-168. — Ses vues sur la composition vertebrale de la tete, 169-170-— Ses travaux sur Texistence de Tintermaxillaire chez I'homme, 170-172. GusTAVE III , roi de Suede. — A fait un eloge de Liune ,107- Gyllius. — Travaux de compilation ,19* -\ H. Haller.— Ses critiques acerbes des ouvragesde Linne, lii.—Sa grande physiologie riche en faits precieux pour Tanatomie comparee,4i. ^ Importance de ses travaux en teratologie , 176, 190, 191.— Appre- ciation des services rendus a la science par la publication du traite Monstris Hartsoerer. — Perfectionnement du microscope , et observations im- animaux Hk \ / / i f *it i V ? 1 \ M mm W ,1 1 • J »- i II ft 1* *. ^ V f h ** ■< \ 2l8 TABLE DES AUTEURS CITES. Harvey (GtriLtACME) Illustre a double titre, 26, igS. Herder •— A concu I'idee generale de iunite de composition organique, 6q, 79- — Citation du passage remarquable ou cette idee se trouve exprimee, 79-82. — Herder y refute le systeme de Robiiiet, 81. Hernandez. — Utile a Thistoire naturelle par ses voyages, 29. Herodote. — Importance de ses livres historiques sous le point de vue de I'histoire naturelle , i3. — • Sa veracite, ibid. HiPPOCRATE. — Pourrait etre cite comme Tun des premiers teratolo- gues, 175. Home ( Everard ). — Importance de ses travaux zootomiques, 44. HuBER DE Geneve. — Observateur sagace, quoique aveugle, 44. Humboldt. — A eu communication de divers travaux de Goethe avant leur publication, 166. I. I ■^ i% i M» ^ Isidore de Seviile. — Travaux de compilation, 19. J. JoNSTON.'— Travaux de compilation, 22. JussiEU C Bernard et Laurent ). — Createurs de la methode naturelle en bot^nique, 36 et 126. K. Kant. — Goethe lui a emprunte quelques idees, x68. Kielmeyer. — Cite a tort comme ayant precede M. GeofFroy Saint-Hi- laire dans la recherche de Iunite de composition ,85. Koerte.— Idees sur les tauveaux actuellementvivants, consideres comme descendant des taureaux fossiles, 167. ij i n L. Lacepede. mort, 44* Trop loue pendant sa vie , juge trop severement apres sa Lamarck. — Botaniste distingue et zoologiste illustre, 44 ^* 4^* — Ses contemporains ne lui ont pas rendu une complete justice, 45 et 46. Comparaison du plan de sa classification et du plan de la classifica- tion de Cuvier, i42-i45.~Ses idees sur I'influence modificatrice du monde ambiant ont ete partagees par Goethe, 167. 1 V ?> V ^^ I \ i \ TABLE DES AUTEIIRS CiTESi \ 219 \ ■ Lasaile. — . En traduisant Bacon, lui attribue sur les monstres une idee qui nest pas dans le texte, i85. LaIeeille. 44 Dis Lemery. ~ Auteur de travaux importants de teratologxe, 188. cussion celebre de Lemery et de Winslow ,180. Leuwenhckck. — Perfectionnement du microscope, et observations importantes sur les animaux microscopiques , 25-27. Licetus. Li Admettait que les monstres doivent parfois leur origine k des unions adulteres entrelhomme et la brute, i83. Jean-Ray a ete , a quelques egards, son precurseur, 25-34- Eclat et erandeur de ses travaux, 29, 3o, 4^, lob. nom agissait sur Goethe, 157. Comment son Parallele avec Buffon, 3i-33. 34 Ap- preciation detaillee, 1 06- 134- Invention de la nomenclature bi- Sa naire, 34, et 112-117. —Langue descriptive et terminologie , 34, et 117-121. — Ensemble de la classification , 34, et I2i-i34- — Accueil fait au Sf sterna naturce par les contemporains et les successeurs de Linne, 34-35, et 109-112. — Causes du succes immediat de la partie botanique de sa classification , 35-36, et 123-126. — Pourquoi sa par- tie zoologique, moins bien accueillie alorigine que sa partie bota- nique , a ete plus durable quelle , 36, et 125-127. —La classification zoologique de Linne est une classification naturelle, 126-127. comparaison avec la classification de Cuvier, 127-134, et i4o-i4i' Remarques sur la classification des oiseaux en particulier, 129-130 ; et sur celle des mammiferes, i3o-i33. — Identite fondamentale des r classifications actuellementsuivies avec la classification de Linne, i34- LiTTRE. -^^ Remarque sur un passage de M. Ampere ,53. LoBSTEiN. — A eu Goethe pour eleve, 157. LoDER. — A eu Goethe pour eleve, i58. — A connu avant leur publi- cation et fait connaitre plusieurs travaux scientifiques de ce grand ■ L poete, 160, 166- LoNicERUs. — Travaux de compilation, 20. Lyonnet. 4' Celebre par ses travaiix sur Tanatomie de la chenille du M. \ Malpighi. — Observations importantes pour Tanatomie et laphysiolo- giecomparees, 27. \ / i '\ ti. T* * \ ( r 1 Mi ^ » # \ >i I ^m ^ ii ■ 1 .LrP, \ A f ^ it 220 TABLE t)ES AUTEURS CITES. Manuel Phile. --Travaux decompilation, 19. Marcgraaf- — Utile a Ihistoire naturelle par ses voyages, 29. Martin Saint-Ange. — Travaux sur les cirripedes, i5i. Martins.— A traduit les ceuvres d'histoire naturelle de Goetlie, l53. Utiliteetmeritedecette traduction, 178 et 174. — Ha remarqueque ranatomie philosopliique a ete creee en France et en Allemagne sans qu il y ait eu communication et echange d'idees entve les anatomistes de ces deux pays ,167. Meckel Importance de ses travaux zootomiques et teratologiques 4 Cite a tort comme ayant precede M. Geoffroy Saint-Hilaire Tra- dansla recherche de I'unite de composition organique, 85. vaux importants sur la theorie des arrets de developpement , et spe- cialement sur sou application a la teratologic , igg. Mery. — Auteur de travaux estimables en teratologic, i8g. Mexjnier (Victor). — Auteur dun ouvrage sur Thistoire dela zoologie generale, 7. Montaigne. — Idees philosophiques sur les monstruosites , 184 et l85. Moxjfet (Thomas). Travaux estimables sur les insectes, 23. Muller ( Othon-Frederig). — Importance de ses travaux sur les infu- 40 et 4 N. i 4 J r 4 »i «! Werbxtt. quelques sujets, 176. Nees d'Esenbecr. prtoi; que privilege defaire comprendre et de repandre les idees nouvelles, 174. Newton. 73. A pressenti Tidee de 1 unite de composition organique, 6g, Citation du passage remarquable ou cette idee se trouve in- , 74- — Newton la considere comme eminemment religieuse en meme temps que philosophique, 75. r o. Oken- — Lun des auteurs principaux dela decouverte de la composition vertebrale de la tete, 169* N'est point veritablemeut un naturaliste, 17. Oppien » TABLE DES AUTEUBS CITES 221 P. Pall AS. Diversite et haute Importance de ses travaux , 4, et 4.2. Pare(Ambroise). Ses travaux teratologiques appartiennent a la pre- niiere periode de la science , 179. Perrault (Claude). L-un des fondateurs de lanatomie comparee, 25. Pey P SSOSNEL. 4 ISDN, Pl INE. Utile a Ihistoire natureUe par ses voyages , 29 rantiquite, 17 et 18. Ne decrit pasles animaux dont il park, 102 '',,', , . Phrase celebre dans laquelle il — S'estoccupede teratologic, 17 •—A hrase ceieui h resume les idees teratologiques de sox. temps, 200.-C est a tort qu il a ete compare a Aristote et a Buffon, i8.-Opinion de M. ViUemain sur Pline, ibid. Pythacore 4 R 4 -. 1 Rajus.— Foyez Jean Ray. Ray (AuG^STi«).-Auteur d^une Zoologle unmrsdle et portaU.e, Ray (Jea.) ou Raius. - Importance et nouveaute des trayaux qui entreprit au dix-septieme siecle, sur la classification zoologique, ^et ;.5. - Sa vie et ses travaux offrent essentiellement le caractere de lepoque de transition a laquelle il appartient, 27 et ^8. Reaumur. _ Auteur d admirables travaux sur les m(«uis des insectes, 40 et 42. RioLAK (Jean).- fitablit comme une nouveaute bardie quil n est pas necessaire de tuer les geants, les nains , etc., i83. RoBiNET. - Auteur dun systeme bizarre que plusieurs ont confondu avec la theorie de lunite de composition orgauiquc , 81 . RONDELET. — Caractere et importance de ses travaux zoologiques, 21 , lo5. — Essai dune classification icUthyologique, 21 . RupoLPHi. — Importance de ses travaux zootomiques et de son ouvrage sur les entozoaires, 44- RuftiPH. — Travaux sur les zoophytes, 40, - \ { i f .T * \ M 1 1 / t ^ R \ i H A •^M *, j 4MP ,H ; - t I. ' i i. *^# / -^■'« xi - 1 i A \^\ \ t r 222 TABLE DBS AUTEURS CITES s. SAiNT-HaAiRE (AuGUsTE de).— A faituu rapport sur lestravaux de Goethe en physiologie vegetale, i53. Salvuni. — Importance de ses travaux iclithyologicjues, 21. Savigny. — A fait des 1816 des travaux d'anatomie philosophic[ue, 85, r ScALiGER. — Comment il commente un passage remarquable d'Aristote, 71- v ScHiLLEK, — Goethe a ete detourne, par ses liaisons avec lui , de ses tra- vaux d'histoire naturelle. Serres. — Inventeur de la loi du developpement centripete, 49 j 202. Regie importante de teratologic deduite deses recherches embryo- geniques , 20 1 • — Application de ses recherches sur le systeme ner- veux a une question de classification zoologique, i5i. — II rappelle le travail de M. GeofFroy Saint-Hilaire en 1807 , ou les poissons sont consideres, sous un point de vue , comme des embryons permanents des classes superieures , 96. Shakespeare. — Comment sonnom aglssait surTespritde Goethe, 167. Soemmering. — A fait connaltre f^ielques travaux de Goethe , 160 , ^ 166, 171. Spallanzani. — Son habilete comme experimentateur , ^o. Spielmann- — A eu Goethe pour eleve, 157. Spinosa. — Goraiment son nom aglssait sur Tesprit de Goethe, 257. Stael (M^e de). — Opinion sur Goethe, i63. Swammerdam. —Travaux importants surlorganisation etles metamor- phoses des insectes , 27. T. Est , selon M. Villemain, dela memeecolc que Pline, mais Tacite. avecune grande superiorite sur lui , 18. Thales. — . Etendue et diversite de ses connaissances , 14. Theophraste, 4 Tiedemann. — Cite a tort comme ayant precede les auteurs francais dans la recherche des analogies, 85. TiTE'LivE. — Les monstres dont il rapporte la naissance , pnt ete en partie figures par les modernes, iSi. TRKMBtEt 4 t 1 f 4 I \ I \ * - TABLE DBS ATJTEURS CITES. 223 V. "\ Valere-Maxime. — Les monstres dont il rapporte la naissance , out ete en pavtie figures par les modernes, i8i. Vallisneri. _ Appele par Haller cautus homo et diffidlls , 192. Valmont de Bomare. — Comparable a Pline a quelques egards , 18. SALE. Avait apercu rintermaxillaire chez rhomme ,171 VicQ-D'AzYR. — A fait leloge de Buffon, son predecesseur a TAcade- mie francaise , 38 ; et celui de Linne, 107 et 121. Est le seul qui ait fait de Tanatomie vraiment comparative avant Cuvier, 46. ~ S'est eleve a plusieurs conceptions importantes en anatomic philosopluque, 4i, 42, 48, 69, 82. — Citation d'un passage ou la doctrine de lunite de composition organique est clairement indiquee , 62 , 83. — L au- teur y signale Texistence , chez Thomme , de Fintermaxillaire que Goethe, de son cote , decouvrait a la meme epoque, 83 et 171. ViLLEMAiN. — Son opinion sur Pline, 17. — Article etendu et important recemment public par lui sur Buffon , 61 , 66. ~ Citation de deux passages remarquables de cet article, 66, 68. Vincent de Beaxjvais. — Travaux de compilation, 19. VoGLi. — Auteur de travaux teratologiques ,192. Voltaire. — Critique par Buffon, et le critiquant a son tour , 58 et 59. f w. WiLLUGHBY. WlNSLOW. Eleve et coUaborateur de Jean Ray, 25. Avait apercu, longtemps avant Vicq-d'Azyr et Goethe , rintermaxillaire humain chez quelques sujets, 170. — Auteur de travaux teratologiques importants, 188. — Discussion celebrede Le- mery et de Winslow , 189. "WoTTON. — Travaux de compilation, 20. z. Ze'non d^fiiEE. *— Etendue et diyersite de ses connaissances ,14. 4i I ««. I. w '- 1 #-■ I H \\ t \ .1 I &*> 1 ^T^ I i / \ f i\ y r \ J U m ■V ? .■\i.ii \ SECOIVDE PARTIE. ■^ ZOOLOGIE GfiNfiRALE ET ANTHROPOLOGIE. V r <, t .( ZOOLOGIE G]5NfiRALE 15 ♦»«^ I f» » u 'i^ ) r l*"f I I I ^ ■J H \ I (! / % * ^ **' / DE LA POSSIBILITE d'^clairer L'HISTOIRE NATURELLE DE L'HOMME PAU L'fiTUDE DES ANIMAUX DOMESTIQUES (i). I. L J De toutes les branches de I'liistoire naturelle, la plus interessante pour riiomme est sans cloute I'liistoire na- turelle de riiomme lui-meme. De la le zele toujours croissant que les voyageurs , les naturalistcs , les me- decins de toutes les epoques et de tons les pays ont mis h I'enricliir d'une multitude defaits et d' observations, I auxquels des observations et des faits nouveaux vien- nent encore s'ajouter de jour en jour. Si le degre de ■4 (i) Ce travail, compose au Mont-Dore en aoiit 1884, ^ ete commu- nique a la Societe des Sciences naturelles le 8 avril i835, etlu a I'Aca- demie des Sciences le 8 mai 1837. II a ete analyse dans le Bulletin de la Socike des Sciences naturelles, p. 53^ ^t imprime dans les Compter rendus des seances de VAcademie , t. IV, p. 662 et suiy. \ I -m \ ) f 41 ! - 1 '> \ f « ^f 1 Ml y r J J t I *-»** _ > _ - - J - ^ r \ - \ # I % i f s ■ H ( L r I ■ i A / 228 ETUDE^ DES ANIMAUX DOMESTIQUES dev peifectionnement d'une par le nombre des faits quelle possede, nul que I'antliropologie ne se mesurer fut I'une des branches les ; de nos connaissances. Mais si Ton at- d' importance au nombre materiel des r observations qu'k leur valeur scientifique , sil est plus rationnel de peser les faits que de les compter, il faut porter un jugement que presque les brandies de la zoolo eie ont devance, par leurs progres, 1 histoire natureli de rbomme. y G'est Va peut-etre une circonstance slnguliere et pa radoxale , une anomalie grave dans la marcbe de 1 science , ble preuves ne sont que trop nombreuses. Des dont obsei pour la plupart pletes , q que ne coordonne entre elles, et dont les consequences sont souvent nulles ou douteuses ; des materiaux prepares po I'avenir bien tot que les elements presentement utiles d'une science deji avancee dans la voie du perfection- nement s sont les imparfaits resultats auxq mais juste critique , reduit presque 1 s travaux anthropologiques publ 1 jour. Aussi les zoolc les innombrables et divisions de tout vz caracterisees et heu sqii ce •gistes qui etablir parmi de tudes, des g, pour la plupart aux qui presque encliainees les unes eussi a classer V^^n- •4 .7 'f I 1 V . V ^^ 1 I i / K r^ *t i.( 1 I APPLICATION A L ANTHROPOLOGIE. 22 9 semble du regne animal dans un ordre a la fois naturel et logique , ne sont-ils point encore parvenus a determiner, avec quelque precision , les divers types que presente le genre huniain , pas nieme , sauf de rares exceptions , k les decrire d'une maniere satisfai- sante. A quelles causes faut-il attribuer cet etat si impar- fait, cette enfance si prolongee de Vantliropologie? Loin de I'imputer au defaut de zele ou k I'inliabilete des auteurs qui ont cultive cette branche de la science zoologique , nous devons reconnaitre qu'ils ont fait pour la plupart tout ce qu'il etait en leur pouvoir de faire. L' immense difficulte du sujet a seule prive leurs travaux de cette precision et de^ cette exac- r titude rigoureuse, sans lesquelles il n'est point de re- sultats vraiment scientifiques. n. L'histoire naturelle de I'homme, comme toutes les autres branches des sciences physiques, comprend des resultats de deux genres ,• savoir , des faits parti- culiers , que donne immediatement robseryation , et des faits generaux , deduits des faits d' observation par le raisonnement. En deux mots, elle e&t posit we et speculative, et doit en effet ofFrir ce double caractere : les faits du premier genre , sans les seconds , seraient des premisses sans consequences : les seconds , sans les premiers , des consequences sans premisses. tii M I r ' 41) « « \ r; !; * \ t M- « t ^f I t ■* I _ I . 1^ rj/- ' ^ i ^ f \i 1 Mfr ft t ; i I ' HH %-9 3o ETUDE DES AISIMAUX DOMESTIQUES- L'etude (les caracteres des races liumaines est Tune des parties principales de Thistoire naturelle positive de riiomme. Grace aux travaux d'un grand nombre d'observatears , parmi lesquels se placent, en pre- miere ligne , les commandants et les naturalistes de nos recentes et si niemorables expeditions autour du monde, la population d'une tres-grande partie de la surface du globe se trouve, des a present, connue d'une maniere plus ou moins exacte. Mais alors meme que cet immense travail serait complete pour toutes les races , alors meme que leurs innombrables varia- tions de forme, de couleur. de taille, auraient ete fig par des obse struits, que d' obstacles s'opposeraient encore k ce que les mille et mille faits, fruits de ces longs et penibles travaux, pussent etre coorclonnes d'une maniere sa- tisfaisante, et surtout a ce qu'une determination ri- goureuse et une classification exacte des divers types humains vint enfin fournir une base solide aux tbeo- ries antliropologiques ! Les immenses progres qu ont faits , depuis quarante annees , les sciences zoologi- ques^ datent de Tepoque ou de grands niusees scien- iiques, fondes sur plusieurs points du monde it pen de de pt encore fi alors quelles sont le plus precises, I'examen direct paratif des objets d i d'aussi puissantes tudes. Le temi: L disposition des antbropologistes. II difficile de I ! r t 1 * 1 It ^sh V K > » h 1 i I * APPLICATION A L ANTHROPOLOGIE. plier des obstacles mat(^riels qui tendent 201 peclier ce progres , plus difficile de vain ere que lui opposent presque partout les supersti les prejuges of- A moins de circonstances favorables qui ne s frent k lui que bien rarement, rantliropologiste , lors- qu'il veut se rendre compte des rapports et des diffe- rences de deux ou plusieurs types , est done presque toujours reduit k la seule comparaison de descriptions et de figures, quelquefois infideles, presque toujours manquant de precision . Si les caracteres nets et tran- ches de deux esp^ces animales disparaissent souvent ■ 4 et,pour ainsi dire, s'effacent dans leurs descriptions au point qu une analyse habile, eclairee par la com- paraison directe des objets analogues, puisse seule les y apercevoir , comment I'anthropologiste , priye de tout moyen direct de comparaison, pourra-t-il sai- dans les descrip de deux typ differences si legeres qui seules les distinguent entre eux? Ces differences ne sont en effet que des nuances fugitives, presque inappreciables , et je dirais meme au-dessus de toute expression , si quelques auteurs re- cents, et principalement M. William Edwards, en nous montrant par leur exemple que tout ce qui peut etre ■^ constate par 1' observation peut par des paroles , ne pnme revele ce qu'on peut ppeler Fart des descriptions antbropologiques (i) 0) Voyez sa lettre a M. Amedee Thierry sur les caracteres physiolo \ #« w i1 ir r J ;^ It m 4 1 11^ '^ t *r ••t \ y y.. H\ ir* im -.* I \ p t ^ 23 2 I X. i 1 ETUDE DES ANIMAUX BOMESTIQUES. / Si la partie positive de I'histoire naturelle de I'homme est arretee dans sa marclie par d'aussi puissants ob- stacles, il est evident que de graves difficultes s'oppo- seront de meme aux progres de sa partie speculative ; car Tune est la base unique et necessaire de I'autre, et de faits imparfaitement connus ne peuvent naitre que des consequences imparfaites , c est-k-dire, ou in- completes, ou douteuses. Aussi, dans cette partie de la science, trouve-t-on, pour une verite bien etablie , dix assertions purement hypothetiques , et souvent directement contradic- toires. Meme apres les remarquables travaux de r M. Bory de Vincent et de plusieurs autres anthro- pologistes , ces questions elles-memes , si souvent dis- cutees , s il existe dans le genre huraain un ou plu- sieurs typesspecifiquesj et quelles sont ses races prin- cipales ; ces questions , auxquelles toutes les autres se lient et pour ainsi dire se subordonnent d'une maniere intime et necessaire , ne sont point encore resolues, / au moins avec quelque certitude. Ouvrez en effet les livres antliropologiques , et si vous faites abstrac- tion de ceux ou Ton n'a fait que copier Blumenbach ou Guvier, si vous ne faites entrer en ligne de compte que les ouvrages originaux, vous trouvez exactement \ V giques des races humaines , in-8<>, 1829. M. Edwards prepare en ce mo- ment une seconde edition de cet important memc^re. l\ est a desirer qu'elle soit promptement suiyie de la publication des autres travaux anthropologiques de Tauteur. f* i *-■■ ^v \ T 1 < .■ APPLICATION A LANTHROPOLOGIE. X ■ r \ (ie solutions qu il j a d'auteurs. Or, quancl 233 y d' opinions se partagent les esprits, est-il besoin de dire que la verite ne regne point dans la science , elle dont I'unite , la simplicite, I'evidence , des que sa de- monstration est complete et vraiment satisfaisante , forment presque toujours le triple caractere? Un nouvel examen de presque toutes les questions relatives k I'histoire naturelle de I'liomme, une re- vision de 1' anthropologic presque tout entiere, sont done imperieusement reclames par I'etat present de la science : ses progres futurs sont a ce prix. Cette ceuyre immense , dont le succes complet , h. pen pres impossible aujourd'hui, est surtout infmiment au- sus demes forces, n'est nuUement celle que je me propose d' entreprendre , soit dans un ouvrage que j e prepare depuis plusieurs annees sur 1' anthropologic ( i ), soit, k plus forte raison, dans ce travail, beaucoup plus special dans son but et beaucoup moins vaste dans son plan. Reprendre et soumettre k un nouvel examen plusieurs questions dejk traitees par les an- V (I) Mes etudes et mes recherches sur Tanthropologie datent de i83o. J'en ai uidique les resultats , d'abord tres-imparfaits , dans un couvs de zoologie fait a FAthenee en i83i, puis, moius incomplets, dans des cours faits en i834, i835, 1837 et i838, au Museum d'histoire naturelle, sur les mammiferes, et en 1837, a la Faculte des sciences, sur la zoologie generale. Plusieurs des resultats que j'ai etablis ou indiques ont ete consignes dans les analyses que divers journaux ont cru devoir don- ner , soit de quelques-unes de mes lecons, soit meme de la totalite de trois de mes cours . i \ i ♦I A m * - {; r i i I t • I 1 4 i 1 1 Ml hi i ' 1 "1 I ♦ I ( *. I « V ( I \ 34 ETUDE DES ANIMAUX DOMESTIQUES. thropologistes , mais dont ils ne me paraissent pas avoir autant avance la solution qu'ils le pouvaient en niettant h profit toutes les ressources presentes de la science ; introduire dans la discussion plusieurs don- jusqu'k present negl appuye I bases nouvelles , substituer sur divers points des re- sultats demontres a des opinions seulement hypothe- tiques , quelquefois aussi des consequences probables k de simples conjectures : telle est la seule taclie que j'aie pu et puisse me proposer dans mes recberches; et encore est-elle d'une immense etendue. C'estl'une * I des questions preliminaires qui s'y rattachent, et Tune des plus simples J que Ton va trouver discutee dans ce niemoire , destine k faire partie des prole d'un ouvrage plus etendu sur ranthropologi ^T / III. Les elements cle determina employes pour la solution des Vbistoire natiuelle de Thomme ordinairement obl^mes relatif; s a premier comparaison directe des caracteres des ra de ligne , la comparaison de leurs lang de leurs coutumes , de leurs traditions , de leurs mo- numents de tout genre , et des circonstances de leur babitat. Sans doute ce sont la autant de sources excellentes d'inductions : il n est aucune d'elles qui n'ait deja concouru h. enrichir la science deresultats interessants , et qui ne lui en promette encore une ample moisson 9 I f. / .1 K ' * t APPLICATION A l'aNTHROPOLOGIE. 235 Mais ces elements de determination , quelle que soit leur valeur , suffisent-ils toujours a la solution des questions si difficiles et si complexes de I'antliropolo- gie ? N'arrive-t-il pas trop frequemment qu'appuyes sur leur seul emploi , les efforts meme les mieux diriges ne puissent qu'entrevoir et .mdiquer , mais uon demontrer , d'importants resultats, ou meme qu'ils echouent completement devant des difficultes encore insurmontables ? Et s'il en est ainsi , ne de- vons-nous pas chercher dans la consideration de faits jusqu'a present negliges, et dans leur application aux problemes encore irresolus , les moyens d'introduire dans leur discussion de nouveaux elements, et par suite de nous ouvrir de nouvelles voies vers leur solution ? Ces ele ouvell de sol les ai clierches dans I'appl 1 a rhistoire de rhomme , de divers faits , quelques- connus , la plupart vulgaires et prescjue uns peu ■ triviaux , de Thistoire des domestiq done plus par des faits anthropolo; que xiiais - par des considerations empruntees h une branche laterale de r ■thodes ord Je substituerai ainsi aux plutot j'appelle leu r aide e ^ ixioins dii auxiliair il faut 1 par cela meme ? off] quelq iietbode beaucoup et dont r emploi, diffic Q porte au reste que cette metbocle indirecte paraissi nous eloigner du but, si elle nous y ramene heureu \ m f* n ;i 't« mi n V*( I \^mm[ :«»f f 4 i L ! i i w 1 \ I ) \ \\l \\\ if T I 236 ETUDE DES ANIMAUX DOMESTIQXJES V sement , et si nous pouvons quelquefois parvenir, par ses voies detournees , k des resultats ou ne saurait conduire une voie plus directe ? II sen faut d'ailleurs de beaucoup que les variations des animaux domestiques et les variations des races humaines aient seulement entre elles des rapports aussi eloignes et aussi indirects que pourrait le faire penser un premier et superficiel examen. Loin qu'il en soit ainsi , on va voir que ces rapports resultent , je ne dirai pas«eulement de liens intimes, mais meme de doubles liens , savoir : des liens d'analogie, et des liens de causalite ; d'analogie, parce que les variations des races humaines et celles des races domestiques se font suivant les memes lois et presentent de semblables carac teres ; de causalite , parce que les modifications diverses des races domestiques sont dues k I'influenGe de I'homme , exercee diversement suivant les temps , leslieux et les circonstances. Ainsi, on pent deja le prevoir, la consideration des races domestiques, intro- duite dans la discussion des problemes anthropolo- giques , les dclairera par des donn^es de deux genres , et de cet unique , mais double element , vont decou- ler deux sources fecondes en inductions. IV. Examinons d'abord les rapports d'analogie qui existent entre les variations des races animales do- mestiques et celles des races humaines : essayons de *-"■ » APPLICATION A l'aNTHROPOLOGIE. 287 les appt-ecier dans leur nature et , autant qu il est pos sible , d'en determiner et pour ainsi dire d'en mesure la valeur. Lorsque Ton compare entre eux plusieurs indivi dus d'une espeoe sauvage pris dans des regions tres differentes par la temperature, la disposition topo grapKique, et, d'une maniere generale,par tout c qu'on peut coraprendre sous le nom de \ \ cales; lorsq soumet ces divers individus examen suflisamraent attentif, on arrive toujours i reconnaitre qu' ils presentent entre eux des difference plus ou moins marquees. Sauf le cas tout k fait etran ger k notre sujet , d'une modification accidentelle 01 •gique, les traits differentiels de chacun de Individ pris pour typ de a comparaison sont d'ailleurs loin de lui appartenir en propre. II: trouvent chez tons les individus vivant dans le pays et dans les memes circonstances locales transmettent par voie de generation. Ils carad done des varietes liereditaires , en d'autres ten precisement dans le mSme sens ou Ton emf riiomme et les animaux domestiques, des races. Les differentiels des races, principale ment relatifs dans la plupart des cas k la coloratioi et a la taille , sont , dans quelques especes, tres-pro noiices et manifestes d^s le premier coup d'oeil ; d J d'autres, quelquefois meme presque nuls. Ge ils sont plus difficilement appreciates 1 \ \ \ \ V Wi V. •> i ■ I V ^ # _11 * _r ^^ VT»<-- ; " *-^ »^ * I I \ \ r 38 ETUDE DBS ANIMAUX DOMESTIQUES. dent un peu plus difficile a constater le fait general que je viens d'indiquer, mais rinfirment nuUement , et leur explication peut mcme se deduir de considerations assez simples. D'une part, en efFet suffit de reflech 1 pliees que presentent les especes animales dans leur enre de vie et dans leur habitat, pour concevoir que toutes ne doivent pas ressentir au meme degre 1' in- fluence du climat, de la disposition topograpMque des locales des pays qu habitent. D'un autre cote, robservation nous reyele une seconde cause , un peu plus difficile a prevoir par le raisonnement , dans les differences memes d'orga- tiisation : il est de fait que certains types resistent r mieux, que d'autres cedent plus facilenient k Tin- fluence des circonstances locales, alors meme que celles-ci sont ou du nioins nous paraissent exactenient les memes pour les uns et pour les autres. A cette notion que les especes sauva2;es sont va- \ riables sous finfluence de circonstances locales diffe- H rentes, qu'il existe des varietes liereditaires ou races parmi elles comme parmi les animaux domestiques, il faut done ajouter cet autre resultat qu' elles sont va- riables a des degres inegaux : I'un et I'autre sont egalement incontestables. Mais cette inegalite ne doit pas empecber et n'empecbe pas qu'il n' existe, dans les Imiites de variation propres a cliaque espece, un rapport bien determine entre I'intensite des modi- fications et celle des dijfferences sous I'influence I I I V \ i' I i H h V h \ APPLICATION A l'aNTHROPOLOGIE. desquelles elles se produisent. Ici , comme partout , I'effet est en raison de la cause, et I'observation , aussi bien que la tlieorie * nous autorise k considerer dans les especes sauvages les differences des races comme proportionnelles , toutes clioses egales d'aill difference des circonstances au milieu desquelles If • ■ ■ vivent ces races. L'application de ces notions sur les varietes heredl- eurs , h la g heredit les animaux domestiques et I'liomme directe et facile. Les modification diverses k la fo complexes , en apparence si inintelligibles , que pre- sentent ceux-ci, sont les memes modifications que nous pr^sentent les animaux sauvages , mais repro- duites sur une plus grande eclielle. Les causes des pre- mieres sont les causes des secondes, mais multipliees ^ en nombre et en intensite . A moins qu une espece sauvage ne vive dans des lieux trfes-differents par leur elevation, et, par suite, par leur temperature et leur pression atmo- spherique , ce qui n'a lieu que tres-rarement ; h moins qu elle ne se trouve repandue k la fois dans des lieux tr^s-secs et d'autres tres-humides , ce qui est peut- etre plus rare encore ; il faut de toute necessite , pour trouver dans une espece des diversites tres-marquees, prendre pour termes de comparaison des individus ap- des eloi Mais cette partenant a possibilite est elle-meme renfermee dans un cercle determine , et le plus souvent tres-etroit. La distribu- \ . A .\ n I \Q I H»* iM \ * \ in *» 't i i V i \ .*sti m t VM ^* * f If i h t 1 f I T^i ^^ \ i I \ ^ > / / 240 ETUDE DES ANIMAUX DOMESTIQUES. tion geograpliique de cliaque etre est rigoureuse- ment fixee par ses besoins et ses convenances. La ou des circonstances locales tres-differentes eussent pu amener d'importantes modifications dans I'organisa- tion d'lme espfece, et par cela meme qu'il en est ainsi, elle ne se trouve plus ; car, libre de se mouvoir a son gre, elle s'etend ou les circonstances lui sont favora- bles, c'est-k-dire ou, concordant avec les donnees de son organisation , elles tendent a en conserver le type, J ^ et non k le modifier par une puissante et par cela meme f^iclieuse reaction. Les conditions de variation sont bien differentes + pour les animaux clomestiques. En premier lieu, des modifications tres-marquees s'observent sans une dif- ference proportionnelle dans la region habitee : car la toute-puissance de riiomme, agissant diversement sur les e dans la peces qu region les locales les plus differentes. En second lieu , le nombre et Tin- tensite des modifications deviennent pour ainsi dire illimites : car il n'j a plus pour une esp^ce domes- tique ni nourriture, ni habitud de fiDJs la ni climat deter- humaine s'exerce de d'une maniere differente, autant il existe pour II en est exactement ainsi , et par les memes causes, des varietes si nombreuses qui se transmettent hereditairement diez Tbomme. Habitant sous tous les climats et presque ^ toutes les temperatures , va- / / *f t \ r I \ f "«■ M- Am '4 I ?'! I 4 \ V APPLICATION A l'aNTHROPOLOGIE. 2 riant de cent et cent manieres la qualite etla quantite de sa nourriture, se livrant aux professions les plus di- verses, il presente dans la niultiplicite de ses races , de ses sous-races, et Ton peut ajouter de ses innombrables varietes individuelleSjl'efFet naturel et necelsaire de niultiplicite des causes qui exercent sur lui et la ■! depuis si longtemps leur influence. Ainsi,d'unc6te, cliez les animaux sauvages, des causes de variation restreintes dans des limites tres- etroites, et, par suite, des varietes peu nombreuses et peu tranchees ; de I'autre , cbez les animaux domes- tiques, et cbez I'homme qu'il faut leur assimiler sous ce point de vue, des causes, et par suite, des efFets de variation dont les limites en nombre et en inten- site peuvent k peine etre tracees. Mais s'il existe sous ce rapport une immense difference entre les uns et les autres , il est facile de reconnaitre que I'etat de civilisation chez rhomme, et la clomesticite qui lui correspond si exactement cliez les aniraaux, n'ont r point dans la realite cree un ordre nouveau de causes et d' efFets, mais seulement ont multiplie, grandi et varie dans le detail les causes et les efFets deja exis- tant cbez les animaux sauvages. Chez les uns conime cbez les autres , les modifications sont tou- jours les circonstances locales, notamment I'babita- tion , le genre de vie et le regime dietetique : les ef- fets, des variations, d'abord dans la taille et la couleur, puis dans Ja proportion et la forme des difFerents ' organes : double similitude que je pourrais sui-, \ \ ZOOLOGIE GENERALK, 16 \ I L^ »^ ( %l ^iv i w ^ H li I ^ **n-- ; ^- k' h «t«i: ^ k i 1 i ' \ M ETUDE DES ANIMATIX DOMESTIQUES. que dans les derniers details, et dont je donnerais ainsi une longue et penible , mais rigou- reuse demonstration , si les remarques qui precedent et la confirmation qu elles recoivent d'une multitude defaits'generalement connus, pouvaient encore lais- desirer quelques preuves La siderat quence qui Tionr le sui' est deduire de ces con it special de ce travail, ^st, comme on va le voir, directe et importante. Si les variations physiques qui se produisent cliez rhomme^ sous rinfluence de son etat de civilisation , etaient des plienomenes d'un ordre particulier ; si notre es- pece se trouvait h cet egard , comme sous tant d'au- pports, hors de dans la creation , il evident que serious reduits k ne point dans I'etude des races liumaines , du cercle d tliropologiques : tout jiques : tout emprunt fait k une autre j^rancne aeJ sciences ne serait qu une source d'erreurs, et rien de plus. Mais si les variations physiques de I'homme offrent des relations manifestes avec les va- J nations des animaux , si elles consistent dans de sem- blables effets, explicables par les reductibles aux memes lois ; sil e I ' ce dont on ne pent d memes r analogic pourra devenir, pour I'etude des races bumaines, un guide issi utile qu il etait dans^ereux dans ma premiere pposition. Enfin 1 que physiques de 1 ralement analogues par leur nature aux variations des n( m t'. \. -TS? J f I J races APPLICATION A L ANTHKOPOLOGIE. chez les animaux , sont en particulier exa et de tout point comparables k celles des 243 peces domestiques , 1' etude des races celle des races animales domestiques de nifestement , I'une pour I'autre , un con liunia iplement ciproque et necessaire ; et les isoler , c est supprimer parmi les donnees des difficiles problemes qui s j rap- portent , la nioitie des elements qui peuvent et doi- vent concourir a leur solution. V. un premier g d'appl Je viens d'indiquer cations presque entierement negligees , quoique lei rapports d'ou elles derivent, aient ete depuis long temps apercus, il est vrai, d'une maniere tres-confuse Voici maintenant une autre serie d' applications plu: completement negligees encore, et dont le principc 1 peine introduit dans la si ir quelques instants abstra gie que nous venons d • ^ des races liumaines et celles des animaux domest ques occup de la nature de de leur mode de production , bornons-nous k erer les effets dans leur relation avec leur cause S Les variations des races domestiques sont de de ordres : variations des races par rapport au type sa ge et primitif J variations d Les < 1* * \ 'i ' * i *: ). n * » ■I f ***r u : 7 ; fii IT' »«^ ^ '.' 9 ! * b h f 4 ' i / .>-_L*^. ^'^" ^^m i ? m & iliM f tH t t t*-* 244 ETUDE DBS ANIMAUX DOMESTIQUES lines et les autres ont ete attribuees des les premiers commencements de la science a Tinfluence de la • • domesticite les remarques que i'ai p plus f sufiisent pour etabli ir que cette expli qu'ancienne. Or, il est de evidence que I'influence de la domesticite n'est autre cliose que I'influence tantot directe , tantot indirecte, du pouvoir de I'homme, soumettant a son joug les especes utiles k sa nourriture , h son ind plai et pour des d ;s-difFerentes de celles dela vie sauvage et primitive Consideres sous ce point de vue , les animaux do i mestiq done de veritables ou^ V vrages de Vhomme modifications qui li Is presentent eloi^nent de toutes les types pri- mitifs, autant de traces irrecusables de I'influence et du pouvoir humains dans les ages anterieurs. Ge sont m des monuments d genre partic aussi durables qu'aucun de ceux auxquels on ordinairement ce nom.N'est-cepas, en eflfet, 1 qui a fait le cliien , le clieval , le mouton d tel s que voyons auj d'hui, c est-k-dire, qui, les soumettant a son joug d; une epoque tres-reculee et dont la date se perd pr que toujours dan des temp ment modifie ces utiles especes , a developp des facultes et des instincts etrangers , d en pparence , a leur etat primitif, leur a imprim^ le ik I + f } \ --. APPLICATION A L ANTHROPOLOGIE. 24b formes et les caract^res qu'ils presentent aujourd'hu d point du globe la nature avait fixe leur patrie , les a transportes et repandus dans toutes les f • ? loi de ses beso gions du monde civilise ( i , Ainsi , organisation , instincts , habitudes , patrie , rhomme a tout niodifie cbez les especes domestiques, ployant et soumettant partout I'ordre primitif k la ns , de ses volontes , de ses desirs ; oeuvre immense par elle-meme et par ses resultats; premiere preuve et premiere base tout k la fois de la puissance presque illimitee de I'industrie humaine. De ces relations importantes de causalite entre le pouvoir de I'homme, diversement exerce selon les temps, les lieux, les circonstances, etles modifications diverses des animaux domestiques ; de ces liens entre deux ordres d'actions et de pbenomenes qu'on pouvait / premier aspect 1 Vautre. decoule manifestement la possibilite d clairer Tetude de pa de Tautre; et de / de et precieuse source dans laqu ppl pouvons puiser d'autres et non moins utiles j tions k r anthropologic. A la verite,le raisonnement demontre seulement la possibilite generale et absolue , mais non presente et immediate de telles applications ; et il se pourrait que I'etat actuel de la science promettaiit 4 (1) Voyez Tarticle suivant , p. 249. > ■\ t T 1 f * 1*1 I * \ W> tf f li % \ f i f I *•* VI. 1-^ ■*«*t ... ^^ f r i I # t I I ^ 46 ETUDE DES ANIMAUX DOMESTIQTJES r pour I'avenir , nous interdtt cle les realiser des au- jourd'hui. Heureusement il n'en est point tout a fait ainsi, et Ton peut dejk, par un examen approfondi de diverses questions, s'elever a des coroUaires dont le nombre et rimportance s'accrottraient necessaire- ment en raison des progres futurs de la zoologie ge- r nerale. Ainsi, pour citer quelques exemples , ne con- coit-on pas assez facilement, aumoins d'une maniere generale, comnient la determination de la patrie ori- ginaire ( i ) des especes aujourd'liui repandues sur pres- que toute la surface du globe, peut fournir des no- tions sur le lieu primitif de leur domestication , et , J par suite , jeter quelque jour sur les relations an- ciennes de diverses nations ? Ne peut-on nieme prevoir qu en fixant , par une niethode quelconque , I'ordre relatif de la domestication des especes , ce qui est des k present possible pour quelques-unes , on doit arri- verkd' utiles inductions sur I'anciennete relative de la civilisation chez divers peuples ? Enfm , n'est-il pas evident que les idees emises par divers auteurs sur les analogies et les diversites , sur la communaute ou la difference d'origine de certains peuples, peuvent I 1 \ i / 4 F \ ^ \ l« -' I r U (i) Deja meme d'importantes i^echerclies ont ete commencees dans ce but par M. Bureau de la Maile. Voyez ses f^ues generales sur la cori^ Jiguration du globe et les anciennes m Comptes rendiis des seances de V Academic des sciences, t. IV, p. 54? ? iSS". — On doit aussia M. Bureau de la Malle un memoire sur la patrie primitive et Tanciennete de la domestication du cliat. Voyez les Aanales des Sciences naturelles , t. XVII, p. i65. I r> I V . w I t . APPLICATION A l'aNTHROPOLOGIE. etre , au moins dans quelques cas , confirmees ou in firmees par 1' etude comparative de leurs animaux do mestiques , aussi bien que par celles de leurs langue et de leurs monuments de tout genre ? VI. Je viens d'exposer les idees sur lesquelles pouvoir baser de nouvelles et utiles applications de la zoologie k I'histoire relle de I'liomme. Toutes decoulent directement ou indirectement de la theorie de I'influence modificatrice exercee par les circon- locales sur les etres vivants : tbeo presque la juger par le petit lits jusqu'a pre- nombre des resultats quelle a produits ji I sent , entravee quelle ^tait par une puissante , mai non invincible opposition ; theorie eminemment fe conde au contraire , si Ton mesure par la pensee tou les progres qui doivent suivre son admission defmi tive dans la science (i). p (I) Les travaux de Lamarck sur riufluence modificatrice exercee par les circonstances exterieures , seront peut-etre aux yeux de la posterite le plus beau litre de glolre de leur auteur. II est triste d'a- voir a ajouter que leur apparition dans la science n a ete saluee F F que par la critique acerbe de quelques erreurs de detail et de quel- ques ecarts d'imagination, taclies deplorables , mais inevitables peut- etre dans une ceuvre aussi bardie. On a vu plus haut ( dans la partie historique de cet ouvrage, p. 167) que Buffon et Goetbe ont admis, comme Lamarck , Taction modifica- trice du monde ambiant , a la demonstration de laquelle mon pere a depuis consacre plusieurs memoires etendus. 1 * ■ r V 4 f i: II (,.*. ri ii>^^ » i. I'l i 4 4 ■J \ ' «3 * I x ■^ ,r I 'S-; lu 4 » h ^ 1 ii» 48 ETUDE DES ANIMAUX DOMESTIQUES \ Si simples que soient en elles-meraes les idees expo sees dans ce travail, il m'a paru necessaire de les dis cuter et de les developper avant d'arriver aux corol laires que je me propose d'en deduire dans plusieur / niemoires ulterieurs. Les liens intimes qui unisse ces idees , et par suite ces corollaires eux-memes , une theorie longtemps contestee et souvent euco mal comprise , me faisaient une necessite de ce ti vail preliminaire. N'est-il pas d'ailleurs rationnel presque indispensable , quand on veut employer i instrument nouveau ou peu connu , d' examiner d bord avec soin tout le parti qu'on pent en tirer , ( pour ainsi dire , d'en mesurer la puissance? l\ V ^» ^ 1 mi t ' i fri V I / J ^ i% '\ ■ N II. ^ / DE LA DOMl^STICATION r DES ANIMAUX (1) I. 1 ¥ i ft lA i* . 9H t ^ M i ^^ INTRODUCTION, X F L'origine et la chute des empires , des republiques, des villes qui se sont succede a la surface du globe ; 'r les luttes des peuples les uns contre les autres , et leurs discordes intestines; leurs cOmbats, leurs vic- toires , leurs revers , depuis plusieurs milliers d'an- n^es, ont ete habilement retraces par les historiens, et sauves par eux de I'oubli. Les auteurs qui ont amsi deroule devant leurs contemporains et devant la pos- terite la trame sanglante de Thistoire humaine , ont fait beaucoup pour I'instruction des bommes et pour la satisfaction d'un besoin que le genre humain tout entier eprouve, comme chacun de nous le res- h sent en lui , le besoin de se souvenir. Mais Toeuvre (1) Extrait, avec quelques modifications , de YEncjdopedie nowelle publiee par MM. Leroux et Reynaud , t. IVt * - i \ 4 « i 1 r 'J i (Ti I ^ _ I tt I* ?1 k I i^ 4ii % f f- •■*i t 250 DOMESTICATION DES ANIMAUX. r ' entreprise par les historiens est loin d'etre complete Avant toutes ces histoires partielles des peuples e des empires, il est une autre histoire bien plus grande bien philosopliique histoire de luttes pacitiques et toujours fecondes, dont le globe terrestre, et le heros , I'homme de les pays et de tous les temp C'est celle des dev loppements de la puissance humaine, et de cette seculaire de progres par lesquels notre espece , fondue k I'origine dans le sein de la creation ten tre comme une humble partie dans un vaste ense ble , s'est faite finalement la dominatrice de tout f qui Tentoure et la premiere apres Dieu. Cette immense histoire n'a jamais ete ecrite d con- son ensemble gtemps meme on a du croire qu elle ne le serait jamais. La conquete du glob restre par Thomme, oeuvre toujours continuee , toujours inacbevee, est destineepeut-etre k n avoir a tre terme que celui de Texistence elle-meme de ] p&ce humaine; cest une histoire vivante dont n mais sommes dont les commencements et la fm se perdent dans la nuit egalement obscure des temps anciens et de Tave- nir. Et dans ce passe si recule, sur lequel Thistoire, qui est la memoire du genre humain , reste muette ; dans ce passe oublie de nous tous , comme le sont de chacun de nous les premieres annees de sa vie, se trouvent precisement confondus les evenements dont la connaissance nous importerait le plus , parce qu en I f / INTRODUCTION. 25 I eux se trouve la raison de tous les autres : ceux (jui ont commence cette suprematie de I'homme sur tous les autres etres, qui, une fois etablie, ne pouvait nianquer de se prononcer de plus en plus , et de se changer finalement en une domination cheque siecle plus etendue et plus complete , bien que jamais ab- solue. Lk done se trouve le noeud du probleme ; sa solution est impossible , tant que quelques rayons de lumiere n'auront pas perce cette nuit profonde qui enveloppe les premiers siecles de la vie du genre humain . / Cette lumiere , dont la source doit sembler au pre 9 mier abord eteinte pour la confiance qu elle jaillira des progres nouveaux de resprit hu main, et peut nous : deik m dans un avenir pen eloigne de pouvons percevoir les premieres lueurs k I'horizon. La tradition^ il est est ici sans enseignements; tout au plus les div mythologies des peuples anciens ont-elles conserve • mais en les couvrant d'un voile, le souvenir d ■ques yerites qu'une interpretation, malheureu pi par la I'histoire. Mais il bien plus largement ouverte h nos investigations : au defaut de souvenirs que le genre humain ne saurait desormais plus retrouver , il peut , par la science , de r a ete. Pour t employ^, I qui est aujourd'hui, deduire ce qui prendre ici un exemple deja plus hai qui est d'une application evidente et directe \ II ii f :■ f m ' iki »i'\V * If ' W^ \ i» » *- I f i ■ I HI ^=r"^BT i . tmki ft I I 252 tre sujet DOMESTICATION DES ANIMAUX. d a de faire 3tat adulte, essaierait memoire le souvenir ■ J des premiers phenomenes de sa yie , de ses sensations premieres, desjoies et des douleurs de sa premiere enfc tons rorigine d y vie sontoublies pour jamais; mais, pour etre oublies, ils ne sont pas absolument perdus. Cliacun de nous peut retrouver les traces de leur existence passee par I'examen comparatif de lui-meme etdes autres liommes , et il les retrouve en effet d'autant plus exac- teraent et plus completement que son examen a ete fait avec plus de soin et delumieres ; au point , qu'en mettant h profit toutes les ressources de la science actuelle , il puisse etre certain d'avoir autrefois , outre les plienomenes communs k tons les individus dans leur premiere enfance, eprouve tel accident ou telle nia- ladie, ressenti telle action , en un mot, presente telle particularity dont les preuves en effet se trouvent em- preintes dans son organisation definitive. Eh bien ! ce quelle fait ici en petit pour I'enfance d'un homme, pourquoi la science , dont la grandeur , continuelle- ment et indefiniment progressive, doit etre u dessus de toutes . nos iptio elles pourquoi ne le ferait-elle pas en grand pour I'enf du genre humain Pourquoi desesp et rions-nous de voir des consequences fecondes nai de la comparaison scientifique de fetat moderne de I'etat ancien de I'homme et du globe ; de leur eta moderne Uvre a I'investigation directe de nos devan I t r 1 J ? i- r / / X ■i. f»r « r ■ _-? I i I INTRODUCTION. 53 de noiis-meraes : de leur etat passe , que ocula do bles peuvent etre decouvertes, par un emploi habile du raisonnement et p I ^j r les faits nieme de Fage actuel q ap tout, en ;ont des qu'eloig quences et pas X La metliode que j'indique ici , n est dans les sciences. G'est par elle que la geologie m( derne a ete fondee , science qui , sans perdre entien ment la liardiesse de la geologie ancienne , est dev nue aussi rationnelle et aussi positive que celle-ci etc le . C est p elle que des disparus de la surface du globe bien des que rhomme , dernier ne de la creation son tour , out pu revivre pour I'esprit h que Guvier est parvenu h retracer, c 4 avait devant les yeux, I'organisatioH , yappa et s 11 la patr jusqu humain n a jamais de ces etres que iples. L'applicati d sont pas sans analogic avec les precedents, et q pportent a une moindre antiquite done p offre d I grandes probabilites de succes pour le mo- ment ou, par la rechercbe habilenient faite et assi- r dument continuee des traces encore subsistantes de I'ancien ordre de clioses , un nombre suffisant de faits / m ^ »*i l^il ^ a ' i f ^ ♦ I U. 1 1 iX 4 \ I i i i" *# V I il m 1*4 « 'J- \ t «* IP /( -1 / / \ ^ ^i 7.\ 1 Mi^' *■• "M \ J i f f 254 DOMESTICATION DES ANIMAUX. decouvert base solide ofFerte raisonnements. ^ line autre metliode tres-analogue ^la precedentej qui menie se confond presque avecelle dans beau- up de cas, consiste dans la determination, pour e classe de faits , de la loi generale ou de I'ordre el auquel on pent les ramener; puis des pertur- bations, des exceptions a la regie qui ontetel de la puissance bumaine , modifiant , apres coup , des d'abord conformes 1 Vo un exeraple des plus simples , il est evident que les naturalistes n'ont pas besoin de savoir bistoric^ue- ment le clieval importe en Amerique pour etre cer- tains de son introduction dans cette contree par les soins de riiomme, et, par consequent, de commu- nications, dont Tepoquepourrait meme etre deter- pproximativement effet , les lois de 1 distribution geogra phiq des mammife bien etudiees et bien comprises, demontrent suffisamra L rabsence du cbeval en Amerique dans les temps ms. Et ce que je dis ici d'une perturbation de 1 e primitif operee par Thomme k d par Thistoire une epoque re- ience pent raffir- de nieme de semblables perturbat r r operees dans une baute antiquite , et sur lesquelles I'bistoire ecrite , les monuments et la mytbologie elle-nienie se taisent egalement. Ainsi, d'une part, I'etude des vestiges encore sub- I / ' I I- -S / INTRODUCTION. f 4 F de I'ancien etat des clioses : de 1 255 plus difTic plus philosophique tout plus feconde, des modifications apportees par puissance humaine dans des faits soumis k des 1( ou determinables dans e , deux generales dejk determinees I'avenir : telles sont, en derni^re analj metliodes par lesquelles on concoit des k present la possibilite de rassembler peu k peu les elements de cette liistoire inconnue dont mencement de cet article I'immense programme. Et tracais au com- puisqu'il en est I'espo pour notre epoque , si rapide que pas peut le prog pour I'avenir, de partie des souvenirs , depuis tant de effaces, de I'enfance du genre liumain , cet espoir rien de cWmerique ; et des k present, nousrne sauri tous mettre trop de zele k preparer, par tous moyens qui sont en nous, et a liater le moment les il sera realise. Sans do effo de chacun de d'un tel but sont de pe homme dii est isole ; mais il peut tout, q multipliees par la double puis de Tassociation. ses forces du nombre et que + On comprend mainte dans la question de la domestication des animaux une simple question de zoologie appliquee , ainsi que tant d'auteurs I'ont consideree. Sans la neglig ce point de elle I'une des plus grandes *¥ \ ■i \ f \ n 1' 4 > % \ f w I #f ill f » V i % 1 ^ -, * * 7 /' ''^ } * k 1^' I I I \ 256 DOMESTICATION DES ANIMAUX. f —I questions de la pKysiologle generale et de la pliilos pliiezoologique, en meme temps que je reconna; dans la conquete par riiomme d'etres doues de v lonte et d'intelligence , le fait le plus caracteristiq de prematie d espece, et I'acte le pi significatif de propriete quelle ait jamais accompli sur le globe. De Ik I'etendue que j'ai cm devoir donner a que je vais mettre a traiter les points de vue la question cet article, et le soin es-complexe qui en fait le sujet. II. NOTIONS PRl^LIMINmES SUR LES DIVERS MODES DE POSSESSION DES ANIMAUX PAR L'HOMME. La question dc la domestication des animaux, malgre sa haute importance , a tellement ete negligee par presque tous les auteurs que Ton n est pas encore fixe sur ce que Ton doit entendre par animaiix do- mestiques. Par opposition aux animaux qui vivent libres dans I'etat de nature , et que Ton appelle sau- mges, on etend generalement le nom d'animaux domestiques , sjnonyme parfait dans ce sens de cette expression complexe animaux de la maison, h ceux que I'homme nourrit dans I'interieur oii au voisinage de ses demeures, soit pour satisfaire par leur posses- sion des besoins reels ou factices , soit simplement en vue de ses plaisirs. Plusieurs auteurs , au contraire , apportent diverses restrictions k cette large, mais trop vague definition qui me parait confondre en effet trois ** *! *! U ' •\f •m. ^^^ \ <«4 A ' NOTIONS PRELIMINAIRES. 357 etats tres-distiricts : h captmte, Yapprlvoisement , et la veritable c/ome^^/aV^'. La captivite et Yapprivoisement ont cela de com- i^^un qu'ils n'ont lieu que par rapport k des individus isoles. Si rasservissement de ces individus est tres- m ^ mcomplet et se reduit presque a la privation de leur liberte, ils sont dits siniplement captifs. Si leur as- servissement est complet, si le joug de Thomme a ete accepte par eux et de nouvelles habitudes contractees selon le vouloir de leur maitre , ils ne sont plus sim- plement captifs, ma le dit aussi, prives. \ s apprwoises , ou , comme on L'apprivoisement d'un animal commence le jour ou son maitre pent cesser d'en- cbainer son corps , parce qu'il a su encliainer sa vo Un animal eaptif est comparable k un prison arracbe violemment a ses habitudes pr reprendre sa liberte a la premiere occasion favorable. Un animal apprivoise, au contraire, pent etre assi- , reduit en servitude des son enfj isclave qui, depuis de long paisi ible- ment, sans espoir, souvent meme sans desir La captivite r habitude lui a rendu leger. nt ■ en definitive , autre chose qu un etat purement passif , resultat de la privation de la Hberte , tons les animaux , ceux exceptes que conditions spe n de I'homme leur excessive petitesse ou quelq ciales d' existence derobent k \ peuvent evidemment y etre sou] V apprivoisement est au contraire un etat aetif qui ZOQLOGIR GI^NERALE. 17 *h % ♦ \ kk I t ki I t ^ iW "^^^ ^j. ^. - ^' ^ ^5 r ( I I 258 DOMESTICATION DES ANIMAUX. ppose la possibilite de se plier h de nouvelles ha Litudes, la du par quent un certain degre d' intelligence et de volonte. Aussi un grand nombre d'animaux, et notamment des classes inf( ne sauraient etre veritablement apprivoises , mais seulement plies, ou , si Ton veut , acclimates par une longue habitude aux conditions de la vie captive . La captivite peut done etre consideree comme un premier pas fait vers I'ap- privoisement , mais comme un premier pas que les especes inintelligentes ne sauraient franchir. En retenant captifs et en apprivoisant des animaux, souvent au prix de beaucoup de peines et de depen- ses , I'homme peut n avoir d'autre but que de se pro- curer quelques plaisirs; par exemple, la vue d'un oiseau pare de brillantes couleurs , I'audition de son chant, ou meme la simple possession d'un objet rare. Mais la captivite et Vapprivoisement des animaux ont souvent aussi lieu en vue d'une utilite reelle. Ainsi plusieurs oiseaux comestibles , les ortolans , par exem- ple, dans quelques parties de la France, avant d'etre livres h la consommation , sont retenus captifs pen- dant quelque temps, et gorges d'une nourriture abon- dante qui doit rendre leur chair plus succulente encore. Ainsi encore, des civettes, des autruches, des marabouts sont souvent eleves en Afrique par les na- rels , desireux de se procurer pour eux-m§mes et pour le commerce , les produits precieux de Des exemples bien remarquable 7 i L I- / ! ■/ 'I - J- .-■? \ 4 M 1 I- NOTIONS PRELIMINAIRES. 259 puisqu'il s'agit ici non plus de simple captivite , mais d'apprivoisement porte aussi loin que possible , nous sont offerts par le gerfaut , le faucon , le liobereau , et d'autres especes d'oiseaux de proie , dresses par les fauconniers k la chasse des autres oiseaux et meme des petits mammiferes ; par le guepard , que les In- diens ont quelquefois contraint k leur rendre de sem- blables services ; enfin , et par-dessus tout , par I'ele- pliant , dont les Indiens, a toutes les epoques histo- riques , et les peuples du nord de I'Afrique , dans '4 faire k la fois un esclave dant la paix et un si redoutable allie I'antiquite docile pel pendant la Ges derniers exemples nous montrent des animaux apprivoises , emules , par les services qu'ils rendent a Fhomme, des animaux eux-memes les plus comple- tement domestiques. Une difference importante , ca- pitale , separe neanmoins encore les uns etles autres : I'impossibilite ou Thomrae a toujours ete , ou il est encore , de multiplier , selon ses besoins , et ces ani- maux dont il a su se faire des compag fideles et intelligents presque h I'ega et I'eleDhant lui-meme perieur par sa vig d port. Dans cette derniere espece , il est vrai, des iples de reproduction ont ete obtenus par des babilement diriges; mais de options qui, si elles indiquent pour I'avenir la pos bilite de la domestication complete de 1' elephant i ^. ?4 3 m ^*i ] \ k i. / 1 v^ J r I r---". h . ^ 1^ r r •■■^ fw \ *. k< >: 1 260 DOMESTICATION DES ANIMAXJX. loin de droit de considerer prog comme des a present pli. Ici done i'homme ne possede , comme dans tons les autres cas d'apprivoisement, que des individus en plus ou moinf grand nombre , enleves isolement ^ la vie sauvage et non une suite d' individus issus les uns des autres r une race. Ce n'est encore qu'une conquete imparfaite mal assur cesse par que rhomme doit maintenir sans ploi des memes moyens violents qui I'ont autrefois fondee; car la mort diminuant de jour en jour le nombre des individus soumis , chaque ge- neration humaine se voit contrainte de reprendre loeuvre de ses ainees , et de se faire par la force de / ^m. nouveaux esclaves pour reparer ses pertes. La veritable domesticite , au contraire , nous offre pour caractere essentiel la possession acquise k I'homme, non pas seulement d'individus quete est compl isoles, si supposer, indefiniment durable ; les generations d'autrefois domestiquant les aniraaux, en s' etre les aniraaux , en les obligeant , apres livres eux-memes k I'liomme, de lui livrer aussi le'ur posterite , ont transmis aux generations fu- tures , non-seulement leur exemple et leurs enseigne- xnents , mais les resultats eux - memes , et , pour dire , les produits materiels de leur indust biens inep puisqu'ils se reprod sans ptibles meme d'etre accrus indefmi par des soins faciles et tout pacifiq C I m #4 i ^ / r f ^^% t NOTIONS PUELIMINAIRES. 6l ainsi qu'aujourd'hui , nous, hommes du dix vierae siecle , nous I'ouissons du fruit des travau , le souvent complis dans les temps anciens , meme dans les ages ante-historiques , et dont lesau- teurs inconnus, apres avoir ete les bienfaiteurs de nos peres, doivent I'etre de nos descendants jusque dans I le plus recule , sans que ( ie de siecle en siecle , doive ivr que celui de 1' existence elle-meme du enre lium am. La puissance de I'homme k I'egard des animaux domestiques ne reconnait guere plus de limites dans I'espace que dans le temps. La domesticite d'une espece , ce n'est pas seulement sa conquete une fois ac- complie au profit des hommes de tons les temps; c'est aussi, et avec non moins d' evidence, sa possession trans- mise par un peuple k presque tons les autres. S'etre rendu completement maltre d'une race, c'est, pour le genre humain , avoir en ses mains le pouvoir, seulement de la multiplier presque autant qu veut , mais aussi presque partout ou il le veut. i^es differences elles-memes des climats , les plus fortes barrieres que la nature ait opposees k 1 expansion in- defmie des especes, ne sauraient arreter I'liomme dans la propagation graduelle d'une race domestique , ope- /" / ( s il par les lentement prudents de pi g successives, comme elle I trop pour enl souvent dans ses efforts individuels bnisquenient un animal a sa vie de nature et a sa I il . Mfe '■ ^l ^ v: i. tr { ^ *t m ■n li ^ »# ^i ,i t \ i» :i i ^ A ^' I f, F 1 I I 1 4111 I #^ w S ir ^1 262 DOMESTICATION DES ANIMAUX. patrie. Pour une race domestique , il s'agit , en eff'et lion de plover violeninient a des conditions toute nouvelles une organisation vierge qui resiste et res mais d'obtenir peu k peu , par une suite de change ments exerc^s de generation en generation , I'accl matement d'etres deik deshabitues de e Sauf quelques climats d gueur exceptionnelle final est ici infaillible en raison de la perpe tuite du g humain perpetuite qui entraine comme ses consequences necessaires , et la possibilite de tenter un nombre indefmi d'essais, et celle de r marclier, dans cliacun d'eux, vers le but, par un mouvement tellement lent qu'il devienne insensible. ons. non-seulement en J sur ces dit de leur interet propre , mais aussi parce que j les plus positifs de distinction portant § sement des animaux par Thomme , Y apprivoisement et la domesticite. II resulte incontestablement de ce qui precede, quautant I'apprivoisement , qui est la conquete complete de I'individu , I'emporte , soit par Ses resultats utiles , soit comme temoignage de la puissance humaine, sur la simple captUnte ^ autant^ et plus encore, il est au-dessous de la veritable do- mesticite^ * ^ rf } i CLASSIFICATION DES ANIMAUX DOMESTIQIJES 265 qu'ils aient ce genre d'utilite accessoire et en quelque sorte fortuite , soit qu'ils restent conipletement inu- tiles , il n'est pas moins exact de considerer les es- peces de ce premier groupe comme conservees et niultipliees par Thomme , non parce qu'elles lui sont utiles , mais parce qu il trouve quelque plaisir dans : difference nette et caracteristique les groupes dont I'indication va etre leu possessio do plus has La classe des oiseaux , si riche en especes r quables par la beaute de leur plumage la melodie ou par e de leur voix , est celle qui a fourni k I'homme le plus grand nombre de ses animaux do- ^ mestiques accessoires. Tels sont le serin, la tourte- relle , apres lesquels il faut placer, bien que les riches se nourrissent quelquefois de leur cliair, le faisan dore , le faisan argente , le faisan h. collier, le paon , rpie de . Guinee et le cjgne ; especes qui, en effet, sont recherchees surtout k cause de leur beaute ou de leur rarete , pour Tornement de nos basses-cours et de nos volieres. Parmi les poissons, le cyprin dore de la Chine le dispute , par Teclat de ses couleurs , aux oiseaux les plus brillants , et les surpasse de beaucoup en fecon- dite. Aussi ne le voit-on pas seulement multiplie en nombre immense dans les viviers et les bassins de riches : un cyprin dore, emprisonne dans un etroit bocal ou il peut k peine se raouvoir, est quelquefois le seul luxe du pauvre. . J* s * I i" , I i * 4 i I ♦ ■♦ . ft I 5 !*•»« »^ I v n% \. t ' * k : ■ \ i ) 1^ \ '•1 V J ' * ■■■' . ^ If L , M a fc \ *i ■r i 1^ rw ^/ r t f 4 * « 4* /] 266 DOMESTICATION DES ANIMAUX. Enfin les mammiferes fournissent aussi une espece au groupe des animaux domestiques accessoires : c'est le cobaye ou cochon d'Inde. C'est ici , en effet , qu'il faut placer ce rongeur, bien qu'il ait ete employe h divers usages. Le pauvre s en est quelquefois nourri faute de mieux ^ et le physiologiste , trouvant en lui le plus petit , le plus fecond , et par suite le moins cher de tons les mammiferes domestiques , en a fait sou vent le sujet de ses sanglantes experiences. r g La possession de cette espece nest done pas sans quelques resultats utiles pour I'homme . sultats ne sont nullement desq nourrit et multiplie le cochon d'Inde. La veritable cause de sa domestication est , comme cbacun le sait , le plaisir, assurement pen envie de la plupart de mes lecteurs , qu'une multitude de personnes trouvent , en raison sans doute du pen de peine et de frais qu e entraine , dans V education de ce fetide et animaL La classe des insectes , qui ne comprend ; espece d'animaux domestiques accessoires , ii en com- Ici prend plusieurs au contraire qui se rapportent second groupe , celui des animaux domestiques dustriels , et qui meme le composent en entier. doivent en effet se placer, comme utiles par les pro- duits qu'ils fournissent k I'industrie bumaine , la co- V cbenille du nopal, le bombyce du murier ou ver-k-^ soie , et quelques-uns de ses congeneres , notamment le bombyce mylite et le bombyce cynthie, qui , culti- f. I l ,t. ii , -^**»- CLASSIFICATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 2 depuis longtemps en Chine et dans I'Inde, restent ore h importer parmi nous. Apr^s eux , je men- tionnerai beille qui en meme temp quelle I t % donne la cire k Tindustrie de I'liomme , prepare dans le miel I'un de ses plus doux aliments , et par Ik , sans etre encore une espece veritablement alimentaire , lie cependant d'une maniere assez intime le troisieme et le second groupe. Si Ton exceptela carpe qui, bien que propagee et multipliee par I'homme loin de sa patrie originelle , nest m^me pas encore une espece completement do- i mestiquee, c'est dans la classe des mammiferes et dans celledesoiseauxquerhomme a pris tous les animaux domestiques alimentaires. II doit h celle-ci le canard Ordinaire , le canard musque , si improprement connu nom de canard de Barbaric, I'oie, le dindon la pintade , le fais et- auss peut etre k elle seule que tous les autres ensemble, la poulc. La classe des mammiferes lui a fourni le lapin , la brebis, la clievre, et cette autre espece dontl'utdit^ est devenue proverbiale, le coclion. Ces animaux, essentiellement alimentaires, sont en meme temps utiles h I'homme par divers produits qu'ils livrent h. son industrie. Les plumes de presque tous les oiseaux de basse-cour, les pennes de I'oie, la fourrure du lapin , le poil de la chevre , la laine de la brebis, les cornes de I'une et de I'autre, la graisse du cochon , de la chevre , de la brebis , les os de presque tous ces animaux, ont des usages multiplies qu'il serait v / I f ♦ I '1 \' lli! : 41 i I 1 n * ' • -<> i \ V* II m ft4 1 fl 'I f ^ \ 4 i? »t ^ --■- r- f :*»** 1 ^ 1 *\^1 *^ nt s A \ ■'I h 26S DOMESTICATION DES ANIMAUX. superflu d'enumerer ici. Un animal utile k 1' alimenta- tion de I'homme est done en meme temps presque toii- jours utile k son industrie ; et si je I'appelle alimen- taire , ce n'est pas qu'il ait seulement ce genre d'uti- lite; c est parce que ce genre d'utilite, entre tous ceux qu'il peut presenter, est le plus grand, et celui qui a surtout determine la domestication et la multiplica- tion de I'espece. De meme, les animaux auxiliaires, c est-a-dire ceux qui sont eleves par I'liomme pour les services directs qu'il en retire pendant leur vie , ceux qui vivent au- pres de lui comme ses esclaves et quelquefois ses com- pagnons, sont tous alimentaires, industrels , ou m eme les deux ensemble, en meme temps qu' auxiliaires. Pour pen que Ton y reflechisse, cette double ou triple utilite devait meme necessairement exister. Devenues \ propriete de rhomme , soumises stances pal de le ur / multiplication , k sa volonte intelligente, ces especes, par cela meme qu'elles etaient des auxiliaires emi- nemment utiles pour lui , devaient devenir presque infmiment nombreuses ; et elles ne le pouvaient de- venir , sans que I'homme chercbat et trouvat les moyens d'employer avec avantage les immenses pro- duits qui r r de lui bre disp Les animaux auxibaires ont presque tous ete pris dans la classe ou I'intelligence est le plus developpee , celle des jiiammiferes ; et il en devait etre ainsi , des \ •^ \*K > I CLASSIFICATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES 260 quil s'ag rhomme . d'anima participat dest I k entrer, avec de ses travaux. L'ordre des quadrumanes , le premier par le developpement de facult^s intellectuelles comme par Wance avec rhomme , n'a cependant, fait tres-re quable, fourni aucime espece : mais I'ordre des nassiers, qui vient presque immediatement apr^ en a donne trois, le chien, le chat, le furet les herbiv ces, sayoir : cinq jusquE neuf esp repandu^s jusqu'k present dans petit nombre de contrees seulement , le renne , des regions polaires , le lama , des Andes peruviennes et chiliennes, I'yack ou buffle k queue de cheval, etle chameau , de I'Asie centrale, le dromadaire , de I'Asie meridionale et de 1' Afrique septentrionale ; une autre, propagee dejk dans plusieurs contrees fort distantes les unes des autres , le buffle; et trois qui sont aujour- d'hui devenues cosmopolites, fane, la vache, et sur- tout le cheval. .Apres tous ces mammiferes, je puis citer,parmi lesoiseaux, le pigeon, messager rapide derhonime, dont les admirables instincts, connus et mis a profit par les Orientaux depuis un temp \ pliques la classe dei niorial , restent encore entierement Cette espece est la seule etran mammiferes que Ton puisse considerer comme auxi- liaire de I'homme ; et encore est-il evident quelle est en somme beaucoup plus utile encore comme animal alimentaire. Aussi , dans tous les pays ou Von eleve M I ■ k 4 I I i 1 * m m ' f :1H \ t* ■.t [^ -i 9 I i 1 / ^ r' I ♦■ % 1 \ I n m% ^m «) '%m f F I*- ' F ^ 270 DOMESTICATION DES ANIMAUX. des pigeons , c est prlncipalement pour la nourriture de riiomme; et il n'est point douteux que I'es- • . • V pece n'ait ete pnmitiYement domestiquee dans le meme but. Gette derniere remarque , que je pourrais etendre avec vraisemblance h. plusieurs des mammiferes do- mestiques auxiliaires, suffirait pour placer sous son veritable point de vue la classification que je viens d'exposer; cest-a-dire, pour faire voir en ellq expression des difFerents modes d'utilite que pre- jntent les animaux domestiques dans I'etat actuel des 1 choses, mais de ceux qu pu presenter autrefois ou pourraient presenter dans I'avenir. Les 4 progres de la civilisation chez un peuple, et encore les communications bl entre les divers peuples , peuvent avoir et ont eu meme tres-ce] nement pour efFet, soit d'ajouter, soit d'oter a I'ut de plusieurs especes , soit meme de changer le g comme pouvait pie remarquable de ces changements , si I'or sen rapporter k une peinture egyptienne re de mille ans k Herodote . selon M. Cham pollion , et qui represente des beliers employ de r agriculture. Un pie pi quable encore, et surtout plus authentiq ama , si precieux aux Americains , avant la comme bete de transport , et si multiplie dans le Perou surtout , que Gregoire de Bolivar, par conquete S d'ailleurs bien evidente I I ^-^ * CLASSIFICATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES 27 I pas de porter k trois cent mille le nombre des indivi- dus employes dans la seule exploitation des mines du Potose. Aujourd'hui le cheval, I'ane et le mulet ont remplace le lama dan s plusieurs localites ; et dans quelques-unes de celles ou il est encore _eleve en assez grand nombre, c'est presque uniquement comme ani- mal de boucherie ; en sorte que le moment peut etre prevu ou , comme autrefois la brebis en Egypte , le lama se confondra , pour une partie de 1' Amerique , parmi les especes seulement alimentaires , apres avoir tenu un si haut rang parmi les auxiliaires de I'homme II est meme permis de concevoir pour I'avenir la pos sibilite que le bceuf et le mouton , preferes par lei peuple de europeenne qui possedent auj d'hui TAmerique , se substituent encore au lama dam cet emploi nouveau et secondaire , et que sa race do mestique , autrefois la premiere en Amerique duise encore k une importance et a un nomb moindre, et meme, ce que je regarderais comme uiie perte tres-regrettable pour Tespece bumaine, finisse par s'eteindre entierement. IV. RtiSUMlfi DES FAITS PRECEDENTS. ma Le tableau synoptique suivant resume , de la ^re la plus abregee, tons lesfaits qui viennent d'etre poses dans le paragrapbe precedent, 1^. I f fe- I \ n fe \ I I *'!«! « # f k A 1 1 \l ^ *i t ffr« 4 . / ^ ♦ 27 2 •m- DOMESTICATION DES ANIMAUX / « ''-.. / i / } ^ I I •"•^ ^ J / 4 ft INDICATION DES GROUPES ZOOLOGIQUES Carnassiers Mammif^res Rongeurs Pachydermes. , Ruminants. , . Passercaux OlSEAUX. Pkeons Gallinaces Palmipedes PoissoNS. . , Malacopterygiens. . . Insectes. . . Divers ordres. . . . Total pour les niammiferes « • Total pour les oiseaux. Total pour les poissons Total pour les insectes. Total general NOMBRE des ANIMAUX DOMESTIQUES 5 2 7 » 1 » )) }> » 12 1 » » 15 QJ J » 1 1 2 » u 4 5 1 )> 4 7 1 )> 12 en m 3 » » }} » » » » )) » 5 » » » 5 3 o en c 1 » » 1 1 r 2 1 » 1 8 1 » 10 t-J O 5 2 9 1 2 8 3 2 5 17 16 2 40 f En jetant les yeux sur ce tableau sjnoptique, on ne peut manquer d'etre frappe de la repartition tres- inegale des especes domestiques dans les divers V *k *> ^ i ^_ ^ r i 1 [ CLASSIFICATION DBS ANIMAUX DOMESTIQUES. groupes zoologiques. Sur vingt classes dont se compose le regne animal , seize n'ont pas meme , prises toutes ensemble , fom^ni k I'homme un seiil de ses animaux domestiques ; et le partage de ceux-ci est tel entre les quatre autres classes, que deux d entre elles, les mammiferes et les oiseaux , renferment k elles seules trente-trois especes sur quarante , c est-a-dire plus des quatre cinquiemes. - Gette disproportion, deja si marquee, va devenir Lien plus frappante encore, si, de la comparaison des classes, nous passons k celle des ordres. Sur les dix-sept mammiferes domestiques , douze , et ce sont precisement , le chien excepte , toutes les especes dont la possession importe le plus h I'homme , appar- tiennent au groupe des mammiferes herbivores, prin- cipalement aux ruminants. Parmi les oiseaux , I'ordre des gallinaces , qui ofFre des analogies si remarquables et si multipliees avec les mammiferes herbivores , a donne de meme un nombre proportionnellement tres-grand d' especes domestiques presque toutes tres- importantes, savoir, huit (non compris le pigeon et la tourterelle) sur seize; encore faut-il remarquer que parmi les huit oiseaux domestiques des autres ordres, se trouvent jusqu'k cinq especes d'une famille tr^s- voisine, sous beaucoup de rapports, des gallinaces celles des palmipedes lamellirostres. Ainsi , fait bien remarquable, sur les quarante anj : maux reduits par I'homme en domesticity , nous en trouvons jusqu'a vingt-cinq pris dans ces trois grou- Z.OOLOGIE GfiNEUALE. 18 / / ^ if 14 4 \ I i f i *# Ul 4p «I '-- i J M f I \ t ^ tt » * i It*. 1 F H i I i i « I I j ^ m ''f »(' P'^ )(r I \i ■ki 1^ II t L ^|j4 DOMESTICATION DES ANIMAUX. pes : les mammiferes herbivores , les gallinaces , les palmipedes lamellirostres ; groupes tous trois peu nombreux en especes, et qui ne comprennent pas meme k beaucoup pres , tous ensemble , un centierae des especes sauvages. Assurement il ne viendra k I'esprit de personne qu'une telle disproportion puisse etre I'effet du hasard : elle resulte evidemment comme consequence neces- saire de causes dont nous devrions reconnaitre I'exis- F tence sans besiter, alors meme qu'elles nous resteraient entierement inconnues. Si I'homme a pris la plupart de ses aniraaux domestiques , et notamment les plus importants d'entre eux , dans tel groupe plutot que dans tel autre, il est par cela meme certain que la conquete des especes du premier, en raison des con- ditions particulieres de son organisation et de leur genre de vie primitif , s'est trouvee, ou plus facile, ou plus ayantageuse , ou I'un et I'autre h la fois. La question que j'indique ici , n'a encore etc ni traitee , ni meme posee par aucun auteur dans toute sa generalite. Elle est cependant bien digne d'occuper les meditations de rhomme, puisqu'en elle doit se trouver, lorsqu'elle sera completerhent resolue, I'explication de I'un des faits principaux, du fait principal et initial peut-etre , de la domination de r homme k la surface du globe. Aussi vais-je es- sayer de presenter au moins quelques apercus sur ce grave sujet, en attendant que les progres de la science permettent de le traiter d'une maniere complete. f 3 4f "I P * J •I 4 \ ! 5^ \ n DOMESTICATION DES ANIMAIJX. cflienient parmi 1 iferes, les seconds p les mammiferes et les oiseaux herbivores , {iugivores, ■ 1" gmnivOies, j'fitirai acheve cle montrer, au moins I \ d'utie maniere getierale, avec quel sentiment eclaire de ses propres foi'ceg, avec quelle haute hitelligence r de k nature ^t des instincts des ahimaux. Vhomme a gi esp 1 de de lui et jpOur Itii les p ppropnes ^ t ces group ■ I Ges groupes Ornithologiqiie!^ , les g palmipedes laiiieliirosti*es , et de mem* mamiiialogiques , les ruminants et les pachj dans lesqiiels rhoililiie a cliOisi le plii etj a ime exception prtis, les animatis doniestiques , etaient-ils , en effet ^ ceux < les especes etaient les plus faciles k domestiq y plus precieux de ses a p vait ofFrir le plus d'avantage^ La premiere de ces questions est , li men sens, tres- complexe. Le petit nombre d'auteuiS illoclornes qui Vont traitee, et M. Frederic Cuvier lui-meme, celui de tons qui a porte le plus de savoir daiis son exa men (i)^ paraissent au contraire i'avoir jugeetres B, Suivant p\r\ . o]]p. «p m'soi d presque tout entiere par une seule condition : celle de I'in- * m (l) Vcyez, dans les Memoires du Museum d'Hlstoire naturclle.t.lii^^^ p. t\o^, son Essai sun la domcsticile de s antniaiix. ' / •f ( *% t \ p »« i r 1 « )4 i V 4 I !i n|i? ^ I ! REMAKQUES GENERALES. 79 fluence puissante que doit exercer la sociabilite d le succes des teiitatives faites po com- domestiquer. Cette influence pletement avec ces auteurs; et M. Frederic Guvier r en fixant specialement sur elle Tattention des logistes , me parai important service. Tout rebelle k la do endu h. la science un lent soli- jpendant , t absolue. comme on I'a dit, d'une mani^re constante et temoin , sans franchir meme les limites de la classe des mammiferes . le chat et le furet. La domination My d'un animal par I'liomme n'est en efFet, aprestout, qu un mode particulier d'association contractee , par Vavantase de I'un d'eux . entre deu tres-difFerents et tres-inegalement puisgants. Oi doit etre difficile de clianeer tellement le naturel lieu de la societe d 1 qu pte, an semblables , ou en participation avec elle , la societe d'un etre si dissemblable k lui-meme ; si Ton ne pent atteindre ce resultat quen modifiant profondement les inefFacaLles instincts qui lient entre eux, par un Kf^cmn fWfPnnf\r^^ i^^i^tiiollo i^f rl'nftsnniation , tons les dividus d h plus forte raison do on par d'immensesdifficultes, lorsqa'ii s'acit plus de do ge k ces instincts , mais de les creer la ou ils n' existent pas. De la le de ilsp to aj ours incomplets, que lliomme a obtenus a Vegard des animaux solitaires. / I /« \ \ H « I I , *w mo I ^« hw I ' \ i ■ ■, J •< V m 'j:". w •i# \^ I 1 4. 11 i f to '■M ( ¥> 280 DOMESTICATION DES ANIMAUX. L' observation montre que les animaux carnassiers sont ordinairement solitaires , tandis que les herbi- vores , les gallinaces , les palmipedes lamellirostres , vivent en troupes plus ou nioins nombreuses ; diffe- rences dont il est a'ssez facile de concevoir la raison generale. Dans les especes de proie, chaq 1 ndividu, oblige de conquerir par la ruse ou la force, it presque toujours apres une longue attente ou de patientes recberclies nourriture toujours rare, trouve dans chacun de ses semblables un rival luttant ■ ^ ayec lui de patience , de ruse, et quelquefois de force, pour la lui disputer : de Ik les habitudes solitaires de ces especes dans lesquelles le male et la femelle ne se reunissent meme que momentanement , dans les- quelles aussi la mere, ses petits une fois eleves, ne man- que pas deles chasser et de les disperser au loin. Pour les herbivores , au contraire , auxquels la nature offre bondante de disette : d reunion du pere , de la m^re , des enfants , presque toujours meme de plusieurs families en troupes, dans lesquelles chaque individu, faible isolement, vient multiplier ses forces par celles de ses semblables. L'association de tous fait ici la surete de chacun. Les habitudes sociales des mammiferes herbivores , des gallinaces , des palmipedes lamellirostres , se lient ainsi par des connexions necessaires avec les condi- tions speciales de leur regime alimentaire ; et k leur tour, elles entratnent comme consequence h fadW I J I I- M II mi :i \ «^ ^ h -. I i \ REMARQUES GENERALES. 8 I grande de domestication , toutes ch les dailkurs. J'admets pleinement ce fait general que le raisonnement indique et demontre: i'attaclie meme a sa que I'obse :onsiderati( une tres-grande impo exclusive. Aller a rtance , mais non une importance u dela, comme I'ont fait quelques lui, non pas seulement I'une des do prmcip 1 d'un probl b suffisante d tomber dans une exag nie tres-complexe plication generale a erronee et plein de dangers. Qu'il y ait d'autres donnees dont il im- ^ porte aussi de tenir compte, je ne puis en douter, * ne fut-ce que parce qu'il existe un grand nombre de groupes zoologiques tres-remarquables par leursliabi- tudes sociales , et dans lesquels cependant I'bomme n'a pas pris un seul de ses animaux domestiques ; ce 1 qui montre avec evidence que la direction et le succes de ses essais de domestication ne sont pas seulement en raison des instincts plus ou moins sociaux des es- peces. Et s'il en est ainsi, s'il existe d'autres donnees connues ou inconnues , on concoit immediatement que I'influence favorable k la domestication qu exer- le de abil pent etre contre-balancee et annulee par d'autres con- ditions tendant , au contraire, k les soustraire au pou- voir de Thomme ; d'ou la possibilite qu'en somme une espece , bien que sociable, puisse n'etre que tres-dif ficilement reduite en domesticite. F On ne saurait non plus expliquer uniquemcnt , e .• '^'m 1 \ r.r \ ^ A XT ♦t. I ^' 'H & '%m I ^ M i\ ' m h •ff '¥ ^m i H ^ ^ I f f \ lit {I i(.v 1 41 I'f. II •% k 282 DOMESTICATION DES ANIMAUX. \ i r I y 1 c'est au reste ce qui n a ete tente par aucun zoologiste instroit , la predominance des animaux herbivores et granivores parmi nos races domestiques , par la faci- lite de nourrir ceux-ci , opposee k la difficulte d'ali- nienter des especes carnassieres. Ici encore je trouve une donnee k laquelle il importe d' avoir egard , mais qui est loin d'etre k elle seule tout le probleme ; et le meme raisonnement que je viens de faire k I'egard de I'influence des habitudes sociales, pourrait etre au besoin reproduit ici avec plus de force encore. II y a done lieu ^ meme apies tout ce qui a ete ecrit, d' examiner de noiiveau quels motifs ont determine riiomme dans le clioix des especes qu'il s'est asser- vieS; quelles conditions ont favorise et iacilite ses L tentatives. Pour qu'une espece soit facile h domestiquer, il fautde toute evidence qn ellesoit facile d appnvoiser^ puis y ce qui est tout different ,yacf/e amidtipUcr. Je suis done oblige ici de diviser la question pour Texa- miner brievement sous sa double face, d'abord a Fe- gard des oiseaux , puis a Fegard des mammiferes. La faculte d'apprivoiser un animal etant, toutes choses egales d'aijleurs , en raison du developpement de ses facultes inteilectuelles , on peut dejk prevoir > que les gallinaces et encore moms les palmipedes he sauraient etre consideres comme les oiseaux les mieux r ' ' J predisposes a I'apprivoiseraenL II est de toute evidence que les perroquets, les oiseaux de proie , les corbeaux les pies , groupes qui renferraent d'ailleurs un g ran d f \ t } \ f 1 ¥ ^ V t REMARQUES GENERALES. 83 nombre d'es beaucoup k ( pedes. Mais remportent de d sur les gallinaces et les pal snnt veritablement bors de b par les circonstances de leur reproduction, qui tend emmei les j em lamelb 1 pli dividus. Cbez la plupart des p 3S, aussi bien que cbez les gal r t nombre des males d P able, toujours inferieur a w^ -^ ^'^^ K^^^ t~^ '"' '~ celui des fe ears Eir ompensa ardeur et I'energie genera- trice des premiers J destines a Sa plusieurs femelles, est au-dessus de faire a la fois -L r ^ )ut ce que nous connaissons dans les autres especes ; d'ou le naturel faroucbe et irritable de tm males et la violence de leurs coieres jalouses. En outre, dans ces memes es- peces ou le§ cliances de multiplication sont accrues en n du nombre plus grand des femelles , les petits ent dans un etat de developpement tellement avance, qu'ils peuvent se tenir, marcher, prendre leur nourriture, et presque, s'ils sont places dans un mi- ^ lieu suffisamment cliaudj se passer de tons soms clo gers. II, done sur les autres jeunes olseaux , et Ton concoit comLien par Ih sont augnientees les cliances de conservation ^ ravatitage de p 1 premiere enfance d roeuf h ces dangers si g et SI niultipl qui 7 d presque toutes les especes , entourent I'ariimal nou- veau ne. Si done les gallinaces et les palmipedes lamelli- ,r ^ ^ p \ t1 1 1 i V* ■i '. i m •4 r f U V if a f ^ w f •1 fit ^ «. 1 I I * « /- I .1 t / ik ^1 i ff M| f ^ 284 DOMESTICATION DES ANIMAUX. I 3nt pas tres-aises k apprivoiser » se trouve remplie cette autre condition de toute do- niestication facile, la possibilite , si I'espece est placee sous un climat et dans des circonstances favorables , de la faire reproduire et de la multiplier assez rapi- dement. Les mammiferes herbivores sont presque exacte- ment dans leur classe, ce que sont les gallinaces parmi les oiseaux. Ici encore il s'en faut de beaucoup que Tapprivoisement soit aussi facile qu'il Test dans les groupes superieurs de la meme classe. En me bor- cet enonce , je suis meme bien loin d'exprimer compl itement cette verite ; je dois dire , et ce ; excepter meme ces especes regardees chez tc peuples comme les types par excellence de lute et de la ferocite, que je ne connais auc 1 mammifere plus difficile a do moms lorsqu'iis sont dans I'age et dans leur energie generatrice s'est completement develop- pee et n'a encore rien perdu. Les observations faites sur les animaux sauvages et surtout captifs fournissent des preuves multipliees et positives du naturel ardent, farouche , intraitable de ces males , dont les passions viol en raison de leur gueur et de leur energie generatrice. Ce naturel y< r die , ces passions violentes , on les mod mais non detruits par dpniestipite , chez les males eux-niemes des especes I 1 1 f Vk' f *\ .^i ^^ f i \ 4 I / ilEMARQUES GKNEBALES 285 \ que riiomme s'est le plus anciennement asservies, par exemple cliez le taureau , cliez le belier , chez le clieval entier. Pour quiconque examinera la question en se de- pouillant de toute idee preconcue , il est done evident que I'apprivoisement des mammiferes lierhivores, Hen que naturellement sociables , a necessan^ement presente h I'origine de tres-grandes difficultes; si grandes meme qu'aujourd'hui encore , apres tant de siMes , on n'a pu en triomplier completement , si ce n' est en otant aux males, par la castration, leur energie en meme temps que leur yirilite. Et meme , pour ne rien omettre , je dois faire remarquer que ce n' est pas ici seulement I'apprivoisement qui se trouvait si difficile k realiser, mais aussi la captivite de ces ani- r ' maux ; la captivite qui est le premier degre , la con- dition indispensable et preliminaire de tout appri- voisement. Ici, en efFet, il sagit, non comme pour j les gallinaces , d'etres comparativement petits et fai bles , plus ou moins faciles a saisir et k retenir, mais d'especes d'une grande taille , les unes, telles que le clieval, le taureau, le buffle, donees d'une vigueur si superieure aux forces physiques de I'liomme ; les au- tres , telles que le mouflon et le bouquetin , moins redoutables h notre espece , mais eminemment agiles, et placees par la nature sur les sommites abruptes et presque inaccessibles des bautes montagnes. On ne voit d'ailleurs nullement que, les ruminants et les solipedes une fois apprivoises , I'liomme ait du \ \ \ 1- ! \ f I i ^4 m i I t» ) \ ]• t 11 «N \ II I M M I 1 « .* 1 r\ '- ^ *.- i ^ *. "> 1 ^ L ^ / r'* \ ' - A f4 A -■k i m \ ; *F t i * «i »^ ■H* f *|>. 286 DOMESTICATION PES ANIMAUX. I i i I etre iiidemnise , par la propagation rapide de leurses- peces, des labeurs par lesquels seuls il a pu triomplier de tant de difficultes. II est bien vrai que , comnie cliez les gallinaces , les femelles sent ici plus nom- breuses que les males, et que les petits naissent de meme dans un etat de developpement tres-avance. Mais J de ces deux avantages , le premier est compense par la longueur de la gestation, et surtout par la naissance presque constante d'uii petit seulement ou de deux au plus k cliaque mise-bas; le second, par le long espace de temps qui s'ecoule encore apres la nais- sance, avant que les jeunes soient en etat, soit de propager k leur tour leur espece, spit d' aider leur maitre comme auxiliaires dans ses travaux, -r La consequence k laquelle conduit une discussion degag f de toute idee tlieorique preconcue iement celle que les auteurs avaient t I'etude des memes faits, et qu'ils ont fait prevaL dans la science. Les groupes qui ont fourni h I'bomi le plus grand nombre et les plus importants de 1 mammiferes domestiques, n'etaient reellement , doues de plug de fecondite, ni , malgre leur sociabili plus faciles a apprivoiser que plusieurs autres ; done ni sid Et domestication eta it la pi que nous la trouvions en defa > voyons sereveler^parune preuve de plus , cette liaute gence de riiomme, qui , si elle ne brille qi r it et comme par eclair cbez I'individu , pi de i \ •i J m J _.>^ I \ REMARQUES G^NERALES. constamment aux actes accompHs par la suite des gene- rations liumaines. Lorsqu'il a ete question d'animaux accessoires, I'homme a pu faire entrer en ligne de compte, et considerer meme pour beaucoup , dans le clioix qu'il a fait de ces especes , la facilite grande" de leur domestication ; et en faisant ainsi il a fait sagement ; car beaucoup de travaux consume; en vue de si minces resultats, eussent ete auprejudic( des besoins reels de riiumanite. Mais lorsqu'il s'est ag r d' especes dont la conquete etait pour lui dun im- mense avantage, I'liomme n'a plus i peines. II a consenti k lutter longtemp igarde k ses ture pen docile ; il ne s'est pas effraye de la taille et de la vigueur des etres qu'il voiilait ployer k son joug ; il a ^te, au besoin, les poursuivre jusque sur les cimes des rocbers ou ils se retranchaient comme dans un asile inaccessible ; et tousles obstacles ont du s'ef- facer devant cette puissance k laquelle rien ne saurait f • parce que la limite : la volo indefiniment transmise de generation en g Deration. Ce n'est done pas le plus ou le moins aisl'avantaee ou'il devait t.roiiver dans la dom d'une esp ^ parer determine riiomme k ettre , dussent ses ef- 'a&^"^ nues forts etre renouveles k plusieurs reprises et cont pendant une longue suite d'annees. Et maintenant nous comprenons pourquoi , entre tons les animaux sociables , c est surtout parmi les gallinaces , les rumi- / I 1 ^ 1 i: I ( k I r i ? 1 ! * <^ i \ 1' i # f« (^ f* '*S r ; u f ! Mf » I t X ( . mi 'J *- 4 mi 2 88 DOMESTICATION DES ANIMAUX. nants, les solipedes, qu'il a ete cherclier le pliis grand nombre et les principales de ses races domestiques : les gallihaces et les ruminants , places hors de ligne entre tous les autres animaux par 1' excellence de leur cliair, de leurs oeufs ou de leur lait, aliments aussi sains qu'agreables au gout ; les ruminants et les soli- pedes, plus precieux encore comme auxiliaires, et precisement par toutes ces memes qualites dont riiomme n'a pu triomplier qu'apres une lutte si pe- nible ; par cette vigueur, cette energie , ces passions ardentes , si rebelles k toute soumission , niais aussi , une fois soumises, une fois au service d'un mat- tre, ajoutant k ses fa.cultes propres le secours de facultes nouvelles et d'une puissance incalculable. La conquete de ces redoutables animaux , la plus noble, comme Fa dit Buffon , que Thomme ait jamais faite, a ete en grand pour ie genre humain ce qu est pour un peuple la possession de ses premiers instruments de fer ou de cuivre, peniblement forges apres une multitude d'essais, mais qui , une fois acheves, arment tout h coup les mains de ce peuple d'une immense puissance. ^ Tel est le point de vue sous lequel je considere la domestication des solipedes et des ruminants , et je diraisde tous les animaux domestiques les plus impor- tants pour I'liomme, si le cbien n'existait; le cliien, deyenu par toute la terre I'esclave, plus encore, le compagnon in time , I'ami devoue de I'liomme. Le cliien fait, au milieu de tous les autres animaux domes- t '* f irr t I i.4 ^ • [ Ik I i I r i REMARQUES GENERALES. y tiques , une exception que je ne saurais passer silence : mais cette exceptionnelles aussi ipti cle des cond du chien dans 1 de na Le chien est eminemment sociable , quoique nassier ; et lui seul , avec ralK lites , si g generes, nous offi par iiiiferes, de I'une par I'autre. Le cliacal, en effet , louche principale d mestiques de cliiens, vit par troupes plu nombreuses, qui, enliard doute par 1 fuient pas , comme presque r habitation de po de et souvent h meme y penetrent la nuit(i). Le loup lui-meme, qui est aussi tres-probablement le pere de quelques- unes de nos races, offre des exemples frequents d'as- bien que plusieurs individus quelq porte , pour peu qu on lui accor non-seulement a deposer sa ferocite native, mais i devenir familier, caressant, et plein de sentiments at- fectueux qu'il exprime k la maniere du chien domes tique. Dans les especes du genre chien, chez le chacal surtout , nous loppes k un haut dee;re tous ces instincts de sociabilite dans 1 desquels nous avons reconnu, avec les auti H J (1) Voyez rimtoiie qucj'iii doiuiee du chacal daus Fouviage deliTa' pcdition scientifique de Moree, loiiie III, ^f partie , page ir). ZOOLOGIE GtlNEllALl!: 19 \ t 1 3 V ; - ! t ) 4 / f'' I i 1*1 ? m j» m 9> • P ■<■ I,- \ t .1 il» * if V I f *^4 *»1 IL^ 4* ^ie^ \i I '\ t 90 DOMESTICATION DES ANIMAHX. condition si favorable a la clomesti mais ici voyons associes a cl concl :le gtrangeres aux ruminants et aux solipedes. Comme carnassier, le chien a le cerveau Leaucoup plus volu- mineux et plus riclie en circonvolutions , par suii rintelligence beaucoup plus developpee qu'aucun ceux-ci. II est en meme temps beaucoup plus fecond, cbaque portee etant de plusieurs petits dont revolu- tion est rapide , et I'aptitude a la reproduction promp- tement developpee, Enfin , par les conditions de son son systeme dentaire , il est I'un de ces carnassiers qui , loin de vivre uniquement de chair vivante , inclinent vers le regime mixte des omnivores ; d'ou la possibilite que le cliien , une lois asservi par I'liomme , I'ait suivi sous tons les climats, devenant aveclui, ici piscivore,la frugivore, etpar- ppareil digestif et de :les restes de des plus intime compa de i premier et le que le cliacal ipandu dans documents historiques s'accordent a pi lie lionale , et le nord de TAfrique liumaine, TAsie central^ Le chicii, comnie il differe des a i fonclions iiiliniment variees qu T pi des societes liumaines , a done du en diflerer par les circonstances de sa domestication. Chez les ruminants r et les solipedes , rhomme a dii lutter, mettant h pro- - ^^ . '^ lJ*^^ { ( 1 I REMARQUES GENERALES. 91 fit quelques conditions favoiables, contre des obstacles puissants ; et il n'a pu parvenir qu'apres de penibles tentatives k faire flecbir devant sa volonte perseve- apre et rebelle. Pour le au fticultes intellectuelles et affectives eg lement developp sa vie le sa nourriture fecondite, et jusqu'a sa patri taient autant de c endre la doniest onditions favoiables qui dev fa J e dir presque spo n done rhomme n avait plus Li a sufli d'appeler a lui le r ' donne bien plutot par la que conquis sur elle. Ce n'est done pas le liasard de circonstances for caprice de rhomme qui a fait du cliien I ent, le plus affectionne, le plus intime d( plus intell pas plus que le ard d rhomme a choisir parmi les ruminants , les solipede les gallin meilleurs animaux auxiliaires et que 1 ait d 1 contre la nature, et conquerir sur elle des biens qu' ell soit qu'il n'ait P de magnifiqucs presents prepares et comme sp ement ofFerts par elle , tout dans le clioix de s es- peces asservies a ete regie avec une prbfon b et coiiiHiG si cette ion :le travaux auxquels ont prispart tant de generations eut toujours eted rigee selon les vrais principes et en vue du but fins de la domestication des animaux. '1 4 4 if : I 1 « \ -J J Am ^ m I *-—;-'■ r i f ^9 DOMESTICATION DBS AjNIMAUX VI. \i: H I ^ ^ f Ut »ES VAKIATIOi>-S SUBIES PAR LES ANIMAUX SODS L'lNFLUENCE - DE LA DOMESTICITE. L'etude cles animaux domestiques est jusqu'a cejoi jtee presque entierement en deliors de la zoolog: surtout de la pliy siologie . Les naturalistcs ontpar qu'il leur suffisait d' avoir rapporte eenerale les innombrables varietes de r influence d F ppend liv inscrites, comme en ; especes dont elles sont ou dont on les suppose Pour I'analjse approfondie de leurs caractere rieurs et des modifications d pour I'observation de leurs mceurs , pour la dei nation de leur patrie , a peine a-t-on admis qu cliverses de occuper, et de d ces qui zjuestions, a I'egard des races utiles k riaorame,avec un peu de cet interet qu'inspire d' ordinaire leur solution des qu'il s'agit d'une coquille nouvelle ou d'un passe- reau exotique. BuiFon est presque le seul (i) ait juge autrement ; et ici , comme dans une multit d'autres circonstances , Buffon a eu raison contre t( On a vu dans Tarticle precedent (2) comment 1 thropologie , a laquelle de nouv elles methodes soi U V ■■I. ^ (1) Apves le grand nom de BuiFon, celui de Pallas a le plus de droits ■ h a elre cite ici. Voyez , entre autres ouvvagcs , ses SpicUegia zooloi^^c^' (•2) Foy* p. '^34 et suivantes. I ^ "t^ ^ i t ! .EI^FETS DE LA. DOMESTICITE. 293 pent etre utilemeiit t'clairee par I'etucl des animaux doraesLiq et 1 es ppl qui peuvent en etre faites a la zoologie et a la pliysiolo- gie ne sont ni moiiis importantes en elles-memes , ni oins vivement reclamees par les besoins actuels de ^ i science. La raison du faible interet que Ton a att Ic V t des animaux domestiques est peu ap de leurs etudes , parce qu Us ne po les faire rentrer dans riiypothese ^eneralement 1 la/ixite de Vespece ,• parce qu'ils voyaient LIS puissante contre une i 1 a dee qu'ils consideraient , et que la plupart considerent en core, comme le principe fonclamental de la science. Pour que les resultats de I'etude des animaux do mestiques fussent en parfait accord avec la doctrine d la fixite de I'espece ; on meme, s'ils ne la confirmaien pas , pour que du moins lis ne devinssent pas de de sa faussete, il fj nations des animai sairement que les variations ques fussent considerees, ou comme denuees de tot analogic avec les variations des animaux sauvages , comme restreintes entre des limites tres-resserrees. Dans la premiere de ces suppositions elfet, il ny aurait rien aconclure des animaux domestiques aux animaux sauvages : Tetude des uns et celle des autres seraient sans principes communs. Dans la se- conde supposition , il serait logique de conclure des J / S •i ^v h ti t f* J 4 1 1 i V k s i 9 «' tj n H. » '4 M tl \\ ■^ V f t * f ■ ? t .: I k 4 i \ ^ > a t fc #» t f r. I % t ^ \ 294 premiers tiu applications DOMESTICATION BES ANIMA.UX. proquement les d de tout interetj puis qu on ne trouveraitcliez les animauxdomestiques que qu'on trouve cliez les ani leeeres variations dans des lenient sub-specifiques. De ces deux suppositions es quelq et on a vu , dans I'article precedent (1), combien la premiere est contraire faits. II existe entre les variations des animaux do tiques et celles des animaux sauvi annnaux sauvages :jui va presque jusqu'a I'identite, et q une analo aussi bien dans les causes de ces variations que d nature des effets produits. Cette analogic est si plete, simaniteste, quelle ne saurait ecliapper esprit de£^ae;e de toute idee preconcue. Aussi v< que si ans I a 1 les zoolog nul compt c I op contraire k leur conclu d nier formellement. I ete plus liardi ^i I'egard de la seconde suppo- Au defaut de la premiere , c'est par celle-ci que les zoologistes ont essaye de mettre leurs doct rahri d'oLjections dont lis apercevaient trop bie 1 i^ees te. Les yarietes doaiestiques ont ete comp presque assiniilees aux i^arietes de localiti / seulenient pour la des differences pro (0 Voy. p. ?.37 ctsuiyantes. I I fi •If t EFFETS DE LA DOMESTICITE. >95 i dultcs, ce qui est parfaitei aussi pour leur iutensite en P d'innom- bralile s pie c le lifications telles que yieiirs ue trouvent d'analogues que pamii les faits te- Tatologiques , on a soutenu que ces modifications ai- fectent seuleilient les caracteres accessoires; qu'elles sont toujours d'une valeur inferieure aux differences veritableraent specifiques, et qu'en unmot, ici comme partout, les memes/ormei se sont perpetuees de- puis rorigine des choses ( i )• Telles sontl produites dans la plupart des vrasces del tantot liabile ilopp sous des expressions abstraites et ambigues , tantot eniises en termes explicites qui, en les presentant dans toute leur cla r dent par cela faussete evidente. Comment soutenir en effet cependant 1 en d'autres termes, c'est I'exemple particulier substitue k I'expose general de la regie ; comment soutenir qu'il existe plus de diffe- rences entre le callitriche, le grivet et le malbrouck, pantbere, entr^ la belette et le et la riiermine, entre leratet lesmmulot, entre le zebre le dauw , entre les diverses eazelles, qu entre le b; P que r (i) CuviER, Regne animal, preiiuere edition , p. iq^ et deuxicme, j6. „ Le passage, auquel je renvoie icl, est lui court resume d'idees ,^„„ leur illustre auteur a deyeloppees dansle Discours preliminaire de sououvrage suries Osscments fossiles, Voyez 2« editiou, p. lix et sui- vantes.—Voyez aussi le Cours de M. Cuvier sur Vllistoire des Sciences (publie par M: Magdeleikk de Saikt-Agy), partie III, p. 80. ^ L ^t 1 PL r ^ r \ i I ( \ /' I f n i 4 4 ^> IpPl ¥¥ i 4i» »t « -**■ r^ ^ /■ * r:>96 DOATESTICATION DES ANIMAIJX. bet, le levrier et le basset, le cheval dii Mecklenibourg et lecbeval d'Ouessaiit , les boeufs gigantesques de la Litliuanie ou de la Camargue, et les petites races de sans comes, et vingt autres exemples sem- 3bus \ blables? Pour moi, les differences qui distinguent toutes les varietes entre elles , et aussi par rapport k leurs types originels, sent, bien que tres-certainement produites SOUS rinfluence cles circonstances si variees de I'etat domestique, de valeur reellement specifique, etmeaie, pour quelques-uns , de valeur plus que specifique. Assurement le levrier et le barbet, si clifferents par les proportions de leurs niembres et par le develop- pement si inegal de leurs organes des sens, offrent entre eux plus de dissemblances importantes qu il n en existe souvent entre deux genres d'une meriie famille : nul naturaliste n eut pense a voir en eux des con- generes , si leurs rapports d'affinite eussent ete deter- mines comme on les determine lorsqu'il s'agit d'ani- maux sauvages, cest-a-dire, en faisant abstraction de I'origine, d'apres la seule valeur des caracteres obser- ves. J 1 Ce n'est pas ici le lieu de faire, a I'appui de ces remarques generales , la description ou meme I'enu- meration de toutes les differences d'organisation et d'instinct qui caracterisent nos difFerentes races domestiques, soit les unes par rapport aux autres, soit toutes ensemble par rapport a leur type originel. Je citerai toutefois quelques exemples qui ne pour- \ \ I I I EFFETS DE LA DOMBSTICITE. 9 ront manc|iier de rappeler a cliacun de mes lecteurs de'de faits analog Les variations de couleur(i) et de taille les pi de toutes cliez les animaux sauvag frequentes cliez domestiq 1 derniers , telle grandes, surtout pou les especes plus anciennement domestiquees au premier aspect n'etre , ni circ limite , ni regies par aucune loi pendant a deniontrer qu'elles o leurs lois : par exeniple, que 1 J par ( le ora- d'uneespece, ou mieux ses couleurs second sontconstamment enraison de sa couleur primitive (2) et que toutes ces inegalites de taille , qui vont quel quefois du simple au double, au triple, au quadru 4 pie meme , se ramenent toujours a moY I gale ou un peu superieure a la taille primitive de 'espece(3). Les differences relatives a la forme et k la propoi'- 'M * \ n ) I f> *^ f k i M I (1) EUes portent meme quelquefois sur le peiioste , comme chez la poule negre. On pent voir dans les galeries d'aiiatomie du Museum d'histoire naturelle deux squelettes de cette vemarquable variete. Tout le perioste est noir aussi bien que toutes les parties epidermiques, {'2) Considerations generates sur les Mammiferes ( 189.6), p. 2o5, OU article Mammiferes du Dictionnaire classiqne (VHistoire Naturelle, t. X, p. n4-— "^^y^^ ^^"^^^ ^^^^ Histoire generale des Anomalies, t. I, p. 334.' (3) Rechcrches sur les variations de la taille. Voyex plus has lo ciri- quieme memoive de cette secojule partie. \ » •I' ^r - ^ # *4t ! I t4« n I r- Pi t i n T i 1" / i '^ 14 98 DOMESTICATION DE^ ANIMAUX. des parties soiit presqne aussi communes que precedentes : il n est aucun organe, aucune region qui lie pLiisse en presenter de telles, et souvent de tres- J quees. Les membres, parexemplej sont cl ;S \. proportions extremement variables par rapport au tronc : on sait combien d'especes renferment k la fois des races sveltes , legeres , agiles, et d'autres trapues, a membres courts et epais. Parmi les visceres inte- rieurs, le canal alimentaire s'est notablement allonge cliez le chat , en raison cl t) partie impose par I'homme k cet animal exclusivement car- nassier dans I'etat de nature. La meme espece et cpiel- cjues autres encore , mais , par-dessus toutes, les races les plus intelligentes de chiens , se sont ecartees des caracteres du type sauvage par une autre modification plus remarquable encore : leur encepliale , principa- leurs liemispberes cerebraux, et leu se sont accrus , et leur r I peu pli combien ce fa offie d'interet , soit en lui-meme , soit surtout pa consequences que Ton peut en deduire relativeme la perfectibilite si souvent contestee des animau^ meme, par I *-^ relativ litions cerebrales des difFerentes races liumaines. Le nombre et la disposition des organes varient un peu plus rarement cliez les animaux domestiques ; il s'en faut , clu reste , de beaucoup que je manque d'exemples k citer. II existe des races de boeufs, "^ moutons, de clievres, sans coines, et des races de I m *4 1 * ^ \ ry \ \^ ^- ^ *t; 1 \ I I I' A EFPETS DE LA DOMESTICITE -^'99 clievres et cle moutons, l\ conies multiples ; des cle poules a deux pouces, d'autres sans crete, d'i k crane nonossifie superieurement, d'autres, pi marquables encore , sans coccyx ; une race de a queue repliee et cacliee dans une des races de cliiens , de clievres , de cochons, pendantes ; des races de cliiens k cinq doig loupe graisseuse ; riere , une autre a nez fend les le autre k pattes_demi-palmees . Dans cette meme espece ^ uombre des dents , des vertebres , des cotes , et pa »nsequent de toutes les parties moUes qui sont ei pport avec elles, est pareillement sujet a de r quil est connu ciep temps. A] tons qu'en general une race domestique ne differ pas de son type originel par une seule de ces diffe par p 1 pour lire par un ensemble tres-complexe de modifications [fui se transmettent par voie de generation presque ice que les carac les mieux deter la Les exemples que je viens de citer sont pour part connus de tout le monde : nous les avons cbaque jour sous les yeux, mais presque toujours sans refle- cbir sur ce qu il y a en eux de fecond et d'instructif. Leur Yulgaiite, aux yeux de toutes les personnesetran- s;eres a la science , et aux yeux meme de beaucoup istes , semble en effacer I'interet. Et cepen- d oolo dant , quels plus admirables temoignages d Ne voyons pas dans cliacun r r 1 V4 n m A )* I »( \ ^ Vt 11*1 /tf i f ^ \ I ^.'» i i i >* % \ *l f ! i i J % « I Cf t! M .( t / ^ \ 3 oo DOMESTICATION DES ANIMALX. cl'eux la main de I'homme transfoimaiit , comme par une seconde creation, en esclaves, en compa- gnons , en amis quelquefois , des etres que la nature avait places au-devant de lui indiflerents ou liostiles ; leur imposant denouveaux instincts; diminuant, augmentant, modifiant a son greleurs organes; en un mot , et I'enonce seul de ce fait suffit pour en faire ressortir la grandeur, cliangeant la nature meme des especes pour faire du bouquetin et du mouflon la clie- vre et la brebis , du sanglier le pore , du cbacal et du loup le chien , et du clieval sauvage , le plus noble , le plus beau , et, si le chien n existait, le plus docile des animaux domestiques ? Assurenient si^ a I'origine des societes humaines, un esprit liardi eut concu pour un avenir eloigne la possibilite de telles transforma- tions ; s'il eut ose montrer I'liomnie usurpant ainsi , dans les siecles futurs, la puissance creatrice, nos peres eussent accueilli ses fabuleuses promesses comme Tout ete de nos jours ces reveries devenues si celebres sur Xanti-UoJi et Vaiiti-girafe^ qui ont failli un instant vouer au ridicule Tun des noms les plus respectables de notre epoque. / VII. IPV RETOUR DES ANIMAUX DOMESTIQUES A L ETAT SATIVAGE. La domestication des animaux nous apparait, par tous les faits qui precedent , comme une gigantesqw^ experience assidument continuee pendant une longu e ( i f ' ^ \ \ EFFETS DE LA DOMESTICITE. 3o I suite de siecles et par toute la terre, et dont I'une des consequences finales , digne de couronner une si im- mense premisse , est la demonstration rigoureuse du principe d variabilite des especes. On va voir plienomenes qui accompagnent le re- des animaux domestiques a I'etat sauvage four- 1 faveur de ce meme principe des preuves d'un 3 inverse, mais non moins positives; tant, comme I dit Bacon , la verite est surabondante. Les soins de notre espece , en favorisant la multi- les, en rendant plus pi des domestiq grand de joiir en jour le nombre des individus , ont quelquefois amene , dans certaines localites , un b depas m- des besoins de riiomme , soit des mojens dont il pouvait disposer pour la nourriture on la conservation de ses animaux. De la il est arrive qu une partie de ceux-ci ont ete rendus a I'etat sauvage ou demi-sauvage , soit que , mal nourris et mal surveilles , lis se soient ecliap- pes et aient repris la vie libre de leurs premiers an- cetres , soit meme que leurs maitres eux-memes les aient volontairement cbasses de leurs demeures. La restitution a I'etat sauvage d'animaux precieux a riiomme a ete quelquefois aussi amenee par des causes diverses et speciales k certaines especes ; par exemple, par I'habitude que les clievaux s ler h eux les clievaux domestiq .rencontrer, et qui, souvent, & d'c a PP SI qu app q I'il s pas au desir de vivre lib f f. i 4 m 1 V "I ( i i I *M ^ ^ 1!, 1 1 \.l 1 1 II I •I i ■?j I ■■ I t m' i .■ f f ^h_. 9" fW h / u; ! S^ I \ 302 DOMESTICATION DBS ANIMALX. Ion I'etat de nature , au milieu de leurs semblableS. C'est ainsi qu'aujourd'liui les plaines et les bois de diverses contrees de i' Oceanic, mais surtout de I'Ame- rique, nourrissent des descendants sauvages des cliiens, 1 des cliats, des coclions, des clievaux , des vacbes, transportes par les Europeens dans ces deux parties du monde. De meme, les steppes de I'Asie centrale ren- ferment des troupes de clievaux sauvages, vivant d'bui dans les memes lieux d'oii I'espece est oriffinaire, mais composees en partie de cbevaux re- auj our devenas sauvages ou de leurs descendants. Quelles modifications se sont produites dans ces \ races ecliappees des mains de I'homme , et soustraites, depuis un temps dont la duree nous est quelquefois exactement connue , a I'influence si puissante de la domesticite ? Ces descendants sauvages d'animaux autrefois asservis sont-ils restes semblables a nos m- dividus domestiques , ou bien ont-ils repris les carac- teres de leur type originel ? L'importance de ces questions a (3te jusqu'a present SI pen comprise, que Ton ne possede encore, dans aucun musee de I'Europe, ni les squelettes , nimenie les peaux de ces animaux redeventis sauvages , ^ dont cliaque annee des milliers sont tues pour les besoins du commerce ou de I'economie domestique. ^ La comparaison directe n'a done pu etre faite eri- core; niaisj a son defaut, je trouve des renseigne-- ments tres-precis et tres-authentiques dans les ouvra- I'un assez grand nombre d'auteurs, notam»^^i^t ges c ^ \ »• m *> / ^v i I ,U« H' \ X EFFETS DE LA DOMESTIGITE. 3o3 dans ceux de Pallas ,et dans un memoire special (i) \ public par M. Roulii de rAmerique. Les resultats que sont exactement ce domestiq ■ \ nous ont transmis ces auteurs X que 1 deduire h d la variabilite des des circonstances locales. La restitution d IX habitudes de la vie sauvage a cotistamn pou difF( iFet la disp ^aduelle de toutes ces de taille, de formes, animaux domestiques , grand que celui des causes de -variation. r Tous les individus fmissent par se trouvei' etablis ■ocbe du typ rences de coloration :lont le nombre , parmi ] est sur un seul r I type, tres-rapp e sauvage primitif , et qui en differ e d \ que I'espece les condition nieme que, vie domestiq ete placee plus exactement dans de sa vie primiti Toutefoi de lo dans le passage de I'etat sauvage a la je, des varietes remarquables ne se 'apres plusieurs generations , de I'etat sauvage , c'est apres un certain nombre de eenerations seulement que 1 * (i) Fiecherclies sur qiiclques changeinenfs . observes dans les animaux doweUujiies transportes deVancien dans le nouveau continent. Voyez Ics Mhnoires lies Sas^anis eirangers , publics par TAcademie des Sciences, .^ t. VI,p- 3i9, I 836. Ce travail de M, E.oulin a ete le sujet d'un V . [ \ .\ ^ \. rapport etendu fait a 1' Academic par mon pere (en son noni et aunom | . de IM- Sekkes), imprime dans les Mcmoires du Museum dhistoire na- turellc, t, xvu, p. 209, 1828. 4 } r If 4 i I I i k 1 V. \ * t 1 n ft «« J i 'T X \ ' i \ m w i^"! 1 m 1* /_ f" ^^1 i ( f e- -v »■ '4t *r ILW rm %i9it I i\ U 3o4 DOMESTICATION DES ANIMAUX r^ voitt outes les varietes effacees et des caracteres fixes ■ y , et unitaires reproduits chez tous les individus. La de- viation du type primitif et sa restitution s'accom- plissent ainsi ^ pen pres dans le meme espace de temps et par une serie de changemeiits dont I'ordre est directement inverse , les caracteres les plus acces- 4 soires et les plus variables , ceux de la couleur par exemple, etantles derniers a redevenir fixes, comme ils avaient ete les premiers a cesser de I'etre lors de la L ■ domestication. + A On voit par la que les tentatives faites , vers la fin de notre revolution , pour repeupler nos forets cle sangliers, eri rendant descochons a la liberie, etaient parfaitement rationnelles, et ne pouvaient manquer * de reussir, si Ton eut eu la patience d'en attendre le succes. Je desirerais, pour ma part, les voir reprises un jour dans Tinteret de la science, qui pourrait, cette fois au moins , suivre pas a pas et dans tous ses progres cette nieme transformation , qui s'est accom- plie , sans qu on Fait ni clierchee ni observee , au sein des forets et dans les plaines de FAmerique. On doit rapprocher des plienomenes qui ont lieu dans le retour a I'etat sauvage, ceux qu eprouvent des animaux domestiques transportes par un peuple treS" civilise cliez un autre qui Test moins. Plus loin, en effet , est portee la civilisation d'une nation , plus elle demande a ses animaux domestiques des services varies ; plus elle les soumet , suivant les localites , » 4 des regimes divers ; plus elle exerce d' influence sur I I M 1^ ^ / I ^■^ r :i- / EFFETS DE LA DOMESTICITE. 5 repoque et les de leur reproduct reducation des jeunes; pl«s, en un mot, sont Itipliees les causes de .variation dont elle enl ses animaux. para J son pa Pl peut-on etabiir entre les fonctions multiples que le cliien remplit cliez les diverses nations civilisees de I'Europe , et ses conditions d'existence, si simples, si uniformes, cliez un peuple uniquement pasteur ou uniquement cliasseur, qui ne saurait evidemment 1 • ofFrir tous les iours et partout que la que lui demander les services i ;> Des animaux domestiq devenant la pro priete d'un peuple moins riclie et moins civilise, doivent done tendre k type fixe ( r pproclier davantage d fFet ce q lieu. L'etablissement d * peuple peu civilise peut etre assimde pour r plet vers 1 e : il a constam- des changements qui tendent k la 1 type primitif , et exactement en G ce q de une parmi lesquelles multitude comnie preuves pt de les d idne , entre nos animaux domestiq vers peuples de I'Amerique. L'analogie qui cxiste entre ie reloi ZOOLOGIE GENfiPiALE. A 20 / • « f I \^ i f-'f ir ' i ■i ' m ■p * i r ■M Ji i\ t q \ J r ■ 4 r r i ' w ^ 4« ** I I r l»V m f^ \ f 3o6 DOMESTICATION DES ANIMAUX. possession par uii peuple peu ou point civilise fournit I'exp] d'un fait general que j'avais apercu et signale il j a quelques ijet de clivers ammaux domestiques,.mais p Presque aussi ersellement 1 globe que I'liomme 1 fX palement du cliifen. repandue sur la surface dx; meme , cette espece presente,, cliez les nations civi- lisees, une multitude de races pour la plupart tres-dif ferentes entre elles, et tres-differentes aussi du type sauvage. Au contraij-e, les cbiens (des peuples restei encore h I'etat sauvage ou barbare conserve les caracteres de leur typ ge:l pby 1 eur allur formes sont celles du loup et du cbacal; et telle est meme la con- de esultats, que j'ai pu d le degrc de domestication du cbien presque partout pro- portionnel au degre de civilisation de riionime. d P les pe les barbares doivent etre par eux-memes de la do d ■le leurs animaux , ils n'ont puimprimer des ments bien profonds a 1' organisation de ceu qui r&ulte de tous les faits precedents ; et s'i. d i de nations plus avancees qu eux d c|u ils ont du es 1 sser retroffrader vers les conditions du typ sauvage ■M \ m ^ _ _ L TM El IT tY -iT I I I PROGRES A ACCOMPLIK. 007 VIII. "\ \ DES PROGUES QUI RESTEiM A ACCOMPUR RELATiYEMENT A LA DOMESTICATlO DES ANIMAITX. V^'pf^ ,j J'ai essaye die iiiontrer dans cet article et dans le precedent comment I'anthropologie , arretee par le manque de metliodes suiFisamment puissantcs d'iii- S oolo de retenue dans sa marche par un faux p ^ .*i cipe, ne p'euvent manquer de recevoir une vive et beu reuse impulsionj par Tapplication faite k Tune et a Tau- tre des connaissances acquits surlesaniniaux domes- tiques. N'eut-on d'autres resultats a en attendre, cette derniere Lranche si negligeejusqu'a ce jour, me pa- raitrait par cela meme Tune de celles dont la culture importe le plus au progres de la philosophie naturelle* Mais il Qst un gutre point de yne sous lequel 1' etude des animaux domestiques se montre , sinon plus im- portante encore, au raoins susceptible d'une influence plus directesur le bien-etre de rhumanite, EUeseule, LOUS apprenant comment a ete accomplie > la conquete domestiques, et jusqu elle a ete portee, peut nous indiquer ce qui reste k faire a nous-memes et k nos descendants pour pour- suivre et completer I'oeuvre si admiraLlement com- -^ par nos p \ Or, sans que j'ose determiner le rapport de ce qui ete fait et de ce qui reste a Mve , je crois du moii pouvoir affimier que les progres a accomplir sent in M f * f- t? If I 3 1 t '. \ n I- t Hf >■ J -T-x 4f « \ } *•, .. ^i^ *4 I Ri. ^^ p Ik 4 <« <»» 3o8 DOMESTICATION DES AINIMATIX. L Depuis uneloDi^ue suite de siecles, 1 dirais presque s'est arrete, comme tisfait de les ou il avait :l niarclie avec line si liaute inteli D n ce c le besoins. p'est meme a peine si Ton pent citer quel- ques animaux veritablement utiles, conquis par notre espece apres ces a ntiq jrenre liumain que de v agues et fabuleux souvenirs, icila civilisation si avancee des peoples modernes pent P peut-etre unique reprendre et continuer des travaux interrompus pres que des la constitution des premieres societes„ Dela I'immensite des progres qui y plir, qu le :j[ui po (ler, de completer , d'utiliser de plus en pi quete des especes dejk asservies. Pour inc deux mots tout ce qui est a iouble tiorij je dirai que le nombre des especes do Ic 1 c -domestication pourrait etre utile surp de beaucoup celui des especes deja conq par 1 e parmi ceiles-ci 5 11 n en est pas k legard de laquelle d'importantes amelic puissent etre coiicues et ne doivent etre d Mon intention n'est p ter ici un aussi vaste sui pliysiolo b t. Les questions si impor pbilosopbie naturelle 5 de des animaux domestiques ont d pour moi q ecris ici uii article et oon tin i 1 y .'r^ :^ '- -^ ' ^,. t f ■ ^ - ^fr»g- ' PROGRES A ACCOMPLIR. 3o9 §e , passer avant toutes les questions d'appl cle pratique ; non tion et un moinclre interut sequences touclient que i'attaclie dernieres , dont les di parce que leur nature meme excl liommes , mais possibilite d'une discussion seulement g ' Je presenterai toutefois quelq pi qui ont d'ailleurs des rapp avec d /J . *^ On ne s'etonnera pas , apres ce qui a ete dit plu liaut (,i ), de me voir citer comme clevant surtout pro curer h i'liomme de noiiYeaux animaux domestiques precisement lesmeiiies classes quiluiont cleja fourn tousceux cju'il possede actuellement. Etmeme, c'es encore de la classe des mammiferes , ct plus speciale- ment des ruminants et des solipedes, que nousavon a esperer les dons les plus nombreux et les plus pre -. cieux. 1 pas line seul dor ; pour riioni] fourniraient alimentation saine et agreabl e P r importance des animaux alimentaires dej pris dans le meme g , ne serait jamais que se- ^" (i) Voir p. 278 et suivantes. If ^ t 1 ij f f { ^ i 1 ; A » i, \ * 41 M i\ / .--y- I } ^ 4 -I \\ t V t 4 * tfc m % I) rfc ^ i{ 3id DOMESTICATION PES ANIMAUX. I ■ n condairej ctjc n'oserais alTirmer qu'elle diit offrirune compensation suffisante pour toutes les difficultc's 'i vaincre. ■ \ Au nombre des especes dontla domestication serait eminemment utile, et meme devrait etre commencee le plus tot possible, je placerai, an contraire, la vi- gogne. Son importation dans les localites convenables serait assurement i'un des progres que nous devonsle le^irer cle voir accomplir. Peut-etre viendra-t-il m temps ou la chair ^ et snrtout la laine si abonclante si fine, si douce de ce precieux quadrupede, form I'une des richesses principales de iios montag Alpes et des Pyrenees Parmi les pacliydermes, il \ domesticat bl e a st 11 n animal clont devoir etre immedi tement tentee : c'est le tapir ^ et plus specialeraent Vespece americaine, quil serait si aise de se procurer par la Guyane et le Bresil* Non moins facile a nourrir quele coclxon, le tapir m'a semhlc; par ses instincts naturals, eminemment dispose ^ la domestication. Au defaut de la societe de ses semblables, je Tai vu re- cliercber celle de tons les animaux places pres de lui, avec un empressement sans exemple cliez les autres mammiferes. L'utilite du tapir serait double pour riiomme. Sa cliair^ surtout amelioree par un regime convenable , fournirait un aliment a la fois sain et agreable. En meme temps , d'une taille bien supe- rieure ^ celle du coclionje tapir pourrait rendre d'ini- portants services comme bete de sorame, d'abord aux I « I I M / r > I i mmt habitants d dans toHQ 1 PROGRES A ACCOMPUR. F Europe meridionale, puis r pays temp 3 Je regarde commepouvant aussi etre utile, quoique k un degre moindre , la domestication de I'liemione, du zeLre et des autres solipedes restes sauvages. J'exa- linerai avec soin dans un article special (i), en ce qui !s concerne, la question que je traite ici d'une ma- iere eenerale, et i'essaierai alorsde montrer qu'apres 1 toutes Ics 1 ^a croisement , de al 5 de de races de leur poll raient encore etre employees avec grand avantage dans certaineslocalites ou pour des usages speciaux/ En dehors de Tordre des ruminants et des pacliy- dermesj et dans un groupe c|u qui! habite, na encore fouri I en i: de pece c estiq que faciles h asservir ^ les kangurous de T Austral La cliaii la saveu supiaux, sans etre comparable pour d'aucun de actuels 5 n est ni nioins same , ni moins agreable au gout; etleurpoii, doux etlaineux^pourrait aussi tres- certainement etre utilise par notre industrie. II est surtout une espece qui, sous ce dernier rapport, serait d'un prix inestimable : e'est le kangUrou ou gerLoide laineux (2) , aussi utile, selon toute apparence, que les I i ■■ ^1 -I ^ I 41 I I I ■ ■ « i ft (0 Voyez ravticle suivant, p.. ^19- (';>.) C'cst a MM. QuoY ct G.mmard qu on doit la comiaissance de ce precieux animal. Yoyez la Zoologie de \ Astrolabe, ou il est decritsous i Mr.* ^ ^.V jiH i m \ % J \ 3 DOMESTICATION DES ANIMAUX. vraiskangurous paries qualitesdesa chair, et enmeme temps aussiprecieux que la vigogne elle-meme par la riclae fourrure dont il est revetu. Lorsque les Euro- peens pourront penetrer librement dans les provinces ou cette espece, encore tres-rare dans les collections, se trouve repandue en abondance, rien ne devra etre ne- ffli^e pour en accomplir promptement la conquete. En attendant, celle des diverses especes de kangurous proprement dits devra etre tentee desqu'une occasion favorable se presentera ; et elle le sera , si I'entreprisf pstbien conduite. avec de tres-erandes cliances de sue ces, en r ison des instincts sociaux de ces animaux, de leur naturel tres-susceptible d'apprivoisement, et de (nstatee par T experience , avec et se reproduisent dans nos cli- ^ ]a faciiitej clejk c quelle ils vivent mats. ■ J'indiquerai encore parmi les mammiferes, comme plus ou moins faciles a domestiquer ,. mais comme beaucoup moins utiles, diverses especes de rongeurs, priricipalement de la famille des caviens, telles que le lolicliotis ou lievre pampa, les agoutis , le cab ti / les pacas, qui seraient emplo}' ^ge par exenlple, le'^guepard puis , pi fFt surtout les mangoustes / qui pourraient seconder \^ le nom tlG hangurou laineux. J*ai depuis reconnii que ce marsupi^ • pour lequel j'ai propose le nom de gerloule , doit etre separe des vrais kanqurous, et former un genre distinct. t I I rl^ ^v --rZM^ i y PROGRES A ACCOMPLI R. liomme dans la reclierclie et dans la poursuite d Liaux, soit de nos forets, de nos champs ou de 3i3 del'interieurde de Q singes , aux phoques , et , parmi les mammiferes bipe- TI I I ^ i I I r f Wt n 1 i n t BS^ t i ii m m j^ \- S « ■ / r ^* atf. * I '-9' i i « * I * h. »k w h / pOMEStlCATION DES A^tMAUX. >iit les derniers, en meme teiiips, serai et nos basses-cours cle si magnifiq 3i4 potile, et clont pour nos pares ornements. La conquete infmimentpius importante da nandou, des casoars et meme de I'autruclie, serait plus difficile h acconiplir; mais d'apreslescirconstancesdela repro- duction dans ces especes , je ne doute point qu'on ne T)arvtnt par des soins liabilement diriges, et avec Tuelque perseverance, a, vaincre tons les obstacles, si graves qu'ils puissent parattre au premier abord. Apres ces oiseaux, je citerai i'agami, trop facile a apprivoiserpoiir qu'on n'en doivepas tenter la domes- tication, ne fut-ce que pour I'ornement de nos basses- cours, et qui parait d'ailieurs pouvoir etre utilise pour la garde et peut-etre la conduite des autres oiseaux ; quelques pi c q en raison ( de taille, deviend cieusesvolaiUes; enfm le marabou et d'autres oiseaux que Ton fecliercbe pour la beaute de quelq I ilumes. dcrnieres especes beaucoup plus clifficiles a propager que les p iomestication ne saurait suere etre esperee que pour eloi ne. Dans les classes infer! cures clu reg peine donner quelques I ncli puissent et ne cloivent aussi par que ces c '^- e nos ricliesseSj mais parce que je manque ■ Dmpletcment a leuregard des documents i pour clonner a mes previsions une base cer M * > X .^ l"- --i .1^ .* ^ - . - ^- -*T i % \ k ft! 4 , F PROGRES A ACCOMPUR, f 3 J Qu'il me sufRse d'indiquer, comme pouvant etre es- sayee avec quelques cliances de succes, la multiplica- tion de divers poissons alimentaires exotiques , par exemple , le binny du Nil, si precieux par sa grande taille etl'exquise delicatesse de sa cliair; de quelques insectes fdeurs, notamment de plusieurs bombjces, dont les produits , pour etre inferieurs en qualite a la soie, n'en seraient pas moins susceptibles d'un emploi utile; de divers insectes carnassiers qui, selonuneidee ingenieuse recemment emise, pOurraient, bien que par fiiix-meraes inutiles a rhonime , lui rendre indirecte- de tres-grands services comme destructeurs d insectes nuisibles ; enfiii et surtout de la sangsue oi|i- cinale , dejk presque entierement detruite dans plu- sieurs pays, et qui pourra fmir par disparaitre entiere- ment de la surface du globe , si cette utile espece ne devient enfm, comme elle devrait I'etre cbez.toutes les nations civilisees , I'objet de soins intelligents et assidus. Tels sont les bienfaits que notre siecle doit s'efFor- cer de leguer aux sieclesfuturs, en merae temps qu'il doit tendre aussi a rendre de jour en jour plus com- plets , par la propagation et Tameiioration graduelle des races domestiquees, ceux que lui-meme a recus des siecles passes. L'amelioration d'individus conv( des soit ble par nent clioisis , soit par 1' in- fluence d'un regime et de circonstances favorables 1 ' - d'habitation , est maintenant I'objet des efTorts plus I s f ^\ I. M I I \ 1. #* if ■^ i 1 ■ i I ^\ t-- fl^ u T 1 V ■'» U "^ 4 if,* < M* , 1+^-- ■»- '*"! i ^fi 1 1 ^- V I i ^ I ft ) 3i6 DOMESTICATION DES ANIMAUX. § plupart des peuples civilises , soit d'un grand : de citoyens isoles. Les metliodes emplo^^ees S( Jures; niais les pro d 1 mciil besoin en est quer d'etre rapides, par cela seul quele universellement senti. Mais la ne se borne pas la taclie quo rhonime doit se proposer a Fef^ard Jes animaux domestiqiies. On aura peine k croire un jour qu'au dix-neuyieme siecle les nations Europe aient neglige d cui-er; non-seiilemeiit des races especes eminemment precieuses. sou I c les estiq leurs depuis un temps immemorial I Les diffic J ie le r (^ ^seraent d'une espece sauvage sont grandes lais , et il faut assurement quelque forc< ponr lutter contre elles et en triomplier do du globe, ue Test-elle pas pour ainsi dire au profit quentes des peupl par b quotidien de produits souvent denues peuvent-elleS; sans qu'il y ait la la pi la plus d :le cote et tiques? Je I pu po qu k laisser presque s eteindre en plusieurs 1 race aussi preciense que celle du lama , au 1 propager dans les montagnes de I'Europe; c le chameau et le dromadaire, que nulle auti la / I ' \^. ^ / 1 ': i ' ^. PROGRES A ACGOMPLIR. 3i J eniT c lans certaines localite c le peur droraadaire, si coinmun cliez une multitude s avec lescmels nous avons des relations es ii'oiit encore ete i'objet que de quelques essais locaux et tentes seulement sur une petite .1 encore moment ou Lient, pour tout dire en un mot , i] d'liui , dix ans apres la conquete 1 rare en Europe? Esperons que d tant d'esprits eclaires dirigent reste meditations vers ies applications industrielle: comprendra enfni que rimportationd'especes on est Tun des plus grands services qui puissent eiidus au pays ^ 1 un de ceux dont un gouverne- eel aire devrait le plus s'efforcer de provoquer, de rraccomplissement, de developper Ies bienfai- s consequences. Po une de ele de la Question ni a donne a cet eeard crois meme pouvoir signaler le progres qui doit preceder et amener tous Ies autres, la fondation d'une menagerie de naturalisation dans le midi de la Finance. Un tel b selon Ies principes de physiologies enricliirait sans nul ioute d'un grand France , nbre de precieuses dout la po I feire naitre Lientot plusieurs ind d o o fm , pour diverses localites qui ird'hui presque totalement de- \ * w. •^ " -'i^ » »44 n n t rs 4 1 1. I I 'I 1 L ^. t / i r « f M f-i « / ■i Iff" » 4 t 3i8 DOMESTICATION DES ANlMAUX. pourvues, des elements de ricliesse et de prosperite impossibles par toute autre voie. Jappelle done de tons nies voeux ce progres ; je vois dans son aceoni- plissement I'un de ces bienftdts pen brillants , peu retentissants jpeut-etre, mais durables, solides, et destines a se perpetuer dage en age, pour lesquels il est une recompense plus belle encore que radmiration des hommes , leur reconnaissance. i-"- -fit m \ ■ *« r \ I ^ \ r r ^ — r L 1 \ \ \ LA DES SOLlPfeD.ES UESTES ENCORE SAUVAGES (1) L «r R t i \ 1 I. Le geme clieval, ou, scion une^expression plus ge- neralement employee 3 le groupe des solipedes, est compose ^ comme on Ta reconnu depuis quelques ao- (i) Bieii que , clans Tarticle precedent, je me fasse propose pour but special I'etude theorlque de la domestication des animaux, j'ai cru de- voir presenter do courtes remarques suv la partie pratique de cet im- povtant sujet, et specialement indiquer quelques animaux dont la con- quete me paralt k la fois utile et possible. Ces animaux peuvent etre rapportes a deux groupes : ceux qui n'ont point danalogucs parmi nos animaux domestiques actuels, et ceux dont riiomme , au contraire, possede deja un ou plusieurs congeneres ; telles sont , en particulier, les especes de solipedes restees encore sauvages. A I'egard des premiers, I'utilite de la domestication est pour ainsi direevidente par elle-meme : il est clair que leur conqucte mettrait aux mains de Thommc des ri- cbesses entierement nouvelles. Mais la question n est pas egalement simple en ce qui coucerne les seconds, et peut-etve, au premier abord, aulieu de considerer ayec moi la conquete de ces especes comme dune utilite secondaire^^ mais reelle, serait-on pprte a la declarer complete- ment inutile. Quelques rcmaiqiies up serout done pss imperil ues id * I ^ \ t ■^ i r I I k J, y 9 I rr" m i^ A *'** (• /" ■i..^ it ■■ m * i\ r \ t I**) I y 1 V 4 t 3 DOMESTICATION DES ANIMAUX. / \ 1 ees , de six especes, parmi lesquelles trois asiatiqi outes de'~couleur uniforme , trois africaines , toi Jus ou moins zebrees. Sur ces six especes, deux, le c ^al etl'ane, Tune etl'autre, comme cliacun le sait, ( igine asiatique, sont asserviesde temps immemor es quatre aiitres , savoir, Time des especes asiatiqi hemione et les trois especes africaines, le zebre dauw,lecouagga, sont restees sauvag il est vrai , dresse frequemment aux trav dans quelques cantons de I'lndostan ; il 1 ricole s meme pas rare qu'il s'y reprod ptivite (i); mais transporte liors de I'lnde , si iptionnellenient , et comme un animal rai X (2). On ne saurait de meme, et a bien pi m , considerer comme domestiques les I s fo peces africaines , toutes yivant encore completement pour justifier une opinion qui , si les motifs 11 en etaient pas deduits, resterait douteuse ou paraltrait erronee. ^i) Ce renseignementintevessant est du au savant et infortune voya- o-eur Alfred Duvaugel. Voyez I article publie sur Hiemione , par M. Frederic Cu'YIER, dans Y His Loire naturelle des Mammifcres^lwr^^' son7iL. {1) La menagerie du Museum d^histoire naturelle possede en ce mo- ment trois individus , les premiers que Ton ait vus en France. II les doit tous trois a M. Dussumier, dont le zele eclaire pour la zoologie est f auiourd'hui connu de tousles amis de la science. Xe meme etablissement a successivement possede les trois solipet ^ africains. L'un d'eux , le dauw, y est meme en ce moment representc par quatre individus dont Tun est ne, eu i835, a la menagerie ? pere qui lui-ineme y etait ne en 1829. I \ \ t-A ^ REMARQUES SLR LES SOLIPEDES 321 les ge , h r exception de quelques individ dans diverses menag les autres acquis et dresses a grands frais par quelques particu- liersqui se plaisent a etonnerles regards par le luxe in solite de leurs montiires et deleurs attelages zebres(i) Ce dejk faites lement Cap Europe , peuvent etre des com- mencements precieux de domestication ; mais elles ne sont pas la domestication elle-meme qui consiste es- sentiellement dans I'asservisseraent , non de quelques individus seulement, mais d'une race (2), et que des modifications plus ou moins importantes du type spe- ainsi dire > 1 ifique accompagnent toujours, et, pour ainsi aracterisent lorsqu elle est complete. La domestication de quelques-uns au moins des so- pedes, est un resultat que devaient amener prompte- ment les progres des premieres societes humaines. Les solipedes ne pouvaient manquer de fournir a noire espece une partie de ses premiers et de ses plus utiles auxiliaires : on peut dire , a la lettre , que tout en eux les appelait h cette destinee ; par exemple , leurs in- stincts de sociabilite, leur energie native, les qualites precieuses de leur organisation physique , la propor- tion meme deleur taille avec la notre, enfin Tliabi- _ I ^ h ■ - " r^ (1) Ces cssais remontent a une epoque assez ancienne. Sparrmauk et AiLAMAND, d'apves le general Gordon, eu font deja mention pour le couagga. Us ne sont pas tres-rares non plus a legard du dauw. (a)Voy. plushaut, p»u6o. 2)Voy. plushaut, p»u6o. ZOOLOCIE GEXfiRALE 21 \ / r i •> ^ i 1 \ ^ \ I W I H 41 ) n i u ^ _ ^i ) :^ ^ '! If n H <1 I ! m MH * ♦ %-^ / I i f" ^ 322 DOMESTICATION DES ANIMAUX. tation de plusieurs de leurs especes , et specialement de Tune des plus belles et des plus vigoureuses, dans ion ou tous les documents s'accordent a placer au moins Tun des premiers foyers de la civilisation. Lorsqu on pese la valeur de ces considerations , on recdhnait que si quelque cliose devait nous etonner dans la domestication des solipedes , ce serait , non pas qu'elle ait ete etendue a deux especes , mais Hen plu- tot qu elle ne I'ait pas ete a plus de deux* Pourquoi les quatre autres especes ont-elles echappe au joug :le 1 Si Ton examine avec quelq :ruestion d'abord d'une reponse satis ante dans diverses circonstances par Telle est, pour les especes propr rAfrique hab cl et vers 1 de cette yaste partie du monde, c'est-a-d des regions plongees de toute antiquite dai dans bar lis^ COI e la plus qui maintenant < du leur dominatioi ^ande partie de FAs Quant aux pen porte leurs recbercl civi- sur une c le TAfrique rEurope ni de riiemione ni de cOngeneres incurie do d'autres et frica on pouri r en accuser cette Lent donne bien de plus f^icheuses preuyes, en neglig rintroductioii de tant d' especes encore sans ana- loofues d o / ans notre mestiq et notre pie, p \ i"-- i '' I I i t ^ i. AIIQU LES SOLIPKDES. 323 y tion, en laissant a FAmerique son precieux tap sa gogne et son alpaca plus precieux encore. M J a ? en ce qui concerne les especes non encore d6- niestiquees cle solipedes , une donnee de plus dent il iniporte de tenir compte : c est Tintimite de leurs rap- ports avec le clieval et I'tine qui, en etant les congen^res, et par consequent les analogues a tousegards, peuvent r ttendre de Themione et des sol paraitre aptes a nou que nous aurions a ; pedes africains. De Ih, sur I'utilite reelle de ces especes, un doute qui a pu , et qui pourrait contribuer h. en empeclier rintroduction, ^ - La multiplicite et la varieLe des races domestiques ^ r issues du clieval et de Fane, sent telles que Finutilite absolue de conquetes nouvelles faites parmi les soli- pedes, peut meme semhler, au premier abord, en etre la consequence rationnelle. G'est le desir de fixer mes idees a cet egard, qui m'a conduit k reprendre la ques- (0 He , et J par nT (i) n a ete ecrit a Tepoque et a Toccasion de I'arrivee en France du premier des hemiones ramenes du Cutch par M. Dussumier. II ser- vait depreambule a un article assez etendu sur Fhistoire naturelle de Vequus hemioniis ; article qui u entre pas dans le cadre de cet ouvrage , et pour lequel je renyoie aux Nomelles Aiuialcs du Museum, t IV. J aj cru, au contraire, quil ne serait pas inutile de reproduire ici (en en feisant ameliorer le coloriage ) une figure de rhemione qui est due a Ihabile ninceaudc M. WEMER,pcintre du Museum dliistoirenatureUe^ \ V \ m i\ ^ t il !| Mm * H ■^ ^ ♦4 ii t1 i li S » \ Ht \i f* »♦ I n >i h4 f ? V, \% t< ■I ** r ■} { m^ C t i ^ m i^ »i ^'r ^Ita " \ '^ m \ f J ■k T i /' ft \ 324 DOMESTICATION DES AiNlMAUX n. \ 4 Soumis de toute antiquite au joug de rhomme , transportes successivement et naturalises par lui dans presque toutes les regions d lobe que les b employes a des reels ou factices nsi pendant une de la civilisation liumaine , livres ainsi lon^ue serie de siecles a 1' influence modificatrice d'une multitude de climats, de genres de vie, de regimes dietetiques divers , le cheval et I'ane ont du s'ecarter graduellement, et suivant une multitude de directions 1 differentes. des conditions de C'est en types primitifi est en efFet ce qui a eu lieu pour ces deux solipe des; pour Tane, a un faible degre , en raison de variete moindre des circc lieu desquelles vit cette espece ; pour le chev Pl de la diversite plus tianchee c phique, et sur- s influences qui S Issent sur lui. De la , surtout si Ton fait enti gne de compte les varietes hybrides , le mulet le bardea de de races , liees 4 semble d'une maniere intime et passant les autres par presque nsibles, mais en meme temps, d'un extreme a I'autre, diflerant coi derablement en puissance musculaire , en taille , proportions, en formes, et, par suite, enagilite, vigueur, etmeme en intelligence. Quel contraste, par en I I I it Li..,-- IV 1 '. REMARQUES SUR LIES SOUPEDES. 3^5 J > ■ i exemple , entre ces anes clietifs et liideux de nos cam- pagnes de I'lle-de-France et de la Brie, et ces pre- cieuses races clievalines , si parfaites a divers egards . que nourrissent r Arabic, la Perse, 1' Angleterre, I'An- dalni sie! Aussi , lorsque Ton compare toutes ces varietes d'un meme type , lorsqu'on se les represente disposees gra- duellement et conlme echelonnees depuis les plus im- parfaites jusqu'aux plus belles ,il semble qu'il ne soit aucun besoin , aucun caprice meme de notre civilisa- tion, qui ne puisse trouver k se satisfaire par I'un des t6rmes de cette immense seric. N'existe-t-il pas , en effet , pour tous les degres de la ricliesse et du de ma^nifiques races de trait ou de course , puissante qu gueur et en agilite , en meme temps que remar par la beaute de leurs formes ? Les besoins s du commerce, de I'industrie , de I'agriculture pas dans une multitude d'autres i non moins varices qu'eux-memes dons aux derniers termes de la s< Et r K les conditions de ces races inferieures , inelegantes , soiivent tres-mal conformees, mais robustes , patientes au travail , faciles sur le cboix de la nourriture , ne sont-elles pas lieureusement coordonnees avec les res- sources plus que modiques de certaines classes de tra- vailleurs qui voudraient en vain donner k leurs ani- domestiques des do privees ? Enfm , independamment de toutes ces diffi rences eenerales , cbaque disposition du sol , cliaqi tV 1 i 14i f If h ' \ M i t! \ i 1 t -" 1 ^' ■'■* \ \ \ <, \ r + r t \ I *-i\ ■ J *#. I J(>* -^) ( / » ^ t mi ¥ im\ - ^^ **-' '- ' 3^6 DOMESTICATION DES ANIMAUX. b sorte de relief, et jusqu'aux lieux eux-memes les plus ahruptes et les moins praticables en apparence pour le sabot d'un solipede, n'ont-ils pas leurs varietespar- ticulieres de clievaux, de mulets, d'anes, qui, depla- cees partout ailleurs , se plient ici heureusenient aux accidents de localites pour lesquelles le naturel et quel- quefois I'organisation de leur type se sont sensible- ment modifies ? En presence de cette multiplicite de ressources four- nies par les produits de deox seules especes, la pre- miere idee qui se presente naturellement a I'esprit, estcellederinutilite de nouveaux emprunts faits, dans ies regions etrangeres,autype des solipedes. On a tant obtenu dejh, qu'il semble impossible de rien obtenir de plus : il resterait seulement, pour I'industrie hu- maine, k conseryer, k perfectionner, a propager toutes les races et varietes secondaires quelle a creees. G'est iJi sans doute ce qu on est porte a penser au premier abord. Mais I'appreciation exacte etreflechie des faits confirme-t-elle ce jugement? ' Je devrais assurement en convenir, s'il etait prouve J r' ' que derhemionej du zebre , du dauw, ducouagga; dussent provenir seulement des races exactement semblaLles h ce "clieval. Serait-il 1 qui sont iSi ge d'aller^ a les de Tane et du grands frais et au 5loi e 's de grandes difficultes , puiser dans lee des produits que nous avons dejt F grand nombre autour de nous ? f r Mais s'il n'en etait pas ainsi , si les ^ __ ( I it RE MARQUES SUR I^ES SOLIPEDES. lie riiemione , soit des solip^des africains , dev 3 7 de douees de caract^res et de qualite's propres, I'etat question serait tout autre , et sa solution bien t evidem-^ celles que r differente ; car ces nouvelles races ment autant de po dejk y de moyens d'action heureusement applicables h quelq 1 doiit la civilisat ropeenne saurait gtemps remploi hors du cercle de son ind / des especes ges du genre clieval , completement inutile dans la premiere hypotliese, auraitdonc aucontraire, dans la seconde, de grandes chances d'utilite : elle pourrait constituer un veritable service rendu a I'humanite. Reduite a ces termes, la question devient beaucoup plus simple et d'une solution plus facile ; car il ne it plus que de prononcer sur la valeur de mes deux hypotheses ; et , rentrant ici dans le domaine de la zoologie proprement dite et de la physiologie , je vais trouver pour guides des analogies dont on ne saurait recuser la valeur. ^\ III. • \ L' observation nous apprend que, si multipli^es diverses que du cheval gne de de ment entre ces esp ii '1^ \ ^ i u t 'I *i« ^ :t » n x| i y ' J V ■ m4 i» \ t] ,^. b_r I i *4 t M ■ \i 4 *) ii ft 4 **^- ^ ^ f ,ii.i ^ '»f 328 DOMESTICATION DES ANIMAUX. les innombrables varietes de Tunect de rautre.Quoi I ■ ■ - ■ - - quelle ait pufaire,rinfluencede rhomme,ou, comma on I'exprime quelquefois , k culture n'a point trans- porte k Tane toutes les qualites du clieval, ni recipro- quement au clieval toutes celles de I'ane ; et c'est pre- cisement parce qu'il en est ainsi que tous deux sont restes et sans douteresteronttouj ours concurremment utiles , cliacun etant specialement applique aux tra- vaux ou aux localites dans lesquels se trouve I'emploi utile de ses qualites propres. Bien plus : I'intervalle qui separe I'ane du clieval est encore assez large pour I'entre eux se soient places deux autres types , le q del bardeau , tous deux voisins, niais di e et du cheval , soit Tun de Tautr deux doues en propre de qualites natives qui leur as signent un role determine parnii nos animaux domes tiques , tous deux par consequent pouvant etre plu ou moins supplees, mais non completement rempla ces paries especes qui leur ont donne naissance. Ces faits qui, pour etre tres-vulgaires , n en sont pas Ce remarquables et feconds en indue tions utiles, resolvent nos doutes par toute 1 d'analogies prochaines et presque immedij qui est arrive pour I'ane et le clieval, est , au moi dans certaines limltes, ce qui devrait arriver pour Th iiiione et pour nos solipedes zebres d'Afrique. Q I'une ou plusieurs de ces especes soient asservies definitivement acquises ti notre industrie , leurs fo le ensemble de fX- \ r A ' . ^ ^ •ft 329 REMARQUES SUR I^ES SOLIPEDES, ■ganisation et leur naturel , se modifieront plus 01 oins gravement • mais il serait contre toutes les pro- babilites que les races nouvelles, creees par ces modi IS, vinssent a reproduire exactement par leur ficatio leurs instincts les les de I'ane et du clieval , et k se confondre mestiq gre leur origine si distincte , avec nos races do les actuelles. Loin de \h, elles seraient a I'^n Pl clieval ce que ceux-ci sent entr6 eux , des etre; gues, mais non semblables ; par suite, dans lap 1 douteuse. Ces effet (et le dirai succedanes , s'il m'etait permis d'emprunter ce terme k la tlierapeutique ) , pourraient etre indifFeremment substitues I'un k I'autre dans certaines circonstances ou suffirait I'emploi des qualites communes h. tous les solipedes; mais cliacun d'eux aussi, en raison de ses qualites propres , aurait une incontestable superiority dans des travaux ou des localites dont la nature spe- ciale ne tarderait pas a etre determinee par I'expe- rience. , Ainsi, independammentdes croisementsnouveaux, et peut-etre beureux , dont la possibilite nous serait offerte, multiplier le nombre des especes domestiques de solipedes, ce serait, suivant toute probabilite, mul- tiplier et varier les services que notre industrie peut demander a ces animaux. L'ane, et, malgre I'excel- lence de plusieurs de ses races , le cbeval lui-meme , lakepnt encore k cote d'eux une utile nlace k leurs con- / V- SR A1 ^ i 'f * \ f Y 7 «/' *t t 4 f }. . ( fe 1 J* ^ t » •■■^i I r I f \ \ k M % \ I ^hJ *■ ■ J^ ) It Hm 33o DOMESTICATION DES ANIMAUX. 1^, 1 / I f gen^res ; et ces nouveaux presents faits a notre civi- ■ r lisation, sans ^tre a beaucoup pres ceux dont la possession est presentement le plus desirable, seraient un veritable service rendu , et un titre important ac- quis h la reconnaissance publique. ^ t mi J I / i ^: <- ^ - Li ^ J K "W. V ** ^ _ h 1 ", IV ET V. RECHERCHES (0 ZOOLOGIQOES ET PHYSIOlOGIQDES / y SUR LES VARIATIONS DE LA TAILLE CHEZ LES ANIMAUX SAUVAGES ET DOMESTIQUES ET DANS LES RACES HUMAINES. INTRODUCTION. I. Le nombre considerable d'esp^ces nouvelles dont 1 d oyag enricbissent plus encore les recbercl liaque aux- quelles on se livre de tons cotes sur I'org J I (i) Lues a T Academic royale des Sciences, dans les seances du 18 d^- cembre i83i et du 2 Janvier iSSti. Elles ont ete imprimees , par ordre de TAcademie , et conformement aux conclusions d'une commission Mem des savants Strangers , t. Ill, pages 5o3 a 672. J'ai cru devoir laisserce travail tel quil a ete presente a T Academic, sauf quelques changements absolument indispen sables ; par exemple, la conversion des mesures anciennes en mesures metviques , la suppres- >■ *t ' I \ «v ( \ it ''■if 4 4 4^ ' \ \\ \ I ii J h i I ^ is i t I i i ^ f f S I "% * ^ ♦ lu M t I ^- 4 |i 4 fii^t 33 VARIATIONS DE LA TAILLE, des esp^ connues ont eleve , dans ces dernieres annees , toutes les branches speciales de la zoologie k unliaut degre de perfection- nement. Mais, au milieu de ces immenses progres , et plutot k cause de Timmensite meme de ces progres, il est une branclie de I'liistoire naturelle des animaux, etla plus impbrtante peut-etre de toutes, qui, loin de participer au rapide mouvement de la science , reste presque stationnaire , et veritablement , si i'on peut s'exprimer ainsi, languit comme etouffee entre toutes les autres. Cette branclie , c'est la zoologie generale, fondee et cultivee avec tant d'eclat par Linne et par Buffon , mais encore aujourd'hui plus riclie d'apercus ingenieux que de resultats demontres , d'hypotheses que de faits. A I'epoque oil ecrivaient ces deux grands ''t hommes, les observations, les faits de detail, seule base sur laquelle des faits generaux puissentet doivent reposer, etaient encore en petit nombre ; et trop sou- vent les verifications de I'avenir ont manque aux de- m i ^ sion de quelques passages qui eussent fait double emploi avec diverses parties des niemoires precedents , etc. Ces changements portent sim- plement sur des details de redaction, a Texceptiontoutcfois d'un seuli relatif i une note sur la taille des femmes, qui a ete suppvimee ici, d' vers faits, dus aux observations de M. d'Orbigny en Amerique, de MM. BuAVAis et Martins dans le Kord , etc., ne s'accordent pas avec Topinion que j^avais eraise dans cette note sur la taille des femnies, considerce comrne beaucoup moins variable que celle des hommes. y a lieu aujourd'hui de reprendre la question dans son ensemble » cest ce que je ferai , des que j'aurai recueilli tons les materiaux i^^^ saires. ■«i »'- liNTllODUCTION 333 ductions, ou, plus exactement , aux hautes previsions de BuiFon. Quelquefois nieme notre grand naturaliste donna le triste spectacle d'hesitations , de doutes , de retractations; preuve trop positive que le genie seulne saurait suppleer au grand enseignement de I'observa- tion et des faits. Aujourd'hui, au contraire, la zoologie, enridiiede- puis quarante annees par tant de recherches exactes, precises, ingenieuses, possede un nombre presque in- fmi de faits, et il n'y a nul doute que de leur rappro- cliement, de leur comparaison, puissent naitre enfm des consequences generates positives et vraiment scientifiques. II semblerait done que la zoologie ge- nerale , qui resume veritablement en elle toutes les branches speciales de la science , eut du les suivre au moins dans leur marcbe si rapidement progressive ; ipenda qui n a pas eu lieu. De g obstacles se sont rencontres dans la multitude des resultats particuliers , dans leur nombre si dispro- portionne avec leslimites de notre esprit. Comment S - - r faits qui lui servent de base , e exige la connaissance, sont en nombre presque infmi ; quand rimmense extension de la science a contraint les naturalistes de s'en partager, et, pour ainsi dire, d'en fractionner I'etude ; de vouer leurs meditations a de telle ou telle brand ipeciale t, de se placer, dans I'observation de la nature, a point de vue si rapproche , qu il laisse les details ^ « U' i i' ' V f^, P 9 il ( I & I r i I '') ? i 1 ¥ - » it 1- c it I { JA L I r V th -'-. I fr VARIATIONS DE LA TAILLE apparaitre seuls avec exactitude , et derobe entiere- ment le spectacle de I'ensemble (0? i fi I * fJlifv^ ft't w II L ■ L " Cependant un tel etat de clioses est-il vraiment sans remede ? L'extreme richesse de la science doit-elle , comme sa pauvrete premiere, noiispriver a jamais de ces residtats generaux , si dignes d'interet par eux- memes, et tout a la fois si utiles pour la reclierclie et r I'appreciation des faits de detail, puisqu ils sont, par J X- (1) Dans Tenfance des sciences , il etait facile de les cultiver toutes a I F la fois ; car cliacune d'elles se composait uniquement de quelques faits, base commune des liypotlieses les plus contraires, Dans I'antiquite I + . n (comme je Tai remarque dans la premiere partie de cet ouvrage, p et suivantes, et p. 55), et de meme, lots de la renaissance des lettreset des sciences, toutes les branches des connaissances etaient cultivees par les memes hommes.Ce ne fut gueiequau dix-huitieme sieclequeron compritqu'un seulhomme, de quelque genie que la nature I'ait doue, ne pent embrasser toutes les sciences dans ses meditations ;\ non-seule- pient parce que le nombre des verites qu il importe de decouvrir est immense cthors de toute proportion avec les limites etroites de notre intelligence ; mais aussi parce qu il existe plusieurs ordres de verites, I. dont cbacun exige , dans celui qui veut s*occuper avec fruit de leurre- Cherche, une aptitude d esprit, une methode et des connaissances specia- les. Aussi, dans le dix-huitieme siecle , si nous voyons encore quelques homme^ cultiver avec eclat plusieurs sciences a la fois, nous remarquons que ces sciences onttoujours des principes communs, que souventell^^ sont etablies sur les memes bases, et quil existe entre elles, si Ton peu^ f n parler ainsi , des liens nombreux de fraternite. Pascal , pliilosophe SU' blime, geometre profond , a enriclii la physique de plusieurs decou- Vertes ; mais jamais il ne cultiva nirhistoireuaturelleni la medecine. Au conts^l'cLiaue, queVqaa uommelcpiwcc des natuialistes,futau$&ittn :f -\ m^-^-i A INTRODUCTION. 335 ^ leur essence niemejdeveritables/ormt^e^ renfermant en elles une multitude de notions secondaires?; Ou r Hen, cliacun de ceux qui ambitionnent de concourir aux progr^s de la science, ne pourrait-il , dans le cer- c^e des faits dont il a acquis par des etudes speciales une connaissance complete et approfopdie, cliercher a saisir des rapprochements dont les resultats pourraient pa r lui-meme d ir importance philosopliique, a toute leur generalite? Gette marche est celle que j'ai essaye de suivre. En A ^■4H^ m ± medecin distingue : maisla chimie, les mathematicjues , sont toujours restees etratigeres a ses reclierches. Dans le dix-neuvieme siecle, la divi- sion a etc portee bien plus loin encore. De nos jours , non-seulement rhistoire naturelle s'est isolee des autres sciences ; mais ses trois branches principales sont elles-memes devenues des sciences bien separees , bien distinctes et deja trop vastes pour rintelligence et pour la vie dun homme: cest a peine si, parmi les natuvalistes distingues de notreepo^ que, on pent en compter quelques-uns dont les recherches s'etendent a I'enseinble duregne vegetal ou du regne animal. En ce qui concerne les details de la science, on ne cultiveplus veritablement la^ zoolo- gle,maisseulement rornithologie, I'liistoire naturelle des mammi- feres. Tichthyologie, ou quelque autre division de la science : encore cst-il une de ses brandies , lentomologie, dont il est devenu ne- cessaire de subdiviser Timmense etendue. Comment, en efFet, pour- rait-il en etre autrement, lorsqu'il est tel ordre, celui des coleopteres, par exemple, qui comprend a lui seul plus d un millier de genres, pres- que tons composes eux-memes de nombreuses especes! Et qui ne Concoit rimmense difficulte de saisir, au milieu de cette diversite presque infinie de caracteres , d organisation et de moeurs, quelques-uns de ces apercus philosopliiques , dont chacun lie entre eux et resume en lui une multitude de faits speciaux, semblable a ces foimules algebriques Du se trouvent a lafois, sous une forme simple et geuerale, la solution de tant de cas particuliers? t . (: I 't# u lii X I ^ V /. / t ihi i'. t r r I \i H ^ F H I < % I i i I t< «-ti i; t^ ■r ^ H- «* t- ii r 1*1 I fti 9- m 336 VARIATIONS DE LA TAILLE. \ r m'appuyant specialement sur I'examen des classes les plus rapprocliees de I'homme, et des races humai- lies elles-memes , en etudiant sous un point de vue comparatif les modifications de la taille , de la forme et de la couleur dans la serie zoologique , j'ai recher- clie si les faits de detail, relatifs a ces trois conditions organiques reputees avec raison les plus variables de tbutes , ne pourraient , malgre leur nombre immense et leur diversite presque infinie, seramenr k un pe- tit nombre de resultats generaux ; si toutes leurs mo- difications nepresenteraient pas des relations constan- tes et remarquables avec les circonstances dans les- quelles les animaux se trouvent places par la nature, avec Tensemble de leur organisation, et avec leur genre de vie. Le travail que Ton va lire, exposera les principaux resultats auxquels ni'a conduit Texanien comparatif des variations dela taille chez les animaux et dans. les races humaines : resultats dont plusieurs pourront jeter quelque jour sur ces harmonies gene- 4 rales de la nature, devenues si souyent le texte de de- clamations, et si rarement le sujet d etudes exactes et positives. Ge travail comprendra la solution de deux ordres de questions, tres-differents par eux-memes, et non moins divers par le genre des considerations et la na- ture des faits sur lesquels j'ai du m'appuyer dans m^s recbercbes relatives k I'un et a I'autre. J aurai en effet a traiter en premier lieu des varia- 1 tions de la taille sous le point cle vue le plus general, ^h -. K l3 'i a J E=^ AK _ j^ _■ ^ ^^ \^ i*^ par rapport ^ INTRODUCTION. 33^] IX differents groupes zoologiques compares entre eux d'une nianiere ahstraite. Tel sera le sujet d'un premier memoire, dans lequel je cher- clierai ainsi k ramener les faits particuliers h quelques apercus tres-generaux , et , s'il m'est permis de m'ex- primer ainsi , h poser les lois des variations de la taille dans les divers groupes du regno animal. Dans un second memoire, je comparerai entre eux, sous le rapport de leur taille, soit les differentes races d'animaux domestiques , soit les differentes races liu- maines. Descendant ainsi a I'examen des diverses cau- ses particulieres et locales qui peuvent faire varier la taille chez les animaux et I'lionime^ je cherclierai a apprecier la valeur des principales de ces causes. Je serai ainsi conduit k montrer comment leur action, et surtout celle toute puissante de la domesticite, vien- nent quelquefois compenser et annuler I'influence des causes les generales rendre tr^s pour les animaux domestiques et les races humaines emment etablies sur 1 (0 ^ > / i II .1 H a i I *i- (i) De ces deux memoires, le premier et rintroduction qui precede ont ete lus a TAcademie des sciences le i8 decembre i83i ; le second et le i qui termine ces Jiecherches, le 2 janyier i832 ■'^ ZOOLOGIE GfiNSUALE, n I *i I li E \ ^ i \ _ t4tf» u « -■n ^ I If* I ■i % I PH f MEMOIRE. DES VARIATIONS GENERALES DE lA TAIllE DANS LE REGNE ANIMAL i f Dans ces recherches sur les variations gen^rales de la taille, je prendrai toujours pour sujet principal de Hies considerations et pour point de depart la classe des mammiferes. G'est, en effet, de toutes les grandes divisions du r^gne animal, celle qui nous interesse le plus, puisque riiomme lui-meme, sous le rapport pu- rement physique, n'est que le premier des mammi- feres, et en meme temps ci ^ naux et generiques sont le mieu ordi et le — &^"'-^A^"co ouiiL xe iiiieuA. ueunis, et les especes le plus completement connues et caracte- plus de precision. Au pi toujours facile de determiner jusqu'a quel point des propositions etaWies specialement a I'egard des mam- miferes sont applicables aux autres classes zoologi- ques ; et moi-meme, sans avoir la pretention de trailer ici toutes les questions de ce genre pour Fimmense e'tendue du regne animal entier, je cliercherai h don- h gard quelques indications dont j me propose de developper ailleurs une partie -J ^ I — ^ ^ - ^ ■_ ^ r' -A __.. ^14 ■-^ / + \. * VARIATIONS DE LA TAlLLE, ETC. . 33q ^ ^ PREMIERE P ARTIE. I^IMITES DES VARIATIONS DE LA TAILLE CHEZ \ LES MAMMIFERES. I. premiere question qui se presente men, et sans la solution de laq des les premiers pa ^ cest deter nation des limites dans lesquelles les variations de la taille se renferment chez les animaux, et principale- ment chez les mammiferes , dont 1' etude , k cet egard plus encore que sous tons les autres points de vue, ofFreun interet tout special. On sait en effet qu'iln'est ou Ton rencontre des differences plus considerables de volume. Ainsi les plus grands de tous les animaux, les baleines et les cachalots, sont de^ mammiferes : et il est d'autres esneces, parexem- classe pie, pi musaraignes(i), dont la taille excede a peine celle du plus petit des oiseaux-mouches. Or r en prenant pour unites la longueur de ces petit (I) Telle est I'espece tres-interessante que M. Paul Savi a decou- verte en Toscane et appelee sorex etruscus ■ tels sont encore le sorex pulchellus de M. LiCHTENSTEiif , et les deux especes decritcs par moi- i^eme sous les llQIUS dc sorcx rdi^ioms et de wrex personaUis, \ ^ tkV II « F 1^ t I / r 3 If mi 4« I 1 *t ■ ( \ T i tf i ^» il V »> I I- « « r T|* i « I h, i < t ( t«k4 'I ( I i m t Hi -J 1-1 "i ^. 1 * I J 340 VARlATIOi\S DE LA TAILLE itisectivores et leur masse, la longueur de la baleine I franclie et celle du rorqual seraient exprimees par rjoo, 750, etmeme 800, et leur masse parle nombre immense de plusieurs centaines de millions. Mais ces animaux , si differents entre eux par leur taille , le sont en meme temps par leur organisation ; et si nous descendons k des considerations moins o^e- nerales , nous voyons les differences de taille se ren- fermer entre des limites plus etroites h mesure que les rapports deviennent plus intimes. Ainsi elles sont beaucoup plus restreintes entre le plus grand et le plus petit d es animaux d'un meme ordre, d'une meme 1 ibu , et surtout d'lme meme famill lorsqu'enfin comparaison d desespecescongeneres, nous trouvons meme que qui differ d leur taille, different en meme temp Qsible par de d r generiques. G'est ce qui resulte des fa its II. Les singes forment Tune des families dont la taille generale est la plus constante , en meme temps que I'une des families les plus naturelles. Tons les genres offrent meme des dimensions pen differentes, excepte les orangs et les cynocephales, les plus grands de tous, et surtout les ouistitis , genre tr^s-isole par ses rap- \ I 1 \ ^ ^ «l r I ■ b r * -1 .J-J - - J / CHEZ LES MAMMIFEllES. 341 ports , et en meme temps beaucoup plus petit que tous les autres. Or, parmi les vrais cjnocepliales , on trouvetoujours, en mesurant latete et le corps, envi- ron J de metre ( i ) ; et les ouistitis, genre trfes-norabreux en especes, presentent encore un resultat tres-remar- quable. En comparant toutes les espfeces connues, j'ai trouve leur longueur moyenne egale h o^^^aog. Ce nombre ne differe que de o-,o33 de. la taille reelle, soit de la plus grande, soit de la plus petite espece Mais de plus , si Ton divise le genre en trois sections , comme I'ont fait quelques auteurs, et qu'on les compare entre elles , on trouve que, dans chaque section , la difference entre la taille moyenne et les deux limites extremes ne depasse pas o™,oi3. J'insiste sur cet exemple qui me parait tres-propre a exprimer ma pensee ; en effet, en comparant les ouisti- tis , soit avec les autres singes, soit entre eux , on voit les differences de taille toujours en raison inverse de I'intimite des rapports naturels. 1 les Parmi les chauves-souris , il est un genre , ceuu c roussettes, qui semblait former une exception remar- quable; mais un examen attentif m'a conduit a ce re- (1) Le cjrnocephalus nigcr ou malayanus des allteurs est^ il est vrai, d une taille bien infeiieure a ces dimensions, et formerait une grave ex~ ception ; mais des caracteres importants le distinguent detous les vrais cynocephales, et ilforme un genre tres-distinct, auquel j'ai donne dans un autre travail le nom de cytwpitheque. Voyez la zoolo^ic du Voyage aux hides orientales de M. Belanger. Z' 1 i i I \ ^ I 4 I 4- \ -J ^i I A t . V m 41 6 i I i i \ i I J^._ . . 1 1 r i !E !«■ t !■ 1i i ^ M ll! -**■ 342 VARIATIONS DE LA TAILLE sultat, deja publie dans un autre travail (1), que grandes especes formes du crane et par d differentes des petites par les / portants, Pmsieurs autres exceptions apparentes se evanouies devant une etude exacte. sont de meme dont le resultat a ete la detern _ genres nouveaux. r de pi Les genres ye/z? , canis , mustela , viverra , parmi les iferraent des especes de d Bgales j mais ce sont des genres par trar des genres parfaitement naturels. Aussi divise'sparleszoolosistes modernes, et notamment parM. Guvier, en plusieurs sous-genres ou sections, d apres des diiFerences organiques auxquelles corres- pondent constamment des differences de taille. G'est ce qui a lieu, dans les premiers de ces groupes, pour les chats proprement dits , les lynx et plusieurs au- tres petits groupes ; dans le second, pour les loups, les cKacals et les renards ; dans le troisieme, pour les mar- tes proprement dites et les putois ,* enfin , dans le der- nier, pour les civettes proprement dites , les genettes et les mangoustes. II en est exactement de meme , parmi les insecti- yores, les rongeurs et les edentes , de quelques genres qui reunissent des especes de taille tres-inegale.Ainsi, parmi les fo le beaucoup pi (l) yoyez Bemarques sur quelques caracteres des chauves-souris fru givores, dans les Annates des Sciences naturelles , t. XV, octobre iS^^ / ^ r-iT r#* ^^- -r A- - -j^ ■ GHEZ LES MAMMIPEIVES. 343 grand , et le didactyle , beaucoiip plus petit que tous les autres, forment deux genres, dont le second surtout est tres-tranclie(i). . Les pacliydernies et les cetaces ne donnent lieu k aucune difficulte reelle. Quant aux ruminants , il est vrai que les cerfs et les antilopes comprennent un grand nombre d'especes de taille tres-difFerente ; mais ces deux grands genres sont subdivises en plusieurs groupes,d'apresdes caracteres organiques auxquels cor- y respondent parfaitementtoutes les differences de taille. Enfin j'ajouterai que I'animal du muse , que Ton re- unit ordinairement aux che vrotains , est precisement k leur egard ce que sont les vraies civettes a I'egard des genettes et des mangoustes , *c'est-a-dire un genre distinct; et je rappellerai que M. de Blainville adeja depuis longtemps separe des autres boeufs , pour en former un genre a part , le petit boeuf musque , in- termediaire aux boeufs et aux moutons par ses rapports naturels, comme il Test par sa taille. J'arrive maintenant aux animaux marsupiaux. Ces mammiftires , consideres sous le rapport de leur taille. presentent un fait que sa eeneralite rend tres-remar- T' quable. Chaque groupe principal renferme , avee plu- (I) Ce second genre differe a la fois des vrais fourmiliers par le nom- bre des doigts , par TensemBle des caracteres exterieurs , par le sque- lette et par les habitudes. (Depuis la publication de ce memoire, le genre dont le fourmilier didactyle est le type , a rccu de moi le nom de Man 54) f* ' i» t I 4 ' V t # f . i t 't i v ^ 1 J i 4 I ■i -< I ■ / • ■ f i I V - 1 \ « \ I 1 f- \ m *ii i m 8 f^. i; 4rr r m \ . / ^^M'i t ! \ I L 4 > \ I -■^ \ f h f I I i I i f 344 VARIATIONS DE LA tAILLE especes de grande taille , une autre si petite, que accordes a lui donner le de naine ou de pygmee. Ainsil'on trouve decrit dans dasy les ouvrages zoologiques un didelph phalanger nain , un petauriste pfgrnee^ et c est aussi a la petitesse de sa taille qu'une espece du groupe des kangurous a du le nom de kan- gurou rat. Au reste, ce fait curieux , propre aux ani- maux a bourse , et qui peut-etre se rattache k leur xnode particulier de developpement, bieu loin de ren- verser, comme on pourrait le croire, les principes que je viens d'indiquer, en offre une confirmation remar- quable ; car toutes ces petites especes se distinguent des grandes par quelques caracteres organiques, et dejk meme M. Frederic Guvier et quelques autres zoo- logistes les ont isolees, k une exception pres , dans des genres 6u sous-genres particuliers. De ces remarques sur difR des mamniiferes, et de qu* pu y joindre , resultent les vants: classe iques auires que j a deux faits generaux 1° Avec des differences importantes dans la taille coincident toujoursdes differences organiques portant sur un ou plusieurs des oreanes dont les conditions a existence fournissent ordinairement les caracteres ^ • generiques 2° Toutes les fois que deux ou plusieurs especes liees par des rapports tres-intimes , leur taille e meme ou dilfere k peine . -'_*^ ^ ^ 1**1* ', m' ^^ ^« 'til I -1 CHEZ LES MAMMIFERES. 345 v SECONDE PARTIE. RAPPORTS VARIATIONS DES MAMMIFERES ! \ ! } V \ AVEC LEUR GENRE DE VIE \ genre de 3S avoir etabli que la taille presente des diffe d'autant moindres que I'orgaiiisation des ani que Ton compare, et par consequent aussi leu plus completement analog dois clierclier a determiner les rapports qui entre les variations de la taille, d'une part, et, de I'ai tre, I'organisation et le genre de vie des animaux , surtout les circonstances diverses dans lesquelles i t se trouvent places park nature. On va voir que c t I'apports peuvent etre exprimes par un petit nomb de propositions generales auxquelles se rattachent dans lesquelles se resument tous les faits particuliei J e -.s t I VARIATIONS D'APRfiS LE LIEU D'hABITATION. Tout le monde sait que les mammiferes qui vivent dansl ou quable par leur grande taille ; mais ce n'est Ik qu fait ^ u r t L 1 \ I 1 1 » *9 It k h \ « If M 4 1 J ^ i'' \ » (i / _ _ t I t4 ;-t «f m m'' h HI ' i tn^ t'^^ ; ■- ■ » . ? / i \ 3^6 VARIATIONS DE LA TAILLE. "a ^ " ' particulier qui rentre dansun autre fait beaucoup plus eeneral et par consequent beaucoup plus digne d'at- tention. Ge fait general peut etre exprime ainsi : Tous les animaux qui habitant au sein des eaux, ou J passent une partie de leur vie , parviennent h une grande taille , comparativement avec les autres ani- maux du groupe auquelils appartiennent ; et il semble meme que raccroissementdeleurs dimensions soit en raison directe de la duree de leur sejour dans I'eau. Ce fait peut etre egalement demontre par la com- paraison des families, des genres, et meme des especes, pour les genres peu naturels qui renferment k la fois des especes aquatiques et d' autres purement terrestres. Ainsi aucun carnassier terrestre n'approcbe de la ! et de plu- e trouvent sieurs ai ainsi en du lion marin , du plioque a tromp autres ampliibies; animaux qui i pport avec les cetaces par leurs gran- mensions comnie par leu groupe si nombreux tiellement aquatique. Dans le des mustela de Linne, se trouve un genre aquatiq beaucoup plus grand que nassiers terrestres de la meme famille; et Ton peut J _ memeremarquer, en comparant entre elles les diverses loutres , que la saricovienne , et surtout la loutre de mer, qui sont les plus essen tiellement aquatiques, sont celles qui atteienent les plus grandes dimensions Parmi les rongeurs, les memes rapports se presentent r ondatra , les lijdromy yopotan les castors, sont remarquables a la fois, d et surtout 5 la famille • ■ ■; J ■ / i !>■ * r tt I I m 4, \ -V , V. A \s ■;■'■}._ i***^-*' i-= - > _ — r i I « CHEZ LES MAMMIFEKES. 347 des muriens, par leur grande taille et par leurs habi- tudes aquatiques. Parmi les caviens , nous vojons de liieme deux genres se distinguer par leur grande taille, L et ces genres , le cabiai et les pacas , sont encore des genres aquatiques. Enfin , dans le sous-ordre des in- sectivores , il en est encore ainsi des desmans compa- res aux niusaraignesj et meme^ parmi celles-ci , des esp^ces aquatiques comparees aux especes essentielle- nient terrestres. C'est done un fait tres-^eneral que la taille des es peces, des genres, des families ^ compares aux autres especes, aux autres genres, aux autres families du meme groupe, est d'autant plus grande , toutes choses e^ales d'ailleurs, que leurs habitudes sont plus essentielle- ment aquatiques. Les genres qui vivent sur les arbres ou qui sont or- ganises pour le vol, ces derniers surtout, n'atteignent jamais au contraire que des dimensions peu conside- rables. Gefait pourrait etre deduit facilement de con- siderations a priori , et ne nlerite pas de nous arreter- Entre ces derniers, qui sont jusqu'a un certain point des habitants de Fair , et les mammiferes aqua- tiques, se trouvent ceux qui vivent k la surface du sol, et que Ton pent nommer par excellence les mammi- feres terrestres. La plupart sont de taille mojenne, c'est-a-dire moindres que les genres aquatiques, plus grands que ceux qui volent ou vivent sur les arbres. Cependant c'est parmi eux que se trouvent les plus volumineux de tons apres les especes marines, et les \ I V 1* f. I Am 1^ I!* .4 '■* m 1 4 « I I i f f » w« # ''"M. «» *» t t -«« \ » /|8 VARIATIONS DE LA TAILLE plus petits peut-etre sans aucune exception. 11 n'y a done rien d'absolunient general k cet egard pour les especes terrestres , dent nous allons voir en efFet la :1 >. " ra pports II. VARUTIONS D'APRfiS LE GENRE DE NOURRITURE ■ Les inammiferes quivivent a terra ou sur les arbres peuvent etre rapportes, d'apres leur genre de nourri- ture, k quatre groupes principaux, savoir : les herbi- vores ^ qui vivent principalement de petits vegetaux et de feuilles ; hsfrugivores, qui se nourrissent de fruits et aussi de racines; les insectwores , et les vrais car- nassiers ou carnivores. Les premiers, ou les pacliy- dermes et les ruminants, sont en general les plus vo- lumineux de tons; viennent ensuite les carnivores, puis les frugivores , qui sont tous de taille moyenne ; enfin les plus petits de tous sont les insectivores. En effet la taille varie , chez les herbivores, de celle des elephants k celle des chevrotains ; chez les carnivores, de celle du lion et du tigre a celle de I'hermine; chez les frugivores , de celle des plus grands singes k c( des pelites roussettes ; enfin , chez les insectivores , celle du tamanoir et de I'orycterope k celle des petites de musaraignes. Or, si Ton reflechit k la masse immei de vegetaux herbaces et de parties foliacees qui se J ipandue a la surface du globe, et que 1 I I I r II t \ CHEZ LES MAMMIFERES. 349 pare d'une maniere generalele volume des etresdont se repaissent ordinairement les carnivores k celui des I fruits qui nourrissent les frugivores et des animaux dont les insectivores font leur proie , on arrive h ce d'obt remarquable , quil serait d He P Les animaux les plus volumineux se nourrissent de substances que la nature leur offre presque partout en abondance ; et parmi les autres , la taille est gene- ralement proportionnelle h la masse des animaux ou des portions de plantes dont la conformation de leurs organes digestifs les appelle h se nourrir. D'ou il suit qu'ilexiste une coordination parfaite entre la quantite de nourriture necessaire aux animaux et celle qui leur est ofFerte par la nature. Parmi les mammiferes aiJes, de semblables rapports se pr petite avec non ;p^ces se nourrissent d' evidence. Les plus ;outes d'insectes; les grand qu elles-memes ont une taille peu considerable, sont frugivores. II n'y a parmi elles au- cune espece essentiellement herbivore ou carnivore, de meme qu'il n'y en a aucune dont les dimensions soient tr^s-considerables. Quant aux mammiferes marins, rien d'analogue ne peut etre etabli k leuregard; car les baleines, les plus grands de tous les animaux , se nourrissent de mol- lusques et de tres-petits poissons. Le rapport que je viens d'indiquer pour les mammiferes terrestres et done pas vrai a 1 egard des genres 1 I R ( y <« I fi f I 1 |fc* r f \' ■i ti h* i I d.A ' i : «H w i 5 ll -\ 'i Ai t^k li % i » P^ m rm 5^ ip 35o VARIATIONS DE LA TAILLE ption dont il est facile de se rendre compte par les conditions particulieres du la plupart des lyster dentai ire de III \ VARIATIONS B^APRfeS LA DISPOSITION DES LIEUX HABITUS. On a remarque depuis longtemps que les lies tres- petites ou isolees, ou ne contiennent que des especes de petite taille , qui meme y sont peu nombreuses , ou sont absolument priv,ees de mammiferes. Les grands animaux de cette classe se trouvent to us en efFet dans J ' les continents, dans les grandes iles, et dans quelques lies peu etendues , mais qui , tres-rapprocliees d'un continent, semblent en dependre et lui appartenir par leur position etleur constitution physique, commepar la nature des animaux et des vegetaux dont elles se trouvent peuplees. De merae , parmi les animaux aquatiques , les es- peces marines sont les plus grandes de toutes, ainsi qu'on le sait generalement. La nature a done partout proportionne la taille des mammiferes a I'etendue des lieux qui doivent les re- cevoir, reservant les grandes especes pour les mers, les grandes iles et les continents, et les petites pour les ri- vieres et les iles peu etendues. On pent ajouter h ces considerations qu e, parmi les mammiferes terrestres, ceux qui viYent sur Jes moU" I / I' ■^.■«t« / J- V* *F'i^ [ ■' t< CHEZ LES MAMMIFERES 35 I tagnes atteignent ordinairementdes dimensions moins considerables que peux des plaines , et surtout ceux des lisieres des grands deserts. Ge fait, deja indique par quelques auteurs , et surtout par M. Virej ( i ), pent etre etaLli d'une maniere assez generale^ soit en J comparant entre elles des espeees congeneres, comme iyack avec les boeufs sauvages qui vivent dans les plaines , soit surtout en rapprochant entre eux des genres voisins , comme les mouflons et les boeufs, les lamas et les cbameaux. Cependant des rapports in- verses se presentent a I'egard de quelques genres et surtout de quelques espeees, et forment des exceptions dont il est souvent difficile ou meme impossible de se rendre compte. '> \ IV. VARIATIONS D'APRfiS LA REGION HABITlfiE \ Les considerations tres-importantes qui se rappor- tent kce quatrieme ordre de variations, ont ete moins neghgees par les zoologistes que celles qui precedent; et I'on doit, entre autres, h Buffon un fait tres-remar- quable, aujourd'hui connu de tous les zoologistes et devenu meme presque vulgaire : c'est que les ani- § e moms considerable que ceux qui leur correspondent da *\ A I: y, m m m» I (i) Voyez I'article Geants dw DkUgnnairs dei tciencet medicates, m N J' > «« i-m 353 VARIATIONS DE LA TAILLE I'ancien moncle(i). Quelques exceptions peuvent, il estvrai, etresignalees, niais elles vSont peunombreuses; et si le principe pose par BufFon n'a pas tout9 la ge- neralite que lui attribuait I'illustre auteur de Yllis- toire naturelle , du moius est - il admissible pour r immense majorite des cas. Buffon, apres avoir constate cette inferiorite des animaux du nouveau monde par rapport k ceux de I'ancien, en a recberche les causes , et a cru les trouver »t it 'm \ I I ■ I I I (i) « Nous avons remarque comme une cKose tres-singuliere, dit Buf- ■ n FON , que dans le nouveau continent les animaux des provinces me- ridionales sont tous tres-petits en comparaison des animaux des pays chauds de Tancien continent. II ny a, en efFet, nuUe comparaison pour la grandeur deTelepliant, du rhinoceros, de rhippopotame^ de la girafe, du chameau, du lion, du tigre, etc., tous animaux naturels et propres a Taricien continent, et du tapir , du cabiai, du fourmilier, du lama, du puma , du jaguar, etc., qui sont les plus grands animaux du Nouveau-Monde; les premiers sont quatre, six, huit et dix fois plus groS que les derniers. Une autre observation qui vient encore a Tappui de ce fait general, cest que tous les animaux qui ont ete transportes d'Europe en Amerique , comme les chevaux , les anes, les boeufs , les brebis, les chevres, les cochons, les chiens, etc., tous ces animaux, dis-je, y sont devenus plus petits ; et que ceux qui n'y ont pas |ete transportes et qui y sont alles d'eux-memes , ceux en un mot qui sont communs aux deux mondes , tels que lesloups, les renards, les cerfs , les chevreuils, les elans, sont aussi considerablement plus petits en Amerique quen Europe, et cela sans aucune exception. II y a done dans la combinaison des elements et des autres causes physiques quelque chose de contraire a Tagrandissement de la nature vivante dans le Nouveau-Monde ; ij y a des obstacles au developpement , et peut-etre a la formation des grands germes, » Discours sur les am- maux communs aux deux continents, tome IX deVIfistoire natureU^i pages 102 et io3. \ r i # 4 i m f f i W I ^ ^^ V 1 i CHEZ LES MAMMIFERES. 353 ^ dans la chaleur moindre et I'humidite plus ^rande du continent americain. Sans entrer dans les developpe- ments necessaires pour apprecier la valeur de cette explication tout hypotlietique (i)?je me bornerai a remarquer que le fait indique par BufFon rentre comme cas particulier dans la proposition generale que j'ai enoncee plus haut , savoir : qu'il existe un rapport entre la taille des animaux et I'etendue des lieux des- tines a les recevoir. Ghacune des deux vastes re que Ton comprend sous le nora d'Amerique , est a pen pres equivalepte a la raoitie de FAfrique ou del'Asie , et I'une et I'autre (mais principalement I'Amerique du Sud, plus isolee des autres grandes terres du globe) sont peuplees en general d'especes inferieures a celles de I'Afrique et de I'Asie.' Ge rapport remarquable est veritablement un coroUaire de la proposition que \ _ _ * ■ je viens de rappeler. Au contraire, la Nouvelle-Hollande , environ une 1 4 4 fois Itendue que I'Amerique du Sud isolee comme elle, ne renferme que des neralement tres-inferieurs a ceux de I'Amerique : ei sorte que la proposition que j'ai deduite de la compa raison des animaux des lies avec ceux des continents * regard des animaux des dive nents. (0 On peut consulter sur cette question mes Considerations g&ne- ^ales sur les mammifercs , page ^47' ^^ I'^^ticle iMammifSrcs du Diction- nnire classique (Vhistoirc naturcUc , tome X, page i:>.5. . ZOOLOGIE GfiNKUALE. 23 * n A 1 ^\ 1 It J1 f I i i / ^ I f -■ 1 >M 'I t ■■..!' ^ 1 M *>*% I fi/ t ttir t"^ ii# h ' 354 ^ VARIATIONS DE LA TAILLE Apres avoir compare d'une maniere generale les aniiw^^^^^ I'ancien monde et ceux dii nouveau, u iiBporte de comparer ceux de rjiemispliere austral et ceux de rhemispliere boreal. Enmettant liors de lisne Sumatra, Boriieo etTAfricpe toutentiere, que I'equa- teur coupe dans leur region moyenne, et ou les menies especes se trouvent egalement repandues des deuX cotes de la ligne equinoxiale ,, les grandes terres de F Themispliere austral sont la Nouvelle-Hollande , la Nouvelle - Guinee , Madagascar et 1' Amerique du Sud. . - Les especes des trois premieres de ces grandes ter- res doivent se trouverj d' apres les propositions prece- dentes , et se trouvent en effet ^eneralement tres-infe- rieures a celles qui peuplent Timmense etendue de FEurope et de FAsie. D'un autre cote , les especes de T Amerique meri- dionale , dont les plus grandes sont les tapirs , le cou- guar, le jaguar et quelques ruminants , le cedent ega- lement a celles de 1' Amerique septentrionale , clont I'etendue est a peu pres la menie, mais qui, loin d'etre isolee conime elle^ se trouve presque continue avecle continent europeo-asiatique. Les mammiferes de rhemispliere austral sont done, en general y moinS grands que ceux de Tliemispli^i'^ Boreal ^ en placant liors de consideration I'Afriqii^ ; Borneo et Sumatra, ou les meraes espfeces se trouvent repandues k la fois au sudet au nord de i'equateur. \^ W lH^ f lA ^ ._ ^ - ■- - I -I \ CHEZ LES MAMMIFERES. 355 V. > VARIATIONS d'APRBS LE CLIMAT / II me reste a considerer les variations de la taille * cliez les animaux, dans leurs rapports avec les difFeren- ces de latitude et de climat. L'examen de ce dernier ordre de questions conduit a plusieurs resultats inte- ressants, mais non a un resultat general et unique, Ainsi , parmi les maramiferes ailes , les especes in- tertropicales (et il suffit de rappeler ici, pour I'ancien monde, les roussettes, et, pour le nouveau, les vam- pires) sont les plus grandes de toutes , et Ton voit, dans riiemispliere boreal, leurs dimensions decroitre a me- sure qu'on s'approclie du Nord. ■ L Les meraes rapports ont lieu, mais d'une maiiiCTe moins constante, pour les animaux grimpeurs, et pour plusieurs groupes de mammiferes terrestres, notam- N ment parmi les insectivores et les frugivores Au contraire, il est aussi, parmi les herbivores et surtout parmi les carnassiers, un grand nombre de fa- milies qui presentent les rapports precisenaent in- verses. Ainsi, dans notre hemisphere, les loups, les renards , les cerfs deviennent plus grands a niesure qu'on les observe plus pres du cercle arctique; et cela est egalement vrai , que Ton compare des especes congeneres ou bien des individus de la meme espece. On lie connait point au contraire de mammiferes qui, ay ant leurs plus grands individus ou leurs plus grandes especes dans les climatstemperes, presententunetailie J * \ \ s ^^k ^^^B^B 1 J 1 1 ' t ^m - 1 <|iti ■^ f \ Mt ■ m ^ \ / m^ rl^ ■1 ir m f I *r ii I ^ T !*1T, #4 '.*!• !. >(f ri * I % 356 YARIATIONS DE LA TAILLE * deplus en plus restreinte a mesure qu'on se rapprocne soit cle I'equateur, soit du pole. Quant aux especes marines , on en troiive de tres- r grandes dans toutes les mers, et principalement dans celles du Nord. Ainsi la plupart des genres et des especes parvien- nent a leur maximum de taille dans les contrees les plus chaudes du globe, et descendent a leur minimum c|ans les regions froides. D'autres, mais en moins grand nombre , ont au contraire leur maximum dans les regions les plus froides , et leur minimum clans les plus cliaudes. D'ou il suit que^ parmi les grandes es- peces de mammiferes , les iiiies liabitent la zone tor- ride, les autres se portent au contraire au Nordpresque , r jusqu'aux limites au delk desquelles FaLaissement extreme dela temperature rend impossibles toute ve- getation et toute vie. Au contraire, aucun genre n a ses plus grandes especes^ aucune espece ses plus grands individusj dans les climats tempereSj unpen cliaudsou unpen froids : resultat non-seulement different, mais meme precisement inverse de celui qui est univer- sellement admis, si Ton en croit cette plirase d'un savant dejk cite : <( II est generalement reconnu que y> le froid tres-vif comme une clialeur seclie s'oppo- )) sent au developpement complet de la taille chez )) toutes les creatures , tandis qu'une chaleur douce r 4 )) ou temperee le favorise considerablement (0* '* (I) 3'aurai occasion ^ dans la suite dc ce travail, d^apprecier a sa ) tM \ 1*^ I \ ^ DANS LE REGNE ANIMAL. 357 t TROISIEME PARTIE. % b» »j i ( w GENERALISATION DES FAITS PRECEDENTS, ET APPLICATION A L ENSEMBLE DU REGNE ANIMAL. 1 * # I ^ > REMARQUES PRI&LIMINAIRES J'ai expose dans les paragraphes precedents les re- sultats principaux que j'ai pu deduire d'un examen attentif des variations de la taille, considerees sous un point de vue general chez les mammiferes sauvages. L'analyse des faitg de detail m'a permis de les ranie- ner h. un petit nombre de propositions que j e crois pouvoir presenter, nonpascomme de simples apercus hypothetiques , mais bien comme des faits generaux , aussi positifs et aussi incontestables que les faits spe- ciaux eux-memes qui leur servent de base, et dont ils ne sent veritablement que I'expression abregee, ab- straite, pbilosopliique. \ Maintenant deux questions graves, compbquees, et juste valeur qette assertion d'un savant distingue. On yerra que, si elle est contredite par les resultats auxquels conduisent Texamen et la discussion analytique de Tensemble des faits, elle se trouve vraie pour un grand nombre de cas particuliers. Elle nest done pas par elle-meme fausse et erronee ': seulementson auteur la rendue inexacte en vou- ^^nt la rendre tres-generale. 1 I #'1 \ r Jl 41 \» I* X . * *H -t ' \ ^ F , ( ^!t l\ I ir ■1 *»■-'» =t« It 358 1 r VARIATIONS DE LA TAILLE dont la solution est en quelq iple natu presentent des considerations precedent I Les propositions generales , qui viennent d el tablies k Tegard des mammif^res sauvai^es , sont pplicables aux autres classes du re^ S 'I cabi animaux doraestiques , soumis , ainsi que cliacun le salt , a rinfluence d'une multitude de causes speciales locales qui La S p 'g \ de cette seconde question, fondee cessairement sur des considerations d que celles que j'ai presentees jusqu'i( ordre d special (i) le soin et 1 etendue qu e iport ha imp or miere 'gique et physiologique. Quant k la pre- tion y le ne saurais en donner la solution po ck cune des classes du regne animal , le travail que i P ar le presenter a I'egard des mammiftres consequent , sans me livrer k la discussion , pen diffi- cile, mais longueet fastidieuse, d'une foule de details dont Fexposition ne saurait trouver place dans ce me- moire. Aussi me bornerai-je ici k quelques apercus propresafaireapprecierla generalite des propositions '^^^ (i) Voyez ci-apres, pages 378 et suiyantes, ; V n m ■^-'if f ■» 1 \ DANS LE P.E&NE ANIMAL 359 precedemment etablies , me r(5servant de revenir s elles dans un autre travail pour en presenter ie dev y loppement et en completer la demonstration par des preuves positives. Ges preuves seront d'ailleurs assez analogues kcellescjuej'aiciteesci-dessus kl'egarddes mammiferes, pour que toutes les p dans I'etude dela zoologie puissent a la nature et meme en apprecier la v avance en saisir ' H IL CONSIDERATIONS G]&N£RALES» II suffit de fixer son attention sur les faits que precedemment expose ppeles, pou que la taille d'un animal depend de deux ordres de causes eenerales que Ton pent ramener a deux faits principaux , savoir : le type sur lequel il bli, et les circonstances particulieres dans lesquelles se trouve place par la nature. En effet, on a vu ( i ) que cliaque groupe a veritable ment ses conditions il d' organisation ; c est-a-dire , que I'on peut determiner pour cliaque groupe des d sions que pr totalite des e lont se rapproche la presque dont il se compose. Ainsi les qua- (1) Dans la premiere partic de ce yolumc, pages SSg et suiYantcs 4 V Pt ^ i fi ^m D i h. I V .. ,.-.'; ' ■<:-• ^_— t Ptf N, «* ■;~f *^ * ffc- *! » -; ■ < (f 4 »» r U 36o VARIATIONS DE LA TAILLE sont clrumanes sont de taille moyenne ; les rongeurs petits ; les pacliydermes et les ruminants , de grande les cetaces, plus grand D cote, il da chaq groupe un petit nombre d'animatix dont la taille presente d^ differences notables , soit en moins , soit en plus , ^ qui forment par consequent des exceptions plus c moins remarquables. C'est sur ces exceptions que j' fixe specialement mon attention : c'est leur expl sont leurs rapports et lei enclialnement avec tous les faits de meme ordn que j'ai surtout cberche k determiner. Par Ih , j'ai e conduit k reconnaitre 1' influence generale qu'exercei pbilosopliique , ce sur la lie des animaux certaines conditions d tence , de moeurs , d'habitatio que les ha bitudes aquatiques , I'habitation pres du pole quateur ^ d'un animal est done celle du type auquel il modifiee quelquefois les stances speciales de ses moeurs et de son habitation ; circonstances dont I'influence est tellement constante, I ^ qu'il serait sans aucun doute possible de la calculer approximativenient , et d'en renfermer Texpression enerale dans une sorte de formule algebrique. C'est seulenient en appliquant et etendant ces idees Tensemble du regne animal que nous pourrons sai- leur Teritable point de vue les rapports tant 1 e tab] is plus ha k B rdd mammiferes, et les faits resultant de Tetude des K ! i rrw ^ -^-^^^ V ♦ r 36i DANS LE REGNE ANIMAL. classes de la serie zoologique- SI, par exemple, nous avons a comparer sousle rapport deleurtaille mimam- mifere et im oiseau, ou, k plus forte raison, un verte- bra et un invertebre dont les habitudes, rhabitation et le iginie dietetiq offrent de Tanalo nous pas de voir quelquefoi utre presenter des dimensions extremement dUle- ites. Ce n'est point du tout, en effet, une identite de lie que nous devrons cbercher entre eux, mais seu- iient une influence de meme ordre, exercee par les •Constances coram unesjsur les conditions generales des groupes aux quels appartiennent I'un et I Or, si les cond ales differentes pour tous deux (et e'est precisement ce qui apresque toujours lieu, lorsqu'on met en parallele des etres ap- partenajQt k des classes diverses), il est evident que le mammifereetroiseau, que le vertebre et 1' invertebre, sujets de la comparaison , devront , quoique sembla- blement modifies par Tinfluence de causes communes h ■ agissant egalement sur I'un et siirfautre, presenter entre eux des differences notables et proportionnelles k la diversite des conditions generales de taille appar- § ^^^^^^ eux, a cet egard, dans le cas de deux nombres que I'on vient k multiplier ou h diviser par la meme quantite : par cette operation , tous deux se trouvent augmentes pu diminues dans la meme raison ; mais, bien loin quils arrivent a I'egalite, le rapport primitif subsiste. 1 ' i I, n n h * *#^ ii: p f «w t f !■ .^* ■+I ',t> . *^ . .,..-:^^-^' r-X-^ < 'W'i m I \ ^ »|tf ft» «i L If-ftf i .' •^> i k ' iJ ^t Ml ^ V 362 VARIATIONS DE LA TAILLE III. DES LIMITES BES VARIATIONS DE LA TAILLE DANS LES DIVERS r GROUPES ZOOtOGlOTJESi y Avant de recherclier jusqu'ou s'etend dans la serie zoologique Tinflueiice des causes generales i I (i) Le condor, vultur gryphus des auteurs, semble seul faire exception parsa grande taille; mais plusieurs caracteres veritablement generiques le distinguent, soit de tous les vautours proprement dits, soit du sarcoramplie , et il doit former un gem-e nouyeau, genre que j'ai fait connaitre dans mes cours sous les noms de Condor^ gryphus, (2) L'aigle botte , falco pennants, est , il est vrai , beaucoup plus petit que les yeritables aigles, et Taigle de Pondichery , fako ponticerianus , est de meme d une taille bien inferieurc a celle des vrais pygargues : mais tous deux, le premier sitrtout, different a plusieurs egards, par leurs caracteres organiques , des especes avec lesquelles les ornitholo- r gistes les ont classes , et doivent former des sections h, part dans les genres ai§leetpyg^^i'S^^^< y <#« I 1 i j 11 / 1; r 1 Hf / \ ^^. w J 1^ I H }■» - '^« t \ t } / 368. VARIATIONS DE LA TAILLE II est interessant d'opposer sous ce rapport aux oi- seaux le groupe encore plus etenclu des poissons. Ges derniers , comme tout le monde le salt , occupent Ic dernier rang dans la serie des vertebres. Comme on ( le sait aussi, ils composent une classe peu naturelle , ainsi que I'attestent les essais tentes par plusieurs zoo- logistes distingues pour la partager en deux classes distinctes. Enfin , et il importe surtout d'insister sur ce dernier ordre de considerations , les poissons vivent tres-longtemps , croissent presque pendant toute la duree de leur vie, et fraient longtemps avant d'avoir completement atteint la taille k laquelle leur espece peut parvenir. Par suite, les variations de taille que I'on observe dans cette classe, et dans lesquelles on ■ serait porte, au premier aspect, h recherclier des difFe- rences specifiques , appartiennent souvent dans ia rea- lite auxindividosbien pliitot qu'aux especes; ellesne sont pas liereditaireSj niais veritablement accidentelleSj et dependent en grande partie des circonstances au mi- lieu desquelles le sujct se developpe, surtout de la qualite et de la quantite de nourriture qui lui est of- ferte(i). / f N Mr F=f m> , (0 Ainsi dejeunes poissons ^ nes crinclivlclus de grande taille, mais places dans des conditions defavorables , resteront petits , et recipro- quement. Quoique ces faits pliysiologiques j)araissent assez bien etablis dans la science poi^r qu il me soit permis de m'appuyer sur eux et inutile de cherclier ales demontver par de nouvcUes preuves , je citerai Fobser- vation suivante, dueaM.Bouv de Saijjt-Vincent. Des cyprins dores, ages d'un an et longs d*un pouce et dcmi, furent places dans nn bocal I fr .rr^*^ I - M m? i i ' ■-■ r DANS LE REGNE ANIMAL. II n'est aiicune des considerations 36 9 de que rappeler qui ne conduise a prevoir le defaut de limites exactes pour les variations de la taille cliez les poissons. Or les faits sont ici parfaitement d'accord une donnees tlieoriques . Non-se rme difference entre les d de 1 grandeur dans A d poissons des ordres , celle des families , celle meme des g d presque toujours determi que born maniere tres-vague. Parmi les exemples pres- nient nombreux que je pourrais citer ici, je srai k nientionner le genre thynnus , ou se ivecle thon d'assezpetites especes, et, parmi s, le genre scbilbe, compose seulement de r deux especes^ dont I'une est plus que double en Ion- gueur de I'autre. p Parmi les animaux invertebres , je me bornerai k comparer entre eux d'une maniere generale les in- les ani- etroit, et y resterent onze annees : au bout de ce long espace de temps, ils n avaient pas sensiblement grandi, Transportes alors dans un gfand bassin, ils commencerent au contraire a croitre avec une rapidite telle qu au bout de dix mois leur longueur etait triplee. Au reste , il n y r nul doute que des causes analogues ou inverses , agissant sur les maux des autres classes , et sur rhomme lui-meme, ne puissent rendie 5e meme laccrolssement lent ou precoce , ou meme produire la dimi- nution ou faugmentation de la taille : seulement leur action est ici moins puissante , leur effet moins marque. Voyez a ce sujet les chapitres que j'ai consacres a Tetude des conditions dii nanisme et dus:eantisme dans ^on Histoire generale et partlcullere des anomalies de I'organlsatiou f'fiez Vliomme et les animaux, tome I. /OOLOGIE GKNltnAT.E. 24 \ \ r i n i u ti i v^ i ii I *- 1 ,X ^r 0- >. t^ / •> I % ■:^ ■i fc4 ■ f HI Mil k .\ it «B ^ * ".y ] \ ^ ^ A» L 4 370 VARIATIONS DE LA TAILLE pour rembrancliemeiit cles articules , et les gasteropodes , pour celui des mollusques Les premiers , sous le rapport des variations de leur taille, peuvent etre rapproches des mammiferes et des oiseaux • la periode de leur accroissement est parfaitement determinee , et ce n'est qu'apres avoir aclieve leur developpement qu'ils deviennent aptes k la reproduction. Aussi la plupart de leurs genres, en exceptant les especes qui ne paraissent pas unies avec leurs congeneres par des liens aussi intimes, sont-ils composes d animaux peu difFerents par leur grandeur : dans tel genre , par exemple , on ne trouve que de tres-petites especes ; dans tel autre , que des especes de grande taille , proportion gardee avec les dimen- sions mojennes de la classe des insectes, Toutefois il i existe aussi un grand nombre d' exceptions, dont quel- ques-unes tres-remarquables ; exceptions qu'il etait d'ailleurs facile de prevoir a I'avance , et de deduire du principe general etabli au commencement de ce paragrapbe , la classe des insectes se trouyant placee bas dans la serie zoologique Quant aux mollusques , et plus specialer que 1 asteropodes, toutes les considerations de presenter a I'egard des poissons peuvent ppiiqueesplus ou moins completement.L done presenter des etend usqu comme cliez 1^^ poissons , et meme plus nombreuses encore cbez les premiers , ^ gpeu eleve qu'ils occupent *'* Wh. / DANS LE REONE ANIMAL. I L dans Teclielle animale. C'est en efFet ce qui a lieu : il suffit d e ppeler, pourle prouver, Fenorme diffe de Yolume qui existe entre la porcelaine tig ^re ou la cervine , et la porcelaine grain-de-r 1 »' I mitre papale ou I'episcopale, et ces especes dent les noms de pediculus , d'oniscina , de dermestina, de tabamda, expriment la petitesse ; enfm, pour citer un dernier exemple, entre I'lielice vesicale , dont le dia- metre est double de celui des plus grandes especes J gnonne , dont robservation rend presque necessaire I'emploi de la loupe. Remar- quons toutefois que dans les genres que je viensd'in- diquer, et dans ceux que jepourrais citer a leursuite, il existe alement des dijEFerences de marquees entre les especes tr^s-difFerentes par leurs dimensions. Reciproquement, les especes dont lataille difFere le moins sont en meme temps celles qui se L trouvent lieespar les rapports les plus intimes. Linsi, et telle est la consequence generalede toutes remarques qui precedent, dans tons les groupes ou nous poursuivons I'etude des limites des variations de 1 la taille, et lors meme que nous descendons vers des r etres places tres-Las dans Fechelle animale^ nous aper- cevons toujours une relation entre Fetendue des dif- ferences de taille existant entre les cleu e r gre d'intimite des rapports nalurels qui >« V \ 1 ■\ ? 'h \ r m m \ 4 i I f I ■ / 1 > i\ ] ^ f if i -ri i4 I 372 VARIATIONS DE LA TAILLE r IV. ei;:N^RALISATlON pES FAITS PRfiCKDEMMENT ETABLIS. 4» fi-t^ M"f 1 ii-i^ .} «r '••^ ^ ^ f< t t4^ *Vi ■';;« t*f 5 *n Le resultat auquel je viens d'arriver pour les li- mites des variations de la taille , est tres-analogue k celui auquel on pent parvenir en recliercliant la na- ture meme de ces variations et le sens dans lequel elles ont lieu ; en d'autres termes , en continuant a appli- qiier et k etendre h T ensemble du regne animal les consequences generales deduites plus liaut de Tobser- r vation etde Tanalyse des faits presentes par les mam- miferes. En efFet j de meme que nous avons vu cette relation entre Tintimite des rapports naturels desetres et le degre de diversite de leur taille , si marquee et si raanifeste cliez les animaux les plus rapproclies de rhomme , subsister encore, mais obscure et quelque- fois presque douteuse, jusque dans des classes placees tres-bas dans la serie zoologique, de meme aussi toutes les causes eneral es dont j'ai demontre la puissance chez les mammiferes conservent dans les classes inferieures une influence incontestable ^ mais plus faible.Les propositions etablies pour les mammi- feres dans la seconde partie de ce memoire , et q^^ sont pour eux des verites presque toutes sans aucune exception, perdent done plus ou moins de leur gene- ralite lorsqu'on les applique aux autres classes , et finissent, quand on arrive aux etres les plus eloignes ik % \ X DANS LE KEGNE ANIMAL. 3,3 derhomme, par n'etre plus que des'apercus vraispour le plus grand nombre des cas, mais sourais a des ex- ceptions multipliees. Je n'entrerai pas ici dans cette multitude de details qui seraient necessaires pour suivre dans chacune des classes du regne animal toutes les causes d' influence sur Icsquelles j'ai appele I'attention dans la seconde partie de Ce travail doute, en ce qu'il donnerait les moyens d'appr avec exactitude le degre de generalite de cnacu de ces causes : mais il m'obligerait a reproduire , au- tant de fois qu'il existe de classes d'animaux , les con- siderations tres-etendues que j'ai presentees k I'egard des mammiferes ; et , sans m'engager dans une entre- prise aussi longue et aussi fastidieuse, il me suffira de montrer par quelques remarques la possibilite d'ele- ver les principes precedemment etablis a un plus haut degre de generalite. * Ainsice nest pas seulement aux mammiferes, mais plus ou moins manifestement a la presque totalite des classes zoologiques, que peut etre applique ce que j'ai dit des variations de la taille dans leurs rapports avec le genre de nourriture des animaux. Dans tous lesgroupes zoologiques ou il en existe, les insectiv ores sent ordinairement tres-petits , les frugivores un peu plus grands , les carnivores et les herbivores les plus grands de tous. Je puis citer surtout pour exemples les divers groupes des deux classes qui suivent imme- diatement les mammiferes , et notamment ceux de la II I I r » m «it t -i *■>^ / 4 J \ f M V \ m u f ^v i n A i. ■*» I J F i V n - - . JJ ' , .■ V VAKIATIONS DE LA TAILLE qu viendrai bientot classe cles oiseaiix, sur L d'une nianiere plus spec Onpeut remarquer aussi que dans beaiicoup de classes comme dans celle des mammiferes, la plupart des genres ont leurs plus grandes especes dans la zone de ou du moins d chauds ptiles nombre de mollusques et de radiaires. Quelques aiitres genres, au contraire, ont leurs plus grandes especes dans les contrees froides , et ne se trouvent plus represen- tes dans les contrees cliaudes de notre hemisphere que par des especes de moindre dimension. Les oiseaux, principalement les echass palmipedes 'US offrent plusieurs exemples de ce second La petitesse de la taille des animaux ailes c les arbres est un fait plus general Ains la plupart des grands oiseaux ne perchent pas vivent a terre ou sur Teau ; et tout le monde sait que, * par une exception Men remarquable aux caracteres de cette classe, celles de ses especes qui atteignent les plus graiides dimensions ne volent nieme pas du tout, que les ailes rudimentaires. / iperiorite de la taille des animaux de pla : qui vivent dans les montagnes n'est p dit , un fait absol les niammiferes , et cependant nous ape pour superiorite dans un errand nombre de pes appar quelq d'autres classes. II arrive rneme d espece epandu 44 f HI ^ /' \ s \ \ \ ■ \ \ m \ I t \ .-^ .V 4 J ^il» \ i \ I 11 DANS LE REGNE ANIMAL- B-^S fois dans une plaine et sur une haute montagne , que les individus de la plaine, d'ailleurs sembiabies k ceux de la montagne , les surpassent consideraLlement en volume. G'est eealemeiit un fait assez general dans toutes les classes que les animaux americains , ou du moins ceux qui peuplent 1' Amerique meridionale, le cedent en volume a ceux qui pen vent etre consideres comme leurs representants dans I'ancien continent. Ge fait Jiour toutes les classes ou il est possible de I'etablir, rentre , comme pour les mamraiferes , dans cet autre principe, beaucoup plus general, que la nature a par- tout proportionne la taille des animaux a I'etendue des lieux ou elle les a places, reservant les grandes es- peces terrestres pour les continents et les grandes iles , les petites pour les petites iles ; les grandes es^ peces aquatiques pour les mers , pour les fleuves et surtout pour leur embouchure , les petites pour les rivieres. Enfin j'insisterai encore sur la grande generalite du principe de la superiorite de la taille des especes aquatiques sur les especes terrestres ; principe dont j'ai donne la demonstration complete a I'egard des mamniiferes, et qui est egalement applicable a pres- que toutes les classes du regne animal. Ainsi , parmi les oiseaux, tons les genres aquatiques ou demi-aqua- tiques sont de grande taille , proportion gardee avec les dimensions que.cette classe presente ordinaire- ment. De meme , parmi les reptiles , nous voyons les ^ ■# « V IM \ fw- K i I • i -^ fi^ I ■V I t #fl i f i i \ li t' I t J r r t - I- \ % V t i ? K ^F *> tM t H f *f » % I M 1^ r Mg I ; 076 VAIUATIONS DE LA TAILLE J crococliliens , groupe emiiiemment aquatique, Teni- porter de beaucoup sur tons les groupes de sau- riens, comme , en descendant k I'examen plus spe- !nres ou les de ces groupes , nous voyons les g especes les plus aquatiques ( par exemple, les tup jaambis aquatiques) superieurs aux genres especes purement terrestres. Je n'ai ici aucui sideration h presenter au sujet des poissons I ou aux qui vit tout eiitiere au sem des eaux : mais les tebres presentent d'autres faits analogues k ceux que mollusq ns de rappeler, Chacun sait, par exemple, les graiids erustaces(i) et tous les grands uesj soit ceplialopodes gasteropod phales 5 se trouvent parmi les genres marins ; la mer que se trouvent les alement dans grands annelides Comme resultats de mes observa mammiferes le N quatiq peces pas, a regard des classes inferieures (i) La petltesse extreme des entomostraces semble, au premier as- pect, en contradiction avec ces remarques. Mais il faut serappeler ci^^ ces petits articules sont etablis sur un type special , et n ont veritable- mentavec les autres crustaces que des rapports eloignes. Deja meni^? dans sa classification generale des animaux , M. de Blainville a eleve le groupe des entomostraces au rang d une classe distincte , et plusieurs autres zoologistes ont erais ou adopte des idees plus ou moins ana- logues. 9 % ■I 11. I UANS LE KEGNE ANIMAL. generality r du moins en parfait accord r ensemble des fi Je ne poursuivrai pas plus loin ces considerations dont ie dois reserver le developpement pour un me d'ind pecial iquer mais qu'il etait au moins necessair( sommairement. 11 m'importait beau coup de montrer que tons les resultats deduits premier lieu de I'analyse de faits r des classes du ^g elatifs plus 1 une completement applicables aux \ ppi Faire voir la 1 effet mon- que ces resultats dependent de causes tres-ge les ; causes dont le mode d'action nous ecbapp )re presque completement dans I'etat present de 1 plijsiolog , mais dont il valour. pas moins de II me reste maintenant k apprecier , par I'analyse des faits zoologiques, d'autres causes de variations de taille , dont Taction speciale et presque uniquement individuelle , mais toute-puissante , vient quelq I'influence des causes g It en modifie on meme mais le ule plus souve pletement les efFets. Tel sera le sujet de mon second memoire, consacre a I'etude comparative et a 1' analyse des variations de la taille dans les races humaines et cliez les animaux domestiques. s t A 4f fi ! i II *4 iU ^- * 1 i J t r \ J ♦ i i ^ /. f n \ \ n r f { ^ , -L--_ r I ■m\ tiflr a % w r I.. 378 VARIATIONS DE LA TAILLE MEMOIRE. / DES VARIATIONS DE LA TAILLE / V CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES KT I>ANS LES RAGES HUMAINES » m^ -JT r I I » ^51 » r7V I Le petit noniLre d'auteurs qui se sont occupes jus- qu'a present des variations de la taille , et qui ont ^ cherclie a en determiner les conditions generales et les causes , ont cru pouvoir egalement conclure des animaux sauvages aux animaux domestiques, des uns et des autres aux races liumaines; et reciproquement. lis ont ainsi confondu les considerations d'ordre tres- -I different avec lesquelles les variations de la taille se trouvent eii rapport cliez les uns et cliez les autres. Dela raclmission de plusieurs propositions, tres-vraies dans certaines limites , mais devenant tres-inexactes par Textrenie generalite qu'on leur attribuait a tort. Aiissi devons-nous clierclieravanttoutanousformerune idee r ^ T exacte et precise des limites et des conditions speciales des variations de la taille dans les diverses races d'a- nimaux domestiqaes. Tel sera le sujet de la premiere parlie de ce memoire. r % ( f " I > m t f , ■JWTW < !! ( CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES ^79 E PARTIE DES VARIATIONS DE LA TAILLE CHEZ LES ANIMATJX DOMESTIQUES Les iiniites des variations de la tail] d'etre les memes dans toutes les especes domesticite. On concoit tres-bien que les sont loin redu lesquels I'homme a etend empire le-pl de la maniere la plus comple doi vent presenter des variations plus nombreuses et plus remarquables que ceux qu'il a soumis a sa domination seulement depuis un petit nombre de siecles , ou qui qua demi do je vais presente r prmcip dans les especes domestiques de mammifei I d'oiseaux(i), montrera en effet combien es la puissance d' action de cette premiere cause ; se tromperait beaucoup si Ton voulait la fai seule en ligne de compLe y et c'est ce qui re; faits qui vont etre exposes. 1 de F I (i) Lesmammiferes et les oiseaux (comnie on ra vu plus haut, pages 264 et suivantes) ne sont pas les scales classes dont Thomme ait reduit quelques especes en domesticite. Qaelques poissons alimentai- res , mais suvtout le cyprin dore de la Chine , que la ridiesse et I'eclat -- , .^ - iesse et I'eclat de ses couleurs ont fait naturaliser dans toute TEuropc , plusieurs in- sectes utiles, sont de yeritables especes domestiques , presentanr des varietes plus ou moins nombreuses, plus ou moins remarquables. Mais ces varietes ne doivent pas nous occuper ici; car ce des differences detaille qu'elles sont caracterisees, "l ^^ n est pas par r 1 i / ■*».^' i Ai >!" it I !• ! t ir i^ It , I ^ 7 :l' ^ 4 I V r « %/ i ^W. ii t ; I I r •^ ■ IIP I «f \ ■v» r %*• \i\ W'- *# ^ 1 I. t ^ 38o VARIATIOKS DE LA TAILLE I. VARIATIONS CHEZ LES MAMMIFB:RES GARNASSIERS. ^ Parmi les mammiferes carnassiers , trois especes sont aujourd'hui reduites en dom^esticite, le chien, le chat et le furet. r Le cliien est, aprfes rhomme , celui de tous les etres qui est le plus universellement repandu h la surface du globe. On le trouve dans les pays les plus chauds comme dans les pays les plus froids. II existait en Amerique et dans les ilesde lamerdu Sud avantleur decouverte. Les modifications qu a subiesle cliien ofirent partout un rapport tres-remarquableavecledegredecivilisa- tion des peuples qui le possedent. Chez ceux qui sent restes sauvages ou barbares , on ne trouve qu une du quelques races k physionomie et k formes de chacal. Chez les nations civilisees, I'espece du cliien presente, au contraire , un grand nombre de races dent la plu- part different tellement du type sauvage , qu'on ne pourrait eviter, si Ton voulaitleur appli queries regies or din a de zoologie y de les considerer formarit non-seulement des especes , mais meme des genres distincts. Le chien a done suivi I'homme par toute la terr^ il s'est modifie pour tous les climats comme pour toutes les habitudes que notre espece lui a imposees. (1 »f «l M< '^J HP \ i / 38 CHEZ LES ANIMAUX POMESTIQUES. Aussi nul animal n'a subi, sous le rapport de sataill( comme sous tous les autres, d'aussi remarquables mo- difications. On en jugera d'apres le tableau suivant, oi j'indique les dimensions des principales races de cbiens d'apres des mesures prises , les unes par Daubenton les autres par moi-meme : '-V NOMS DES RACES LONGUEUR I HAUTEUR du train ( la queue non comprise). devant. Grand chien de montagne Dosue de forte race. . . Grand danois met. Chien de Terre-Neuve Grand levrier Matin 1,240 1,191 1,157 1,056 1,042 0,947 met. Chien courant Dogue de moyenne race Barbet Basset a jambes torses Braque deBengale. . • Chien marron de la Nouvelle-Hollande. Chien de berger. Levrier de moyenne race de petite race Petit danois fipagneul de petite taille \ 0,892 0,82S 0,812 0,812 0,771 0,744 0,751 0,643 0,S54 0,563 0,509 0,761 0,776 0,690 0,690 ,629 0,656 Chien des Esquimaux. .......... 0,900 0,S9S 0,588 0,341 0,487 0,297 0,469 0,568 0,546 0,565 0,565 0,225 0,162 \ 1 i\ 1 i «i J II n m \ 1 s ■> i V ♦^ f %> ^4 m «i V r mV ■V / } 1 * ti i m /• I - li N ^^ \ MS 4W i I K ij ^#^ t*l r ■I 382 VARIATIONS DE LA TAILLE La taille ordinaire du cliien est, comme on le voit, de quatre-vingts cenriraetres environ , et se trouve ainsi intermediaire entre celie du loup, d'une part, et celle du cliacal et du renard , de I'autre. 11 est a remarquer qu'ii existe souvent, parmi les chiens, des differences de taille tres-considerables entre des races extremement Yoisines par leur orgamsation , conime r entre le grand et le petit levrier , le grand et le petit danois , etc. Ce fait est la plus forte preuve que Ton puisse donner pour etablir, sans entrer dans la ques- tion encore irresolue et peut-etre insoluble de 1' unite specifique des cliverses races de cbiens , que leurs va- riations de taille , prises dans leurs limites extremes, w sont, aumoins en partie, de veritables anomalies^ non- seulement par rapport a rordre normal actuel^ mais par rapport au type specifique primitif. En effet, que tousles cliiensdomestiquesdescendentuniquementdu loup^ duchacal, du renard ou de tout s^utre canisy ou qu ils soient des races batardes nees du croisement de deux ou plusieurs de ces especes^ on nepourra se re- fuser a admettre que deux varietes tres-differentes par leur taille, mais entierement semblables par leur or- ganisation, aient une origme commune. Ces remarques sont en partie applicables k presque tons les autres animaux domestiques , et, par exein- pie, au furet et au chat lui-meme. En effet , les natura- jistesn ontaucune donnee positive surroriginedu pi'C- mier, et il est pour le moins douteux que tousles chats domestiques descendent du cliat saavage d'Europe, r X I / f ,-*' \ -n ^ ir CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 383 Ces deux carnassiers ne presentent d'ailleiirs rien de remarquable , quant aux variations de leur taille. Le cliat lui-meme, quoique reduit en domesticite des les temps les plus anciens, ainsi que M. Bureau de la Malle I'a etablisur un grand nombre de preuves (i), ne difFere pas ou ne difFere qua peine par ses dimen- sions, soit du chat sauvage d'Europe, soit des autres especes africaines et asiatiques, parmi lesquelles on pent egalement cberclier son type primitif. II est vrai que le chat , quoique habitant de nos maisons , n'est uere qu a demi domestique : presque toujours il a conserve quelque chose de ses habitudes de I'etat sau- I vage ; il vient et se retire quand il lui plait ; il veut a part de son mattre : il est reste libre. rv n. If n » I) n .^t ■■*« J J « ii * {; «** » 1 i I f \ I I tt VARIATIONS CHEZ LES MAMMIFfiRES RONGEURS ET HERBIVORES. Je ne m'arreterai pas sur les deux seuls rongeurs quisoient reduitsen domesticite , le lapin et le cochon d'Inde. Leur taille, sensiblement plus grande que celle de leurs types primitifs, le lapin sauvage et I'a- perea, varie peu dans leurs diverses races. Le cochon , quoique soumis tres-anciennement et d'une nianiere complete a la domination de Thomme conserve aussi assez generalement la meme taille. H a (;i)Vovez: le^ AuHfiles des sciences namrelles, tgme XVIT, page iQ5, ^ 1 i M f Wi I i \ I i I, I I ^ V/ T ! ^ f M't %| life r \ I ¥' k\ f f m f f ■! ft »^ \ 384 VARIATIONS DE LA TAILLE subi des modifications remarquables, mais qui portenl principalement sur ses formes et sur ses parties tegu- mentaires. A la verite, il existe quelques races beau- coup plus petites que le coclion commun , qui lui- meme est uii peu inferieur au sanglier, son type pri mitif. Tels sont les cochons de Siam et de Chine, di Cap de Bonne-Esperance et des ties de la mer di Sud, etc.; maisil est peu vraisemblable queces race; de petite taille descendent du sanglier ordinaire. communaute d chevaux S des div de beaucoup mieux constatee ; et ce fait d'autant plus important qu aucune espece , le cliien excepte, n ofFre un plus grand nombre de varietes. On a distingue plus de trente races de chevaux tres-diffe- par formes et la nature de leur pelage ; et la plupart de ces races comprennent elles-memes plusieurs sous-races I m isieurs sous-races ou varietes secon- ■ . La taille la plus ordinaire dans 1' espece est de ) a 1™, 55 de hauteur au garrot ; mais quelques- unes, par exemple une sous-race de Frise , depassent de beaucoup ces dimensions. D'autres races, au con- traire, sont loin deles atteindre. Les chevaux corses et camargues n'ont guere que i™, 38. La race galloise commune, et surtout les chevaux de I'tle d'Ouessant, sont ordinairement d taill e fe encore r Enfm il existe en Laponie une race quin'a qu'i tre environ ; c'est a elle qu'appartenaient deu amenes a Paris il y a quelq — , ^y - - i. pubhque. En 1824 ^ \. m y r-' - - ^_ I J X /Ijr/**^ ^A'/Up tx t it ^/ \7am/ CHEZT LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 385 /lh:^ epoque a laquelle j'eus occasion de les examiner, ils f / etaientpresque toutk fait adultes, a enjuger par^^ ^ ^ dents, etavaientau garrot, I'un o™ >C 947.1 lenient. C'est, a quelques centimetres pres, 1 grand cliien de montagne ou du dogue de fort . sv> i ■ \ Jl ' V ST Jt ,rf--»"^ « .\ \ ^^-..s^V m • « * %w 386 \ #^ VARIATIONS DE LA TAILLE v» t % ** !S L'homme n'a don domination que des r 1 ♦t% V r s f -.. n -a * > '■» r/ »*^ fl^ \ rei *( I i-#* que individus, et non pas Fespece elle-meme, et il n'a pu y cre^^r de nouvelles races. ; Les diverses especes de chameaux et de lamas re- duites en domesticite, ne presentent qu'un petit nom- bre de races qui different peu parleur taille. On con- nait cependant deux races de dromadaires distinguees quelquefois par les noms de grande et de petite ; mais ^elies different moins par leur taille elle-meme par leurs proportions ; Tune, ie dromadaire de c6i etant plus svelte , et I'autre , le dromadaire de trans- + port, etant plus forte et plus trapue. Le cliameau et le lama proprement dits paraissent dans I'etat de domesticite, etre devenus un peu plui petits que leurs tjpes sauvages. On n'a aucune donnee certaine sur la taille primi- tive du dromadaire. r Le renne, quoique domestique chez plusieurs peu- ples de I'Europe et de I'Asie septentrionales , ne pre- pport de sa La clrevre quable ie lem boeuf existent aujourd'hui non dans toute I'Europe, mais encore dans tous les pays ou les Europeens se sont etablis. Tous deux presentent un grand nombre de varietes ? entre lesquelles il existe des differences remar quabl es. La hauteur moyenne de la chevre domestique garrot, de 75 centimetres environ. Quelques r I t -r^-J "* _ ' Jl \ \P CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 387 s'elevent un peuau dela de ces dimensions; d'autres ont au contraire moins de 60 centimetres. Telles sont surtout la chevre de Juida et la clievre naine, qui ne s'elevent suere au dela d'un demi-metre. II est a re- quer que toutes les races de chevres , meme plus g des , ont une taille un peu inferi 1\- ^ -^ . --,"^.v., ^«. ^.. ^.. .^^^.^.^ e type prim tif.Il existe d'autres especes debouquetins ouclievi ges, dent la difFere k peine au contraire de des races domestiques : tel est en particulier le bouquetin de la Haute-Egvpte (i) taille du h s de Haute dans plusi la meme espece mais sans que' leur identite specifique soit bi niontree , les boeufs k bosse , ou zebus , dont ui r surpasse h peine en volume un coclion de g] ordinaire. Le type primitifduboeuf domestiqi point analo les renseignements que H - ■a (I) Les natuvalistes europeens ont toujours cm retrouver parnu les animaux sauvagcs de notre Europe les ancetres de uos aiiimaux do- mestiques ; peut-etre eut-il ete plus rationnel de les chcrclier, au moins en partie^ dans I'Oricnt. En effet, les nations les plus anciennement civilisees nont-elles pas du porter et naturaliser leurs animaux. do- mesticrues chez les peuples qu elles instruisirent dans les arts et la- riculture , comme les Europeens civilises a leur tour ont fait pour ceux de I'Amerique , de TAfrique et des lies de la mer du Sud? Pour- quoi ne posscderions-nous pas aujourdliui des races originaires de I'Europe, et d'autres originaires de TOrient, comme nous voyons aujourdliui TAmerique du Sud nourrir ayec le lama, la vigogae ct 1' alpaca plusieurs races d'origine europeennef S \^ v\ a< Ai 4. ^ iff m lit- i ii J L ^ II H « i M n ^■ 11 I 1 t I if « ll i ^1 J I* ^ I' m }t^ I* % w V i J. 1 i ' 388 VARIATIONS DE LA TAILLE I'on possede sur plusieurs races redevenues sauvages oil demi-sauvages , ne permettent gucre de douter que la taille du boeuf primitif ne surpassat sensible- ment la taille de notre race commune. - b _ ' Deux autres especes du genre Loeuf, I'vack et le buf- fie, ont aussi ete asservies par Thomme, I'une chez les Mongols et les Kalmouks , I'autre dans plusieurs contrees de I'Asie etde rEuropemeridionale.Toutes deux presentent plusieurs varietes de taille assez dis- r tiiictes. V^- . Quant au mouton, quoique reduit de quite k letat le plus complet de domesti presq constamment nombreuses races. La plus grande de toutes est le morvan ; niais c'est pi esque uniquenient a la longueur proportiorinelle de ses jambeSj et non k un accroisse- mefit reel du volume de son corps, que cette race doit lasuperiorite de sa taille. Que le mouflon de Corse solt ^ coiiime le pen sent la plupart des zoologistes , le mouton primitif, ou que nos races descendent de Fargali , Tespece aurait serve dans Vetat domestique la meme taille que Fetat sauvage*^ III. VARIATIONS CHEZ LES OISEAUX. Lnomme a reduit en domesticite un assez granc 1 d'oiseaux , dont la plup palmipedes. Le serin f / q \ / 4 L 4 >, / _^ ^^_v _-r— - - ' - --bJ vw m^-- -* - - -^ T i M^ CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 389 r n'appartienne pas a I'un de ces ordres. Quant au fau- con, au cormoran, k 1' ortolan, au marabou, au perro- quet, etc., que Ton elevait autrefois ou que Ton eleve encore dans les maisons , soit pour les dresser h la w chasse ou a la peche , soit dansle but de tirer parti de leur cbair ou de leurs plumes, soit comme objets de simple amusement , toutes ces especes ct une foule d'autres ne peuvent etre considerees comme reduites en domesticite , quoique quelques-unes se reprodui- sent plus ou moins frequemment en captivite. . Le serin , les divers palmipedes domes tiques, les faisans, le dindon , le paon , la pintade, la tourterelle, presentent plusieurs races , qui toutes sont caracteri- seespar des differences de forme et decouleur, etnon de taille , et sur lesquelles il est inutile d'insister. Je ne ni arreterai pas non plus sur le pigeon , quoiqu'il y ait des differences de taille assez prononcees entre plusieurs de ces races : par exemple, entre le pigeon romain, le plus grand de tous; le pigeon commun, qui conserve la taille du biset sauvage; et le pigeon a cravate , qui n'est guere plus gros qu'une tourte- relle. i ■ . - Le coq est, de toutes les especes, celle qui presente leplus grand nombredevarietesreinarquables, comme celle qui est le plus utile a Thomme , et par conse- quent aussi celle que i'homme ale plus cberclie a per- fectionner et h modifier par ses soins. II est difficile , pour ne pas dire impossible, de de- terminer laquelle des especes sauvages de coqs est le \ t' -f* I fj' * 1 fl I * ti ' ^• f ■ L - H * V m^ f» i I I I r jj \ \ I iMl n ;^ i m (■- ,' % \ ' ? « '\¥ m VK 4 ^ I. 390 VARIATIONS DE LA TAILLE tjpepriniitif de nos races clomestiques ; rien ne prouve generalement comme on le pense tude ne pent donner lieu a aucune difficulte , re- ement a I'appreciation des differences de dimen- qui existent entre elles. En effet , tons les coqs iges ont sensiblement la m^me taille, et cette ; est precisement ceile du plus grand nombre de aces doraestiques. II n'y a done aucune difficulte a derer les races tres-grandes 011 tres-petites comme apes geantes ou naines ^ non-seulement par rap- port plupart des varjetes existant aujourd'h ce dernier. par rapport an typ quelq 4 , La taille de la plupart des races domestiques, cor viens de le dire, differe peu de celle des especes b des presque fois pluspetites et d'autres presque doubles. Le coq d' Angleterre , le petit coq de Java, sont de la gro d'un pigeon ordinaire , tandis cjue le coq de Ga dePadoue egalent presque en hauteur le dindon h r t, NuUe autre espece ne presente des exemples de diffe- •emarquables^ si ce n'est le cMen et peut bceuf. IV ^ CONSEQUENCES TUINCIPALES BES FAJTS PRl^.Cfil)ENTS II resulte des faits et des remarqiies qui prece que , dans les cas memes ou nous ignorons Tori I Hi /- W \ '^ .^—r-J^ t.*^ I J ■ CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. / d'une espece domestique , et ou nous ne pouvons de- temiiner par I'observation directe les conditions de son type priraitif, il nous est le plus souvent possible de suppleer par diverses considerations aux faits qui manquent. Nous pouvons retrouver, dire, mesurer la taille que devait avoir ! ge, et savoir, au moins approximativ J pour I'etat quelles modifications elle a subies sous Tinfluence de la domesticite. Les resultats que Ton pent obtenir ainsi indirectement et d'une maniere detournee, sont ordinairement assez precis pour qu'on soit en droit de les faire entrer en ligne de compte , et de les pla- cer k cote de ceux que fournit la comparaison directe entre le type sauvage et les races domestiques. Jecrois meme pbuvoir m'appuyer k la fois sur les uns et les autres pour generaliser les propositions suivantes: Constatees par I'observation pour la plupart des ani- maux asservis par Tbomme , etablies |)ar diverses considerations k I'egard de plusieurs autres , elles sem- blent pouvoir ^tre aussi admises par analogic pour una ou deux autres especes, les seules dont on ne puisse , dans I'etat present de la science , determiner d'une maniere directe ou indirecte la taille primitive, Les especes domestiques peuvent etre distinguees en deux groupes : celles dont les races ont toutes la - I meme taille ou une taille pen difFerente, et celles qui renferment k la fois de tres-grandes et de tres-petites r taces. Dans le premier cas , la taille des races ou varietes «i^ V- t >l 11 \ 1 n I) LT^ SI * * i fi I l!f f* f f < l-'( ^ ^ . I J I I > 4 W r t > i '- i . ■^«J w f V -ft > I V ^ *r? ^ i4 m i C ■> 392 VARIATIONS DE LA TAILLE peut lie pas differer tie la taille du tjp peut aussi faible presenter une difference , soit en pi »s ; mais cette difierence est touiours tr Dans le second cas , il existe des races domestiques beaucoup plus grandes, et d'autres beaucoup phis pe- que tJI des races domestiques mais la taille mojenne ment ou presque exactement dans plusieurs d'entre elles , differe a peine ou meme ne differe pas sensi- Blement de la taille du type sauvase. Amsi la taille mojenne ou normale des especes qui varient beaucoup , de meme que la taille ordinaire des especes qui varient pen, ne differe passensible- ou differe tres-peu de la taille du type sauvage. r En d i les especes domestiques -I 1 * ) generalement que tres-peu ou n'ont point augmente ou diminue , et leur taille primitive est a peu pres 3tee leur taille moyenne au milieu des nombreuses riations qu'elles presentent. On sait generalement que les races domestiques qui vivent sur les bautes montagnes ou dans les pays ds , sont , dans la plupart des especes ( mais 11. da :), plus petites que qui clans les regions cbaudes ou temperees. La petitesse de depend , en premier lieu ( quement , comme on I'a toujours ou presque toujours dit), de I'mfluence du froid excessif, et en second lieu, de celle d'une mauvaise noufriture et du xam^ ■ lr% .\ -* -r-Ti. sj-ti^- CHEZ LES ANIMAUX BOMESTIQUES. 3 r % que de soins. On salt en efFet que les montagnards peuples des pay pauvr et Ton fac de la misere de leur que le petit nombre d'animaux domestiques qu possedent ,. doivent se ressentii maitres. Je ne presenterai ici aucun developperaent au su jet de Finfluence que peuvent exercer sur la taille de especes domestiques les soins donne une nourriture plus abotidante de riiomme qui leu r de meil et choisit , pour creer et propager de les individus les plus grands , les plus leure nature belles races, robustes et de I'age le plus convenable. Je n'ai pas effet, k tracer les regies pratiques a I'aide desq les rhomme pent cliercber le pi difier rorganisation des especes qu'il s'est asservies , pouvo quelque sorte createur qu'il a conquerir par le secours puissant de la des arts, Je dois me borner k pouvoir, en ajoutant que, si des especes arracbees a I'etat de nature peuvent etre ameliorees par I'industrie humaine , elles peuvent aussi se deteriorer , meme dans les climats cbauds lorsq continuel bie des pas compenser le desavantage qui resulte pour elles de perte de leur liberte. G'est ce que prouvent plusiei faits que j'ai rapportes plus ha principalement celui de I'ane qui, cbez les Orientaux , surpasse force et en beaute son type sauvage , I'onagre, et qui \ ^i^li M . \ ' I' * H f «r ii \ '^ 5 ¥l ^, i :Wi I s i ' L r f ,f I rm t ^ fli f i 394 VARIATIONS DE LA TAILLE dans presque toute I'Europe , devient a la fois faible, petit et mal fait. SECONDE PAKTIE, VARIATIONS DE LA TAILLE DANS LES RACES HUMAINES i* ^ f I. \ i\wn h ♦ ** LIMITES DES VARIATIONS, ET EXEMPIES DIVEBg. CI di dmaux domestiqiies accidentelles de la d termes, les anomalies, sont rares et presque toiij peu etendues , et au contraire, les variations de tres-nombreuses et tres-remarquables. L'inverse a dans I'espece hurnaine. En effet, meme en me fe dans des faits les mieux (i), jetrouve que la hauteur des plus petits des celle exactement : 4? presqu quent les posant bien proporti premiers h. celle des sup ds du corps des environ ^ I 64 riioyenne de la plus petite des de la plus grande dont I'existence soit bien ntiq « I I ^,et 1 r ' (i) L existence de nains ayant seulement un peu plus des deux tiers d'un metre, et de geants ayant pres de trois metres est constatee p^^' plusieurs temoignages autlientiques. Voyez Histpire gmerale des ano- malies, tome I, pages 140 et suivantes. T "* ^_A ■_■ «_' n r DANS LES RACES HtJMAlNES. SgS par consequent la masse du corps, comparee dans I'une et dans I'autre, kpeu pres : : i : 3^5. ^M. Gette difference d'etendue que presentent les varia- tions de la taille humaine dans les races et dans les individus , pent s'exprimer d'une maniere peut-etrc plus frappante encore par d'autres resultats nume- riques. En efFet, le nombre qui exprime la taille moyenne de la plus petite des races liumaines , etant diminue de moitie, donne la taille du plus petit des nains dont I'existence soit bien constatee. r Au contraire , le nombre qui exprime la taille moyenne de la plus grande des races humaines, etant augmente de moitie , donne presque exacte- ment la taille du plus grand des geants sur I'autlien- I ticite desquels il n'existe aucun doute. Ainsi, en appelant i la taille de la plus petite race, celle du plus petit nain sera {, En appelant i la taille de la plus grande race, celle du plus grand des geants sera i -. ' . J'ai deduit ces rapports d'une analyse exacte d'une multitude d' observations publiees par les auteurs^ soit sur les variations anomales , soit sur les varia- tions liereditaires et norniales de la taille cliez I'homme. Je laisse ici de cote toutes les remarques qui concernent le premier de ces deux genres de mo- difications ( I ), pour porter toute iiion attention sur n ■ (i) J'en aitraitedaus un autre travail, qui fait partie du premier vo- ^m. W ^ K^ \ . f i, ■ »B^' * t % ti i "\ I X V* M< hI «» r^ t'\ t »' V fif* ■^ '* f Sf i'. < i < U « >v \ w f'l tt ^ 396 VARIATIONS DE LA TAILLE 1 es variations edit de faits de d ; encore le non qui se rapportent bre ini- cette grave question, ne me permet-il pas d'en faire le su- jet special d'une discussion dans ce memoire deja puis que resumer dans les ta- I, suivants les notions les plus di- ■etendu. Je blea iix ►ptiques gnes d'interet que ses sur des peuples les plus e;rands plus petits du globe, J'ai joint aux nombres contenus dans ces tableaux (i) quelques renseignements sur la temperature et la position geograpbique des lieux quils babitent, et sur la race h laquelle ils appartien- iient. lume de mon Hlstoire generate des anomalies de I' organisation^ et qui avait ete lu en i83o a la Societe d'histoire naturelle de Paris. Un extrait de ma lecture , fort etendu, et remarquable par Texactitude et la lucidite de sa redaction , a paru vers cette epoque dans unefeuille quotidienne , le journal le Temps, nP du i®*" Janvier i83i. (i) J*ai prefere, pour resumer tous ces faits , la forme a la fois plus claire et plus concise de tableaux synoptiques, a celle d'une exposition verbale. Mais je dois presenter une remarque preliminaire, necessaire a rintelligence de ces tableaux, et applicable a presque tous les nom- bres qui s y trouvent indiques : c est quils resultent de la comparaison d'observations souvent contradictoires et toujours incompletes , et pai' consequent ne peuvent etre consideres que comme exprimant la taille d un certain nombre d'individus , et non exactement la taille moyenn^ des races/ L t Les renseignements reunis dans les deux tableaux synoptiques , soiit empruntes pour la plupart aux ouvrages des auteurs cites. Quelq«^* et Martins. Q \ > \ ^' _ _ — - :m\ '-f - k ^ J ^ r O hi CO CO CO Eh CO b3 s ^ ~ DANS LES KACES HUMAINES. ^97 4w^ * 1 *»- n_ J^I-EJ^ ^0<^ / i U e ^ L^ * ' "■ f n i * . f « M I t H f ' 1 )f .rN I; li i/f K rf' 4 Hi K B 398 VARIATIONS DE LA TAILLE ^ P ^ N <1 ^ ' ^ p ?^ ^ ' c^ ^^ ^ H ^ ^ ^ r & r ■ ^ / Qi 4 1 W3 1-< :s (i;) a, t* — ----: - J' ■*-'. DANS tES RACES HIJMAINES 99 / II. f • i '■{ ' I I! V*'* \v i -a^ ,!# CONSfiouENGES PRINCIPALES DES FAITS PRliCfiDENTS, Quoique les faits contenus dans les tableaux ( i ) qui precedent, soient peu nombreux , ils suffisent pour conduire a plusieurs consequences mteressantes , et notamment k quelques rapprocliements curieux sur la distribution geograpbique des races bumaines re- marquables par leur taille tres-grande ou tres-petite. On sait depuis longtemps que les peuples dont la taille est la plus petite babitent presque tons I'be inisphere boreal dans sa partie la plus septentrionale. Le tableau ci-joint fournirait au besoin la demons- V (i) II importe de remarquer que ces tableaux, a une exception pres que j'ai soigneusement notee , indiquent la taille des hommes seulement , et non celle des femmes, J ayais cru d'abord pouvoir de- duire de la comparaison d'un grand nombre de faits , que les femmes sont beaucoup plus petites, proportion gardee avec les hommes, dans les coiitrees ou ceux-ci atteignent une taillcitres-elevee . Ainsi, dans les pays ou , les hommes sont tres-i^rands, 11 Y aurait une difference lit considerable entre la taille des deux sexes • dans cenx ou les hommes sont tres-petits , la difference serait au cbntraire faible : les variations de la taille des femmes seraient done renfermees dans des limites beaucoup plus etroites que celles de la taille des hommes. Ce rapport serait d'autant plus remarquable , que des faits dun autre genre m'ont conduit precisement aumeme resultat a I'egard des variations indivi- duelles ou anomalies dejtaille. Mais de nouveaux faits, dont les uns ont ete publics par M. d'ORBioNY (voyez son travail sur VJIomme ame- ricain), et dont d'autres m'ont ete communiques par MM. A. Bravais et Martins, ne s accordent pas exactement avec le resultat quejayais crn pouYQii: admettre dans la premiere edition de ce trayail. ./! 1 1 ) « / t \ ^ ^ \ \ \ y m 4tf I \ i m f , \ I I ^>r' f 1 r, »¥ i ftite -■ J t B \ 4oo tration de VARIATIONS DE LA TAILLE fait, d § adm tes princip Papous viva aux habitants de la T qu'il y a quelques exceptions. relatives a quelques hordes de Waigiou, presque sous I'equateur, ^. d !rre de Feu, k une tribu des montagnes du Gap de Bonne-Espe- quelques autres peuplades de montagnards Ges except tres-petit nom- : neanmoins le ■J mserve un haul Lre, doivent etre notees avec soir rapport que je viens de rappeler, c degre de generalite et d'interet. I Les peuples les plus remarquables par leur erande tajlle peuvent donner lieu a des rapprochements jus- qu'a present tout a fliit neglige, et cependant tres-di- iies d'attention. Ainsi, en general, ces peuples habi- mt dans rhemisphere austral , les uns vivant sur le Anierique dans plusieiirs d dans r Ocean aus Amerique du Sud Nouvelle-Hollande. Les premiers s'etendent avec plusieurs interruptions , depuisla region hab par des peuples caribes qui a ete indiquee plus ha jusqu'au detroit de Mag Marquises a la mais les seconds, des Nouvelle-Zelande fo consequent, deux par . f insulaire deux assez irreguheres, ma igalement a 8 ou i o*^ de latitude sud , et se 5o° deg Toutefois il existe aussi dans Themispl itral _^* »* > n 111 DANS LES RACES HUMAINES. 4oi plusieurs peuples dont la taille , sans etre extreme- ment petite , est au-dessous de la nioyenne , et dans rhemisphere boreal, au contraire, d'autres dont la L Stature est assez elevee. Or, en comparantla position geograpliique de ces peuples de petite et de grande taille avec la position des peuples dont la taille est extremement grande ou extremement petite , on ar- , rive h un resultat tres-curieux et en apparence para- doxal , quoiqu'il soit facile de I'expliquer en partie : c'est que des peuples de petite taille vivent presque partout pres des nations les plus grandes du monde entier, et reciproquement , des peuples de grande taille pr^s des nations les plus remarquaLles par I'exi- guite de leur stature. Par exemple , dans rhemisphere austral, la Terre de Feu , separee seulement de la Pa- I ♦ tagonie par le detroit de Magellan, et les Nouvelles- E \ Hebrides, placees k pen de distance des iles des Navi- gateurs , sont habitees par des hommes petits et mal faits. Reciproquement, dans Ihemispliere boreal , les peuples de la Suede et de la Finlande , qui confinent avec la Laponie , sont d'une taille superieure k la moyenne. De ces faits , sans doute remarquables en eux- memes, deux consequences en quelque sorte opposees peuvent etre deduites : I'une, que I'influence du cli- mat sur la taille des races humaines est reelle et in- contestable; I'autre, que cette influence est souvent modifiee et comme annulee par Taction de diverses causes. i t- ZOOtOGIE GfiNfiRALE. 26 I ! \ i : A - i u 1 ' T t - I* f' \ A 1 V J — T" --^ >— I \ * ^ i r 11^ T m '•% ** If- ^9t W% *\ I r k^ * VARIATIONS DE LA TAILLE D'une part, en effet, il est impossible de revoquer doute ce fait des temps adnii que le frojd tres-yif tend h arreter chez Thomme le deyeloppement de la taiUe , et qu'au contraire le froid modere lui est favorable. Nous voyons que non-seu- lement dans I'liemispliere boreal tous les peuples des climats les plus froids de I'Europe, de I'Asie et de I'Amerique , les maux, etc., so mais que de m les Sa Esq sont d'une taille extremement petite , meme , dans I'hemispliere austral , les pueples des contre'es tres-froides , comme ceux de la Terre de Feu , sont tres-petits. , Nous voyons au contraire que , dans presque tous les pays que nous pouvons appeler un peu [froids par / pport au climat de la Fr peupl neralement d'une taille elevee : tels sont, dans notre hemisphere, les Suedois , les Finlandais, auxquels on peut ajouter les Saxons, les habitants de TUkraine, et plusieurs autres nations ou peuplades de I'Europe de I'Asie et de TAme'rique septentrionale , et surtout dans I'hemisphere austral , les Patagons. On peut retrouver de semblables rapports en com- parant entre eux leshabitants des diverses regions des ■-1 chacu gnes mtertropicales , montag dont presente en petit un hemispl: tier , et ou I'on peut aussi distin torride S une zone une zone temp une zone al Les habitants des plateaux peu eleves sont en neral grands et robustes, tandis qu'on ne trouve plu V f .^ DANS LES RACES HtJMAlNES. 4o3 que des homnies de petite taille dans les hautes gions voisines de ces cimes, desertes conime le pole ri de fflace > eternelles. Dans lesmontagnes des climats temperes, et surtout des climats froidsjla taille des peuples des plateaux meme peu eleves diminue rapidement, en raison de I'abais^ sement plus marque de la temperature. Toutefois, d'apres de recentes et importantes reclierclies (i), ces pports ne sont pas entierenient constants : les mon- / r tagnards d et surtout de la Suisse Iques cantons riches, d segment moyenne, mais meme assez elevee. Je passe maintenant a I'expose rapide desfaits qui montrent que rinfluence du climat est loin d'etre la seule cause des variations de la taille dans les races # ■ liumaines. 1 Les tableaux synoptiques que j'ai presentes, mon- trent qu'il existe dans les pays tres-chauds des peuples tres-grands et d'autres tres-petits ; mais ce resultat peut etre rendu Leaucoup plus general , et Ton peut dire que, saufles regions froides, il existe presque toujours a la fois, sous la meme Hgne isotlierme , des peuples d'une grande taille, d'autres d'une petite taille, d'autres d'une stature moyenne. On trouve souvent,meme dans des regions tres-rapprocliees , et peu on point differentes par leur temperature , quel- J 4 (i) Voyez ViLLEKME, Memoire sur la taille de Vhomme ea Franc e^ ^^^us les Jnnaks dliygikne , juillet j82(), page 35i - . \ I, if 1) I I I 1. ^ \ : »i ^ m « ^ p^ J it ~. H ^ ^ >4 «« M J * £ > it *| > L t I >^ 1»-1 ^- \. ■ * \ X 4o4 VARIATIONS DE LA TAILLE h ^ quefois dans la m^me region, des races de taille tres- differepte. Ainsi les Hottentots , voisins des Cafres, niais appartenant incontestablement h un autre type, sont beaucoup plus petits; et , ce qui est plus remar- quable encore, on trouve reunies dans plusieurs iles, _ ^ par exemple dans celles des Amis , de la Societe , aux Sandwich , deux classes d'hommes de taille tres-in- egale. Je transcris ici textuellement une note qua bien voulu me communiquer M. Gaimard : « Aux » iles Sandwich, ditnotrecelebreet'infatigablevoya- )) geur, la population est divisee en deux classes bien » distinctes , les chefs et les homines du peuplefLes » premiers ont une nourriture plus abondante, pus » animale , ne sont jamais obliges de se livrer k des » travauxexcessifs, et ont I'habitude de s'aUier entre » eux: ils sont grands ^ forts et bien constitues. Les » seconds ne possedeiit aucune terre^ n'ont pas tou- » jours debons aliments : ils sont generalement d'une » taille inf^rieure et d'une force moindre. » L'efficacite des causes par lesquelles M. Gaimard exphque Tiiiferiorite de la taille de la classe pauvre , est mise hors de doute par les resultats de I'important /> statistique que M. Vill publ / / taille de I'homme en France. Ce savant medecin a de- montre en effet d'une maniere generale ce fait , dej^ indique par Haller et plusieurs autres phjsiologistes , que la taille de I'homme devient d'autant plus haute. ! 2s egaies cl ailleurs, que Ic paj plus gdndrale j que les logen plu r I t L ,_ " n I . \ DANS LES RACES HUMAlNES. 5 que peines, les fatigues, les privations eprouvees dans I'en- fance et dans la premiere jeunesse sont moins grandes. De ces faits, M. Yillerme conclut que la vie miserable de la plupart des peuples montagnards doit ^tre mise au nombre des causes qui arretent cbez eux le deve- loppement de la taille ; consequence fort juste, et qui doit etre etendue aux peuples liyperboreens , nards et d'une maniere encore plus souniis, comme les du froid et de • \ Ainsi, dans les cas memes ou I'influence du climat pa- rait le plus evidente , elle ne sexercepas seule; et, si ron ne pent la contester , du moins on ne pent non plus luiattribuer tons les effets obtenus. Quant h la difference de taille qui existe entre plu- sieurs peuples de 1' Afrique australe, cefait et un grand nombre d'autres ne peuvent s'expliquer entierement parl'une ni par I'autre des causes que je viens d'in- di quer par 1 onditions du deux. lis paraissent dependre principa difference de race, eL indiquent que les typeoriginel (je ne dis pas primitif) exercent ar le developpement dela taille une influence dont I porte de tenir compte. On peut meme remarquer d'une manie que les peuples de race nialaie sont ordina pen plus grands , et les peuples de race mong presque constamraent plus petits que les peuples race caucasique et de race aniericaine. La taille de enerale ole \ I r % -\ . - r I h * It t a { ! r A < i I > ^ i ' 't 4 tf ! k * -4 • *l ML' t*.- 1 1 LT \ ♦ 1 |r« 4o6 VARIATIONS DE LA TAILLE opienne est extremement variable impossible des'exprimer dune maniere generalea son egard, parce qu on a confondu sous ce nom plusieurs varietes tres-distinctes. . ■ ■ - Enfin une preuve plus decisive encore en faveur de rinfluence qu exercent les conditions du type sur la taille des races, a ete donnee par M. Edwards dans r I'ouvrage , egalement remarquable par la nouveaute de la methode emploje'e et par I'interet des re- sultats obtenus, que cet liabile physio! ogiste a pu- blic sur les races bumaines (i). On se rappelle, en effet, que M. Edwards est parvenu k reconnaitre et a demontrer que plusieurs peuples gaulois , decrits par les anciens auteurs, sont restes distincts jusqu'a ce jour, et ont conserve , au moins dans un certain nom- bre d'individus, leur taille primitive, aussi bien que leur pbysionomie et leurs formes propres; fait d'au- tant plus remarquable , que tous ces peuples et plu- sieurs autres , etablis dans la Gaule a plusieurs epocrues vivent depuis plusieurs siecles en un seul corps de nation , ont pris les memes mceurs , adopte le meme genre de vie , et se sont croises un nombre presque in- fmi de fois par voie de generation. On est done conduit , par I'etude generale et com- parative des variations bereditaires de la taille , k re- connaitre qu'une race a une tendance tres-prononcee h 1 K i) . I 1 * \ }# *■ ,1 i *■ s I I'. r- t^! I j i i J I I r i L If 1 I ^ ''I )*B \ m I .Mr- 4o8 VARIATIONS DE LA TAILLE guere que parmi lesespeces sauvages, et cela, non pas seulement h une epoque recente, mais bien depuis un grand nombre de siecles. En effet , plusieurs colonies, etablies presque de temps immemorial sous un climat beaucoup plus cbaud ou beaucoup plus froid que celui qu elles avaient quitte, ont conserve leurs caracteres primitifs presque sans aucune alteration, et sontrestees de leur race , malgre Taction longue et continue d'un grand nombre de causes de variations. L' etude pliy- siologique des races humaines peut souvent ainsi se faire Futile auxiliaire de I'liistoire, comme M. Edwards I'a si bien raontre par son excmple ; et quelquefois meme elle peut, lorsque I'histoire se tait sur I'origine d'une colonic, suppleer k son silence, renouer le fil interrompu des traditions, et, lisant le passe dans le present , retablir la genealogie des nations. TROISIEME PARTIE. EXAMEN DE CETTE QUESTION : SI LA TAILLE DES HOMMES A DIMINUE DEPUIS LES TEMPS ANGIENS. 1 I. £tat de la question. Jexaminer d'une maniere succincte cette ques mais dont jamais donne une solution aussi compl que I etat present de la science permet ] ce me semble, de le faire ^ * V-"- L^ - -K^ -^- ■m H -4J f ■ I DANS LES RACES HUMAINES. 409 C'est une opinion fort generalement repandue que la taille de I'espece liumaine a tonjours ete en dirai- nuant. Un grand nombre de personnes pensent en- core que, fils degeneres d'ancetres robustes et presque geants , les hommes les plus grands de nos jours ne sont guere que les moins petits d'entre les nains. Ges croyances ont-elles quelque fondement reel ? Ou ne sont-elles que de vains prejuges, nes peut-etre de cette disposition d' esprit qui porte les vieillards h se faire racteurs du temps present au profit du temps asse? P Ce qu'jl y a de certain, c'est que cette croyance k la diminution de la taille de I'espece liumaine est fort ancienne : on la trouve exprimee daiis les ouvrages de plusieurs poetes ( i ) ou philosopbes latins ; on la 3trouve egalement, et d'une maniere non moins po- tive, dans Homere lui-meme; Mais un prejuge, pour r admis par les auteurs de tous les H -u 1 pas moms opinion prematuree et sans va I'erreur est pent qm, en vieillissant, n acquiere pas le d pecte e. < Les pliilosoplies qui ont adopte les anciennes idces sur le decroissement des races humaines , se sont fon- des sur quelques faits faux ou mal compris, tels que la preteridue decouverte de squelettes humains de - I ^ M* (I) Terra malos homines nunc educatatqiie pusillos . (Jdvenal.) 1 i 41 » i i i I i / M t It k t i i I 4 I * [i \ ^ ' t ■J j^» ■ ■J « I *l I 4io VARIATIONS DE LA TAILLE 1 taille gigantesque , ]a croyance de toute Tantiquite a. unerace de geants, enfm i'existence, avantles derniers cataclysmes du globe , d'animaux incontestablement plu S Sfl ands que les especes ou les genres analogues \ aujourd'hui vivants. Je ne reviendrai pas sur les pretendus os de geants trouves sur divers points du globe. On sait, depuis les beaux travaux de M. Cuvier, ce qu'il faut penser de ces decouvertes si pompeusement annoncees par la fausse science, et quelquefois si babilement exploitees par le cliarlatanisme. Je ne nierai pas que la croyance k 1' existence de geants dans les temps les plus anciens ait ete repan- due cliez plusieurs nations de rantiquite^j'ajouterai meme que, lors de la decouverte du Nouveau-Monde, ona retrouve quelques traces de ces memes idees chez quelques peuples americains, chez les Peruviens par exeniple. Mais cette presque unaniniite de croyance ne peut rien prouver, tant qu'on sera en droit dad- mettre, comme le font aujourd'hui un grand nombre depliilosophes,etcoarme il semble resulter de plu- sieurs genres d'indices , qu'un peuple dejk civilise a une epoque a laquelle ne remontent les annales d'au- cune nation^, a pu transmettre nicdiatemenf: k un grand nombre d'autres peuples y avec le precieux depot de ses arts et de son industrie naissante, ses sciences et sa religion, c'est-^-dire ses opinions et ses dogmes. Mais ily a plus : I'antiquite, qui croyait aux geants, croyait aussi aux pygmees, aux troglodytes, aux myr- / J i -__ c - ._ - DANS LES RACES HUMAINEsI 4" midons. Or, si de la premiere de ces croyances on pretendait pouvoir conclure que la taille de I'liomme a diminue, ne serait-on pas tout aussi fonde a deduire. de la seconde la consequence precisement inverse, et ^ soutenir que les liommes des temps modernes de- passent de beaucoup la taille de leurs premiers an- n ■ ■ cetres? Quant k Texistence, avant les clerniers catacljsmes du globe, d'aniniaux de tres-grande taille , elle ne y / ' prouve al>solument rien dans la question. Ces espe- ces gigantesques , pour la plupartaquatiques^ sur les quelles on Youlait surtout s'appuj^er , Lien loin d'etre contemporaines de I'liomme , Font precede d'un long espace de temps ; le globe terrestre a ete bouleverse et comme renouvele plusieurs fois entre I'epoque de leur perte et celle qui vit naitre notre espece. En effet, le decouverte cle quelques debris humains fossiles , laite recemment dans plusieurs lieux, et principale- ment dans les cavernes a ossements de I'Allemagne , de la France et de I'ltalie , devra peut-etre restrein- dre et modifier h quelques egards , mais elle ne ren- versera pas les ideas de M. Cuvier sur Tapparition tardive de notre espece a la surface du globe ; iclees dontil nest pas plus permis aujourd'hui de contester la fverite que la liaute importance pbilosopbique. D'ailleurs ces os fossiles , meme ceux qui semblent porter le cachet d'uneplus liaute antiquite, ontappar- tenu k des bommes de taille ordinaire , et non a des geants. \ t \ I I 1 1 >4 * I ^ { ! > 1 r ■J \ \ t } 1 1 ! I i F* 'I 4 i fc # 'I X t H H I ) tl9 n i Ji fc^ » *l r I I J f # V> 4(2 VARIATIONS DE LA TAILLE y La haute stature que plusieurs auteurs attrlbuent aux anciens Germains et Bourguignons est revoquee en doute par d'autres. Danstous les cas, en adoptant I'opinion des premiers , on ne pourrait en conclure autre chose , si ce n'est que quelques races humaines pen diminue , de meme que d P exemple les HoUandais etablis au Cap, ont un peu augmente; variations uniquement dues a Taction de causes toutes locales dont il est plus ou moins facile de se rendre compte, et ne pouvant donner lieu a au- cune consequence generale, lors meme qu'elles reste- raient entierement inexpliquees. n. PREUYES QUE LA TAILLE HUMAINE n'A PAS CHANGfi DEPUIS LES TEMPS HISTORIQUES. Si les preuves par lescjuelles on a voulu etablir le pretendu decioissement de la taille humainej sont toutes sans valeur reelle , on pent ^ au contraire citer contre lui un grand nombre de faits positifs et de te- moignages irrecusables. ■J Je n'insisterai pas sur ce raisonnement de Haller (i ), que des hommes de vingt ou meme de rieuf pieds ne sauraient subsister , parce qu'ils seraient hors de pro- portion avec le ble, les arbres , les boeufs et les che- vaux, si evidemment destines, dit-il, a nous servir de (I) Elementaphysiologice , torn. VIII, pag. 43. ^i ! DANS LES RACES IltJMAINES. ^iZ montures, Cette preteiidue impossibilite ne prouve absolument rienj car, une fois entre dans le champ des hypotheses , qui empechera , si Ton admet I'exis- J d'hommes geants , de supposer aussi du ble, des desboeufs et des chevaux g fait Swift dans ses ingenieuses fictions la, science possede i P Heureusement de preuves beaucoup plus concluantes que ces consequen- ces de raisonnemeiits hypothetiq de Haller. Divers passages ou quelques auteurs grecs des 1 lie homme , soit sur les dimensions qu il de donher ndication des doses d'ellebo ■ J administrait comme purgatifs au temps d'H qu on mais ut les observations faites par les modernes sur un grand nombre de monuments antiques , sur les tombeaux , les sarcopbages, les momiesdes Egyp- tiens et de plusieurs autres peuples , sur des peintu- res , des statues , des armes , des casques , des bagues, des poteries tres-anciennes , etc., ne permettent pas de douter d'hui exac etait , non mains, m I 3 lus re que Ton peut fai de rhomme ne soit aujour- ! quelle des Ro- epoque encore beaucoup quatre mille ans. *** V \ I * ^ I I a I i W \^ A I 1 1 I i r^ « r M I ,4 %W' If III Vft *' Wi VARIATIONS DE LA TAILLE - \ T m LA TAILLE IIUMAINE A-T-ELLE CHANGI^ AIVTEKIEUREMENT AXJX ^POQUES llISTOKIQUES? ■ Les preuves que je viens de rappeler, et clont la plupart ont ete exposees avec soin par Hailer , d'An- cora, M. Virey et quelques autres pliysiologistes (i), sontsans aucun doute tres-concluantes; mais elles sont' loin de resoiidre la question dans toute son etendue. Eneifet, ces preuves sont deduites, les unes de temoi- gnages liistoriques, les autres del'examendesproduits durables d'arts compliques, difficiles, et qui n'ont pu P que dans une epoque de peuvent don 1 pprendre que sur des peuples dej ses,et elles nous laissent dans pi I de rhom g la civilisation. riiistoire et le de epoque sur laquelle se taisent iments, est precisement celle dont la connaissance pourrait jeter le plus de j notre sujet. En effet liumaine ait subi pposant que la taille notable, il est peu emblable qu'il ait du s'operer lorsque les botn (I) Voyez RiOLAN, GigantomacJiia; Halier, loc. dL; d'Ancora, SuW istoria e la ncUuradei gigauti, dans \qs Memorie delta Societa italiana, torn. VI, pag. 3; I; Viuey, article GkanU du Dictionnaire des sciences J medicales* ^^nf. 1 'V / I \ DANS LES RACES HUMAINES. 4i5 deja reimis en corps de vaient qua s' clever par des progres lents et insensibles vers un etat social plus parfait. Ce clian- gement devrait etre Men plutot rapporte au moment ou 5 h la voix de ces premiers bienfaiteurs de I'liuma- nite auxquels la reconnaissance publique dressa depuis des autels, les hommes quitterent la vie sauv ayentureuse de leurs ancetres, apprirent par culture a faire naltre du sein de la terre des al jusqualors inconnus, et, se soumettant k des I e et a^cri- toutes n sub 1 a premier et la plu grande des revolutions. Mais ce que la raison indique ici comme le plus probable , I'histoire ne vient pas le confirmer. Gette premiere epoque de la vie du genre bumain est presque entierement effacee de la me- moire des hommes , de que chacun de ne garde aucun souvenir des evenements de sa niiere enfance. Au defaut de tout temoignage positif , recbercl pre si 1 a science ne pent fournir les movens de remonter 3 monte pas pensee k cette epoque oii ne re- J'ai fait voir que tous les animaux domestiq quelq ue cl qu appartiennent et s r andes ombreuses que les quelq r que tres-peu oil n'ont point que leur taille taille, n'ont, au total, augmente ou diminue, cest-a7dire moyenne ne difFere pas ou difFere tres-peu de la de leur type sauvage , et par consequent de leur il I I 1& I 1 ^i M lit nr* f I f « T f f. s f ':! i I I . t. K ' >'J 1^ I i^» •At » \\ m* 4i6 primitive VARIATIONS DE LA TAILLE pu remarquer que le petit * ^ mbre d'especes qui presentent ime legere difFeren moins, se trouyent toutes parmi celles que rhomn les il ne doni qu une nourriture mauvaise ou peu abondante. To ge habituellement, et auxque celles , au contraire, que rhomme soigne et nour bien , n'ont rien perdu de leur taille primitive meme presentent une legere dilierence en plus. Or, si Ton se rappelle que les cbangements pro- ir la civilisation sont en tout ^ duits chez 1 liqmme p point analogues ^ ceu que doniest produit qui est g ce qui , au besoin , resulterait meme :dcs faits que j'a exposes); si Ton ajoute que Thomme a necessairemen eu la volonte constante 5 et qu il a presque toujour eu le pouvoir^ dans Tetat de civilisation , de se pro eilleure, de se defendre nv des saisons , enfin de se pi dans dans quej sauvage ; si Ton remarque que le fait general viens de rappeler au suj et des animaux domestiq ete verifie sur un grand nombre d'especes, les unes rap- prochees de I'bomme par leur organisation , d'autres beaucoup plus eloignees , et d'autres enfin , ainsi que je lai aussi constate, app differente. c.pMp dps nisp? a. une classe tres- de la, on conclut doit , que ce fait i generales et d pas e ^'tablii pou except qui serai t *v r \v I U I L } f I DANS LES RACES HUMAINES. 417 peu vraisemLlaLle , puisqu'elle serait uniq ^it a admet d'ailleurs p consequence suivante , confi que Savons sur les peuples encore sauvages : la taille moyenne des liom- mes civilises de nos jours ne differe pas ou ne differe que tres-peu , non-seulement de celle des homines ho des temp de civilisation. PI I'etat sauvag usieurs vojageurs, et principalement Peron, ont constate que les peuples sauvages, loin d'etre plus forts que les peuples civilises , sont ordinairement plus faibles, L'homme , en se civiUsant, n'a done rien perdu de sa force. En montrant qu'il doit aussi avoir conserve sa taille primitive, j'apporte un argument, qui n'est pas non plus sans quelque valeur, contre cette philosophic, plus ingenieuse qu'exacte, qui nous montre ce qu'on a nomme Vetat de nature comme un etat de perfection physique dont fhomme doit chercher h. se rapprocher. Non , l'homme n a pas de- chu en se civilisant; il n'est pas devenu faible en de- venant intelligent ; il n'a rien perdu de sa force reelle sa grandeur premiere en les multipliant par ^ i'4^^,.^t„:^. „.. '__. et d I'adresse et I'industrie ; et ce n'est pas en retournant sur ses pas qu'il avancera plus rapidement vers le hut ou ses efforts n'ont cesse de tendre , quelquefois k son insu : le developpement moral , intellectuel et phy- sique du genre humain . ZOOLOGIE GEKERALE. 27 i 1 ^ r 1 k 1^ ^ \ 1 1 1 J 44 I *4 f II k u i\ |y I #' ^ 4 i Ain A t $ y ^v ' * in mt /m8 VARIATIONS DE LA TAILLE. RESUME MS DEUX PRECEDENTS. Le nombre coDsideral -\ de faits que cuter dans les deux menioires precedents, et I'etend que j'ai ete oblige de donner a cliverses parties de ( fait penser qu'il ne ser P reduits a leur plus simple expression , les resultats que j ai cru pouvoir ded de mes recberclies. J'ai done chei dans les pro positions qui suivent , a donner I'expression la plu nette et en meme temps la plus concise de ces resul tats, renvojant pour leur developpement et leur de monstration aux deux memoires qui precedent. ^ PREMIER MEMOIRE. It Toutes les fois que deux ou plusieurs especes generiquGS , leur pa pen leui 11. Les families, les genres, les espfeces qui habi- eaux ou j passent une pjirtie de tent au seiri cles L' vie , parviennent a une crrailde conip a- rativement aux autres families , genres , especes des g sions est meme d'autant plus grand , toutes clioses egales d'ailleurs , que leur organisation les rend plus essenticllement aquatiques. wA ^ i "il ^f RESUME. 4^9 in. Les genres ailes ou Yivant sur les arbres n at- teignent jamais au contraire que de petites dimen- sions. IV. Les mammiferes purement terrestres peuvent etre classes dans I'ordre suivant d'apies leur taille, tres-grande dans les premiers , moindre dans les se- conds, et ainsi de suite : les herbivores , les carnivores^ les frugivores ^ enfin les insectivores. V. Cette proposition pent en quelque sorte se tra- duire par la suivante : il existe une coordination par- faite entre le volume des animaux et le volume ou la I quantite des etres organises dont la conformation de leurs organes digestifs les appelle a se nourrir. \ I ' VI. II existe un rapport non nioins constant entre L la taille des mammiferes et I'etendue deslieux ou ils vivent, les grandes especes habitant les mers , les con- ies grandes iles ; les petites , les les petites iles. VIL En general meme , les mammiferes des pi Vastes continents surpassent leurs analogues des co tinents moins etendus. VIII . Les mammiferes de rh^mispliere boreal su passent les igues vivant d ipli stral. IX. La taille des mammiferes qui gnes est le pi ma is non toujours, in- ferieure a celle des animaux analogues qui peuplen les plain es et les deserts. X. Dans I'hemispbere boreal, les genres et les es t \ y * 4 5 H ^ ■ ik 1^ i I '^ t i I u ■ I / ( i 41 i / ff jf ■** k jL, f.r ^ t ^'■^' :T - 1 i 'i f \i> i I Hi K n' ^^ * IM 1: VAIIIATIO-NS DE LA TAILLE. peces de ia plupai t des families parviennent maximum de taille dans les contrees les plu; dionales, et descende climats maximum d minim. um, d ptentrionaux ; d'ai > regions voisines d ont leur que, etleur minimum dans la zone intertropicale; mais il n'en existe pas qui, ajant leurs plus grandes especes dans les contrees temperees ou peu cliaudes presentent une taille moindre a mesure qu'on les suit vers I'equateur ou vers le pole. XL Les propositions precedentes , vraies presque sans aucune exception )x I'egard des mammifei perdent plus ou moins de leur generalite a mes qu'on les applique a des classes placees plus bas d I'eclielle des etres : elles finissent, pour les animaux plus eloignes de I'homme , par n'etre plus q apercus applicables encore k I'ensemble des cas , mais soumis k de nombreuses exceptions. XII. II est aussi a remarquer que les variations de des 1 a dans c d'ailleurs, renfe precises que cette classe est pi cboses egales imit cl plus ^ XIIL Enfm , lorsqu'une classe se trouve composee d'etres dont I'accroissement se continue pendant une grande partie de la vie , et qui se reproduisent avant d'avoir acheve leur developpement , les variations de la taille sont tres-considerables et renfermees seule- ment entre des limites mal determinpp. % ^ ^A T- F. — ■- ^ IV.I RKSUME. 421 M SECOND MEMOIRE. ANIMAIIX D05IESTIQ0ES XIV. Les propositions pr^c^dentes sont loin d'etre generalement applicables aux animaux domestiques. XV. Dans plusieurs especes domestiques, la taille primitive s'est conservee , ou n'a ete que tr^s-legere- nxeiit modifiee. XVI. Dans d esptjcesj il existe des que grandeSj d'autres beaucoup plus pe- moyenne des races diff^re peu ou ne difFere pas de ce typ que Tesp consideree dans son ensemble, n'a 1 que peu ou n'a po minue. XVn, Les especes qui ont subi une legere di ombre de celles que ghge g XVIII dividuelles de des beaucoup plus ^troites que 141 i !. t -f. 1 w i r' ^ '^ \ ^\ \ 1 RACES aU3fAINES. / XIX. Au contraire de ce qui a lieu pour les ani- maux domestiques , les variations de race sont, chez I'homme, renfermees dans des limites beaucoup plus etroites que les variations individuelles. XX. Les peuples les plus remarquables par leur / X «#f -.1 / u \iu i \ ' I ^ ^ 1 t « 1i > «l ■J it t if 1 «' 422 gran VARIATIONS DE LA TAILLE. 1 taille hab eoeralement al (les peuples de tres-petite hemisphere se trouvant ■e presque tous dans I'hemispliere bo I'a indique depuis longtemps) XXI. Parmi ces peuples de tres-erand uns vivent sur le continent de I'Amerique meridio- nale; les autres, dans divers arcKipels de I'Ocean du Sud; et Ton pent meme remarquer qu'ils forment ainsi dans Themisphere austral deux series, I'une con- tinentale , I'autre insulaire , toutes deux assez irregu- lieres et plusieurs fois interrompues , mais commen- ;galement a 8 I degres de latitude sud du So" deg XXII. Toutefois il existfi aussi dans I'hemispht stral des peuples dont la taille est au-dessous de mo Venn re'ciproquement , dans le boreal, des peuples dont la taille surpasse cette moyenne. Or, en comparant la position geographique de ces peuples k petits, on arrive k ce resultat, erne appare paradoxal, et cependant facile a expliquer en partie que d peupJes cle petite taUle vivent presque par pres des nations les plus grandes du monde proquement , des peuples de haute pres des nations les plus remarquables par Texiguite de leur stature. XXIIL Les variations de taille des races s'expli- quent , mais en partie seulement , par 1' influence du climat, du regime dietetique et du genre de vie- I -#A ^fe' T- RESUMi;. 4aS XXIV. H est au moins extremement probable qae la taille du genre humain , malgre quelques variations locales, n'a pas sensiblement diminue. II en est ainsi, non pas seulement, comme I'etablissent tant de genres de preuves , et comme il est universellement connu , depuis les premiers siecles historiques , mais meme depuis I'epoque la plus ancienne que Ton puisse con- cevoir dans la vie du genre bumain, la science pouvant suppleer, pour cette question si souvent controversee 5 a Tabsence de tout monument, et re- monter au delk de toute epoque liistorlque. -i i til lA ( ■■ . \ SA ^\ •■i 'Tt* 1 ^^ \ A#M / I / I i \ ' \\ I I\ t' 141 \u «*ri 1 \ 1 w st^ i « .f 1 IP {l» 4M REM4RQUES G^NEBAIES VI. FRAGMENTS SUR LA ZOOLOGIE GEOGRAPHIOUE 1. RE^fARQUKS GfiNtRALES ET APERCU IIISTORIQUK SUR CETTE SCIENCE. La zoologie geographique, comme toutes les ai parties de I'histoire naturelle des animaux , peut consideree sous deux points de vue , etudiee de < manieres : elle peut et doit etre positive ; elle pei doit etre speculative, Tantot , procedant par I'ob- servation , elle determine avec soin la patrie de cha- que espece, et s'efforce de dresser, pour les di verses -contrees du globe , un inventaire exact de sa popula- tion zoologique ; tantot, et elle peut alors etre dite theorique ou generale , elle compare entre eux tons les resultats directementou mediatement fournis par 1 observation, et en deduit, parle raisonnement , des generalites qui elles-memes sont de deux ordres. Dans ses comparaisons et ses raisonnements elle peut ffet se propo po \ SUR LA ZOOLOGIE GEOGRAPHIQUE. 425 plusieurs contrees du globe, du caractere general de ses races zoologiques , ou Men , s'elevant k des consi- derations bien plus vastes encore et d'un ordre bien plus eleve , la decouverte des lois qui regissent la dis- tribution des animaux k la surface du globe. La zoologie geographique speciale ou d' observation a necessairement precede la zoologie geographique g^nerale : elle est a celle-ci ce que dans un raisonne- nient les premisses sont k la consequence. Sans re- monter jusqu'aux anciens , qui ont presque entiere- ment neglige cette Lranclie si importante de la on peut en reporter I'origine au quinzieme et au seizieme siecle. Elle naquit de ce mouvement ge- neral des esprits vers I'investigation du globe , dont I'un des auteurs principaux fut le prince Henri de Portugal , pen digne de renom jiour ce qu'il fit , mais h jamais illustre par ce qu il fit faire. Epoque memo- rable dans laquelle riiumanite s ouvrit a la fois des voies nouvelles, k travers TOcean, vers des terres gnorees , et , dans les champs de la pensee , vers une science 1 des epoque qui commenca la renovation intellectuelle du monde en meme temps qu elle en doublait Fetendue. C'est au milieu de ces grandes et eclatantes decou- vertes que devait naitre et que naquit obscurement la nou- zoologie geograpliique. Connattre une contree velle, ce n'est pas seulement en avoir vul'aspect et les habitants , en avoir determine plus ou moins exacte- ment I'etendue et la position , c'est aussi avoir etudie *» >* i il < « Si 4n * 3 t4 Ik t «t f A if \ f - 11 % ii \ \ ^j I ^ 1 if t * I l*» life! S i 426 REMARQUES GENERALES L ses productions naturelles. La necessite dece supple- ment de connaissances est si evidente qu'ellea ete re- connue par les premiers auteurs des relations de voya- ges, tous empresses d'associer quelques notions de geo- rapliie zoologique k leurs travaux ou a leurs essais sur la geographic proprement dite, Mais ces auteurs ne s'etant prepares par aucune etude preliminaire a ecrire sur I'histoire naturelle , toutes leurs produc- tions n ont vraiment pour la science que I'interet pu- rement historique qui s'attache a la constatation de ne. G'est merae seulement dans la sa premiere & econde moitie du dix-huitieme siecle(i) et dans ■^ ^ ^ - (I) Avant le dix-huitieme siecle , je ne trouve guere a citer comme ayant ete reellement utiles a la zoologie geographique que Thevet , Tun des premiers explorateurs du Bresil; Jean de Lery, qui le suivit de pres dans la ra erne contree; Hernandez, envoye au Mexique par le roi Philippe II; notre illustre Be'lon, Pison, Marcgraff, Jacques BoNTius, auquel on doit d'iniportantes publications sur les aniinaux de Java , et Plumier , I'un des premiers qui aient fait connaitre quelques- unes des productions des Antilles. Dans le dix-huitieme siecle , au con- traire, je mentionnerai , et la liste est loin d'etre complete, Catesby pou^' plusieurs parties de TAmerique septentrionale ; Bosi^ian , pour la Guinee; Kolbe , pour le Cap de Bonne-Esperance ; Valentyn, pour rinde ; plus tard Sparrmann , pour le Cap de Bonne-Esperance; Son- nerat, pour Maflag^scar; Forskal et Hasselquist, pour TEgypte et rArabie; Marsden , pour Sumatra; Tiiunberg, pour le Japon ; Pallas, illustre a tant de titres , Lepechin et Gmelin , pour Fempire russe ; AzARA , pour le Bresil ; Molina , auteur qu'il faut souvent consulter malgre son inexactitude, pour le Chili; Steller et Otiion Fabri cms pour les regions septentrionales de notre hemisphere ; Commerso>' ; Banks , Solander, Forster, compagnons , le premier de Bougainville , lesautres de Cook, dans leurs voyages autour du monde ; plus tard encore, et pour ainsi f i * * » '; 428 REMAHQXJES GENERALEvS ment s'atte.ndre a la voir se produire a son tour dans la science. Nul , en effet , ne pent contester k Buffon I'honneur de I'avoir crdee , elevee meme d^s lors h un haut degre de generalite , et cela , a une epoque ou nul ne soupconnait meme la possibilite de son existence. Je ne nierai pas que Buffon, prive des connaissan- de I'anatomiste , et porte peut-etre pa ses vues theoriques h exagerer I'influence du climat sur le de- veloppement des animaux, n'ait ete entraine dans quelques erreurs plus ou moins graves dont lui-meme, au reste, a reconnu dans la suite et rectifie plu- Mais il que 5te pas moiE de la zoolog graphique generale est 1 un des titres de gloire de Buffon d lie que , dans aucune autre partie de son oeuvre , il donne des preuves plus eclatantes de la puissance vention, et je dirais volontiers de divination, que la nature lui avait accordee. p^t tliode d'investig de la distribut de faire de I'observation I'unique en histo geographique des animaux, que Buffon a etablies ou indiquees, ne sont nuUem des deductions logiques et rigoureuses des faits al existants dans la science. On ne pent /neconnaitre elles de hardies abstractions , des hypotheses conci udac a de quelques faits , et soumises quelques autres, insuff d'ailleurs pour la confirmation , comme ils I'eussent t M » I :; b..— _ r- ^A I ( I i SfJil LA ZOOLOGIE GEOGRAPHIQUE. 4^9 ete pour la decouverte de rapports quelque peu ge- neraux. II faut lire les livres de cette epoque , il faut lire BufFoii lui-meme, pour voir , parmi le petit nom- bre d'animaux alors connus, combien il en est dont I'origine restait ignoree, et de combien d'autres la patrie avait ^te faussement indiquee. Ainsi, c'est quand la geographie zoologique ne possedait que des faits tres-incomplets et en grande partie inexacts, c est sur ces elements imparfaits que Buffon a concu et proclame des lois dont I'avenir a demontre et demontrera de plus en plus I'exactitude et la haute generalite (1). II. DES RAPrOKTS DE LA 200L0GIE GJiOGUAPHiQUE AVJ3G LA PALEONTOLOGIE. L'une des questions les plus importantes , mais les plus difficiles et les plus negligees de la zoologie geo- X !■■ • ■ihk (i) Les principales lois oil generalltes auxcxuelles BufF(fn a essaye de raiiiener la distribution geographique des animaux , sont trop coniiues pour que je croie utile de les exposer ici. Je Tai foit deja dans mes Considerations ghierales sur Us mammiferes , I vol. in-l8 , 1824 , p. 34^ ^^ Tavticle Mammiferes du Di c do nnai r e class i que d'histoire na- lurellc^ t. X, p. 123, On pent consulter aussi Tarticle deja cite que mon pere a recemment public sur Buffbn ( Voyez Fragments hioora- phiques, I yol. in-8, i838 , p. 58), On yerra dans le passage auquel je renvole ici , comment Buffon , dans ses travaux sur les lois de la distribution geographique , a su plus d une fois s elever a de hautes generalites d une incontestable verite , en concluant non-seulement sur des faits peu nombreux, mais meme dans quelques cas contre des faits qui semblaient directement opposes a ses vues. HP M il \ .1 L II ^ m *it «■ m- ' i * II 4 4 m 1 r Hi\ f-t If i i y h^ ^^ f , — -M-J r T- *# / AJI 1\ II ii JA \ 43o REMAllQUES GENERALES graphique , e'est celle de la distribution primitive des surface du g grand probleme que tant de donne pliquer , restera longtemps encore Sans doute. ce hi plus , I'esprit liumain ne toute probabilit Mais si Ton ne parviendra j disons selon P I'embrasser dans son ensemble t esperer d'atteindre le but, i: b et h a science, si elle aspirer k decliirer le voile qui mv de la fo c les especes males et vegetales , ne saurait du moins renoncer a le soulever. > Sans doute, pour celui qui se renferme dans le cercle etroit de Fobservation directe et de ses conse- quences immediates (i), ii n j a de possible que la mparf; faits de I'ordre actuel des clioses. Mais pour celui qui pouvoir non - seulement observer, exper menter mais aussi raisonner , niille routes nouvelles sont ouvertes : le but grandit comme les moyens • I'espace f r 4 I 1 (0 J'emprunte cette expression a ime phrase remarquable delun des derniers ecrits sortis de la plume de Cuvier, Exposaiit le plan qu'il couvient de suivre dans une collection nouyelle de memoi- res sur les sciences natuvclles, il s'exprime ainsi : « Sans s'interdire absolument la faculte d'indiquer les cousc(iuences immediates qui leur paraitront deriver des faits qu ils auront observes , c'est principalemcnt de Y expose de ces faits et du dcUilL de leurs clrconsLaaccs qu ils (les aU- teurs) ont resolu de composer leurs collections ..., Ce recueil ne sei-a compose que de faits positifs. i . > ^ h- -^ ^fc- - «-■ ^ ■- 1-1 T*.-^ \Wk 43 1 le qu ■\ hu SUR LA ZOOLOGIE GEOGRAPHIQUE. le temps n ont plus de limites. Toute ] compose cle ces trois immenses problemes : etudiei' quest ranimalite; de son etat present , deduire ca slle a ete ; par la comparaison de son etat passe et son etat present, s'elever meme k la prevision dd quelle sera (i). Vastes questions dont maine ne saurait embrasser Timmense etendue pour la solution desqu de reunlr quelq tion des sible aux msi que especes que dlst temps ancieosj iiiacces- naturalistes exclusivement observateurs , de Fetre pour ceux qui les moyeus de Tob naissances actuelles dont permetteiit de parti dans leurs raisonnements. Les siecles passes, le cles meme qui ont precede rhomm6, nont pas dis- parutout entiers. Par la toute-puissance de I'observa- p fecoiidee par le raisonnement. 1 debris du monde nuit des asjes: ecbappe au neai liab iumes de la seconde fois quis TJ I -1 / i i » V i r ik n. y tt: ^^ i^' ^ I (I) M. AUGUSTE CoMTE, daiis SOU Coiirs (le Philosophie positwe a tres-bien etabli que la possibilite de prevoir est Tun des caracter es con- stants de toute science digne de ce nom. La meme verite a ete recemment proclamee par M. de Blainville dans les temies suivants , rQmarqua- bles par leur precision : « La prevision est le caractere essentiel d un ensemble de connaissances parvenues a letat de science. « Voyez Comples rendus des seances dc tjcadeniie des sciences , t. IX, p. 675. ■^ I I ■i^ : I f k Wf^ K -^ J - - ^r -L^^_^ IS wi . f ^«t w ' "*< rr 4< » f|f> 4 V / REMARQUES GENERALES r s'est fait le contemporain de cette tene antique , dont le Createur I'avait separe par tant de siecles et tant de bouleversements. Butfon , Pallas , mais surtout Giivier (i), out depuis longtemps appele tous les zoologistes a venir h leiir suite puiser, dans cette source si feconde de haute instruction , des lumieres sur la distribution des es- peces dans le monde antique. Mais cette voie est-elle la qui ouverte ? Est seulement par leurs debris , par les traces qu' les dies de la terre, que nous pouvons etudier ttre ses antiques habitants? La nature ac- peut-elle aussi nous eclairer sur la nature des temps anciens ? Sil rassemble dans sa pensee principa elements de la question, si Ton reflechit avec quelque attention aux relations necessaires de I'ordre ancien avecrordre actuel des clioses, on reconnait d'abord d unemanieregenerale queVun a inevitablementlaisse dans I'autre des traces profondes. Pour'quoi done le raisonnement , appuye sur I'observation , ne saurait-il suivre ces traces, de meme qu'un oeil exerce parvient a retrouYer les traits principaux de la phjsionomie d'un enfant jusque sous les rides de la vieillesse ? N'en est- pas en grand de 1 du globe comme de 1 \^ I 't' ^ ^ (i) Les travaux de Cuvier sur les fossiles sont et resteront touiours la refutation la plus eloquente des idees que resume la phrase citee dans Tune des notes precedentes ( p. 43o). _i-- - ir. -rJ rik T - -. w jf '^ 4-^ i 1 i* sun LA ZOOLOGIE GEOGRAPHlQUE. jliition d'un individu ? Un ^ge succe;cie a il imprime les changeraents qui le caracte odifie, il altere, mais il ne renouvelle pas 433 m de toutes transfer toujours quelque chose de constant et d'identique. Gette analogic, vague et obscure, cette consequence, douteuse et contestable, lorsqu'on I'applique en ge- neral klacomparaison du monde actuel et du monde antique, deviennent au contraire exemptes de toute objection , des qu'on se borne h comparer la distri- b geograpbique des ontemp avee ntiques. 3N'est-ce pas en effet parmi qu'il faut chercher la source, I'origine des premiers? Deux systemes se partagent auiourd prits; I'un a la defense duquel mon qui a pour lui 1 plusieurs memoires ( i ) ; 1 orite de Cuvier: et dam le dans I'autre, la reponse a la question que de poser, est au fond la meme. Dans le premier, des cbangements survenus dans la temperature , probablement aussi dans la compo- sition de ratmosph^re , en un mot, et d'une maniere generale, dans les circonstances exterieures, ont en- H f 4 44 i r I it . ■ \ i im I ifik / (I) Voyez, entre autres : 3Umoire sur le degri d' Influence du monde ambiant, dans les Mem. de I'Acad. des Sc, t. XH p. q3, Ce meme volume renferme plusieurs autres memoires importants de moa pere sur les crocodiliens fossiles et sur les dents anteiieures des rongeurs. ZOOLOGIEi GEKEKALE 28 #4 » i ii 1 f v. jtf/ L L- J -Z / I ^ } r « >ii geograplijqiie de I'espece clans les temps anciens et position actuelle, one relation de meme ordre que t ia cell e qui existe entre une premisse et une conse quen ce. La distribution geograpliique des etres contemp ains derive done plus ou moins clirectement, sel( hypotbese que Ton croira devoir adopter, mais 7, + essairement dans ioute hjpothcsc^ de la distrib ion de ieurs ancetres dans les temps anciens. L'o dre et TaiTangement des especes ^ la surface du globe se sont modifies un plus ou moins grand nombre de fois; mais cliaque ordre successif n'a ete queTeffet de Vordre precedent, comme lui-meme a ete Tune des causes de I'ordre suivant , jusqua celui que nous avons aujourd'lmi sous lesycux, et ou nous-memes, a notre tour, nous occupous une place et tenons notre rang. En s'elevant a ce point de vue , Tetude de la zoo- igie, et dememe, de la botaniq grapliique quiert evidemment un interet et une importance plu grande encore qu'on ne le reconnait generalement Ges deux brandies d c les liens I f ^ \ 1 I ,1" ! t I i 1 I I I : J i ^' U\ I ! * . i #t it I . r f ^ ■. i , ^ • i J y » I I h Mi i'- AH# i * ■V' ri a t j^ II .1 I 438 HEMARQUES G^N^RALES intimes avec la paleontologie ; et le moment petit etre prevu ou, considerees sous un point de vue general et comparatif, elles deviendront les sources les plus fe- condes d'inductions utiles et de resultats curieux sur I'origine des especes et surleur distribution aux diffe- rentes epoques de revolution du globe. M 1 ^^ m. "f ■^ p iH -^ » k H ^ I REMARQUES SUR LA FAUNE INDIENNE (1). II n'est qu'un tres-petit nombre de families natu- relies qui n aient point de representants dans Tlnde , soit continentale J soit insulaire. Tres-eloignee de I'Europe , de TAsie orientale et de T Afrique ^ mais reunie k ces contrees par une continuite de terres ; tres-eloignee de T Australasie , mais liee k ce con- tinent par un grand nombre d'iles considerables par leur etendue, et qui forment comme une cliaine I intermediaire a ces deux regions , Tlnde se trouve occuper une position en quelque sorte centrale par rapport k toutes les contrees cliaudes et temperees de I'ancien monde , et reunit cles representants de pres- que tous les types. . La plupart des animaux de I'Europe meridionale r se retrouvent, plusieurs avec des modifications h (i) Extraites , sauf quelques modifications et additions , de la partie zdologique du Voyage dux Indes oriehiaks de M. Beiai^ger. x I J — -^ ^ F lA ^ ;?i F - -■V- ^ ^ 1 X ^k ^L SUR LA ZOOLOGIE &fiOGfiAPHlQUE. peine appreciables , dans le com pels indiens. Lorsque les especes munes , il y a du moins ressembl; 439 les archi- pas corii- eneriq II en est ainsi , non-seulement des g pandus face du globe , mais liieme d qui, ne comprenant qu'un petit nombre d'espec rileme une seule , sont , pour ainsi dire , propres contrees. On ne retrouve paS prdinairement dans Tlnd mamniiferes et les r ;ptiles de I'Europ ais presque toujours leurs congeneres. Les especes indiennes sont souvent plus ^i-ande que les notres , principalement que celles du nord de I'Europ de I'Asie • niais parfois plus petites. Ce resultat est conforme a cette r^gle B etablie dans un autre travail (i), que la des animaux de Themispbere septentrional, comp res entre eux, soit specif iquement, soit generique- nient, decroit, pour les uns, k partir du voisinage du cercle arctique vers I'equateur , et pour les autreS;, au contraire , de I'equateur au cercle arctique. En coraparant, sous le rapport de la coloration, les especes indiennes et europeennes, on trouve que celles-ci sont generalement parees de couleurs moins brillantes et surtout moins varices. , / '/ ^"^ ^ ^ ■V '] \ i ■ \ 4 4 r ^ y il il ■ 4 ;i i44 . li i k, ^ .1 I ,1' 4 I \ r 1! \ (l) Voyez , plus haut, le Memoire sur les mriations generates de la taillc, p. 355. > IK » .) i "H 1 i\ It J. \ lit m > V m . ) mi *,mI - I i k^« '■■\ i REMARQUES GENERALES ^ Les oiseaux de I'lnde presentent souvent des ments de plumage qui logues d'EfUrope. Les animaux du nm quent V ■ nord de 1' Asie , comme ceux du nord de I'Europe , different presque toujours specifi- quement de ceux de I'lnde. Presque tous les genres africains ont des represen- tants dans I'lnde : il n'j a guere d' exception que pour le petit nombre de ceux qui sent propres h I'extre- mite meridionale de I'Afnque (i). Une grande partie des oiseaux de I'Egjpte et de la Nubie et quelques animaux des autres classes se re- trouvent identiquement les memes dans I'lnde. II en est ainsi, en particulier, de la plupart des animaux i (i) II existe generalement, entre les animaux du sud et ceux du nord de TAfrique , des relations d'analogie fort remarquables , mais non une identite complete. II faut exceptor, bienenteiidu, les espcces auxquelles J* la rapidite et la facilite de leur locomotion, ou plus specialement, aux~ quelies la puissance de leur vol permet de se transporter en peu de temps a de grandes distances , et qui peuvent ainsi , comme le font tant d oiseaux , etre tour a tour habitants du sud , du centre et du nord de I'Afrique. Mais , Iiors de ccs cas particuliers , et parmi les mammi- feres surtout, la remarque que je viens de presenter, est d*une applica- tion tres-generale. Je n'en veux ici pour prouv'es que les discussions si souvent elevees sur I'identite ou la divci-site speciiique des animaux afri- cams du sud et du nord , par exemple , et pour me borner a ces deux remarquables animaux, sur I'identite ou la diversite specillquc des girares et des liippopotames du sud et du nord. Les opinions sont encore aujourdhui divisecs sur ces questions, et il pourra en etre ainsi tnnt qu*6n n aura pas clierclie a se faire une idee plus philosophiquement exacte des caracteres et de la valeur de Tespece. Cette dldirulte, quelquo grande qu'elle soit, Tost cependant bien ^ >! -— *. " ' - k .^_-» -.^K^ *^lfc*t-*r^3 I SUR LA ZOOLOGIE GEOGRAPHIQUE que les anciens Egvptiens lionoraient d'ui 44 dans que Ton retrouve k Tetat de momies combes et les puits sacres de Thebes et de Mempb L'ile Maurice , sous le rappOrt des animaux qui peuplent , ressemble k I'lnde moms autant qu r Afrique , quoique tres-rapprochee ' de tremement eloignee , non-seulement du continent , ^ ■ mais aussi des grandes iles de ITnde. L'ile de Madagascar, placee entre Maurice et 1' Afri- que anstrale, et peu eloignee de ce vaste continent, Iffere d'une maniere remarquable. Presque tous de ses oiseaux qui , pourvus d'ailes courtes ou le mediocres , n'ont pu se repandre h de grandes en CI d en de meme de ses chauves-souris. S ^ w moins encore que celle qu'oppose aux efforts des zoologistes la deter- L H niinatlon des especes de TAmerique meridioriale , surtout en ce qui concerne les mammiferes. A I'egard de ceux-ci , je crois avoir demou- tre depuis plusieurs annecs , daiis mes cours , qu'en adoptant les no- tions ordinairenient admises sur Vespece , il est non-seulement tres- ^i&c\\e, mixis rnerne ahsolument impossible de determiner specifique- ment ceux des mammiferes sud-americains qui appartiennent a des genres nombreux en individus et repandus sur un grand espace. Tels sont, pour rappeler ici quelques-uns des genres a I'egard desquels les zoologistes ont pu le mieux se convaincre de leur impuissance, les liur- leurs, lessajous, les ouistitis , les phyllostomes , les coatis et une partie des chats et des cerfs. Cette impossibilite , comme la difficulte plus liaut signalee a legard des animaux africains , est parfaitement en rapport avec la tlieorie de la variabilite des especes sous Tinfluence des circonstances exterieures, et tellement qu on pent re«-arder Tune et I'autre comme des consequetices necessaires de cette tlieorie. \ i 1 ^4 I K 1 \ i M V J- 1 1 i i i «H4 4*^ M ^ n i .^-t ♦•I i I > r ) 4 : ! \ (4 ii 1 Ji « \ 1 ff ■A m^m. m ,* w V¥ ^ » t *1 94 •¥' « fH "V \ 44 REMARQUES G^N^RALES \ ofFrent presque tous uriei ph jsidtiom ie par culiere. Ses inammiferes seulement specifiquertient aussi generiquement de t( difFe non- mais presque toujours 5 ceux des autres con- trees. Aucun A ' groupe voisin nexiste meme d ^ I'Afrique australe, et pour irouver les genres les plus rapproches par leur organisation , t'est dans I'lnde continental et insulaire qu'il faut les cherclier. II est memo quelques genres qui paraissent etre communs k Madagascar et aux Moluques. En resume^ si Ton avait a classer Tile de Madag [* seulement d'apres ses productions zoologiques y sans pt de son eteridue ni de sa si- une 1 geographique , on dev isiatique, ni uhe tie : fricaine . mais bien terre isolee , et presque quati continent , rAmerique, Fancien continent ^ I'Australasie etant les trois autres. Et cette terre isolee , ce quatrieme con- tinent dilFererait beaucoup plus encore , sous le rap- port des animaux qui le peuplent ^ de T Afrique clont il est voisirf J que de Tlnde, malgre la distance con- siderable qui separe celle-ci cle Madaga L'Australasie est comparable beaucoup de i pports J a Madagascar ; elle a , en quelq comme cette lie remarquable , une creation qui li est propre. De meme encore , si ses animaux trouven quelques analogues parmi ceux des autres parties d en c est surtout parmi ceux de llnde. Ses oiseaux, ptant ceux dont le volest etendu^ et ses * 4 -rf^f.' * A - -T- -*-J.-i I ■ ( \ 443 SUR LA ZOOLOGIE GEOGRAPHIQUE. cliauves-souris , different specifiquement , et souvent meme genericjuement , cteceuxde toutes les contrees du globe , rinde exceptee. Tous ses mammiferes ter- 1, hormis quelques especes de rongeurs, et lef marron qui forme un^ exception d'un ordre particulier, appartiennent, ou au groupe des mono- tremes ou a celui des marsupiaux. Les premiers n'ont de representants dans aucune autre contree ; les se- conds forment toujours des genres , ou Men propres k I'Australasie , ou Lien communs k I'Australasie et h cHen I'archipel Indien. -Jl- tames , qui sont les plus remarquaLles des rongeurs australasiens , et qui ont ete pendant longtemps les seuls connus. i f r1 II est k remarquer que la contree qui , apres I'lnde insulaire , offre le plus d'analogie avec I'Australasie , sous le rapport des animaux dont elle est peuplee, c'est I'Amerique meridionale , situee h une immensfe ;^^ distance d'eile , mais faisant egalement partie de The- misphere austral. L' Amerique est , en eflet , apres la Nouvelle-Hollande ^ les terres qui ravoisinent et Tar- cliipel Inclien ^ la seule contree ou il existe des mar- r supiaux : tels sont les didelphes , les liemiures, les clii- ronectes, animaux qui different generiquement , il est vrai , de tous les autres , mais que des rapports assez intimes lient avec le groupe des dasjures , qui est propre h I'Australasie. Enfin c'est aussi dans I'Ame- rique meridionale que Ton retrouve le genre le ' plus rapproclie , par son Organisation , des myopo- r I U^t'^-^^-t^ Tv. .^■v... v„ n i y^..>.. l! i \ r I ' \ I i \ i \ f# i-* m ( 7 4 < i 4 Urn y 1^ < -1! il^ f I . 1. \ .-■ J t r *;/ ^ ■ I i I ik :( Y ' m i:\ i ■■ i •Hi 1 1 H >( n f / ■V; n \. 444 REMARQUES GKNERALES La Nouvelle-Gulnee , voisine de la Nouvelle-Hol- lande, Yoisine aussi de rarcliipel desMoluques , est presque entierement peuplee de genres qui lui sont communs avec I'une comme avec I'autre; et il est 7 presque toujours difficile de trouver aux animaux qui riiabitent des caracteres specifiques tranches , quoi- qu'ils different le plus souvent , par quelques modifi- cations , de ceux de la Nouvelle-Hollande et des Mo- d'autres termes, la Nouvelle-Guinee peuplee de varietes des ques E nible en g d e P especes des terres voisines. \ mais ques sont a fi pplicabl es aux oiseaux : excepter les oiseaux de paradis et 3ces qui ^ comme eux , se font remar- quer par I'extreme developpement de leur plumage toutes les esp par de leurs couleurs. s froides de TAmerique n'offi Inde , sous le rarmort de la d geograpkique des animaux j mais il existe quelques rapports entre flnde et I'Amerique meridionale. Les orangs et semnopitlieques etjes ateles et eriodes, les megadcrmes et les plijllostomes , les njctinomes et les molosses, les ours de I'lnde et I'ours des Cordi- lieres, la pan there et le jaguar, les pangolins et les myrmecophages , taraanduas et dionjx , le tapir de rinde et les tapirs americains , et un grand nombre d'autres mammiferes ; les breves et les fourmiliers , le calyptomene et les coqs de roche, les coucou- rous indiens et americains, le casoar de Tlnde etle < N J ^■ -'^*- — -."^ ^ ^ y JL^ tM.J—^ I ■v. SUR LA ZOOLOGIE GEOGKAPHlQUE 445 nandou , et une foul d t^es animaux de toutes une contree a les classes, presentent entre eux, d I'autre , la plus grande analogic. L Inde , qui possede des representants de presque res-grand families, possede cle genres qui ne se retrouvent da autre contree. Les memes especes ptees qui viverit dans les montagnes on dans des localites remarqua LI particu existent due de I'lnde y dans toute 1 dans les iles de Tarcliipel Indien. Ceyl approcliee du continent, presente presqi J ours les memes especes qui Mais en comparant un g Pegou et de Geylan (i), d lore d'individus du trouve qu d Pl les i coul . especes d'oiseaux appartenant k diyers ordres dividus de Ceylan different un peu^ par leur du Peg tits. II exjste done, dans ce cas , une yariete continen- tale et une variete insulaire, ^ On pent apercevoir une relation entre ce fait et a remarque sneral e ? aill eurs presentee (2)^ que la ■ '^ (i) La riclie collection recueillie par M. Reynaud , chiriu-glen-major de la marine , dans lexpedition de la Che.reUe , m'a foumi les mate- iaux de la comparaison dont j'indiqiie ici le vesultat. (-J) Voyez , plus haut, p. 35i et suivantes. \ f 1i \ '# 1! 1 .1 1 i .r I t i 1*1 tfT f* in i-.l » _> / f il t 4 t » f 1^- 1// i I I mi I !h tm n i ■ 1 1 I Mil f! If ft I V I 446 ZOOLOGIE GEOGRAPHIQUE. des animaux est generalement en rapport I'etendue des lieux destines a les recevoir, les especes qui vivent dans les vastes continents ou dans les mers etant ordinairement plus grandes que les especes igues des des rivieres. Mais il importe de ppeler que cette remarque n'est point ordinai ment applicabl continents. Les aux gran esp eces ;s lies rapprocliees des peuplent ces dernieres, paraissent ne pas differer generalement de celles qui peuplent le continent. L cle Geyl se trouve iptionnel ; 'S done , sous ce rapport , dans un cas mais elle rentre d'ailleurs dans la r r V quant au grand nomLre des especes qui la peupl et dont la tailie est egale a celle de leurs analo sur le continent. Enfm derations terminerai par cette remarque ces 3 zoologie geograpliique ) 3 le vaste :lont rinde fait partie, offre lui ensemble que je viens de rappeler. De surpasse par son etendue, toutes les autrei terres du globe, les especes qui le peupl presque constamment superieures^ par leur 1 especes de menie gle general effet qu grandes sont enre ou de merae famille qui pen plent les autres regions isotliermes des deux hemi spheres. I 1 J, i ^ *' ) 'i^ m \ VII. CONSIDERATIONS SUR \ I !« 'n i 4 J L LES CARACTERES EMPLOYES EN ORNITHOLOGIE PODli LA PISTINCTIOB DES GENRES, DES FAMILLES ET DES ORDRES (l). ir i 14 4 4 I i ■ Toute classification est d'autant moins imparfaite et d'autant plus conforme a I'ordre natural , que les etres qui en sont les objets, s'y trouvent apprecies sous un plus grand nombre de rapports. Les anciens sjstemes zoologiques de Klein , de Brisson et de tant d'autres, et, pour citer un ^xemple plus memorable, le celebre systeme botanique de Linne, reposaient sur des considerations tres-simples deduites du seul examen d'uii tres-petit nombre d'orqanes ; mais si leur eraploi conduisait d'une maniere facile et sure a la determina- tion des animaux et des vegetaux deja connus et dejk introduits dans le sjsteme, ces classifications, pure- (i) Ce Memoire a deja pam dans les Nowclles Annales du Museum d' Histolre naturelle , t. I, p. 357 et suivantes. la bicnvcillance avec laquelle il a ete accueilli par les ornithologistes, m'a fait penser qu'il pouvrait etre utile de le reproduire ici , en y ajoutant deux planches de caracteres. 'i M V I S i j^ ^ \ J. ^ n i -t i *' */. r J / !»<» m H^M Hr •\ * i 4 i m ^f* K s ft« !f { i «{ *■!> 44^ CONSIDERATIONS ment artificielles , laissaient Inapercus une multitude de rapports, brisaient toutes les afFmites naturelles, et restaient presque entierement inutiles pour I'etude des etres nouveaux. Les methodes aujourd'hui uni- versellement adoptees en zoologie comrae en Lota- nique, se fondent au contraire sur I'examen d'un tres- grand nombre d'organes , et sont par consequent tres- compliquees et d'un usage tres-peu commode ; mais leur utilite reelle augmente en raison de leur com- r J plication. Lorsqu'elles sont bien faites, c'est-a-dire bordon des caracteres importants , regulierer et apprecies, autant que possibl leur iuste valeur, les ordres, les families groupes leurs affinit enres et cles ultitude de rapports, jusqu'alors inapercus ^ pour ainsi dire d'eux-memes; les faits s'e- decouverte faite d clans un facileme tend g guide En un mot , I'emploi du systeme est tres-simple et facile, mais son utilite tres-bornee; I'emploi de la methode est difficile , mais son utilite immense. Le premier n'embrasse que le passe de la science ; la se- conde comprend k I'avance tons les faits a venir. X Grace aux travaux des zoologistes modernes, k ceux de Cuvier surtout , ces idees sont aujourd'hui parfai- tement etablies en zoologie ; elles y sont meme , on peut le dire, devenues des verites tout h fait vulgaires et presque triviales. Mais , universellement admises r' i i i -^ ^ ■v i i sun LES GARAGTERES ORNITHOLOGIQUES. 449 en tlieorie, ont-elles ete toujours appliquees, tou- jours suivies dans la pratique? Et la classification repose-t-elle , en efFet , dans toutes les branches de la zoologie , siir une appreciation exacte de la valeur des caracteres employes ? En est-il ainsi , par exem- ple , en ornitliologie ? La classification des oiseaux a sans doute fait , de- puis quelques annees, de grands progres, dus aux travaux de MM. Guvier, Yieillot,Temminck, Vigors, et de plusieurs autres oriiithologistes (i). Gependant peut-on aflirmerque tous les caracteres generalement employes pour la distinction des ordres, des flimilles etdes genres, aient reellement une valeur ordinale sub-ordinale et generique? D'un autre cote, tous les caracteres dont la consideration ne saurait etre n&li- gee dans une classification vraiment naturelle , sont- ils employes par les ornithologistes et apprecies a loute leur valeur? C'est I'exainen de ces deux ques- tions que je vais entreprendre dans ce Memoire, en m'appuyant soit sur plusieurs faits deja etablis dans la science , soit sur un assez grand nombre d' observa- tions nouvelles qui me sont propres, et qui, rappro- clieesdes premiers, les eclaireront et les complete- ront tout a la fois. (1) Depiils la premiere publication de cc memoire, la classillcation des oiseaux a encore ete le sujet de plusieurs travaux remarquables. Tels sont, entre autres, ceux de M. Jourdan, directeur du niusee d'histoire naturelle de Lyon , et du prince Charles Bonaparte de Mu, sie-nano. ; sign an o 7.00I.0GIE GftNI^RALR 29 1 i L i" f \ .f % I tiA !M m i t 'm ii >■ 4 ^ I I M\ > i * i I K ^^1 I ( V-i I '^1 45o CONSIDERATIONS 1 I Devant passer en revue les principaux caracteres que ron emploie en ornithologie pour la distinction desgroupes ordinaux, sub-ordinaux et generiques, et oblige de me renfermer dans les limites d'un simple memoire , je me bornerai ici k I'indieation succincte de ceux de ces caracteres qui sont generalement bien connus et apprecies, et j'insisterai seulement, pour les soumettre a une discussion plus ou nioins eten- due , sur ceux qui ne me paraissent pas avoir ete suf- fisamment etudies , ou dont Fimportance me semble avoir ete ou meconnue ou exageree. i ' K m I. DES CARACTERES FOURNIS PAR LE BEC. Les caracteres fournis par le bee, traduisant k Vex- terieur les principales modifications de Tappareil de la nutrition, ont ete regardes de tout temps comme tres-importants , et le sont en effet; mais , comme on va le voir, il s'en faut de beaucoup que leur valeur relative ait ete toujours appreciee avec exactitude. * ■ V Variations de la forme generale. Elles fournis- sent , en general , des caracteres generiques excellents en eux-memes, et qui ne laisseraient rien k desirer s'il n'etait malheureusement tres-difficile , dans une mul- titude de cas , de les exprimer avec precision. Ces caracteres , sauf quelques exceptions de detail , sont d'ailleurs apprecies k leur juste valeur, et il est abso- lument inutile d'insister ici sur eux. I - e \ i i SUR LES CARACTKRES ORNITHOLOGlQUES. 45 r J^ariations de la structure. Les caracteres que I'oi peut deduire de la structure de I'etui come du bee out ete generalement negliges. Cette structure est ce- pendant susceptible de quelques modifications qui presentant a la fois d ment igues par le reste de leur org peuvent fournir de veritables caracteres generiques. Ainsi I'etui corn^ du bee est, dans la plupart des oiseaux, d'un tissu tres-serre, tres-compacte, tres-dur : dans d'autres , ce tissu devient au contraire tres-peu ' nse, plus ou moins mou, et quelquefois translucide. C que Ion voit, par exemple, pour les pas dans le genre Langra jen ou Ocypt^re ; pou I'ordre des oiseaux de proie , chez le rapports de la structure du bee de ces dernier^ leurs habitudes , si analogues a celles des vaut sont trop evidents pour que j'insiste sur eux. lis firment, par une preuve de plus, la valeur Les grande d enre de meme question dans les traites d dont il n est pas Existence de dentelures sur les bords des man- dihules. Un assez grand nombre d'oiseaux presen- tent, sur les bords de leurs mandibules, des dente- lures dont la forme, la disposition, mais surtout le nombre , sont tres-variables . Ainsi leu est quelquefois indet Dans ce cas, les mandibules peuvent ^tre dentelees meme sur toute leur longueur. Cette modification , k laquelle on a quelquefois attribue une grande valeur, % m i ill i I I 1 I 4 \ 1 { i \ »', i ^ i T^ ' \ in iH' '- n 4} ^ .5 i ■ 1 ij. Iff r / i^ ■n i I 11^ ^^^l i I «kf A HI m 452 CONSIDERATIONS est incontestablement plus ciirieiise que reellement importante, et, loin de pouvoir fournir un caractere d'orclre ou de famille, ellene peut meme avoir touj ours une valeur generique. Elle est, en effet, sans influence sur les habitudes des oiseaux qui les presentent, au moins sur celles d'une partie d'entre eux , par exem- 4 pie , des toucans ; ce que j'ai constate soit par I'obser- vation d'un toucan vivant , soit par la comparaison des divers ages des toucans et des aracaris qui par- viennent presque jusqu k letat adulte, ainsi que je ra'en suis assure, avant que leur bee presente aucune trace de dentelures. Le defaut d'importance de ces dentejures, comme caracteres generiques, est d'ail- leurs etabli positivement par T existence de quelques genres evidemment tres-naturels, et comprenant ce- pendant des especes a bee en scie et d'autres k bee non dentele. ^ Au contraire, le nombre des dentelures est quel- quefois determine, II en existe alors une ou deux au plus de chaque cote , soit a la raandibule superieure seulement, soit aux deux mandibules : dans ce der- nier cas , celles de la mandibule inferieure sont tou- ■ F jours moins marquees. L'une et I'autre de ces modifi- cations s'observent cliez les oiseaux de proie dits nobles y ou les dentelures ont depuis longtemps fixe Tattention, et portent specialement le nom de dents. Ces dents etant , dans ce groupe ornithologique , en nombre rigoureusement determine et toujours tres- fortes , leur utilite etant d'ailleurs ici tres-reelle, leur / t I, ' 4 r , "^^^aW^ m 1^. i ^ I SUR LES GARACTERES ORNITHOLOGIQTJES. ice et leurs modifications doivent etre pi 453 / portantes que celles des dentelures en nombre inde termine dont nous venons de parler , et fournir d r bons ca] G'est en :acteres pour la: determination cles gem eJOfet , malgre I'opinion contraire de quelq auteurs, ce que confimient des observations f il y a quelques annees par un savant ornitholog M. de la Fresnaye , et ce que d' propres achevent autres qui me de mettre hors de doute. D part, en effet, M. de la Fresnaye a etabli deja indique par Nauman (i) , que le gerfaut fait rellement le bee dente comme Veri-eur generalement admise ns, et que id vient de I'habitude qu'ont les fauconniers de limer les dents du bee de cc redoutable oiseau. II suit de la que I'exis- tence des dentelures mandibulaires est un caractere plus general qu on ne Tavait cru , et qu il appartient sans aucune exception k tons les oiseaux de proie no- bles. D'un autre cote , je suis niaintenant en mesure de prouver que le nombre meme de ces dentelures est loin d'etre sans importance. J'ai en effet constate , par la comparaison de toutes les especes d' oiseaux de proie nobles , que celles qui ont le bee unidente, presentent seules le systeme alaire que Guvier, M, Temminck et les autres ornithologistes attribuent au groupe tout entier : celles qui ont le bee bidente, ont au con- i»— • 1 (i) Histoirc nalurcUe des oiseaux cVAllemagnc , t. I > 1 i *> I ( * * -^ ft . .i * « !1 \ \ \M\ I u ! \ w^ !|4 \ n V i I i^.'l J ( .\ k 454 traire les CONSIDERATIONS ganes du vol etablis sur un typ seuleraent different, mais meme presqiie directement inverse I Existence deck sur les bords des mandibules. EUes peuyent etre, comme les dente lui 'es, eD nomb ■mine ou en nombre de termine. Je ne m'arreterai pas sur les echancrures ei nombre indetermine , qui coexistent necessairemen avec une serie de dentelures , et sur lesquelles je n'a rien a ajouter a ce qui a ete dit plus taut. Lorsque les echancrures sont en nombre determine de cliaq t pte generalement qu'une ou deux au pi 3te ; encore ce dernier nombre ne se tro ve-t-il que parmi les oiseaux de proie bidentes. II pent exister des echancrures a la mandibule inferieure , et il en existe meme dans un tres-grand nombre de pas- sereaux , quoique aucun auteur n'en ait fait mention : mais il est beaucoup plus commun encore d'en obser- ver a la mandibule superieure , et tellement , que le nombre des oiseaux k bee non echancre surpasse k peine le nombre des oiseaux h. bee echancre. L'extr^me frequence de ce dernier caractere dans la serie ornithologique est pour nous un premier mo- tif de chercher a apprecier sa valeur avec toute I'exac- titude possible : nous en trouvons un second dans la haute importance qui lui a ete attribuee par presque tons les zoologistes modernes , et specialement par Cuvier. On sait, en effet, que dans la methode orni- thologique que ce grand naturaliste a etablie dans le ' I ( * \ 1 , flt . li'^ M ia^r^r / I ! 4 :i SUR LES CARACTERES ORNITHOLOGIQUES. 455 r Regne animal, et qui dep generalem adoptee , le groupe des passereaux , qui comprend 1 lui seul plus de la moitie des oiseaux connus , es divise en cinq grandes sections ou sous-ordres , de nommes /• g qu'il suit : dent conirostres , tenuirostres srndac t/les. De ces cinq sous-ord res , le premier, qui est de beaucoup le pi d precisement pour tere general I'existence d'une echancrure de cliaque cote de la pointe du bee : caractere auquel se trou- vent par consequent subordonnees toutes les modifi- cations que peuvent presenter, parmi les dentirostres, les pieds, les ailes , les organes des sens et le bee lui- meme , considere dans sa conformation generale. Or , ce caractere a-t-il en elFet la haute importance qui lui a ete attribuee ? Malgre I'autorite de I'illustre du Regne animal puis m'empecber d'emettre une opinion contraire,basee, comme grand nombre de faits deja etablis d'observations nouvelles; observa- >nduit k ce resultat , qu va le voir, sur un dans la science et ^.^ ^^. , . k ce resultat , qu'il est des families ou les caracteres des echancrures mandibu- lakes sont meme absolument sans valeur. Pour traiter ici la question d'une maniere com- plete , j k examiner : 1° si le echancrures mandibulaires est en effet d'u tance superieare a celle de tous les autres ^ en d'autres termes, s'ildoit etre sabordon d , ou si ceux-ci doivent lui etre subordo sre des mpor- 4 I I H 4 w i i« : i. '^:■ I '1 ^ « i i ' ?i i f |i ,; H r ff t n 4U1 I Kt ♦ \ 456 CONSIDERATIONS \ ;tere ne reunit pas des etres tres-eloignes par pports naturels; 3° si, enfm, il n'eloigne pas des autres des etres lies intimement par emble de leur organisation. Mais, oblige de me r J fermer dans les limites d'un born simple memoire, trailer avec quelq detail ce point, parce que je crois pouvoir en don ner une plete, quelle em brassera veritablement celle de toutes les parties de 1j question. Ainsi , pour rappeler d'abord quelques faits deii blis dans la d yap! Pl oiseaux lies intimement par I'ensemble de leur ganisation, et qui cependant se trouvent, selon la ification du Reg animal, separes par d menses intervalles, parce que les uns ont le bee echancre, d'autres non ecbancre. L'exemnle le plus 4 r ■•-' — ' w citer, est celui des cliocards lels se trouvent intercales , c'est-a-dire un cinquieme de tons les genres composant la serie ornithologique. et des craves, entre lesq jusqu'a soixante-six genre Les seaux les chocards pendant des 01- qu'ils ofFrent exactement , sauf quelques differences dans la conformation de memes caracteres generiques ( i ) ; bee de meme taille et de meme et ont (I) Plusieurs omithologistes , M. Temmlnck entie autres, les ont t ■ * * ■ meme reunis genenquement. 1 I I .1 1 I r H -V E I )4 * (' r SUE LES CARACTERES ORNITHOLOGIQUES. 457 les riiemes habitudes point que le Get ;t le chocard d'Europe vivent dans les memes et se Yoient frequemment par troupes compo- la fois d'individus des deux especes, exemple , auquel je pburrais ajouter quelques autres faits analogues, rend, ce me semLle, aussi evidente que possible cette proposition , importante , dans I'etat present de la science, pour la classifica- tion ornitliologique : deux genres , tres-vois'ms par I ensemble de leurs rapports naturels ^ peuvent differer cependant par le bee echancre dans run. ch non ecnancre d I Mais il des ech : des gi especes y a pi 'S tres-naturels peuvent prest bee echancre , ^autres a bee us en- qui p consequent 1 voulait suivre rig la lettre des classifications au lieu de se penetrer de leur esprit , appar draient, quoique evidemment coi S a c 1 Lis-ordres difTe \ Je citerai en / premier genre Mainate , d'apres Cuvier lui-meme , qui la seconde edition de son Regne animal (i), e la bonne foi d'un liomme voulant avant tout \ ve- gnale cette exception aux donnees generales de sa class (1) Tomel, p. 377. . Rien ne doit etre plus desesperant pour les methodistes, ajoute Cuvier, que cette differep^e de tec dans des oiseaux si semblables. » I i \ \ w i i \ If J 1 i I ^4 i I \ f i I I m .4i ^ i } h^ t *1» , V m n I \ y. ^ \ n II *«^ f 458 GONSIDEKATIONS II est vrai que cette exception , alors unique et pre- itee par un genre aussi singulier et aussi anomal ^ AYch que celui des Mainates , devait peu ebran- ler la conviction de notre illustre zoologiste sur I'ex- cellence d'une classification d'ailleurs conforme a tant r ■ ■ ^ d'egards a I'ordre naturel. Mais il n'en est plus de meme aujourd'hui. Bien loin que le fait presente par le genre Mainate soit une exception unique , il se trouve en parfaite liarmonie avec les resultats de mes obser- vations sur les genres les plus voisins, c'est-a-dire sur les Corvus et Paradiscea de Linne. J'ai retrouve en , r efl'et des echancrures niandibulaires , assez peu mar- qiiees, il est vrai, chez im nd nomLre d c le groupes ou elles h'avaient point lees J tels que le paradis sifilet , plusieurs corLeau: proprement dits 5 un grand nombre de pies et d S D ce 1 genre, qui me parait sur- tout lier intimemeiit les Corvus de Linne aux La- ^ - nius (i), les ecliancrures sont meme presque con- stantes. Yoici done un groiipe ornithologique tout entier dans lequel les echancrures mandibulaires dis- paraissent d'une espece , peut-etre meme d'un indi- d peuvent tout au plus fournir d de del I (l) Je crois avoir clemontre de la maniere la plus positive , dans le premier fascicule de mes JStndes zoologiques , que le groupe des Lanius et celui des Corpus sont lies entre eux si lutimement qu'on peut a peine les separer avec quelque precision. / L < \ \ Tt-^ mi '^--^-^- i \ SUR LES CARACTERES ORNITHOLOGIQUES. 4^9 J'ai retrouve aussi un fait analogue dans un autre groupe place par Cuvier , comnie celui des Corvus , dans le sous-ordre des conirostres. Je veux pailer des mesanges, dont une espece m'a presente, du moins daps quelques individus , une echancrure assez dis- tincte. Cette espece est la mesange de Nanquin. De tous ces faits, je crois pouvoir deduire ces re- sultats : que les caracteres tires de la presence ou de I'absence des ecliancrures mandibulaires n'ont pas, k Leaucoup pr^s , toute I'importance qui leur a ete at- tribuee ; et que peut-etre , dans quelques genres , ils n'ont pas meme une valeur specifique. Du reste , ie suis loin de pretendre que dans d'au- groupes , ces caracteres ne p rand avantaece nou avec le plus forand avantaffe DOur la d determination des genres , ainsi que I'a fait si souvent et si liabilement I'illustre auteur du Regne animal. L' observation a en efFet des longtemps appris aux L H naturalistes que des caracteres , constants et vramient essentiels pour certaines families, deviennent dans d'autres des modifications oreaniques depourvues de nfluence, fugitives presque d'une espece : ne pouv?int plus servir de base a aucur sid _> J'ai a peine besoin de dire , en terminant ce para- graplie, que les observations nouvelles , dont je viens de presenter le resume , out pour consequence la ne- cessite de soumettre a une revision la metliode orni- tholosique la plus generalement adoptee, et de lui / 4k % i $ i 1 1 I \ \ '» "; I ! i . \ ■ i 4 i U«« I k If ^ ? T t 4 II i i V. / 1 tf i ■-• '^r -.I ^ X- ... .\:'. ■mi ^%m m i i*i F 1 ¥» V ^ r*" - ff I '■» / \ 460 CONSIDERATIONS faire subir de graves modifications en ce qui concerne la classification des passereaux. Nous verrons bientot que d'autres faits tendent egalement a demontrer la necessite de modifier la metliode de Cuvier, mais non , comme I'ont pense quelques auteurs guides par des considerations d'un ai^tre ordre , celle de la reje- ter ou de la renouveler presque entierement. Malgie les imperfections que je viens d'etre oblige de signa- ler malsre celles que Charles Bonaparte a notees de (i), et que pourront aussi relever d 'S methode thologique du Reg pas moins celle qui exprniie les rapports et rencliainement naturel des families. Les progres futurs de la science exigeront seulement que Ton cherche a faire pour Cuvier ce que Cuvier a lui-meme fait pour Linne, cest-a-dire a conserver, en perfectionnant , s'ilsepeut,les details, I'ensemble d'un edifice fonde sur une appreciation savante des affinites des etres et sur une connaissance approfon- J die de leur organisation (2). r (0 Voyez Touvrage que ce celeb re ornithologiste a public sous le titre S^Osservazioni siilla seconda edizione del regno animalc. (2) Voyez , dans la premiere partie de cet ouvrage , p. i35 et suiv., les remarques que j'ai presentees sur Tensemble de la classification de Puyier. -k r-- u t J I \ \ - i. V . . i f i ti - ■ h I " J SUR LES CARACTERES ORNITHOLOGIQUES 46 1 11. I r-' \ < 4 DKS CARACT^HES FOUKNIS PAR LES ORGANES DES SENS ET PAR LES TEGUMENTS. V Je passerai rapideme ces caracteres, yant que peu de remarques nouvelles a presenter leur egard. Onmnes du gout. J'ai signale dans un autre 11 existent entre travail (0 les rapports generaux qui existe: la conformation de la langue et celle de reil dentaire. Ces rapports se retrouvent clie ppa gre les condit ciales des parties qui cliez eux represeritent les dents. II n'est en efFet aucune modification , reellenient im- portante , de la langue, qui ne coincide avec une mo- dification remarquable du bee , et qui par consequent n appartienne en propre a une famille ou k un genre particulier. II me suffit de citer comme exemples les perroquets , les pics , les toucans, les mot-mots et les plienicopteres , tous egalement caracterises et par les ditions de leur langue et par celles de leur tec. Or^anes de lodorat. La forme des narines , leur con leur disposition , peuvent presque eg fournir de bons (l) Considerations generates mr les mammifires p p* l4^ ^ '4^; V H^ I \ \ . ^ i 5 f«|f '■ i % ' J ' - f m H « 1 I ^ 4 * U t */ *_- r^ ;';^.:i. ■■<-:■ J^ ^ mif lt|*f f»l( 1- 41 I !■' i . f m tf> r m 1 I 462 CONSIDERATIONS Quant h la forme , les narines peuvent etre rondes, ovales, ou lineaires. En coniparant entre eux, sous ce rapport, un tres-grand nombre d'oiseaux, on voit que, dans le meme genre naturel , les narines peuvent etre rondes ou ovales, ovales ou lineaires. Mais j'ai ^ constamment trouve que les genres composes a la fois d'especes k narines rondes et d'autres k narines li- neaires , c'est-a-dire presentant les formes diametra- lement opposees, etaient etablis artificiellement , et devaient etre subdi vises. Les differences de situation et de disposition des iiarines fournissent , lorsqu'elles sont bien tranchees , de bons caracteres fort anciennement employes dans la science. Aussi me bornerai-je k insister sur ceux par lesquels Liiine et les anciens auteurs ont ca- racterise d'une nianiere tres-heoreuse le groupe des Corpus '^ groupe tres-naturel que MM. de Blainville et Temniinck ont cependant presque seuls conserve dans les nouvelles classifications. Organes de la vue. Le volume du globe oculaire est le seul caractere dont on fasse un emploi utile dans Tetat present de la science, et je n'ai rien a ajou- ter a son egard. La disposition des paupieres et la forme de la pupille ne nie sont point encore connues dans un assez grand nombre d'oiseaux pour que je puisse donner a leur sujet aucun resultat general. Organes de Toiiie. Ce n est guere qu'a la classifi-- cation des oiseaux de proie nocturnes qu il est pos- sible d'appliquer quelques caracteres deduits de la ^ \ I ^ SUR I.ES CAMCTERES ORNITIIOLOGIQUES. 463 consideration des organes de mais au moms valeur, et j dej k , dans dans cette famille une tres-grande r un autre travail , appele rattention des ornithologistes sur les modifications tres-importantes que presentent la conque auditive et le disque (i). l^eguments. Je ne crois pas iiecessaire de demon- trer ici, tant ce principe me parait evident , que des genres ne peuvent par le de veloppement soit de quelques parties du plumage , soit de quelques parties de la peau. Une mul-* titude de divisions generiques ont cependant ete proposees k diverses epoques d'apres de telles modi- fications des teguments , et plusieurs ont ete ad universellement. Sans insister sur le defaut d'impor- tance de tons ces caracteres deduits de Texistence de r panaches , de huppes , de caroncules, ne suffit-il pas de remarquer que la caracteristique des genres etablis sur de telles bases ne saurait meme , dans la plupart des cas , convenir a une espece entiere , les femelles etant tres-frequemment deiDOurvues , aussi bien que d d ■ Les caracteres deduits, a I'egard des oiseauj proie nocturnes , de V existence ou de I'absence aigrettes, n'ont reeilement pas plus d'importance , ait quelquefois subordonne toutes quoiq leur "■ I - I ^ ' (l) Voyez Remarques sur les caracteres et la classification des oiseaux dt proi^ nocturnes^ dans les Annates des sciences naturelles ■, t. XXI, T d: I ♦ • i \ ; I 1 1 I J r< i i i! ! I t ( 11^ i n ^ M ! mt' I4M ^^ < f >i m )i ft 4 h - 1 I S \ /!J64 CONSIDERATIONS les modifications que presente dans cette famille re niarquable Tensemble de rorganisation. Les faits pro noncent ici de la nianiere la plus positive : non-seu- ont les rapports le rettes especes t) r lenient des especes a plus intimes avec les cliezla chouette commune, on voit meme les aigrette manquer cliez la femelle et exister chez le male. G dernier se trouve ainsi , d'apres les definitions des au teurs, appartenir, non pas au genre dont son espec le typ genre Due quel il a en efFet ete souvent pi La disposition plus ou moins emplumee des pattes et I'arrangement des ecailles qui les recouvrent dam la portion nue , ont plus d'importance que les modi fications qui precedent; mais elles sont loin d'avoi qui est buee. au moins a gard des oiseaux de proie. Chez les rapaces eme . mais cliez eux seulement , des oisi telleo ensemble de leur organisation qu er dans la meme espece , < pourrait presque les ran presente les plus grandes diiFerences relativement I'etat emplume ou non emplume de leurs doigts c de leurs tarses. Ces oiseaux ont ete , pour ce seul nn tif , separes en des genres ou sous-genres distinct dont I'un , caracterise par des nudites moins etenduc se trouve comprendre les varietes venant du nord, I'autre, distinct par le caractere inverse, les varietes d pays cbauds. Je citerai comme exemples la chevecl Tengma]ji,lacbeYecliecommune,etlachevecliebram 7 V ^ • a i i T?^, X «* \ i /) ' t ^ SUR LES CARACTEKES OR]^IT1IOLOGIQUES trois semblables par I'ensemble de le )n , ajant la meme taille , presentant le 465 ouleurs, et p n'etre que de leg mo- difications d'un type commun , produites sous I'ir fkience de climats differents. En efFet, la cbevecl Tengmaln , qui vient du nord de I'Europe, est cc tous les animaux des pays froids , comme le plumes tres-molles et tres-abondantes , ct est fourre si je puis m'exprimer ainsi, jusqu'aux ongles ; la cb veclie commune , qui liabite i'Europe temperee , a plumage moins epais et les doigts converts seuleme cle polls et cle plumes rudimentaires tres-clair-se eiifin la cheveclie brame, qui vient de Tlnde, taises en grande partie nus. De la^ la repartition de ces trois oiseaux dans trois petits sous-genres aux- a les quels on ne po J caractere. Ill ^ BBS cakacti;res fournis par les ailes. I r En laissant de cote deux ou trois genres sur lesquels les anomabes multipliees de leur organisation ont appele Tattention des zoologistes de tous les temps , les ailes ne presentent guere que deux genres de va- riations; savoir, des variations cle longueur, et des variations de disposition. Tous les ornitbologistes ont reconnu que Timpor- tance des premieres est proportionnelle k leur eten- due; etils n'ont jamais manque, dans la caracteris- ZOOLOGIE GftNKUALE. 30 ) • J' N J ■ 1. i f 1 -•* i i« I it m^ « I 1^ / I ^T^^m \ ^4 ^' fl \ i i H 1 1 \ m I 1 ^66 CONSIDERATIONS tique des genres , de mentionner la longueur relative des ailes. Les caracteres , que fournissent la disposi- tion et la proportion des pennes , n'ont fixe I'attention I que plus recemment -. on peut dire cependant que ieur importance generique est aujourd'hui assez uni- versellement reconnue , et les ornithologistes les plus distingues de notre epoque ne manquent jamais, lorsqu ils donnent la definition d'un genre , d'y faire entrer I'indication de I'arrangement que presentent cliez lui les pennes alaires. Malheureusement cette indication n'a pas toujours ete donnee avec I'exacti- tude desirable ; ou plutot , On peut le dire au moins des travaux d'un tres-grand norabre d'auteurs, elle ne I'a ete, dans la plupart des families, que comme une consideration entierement accessoire , et a la- quelle on n'avait le plus souvent meme aucun egard. Aussi une grande partie des genres etablis dans la science comprennent des especes a ailes etablies sur un type, non pas seulemeut tres-different , niais meme directement inverse de celui qu'indiquent pour eux les auteurs , d'ou il suit que Ieur caracteristique est ■ L devenue extremement inexacte. Les nombreuses erreurs de ce genre, que je pour- rais signaler dans presque toutes les families, tiennent ^ deux causes. L'une d'elles est que les ornithologistes, lorsqu' ils ont k classer des oiseaux nouveaux , se deci- dent trop souvent , d'apres quelques rapports gene- raux de conformation , quelquefois meme d'apres le fades y tandis qu'une espece ne devrait jamais ^tre / I ! 6ifc I 1 / I SUR LES CARACTERES ORNITHOLOGIQUES 467 rapportee k un genre, sans que Ton cut constate, par une analyse rigoureuse, quelle en presente en efi'et tons les caracteres. D'un autre cote, ies principales variations de I'aile des oiseaux ri'ont peut-etre jamais ete embrassees , par les ornithologistes proprement dits , sous un point de vue general , et rapportees , comme il importe de le faire , h leurs types princi- paux. J'essaierai ici de remplir cette lacune. Lorsque Ton compare grand nombre d'oiseaux elles les ailes d'un ^ qu' elles peuvent presenter une foulede modifications, la plus long penne pouvant etre soit la premiere ou la seconde soit la troisieme ou la quatrieme , soit meme la cin- quieme. Mais , au milieu de toutes ces differences , il est facile de reconnaitre deux formes principales, deux types remarquables dont les conditions peu- vent etre exprimees par les noms d'aile aigue et diaile obtuse. Tantot, en effet, les premieres pennes sont les plus longues de toutes ; d'ou il suit que I'aile, lors- qu'elle est etendue, se terminepar un angle tr^s-aigu. Chez un tres-grand nombre d'autres oiseaux , au con- r traire , les pennes anterieures , et surtout la premiere , L etant tres-courtes , ce sont les pennes du milieu de I'aile qui sont les plus longues, et I'aile est alors comme tronquee ; elle se termine par un angle plus ou moins obtus. Ainsi, dans le premier cas, il y a decroissement depuis les premieres pennes jusqukcelles du milieu de I'aile : dans le second , il y a accroissement. Chez le plus grand nombre des oiseaux h ailes ai- *1H < ■4 4 J t I I r / ( tH * \ii M I ^ i \ r f t */, .1 «M Hi V' , 9 K y r fb 468 4 CONSIDERATIONS sues, la seconde penne est la plus longue de et par consequent surpasse la premiere et la trc peu pres esales : c est ce que I'on voit, par exemple, dans la plupart des oiseai de proie nobles. Mais deux modifications peuvent presenter : I'une , assez rare , consiste dans I'allong :le la premiere penne qui seconde ; d'ou resulte une eritabl d de I'aile aieue ordinaire ; c'est ce qui a lie par exemple, cliez les hirondelles , ou I'aile pent etre dite sur-aigue. II est beaucoup plus commun, au con- traire , de voir la troisieme penne s'allonger a I'egal de la seconde , comme chez les vautours, ou I'aile par consequent ne sera plus que suh-a'igue. L'aile obtuse presente egalement deux modifica- tions sur lesquelles il importe de fixer notre attention. Dans le plus grand nombre des oiseaux qui cetype, la quatrienie penne est la plus Ion de qui constitue pour nous I'aile obtuse pro- prement dite. Mais il est aussi des especes ou la cin- quieme penne egale ou surpasse la quatrieme, ce qui r d Taile plus obtuse encore que dans les preced sur-ohtuse. Dans d'autres oiseaux, au contr et meme chez un tres-grand nombre d' especes, c'es la troisieme qui devient egale ou superieure a la qua trieme ; ce qui rend I'aile sub-obtuse. Les variations de I'aile peuvent done etre rappor tees k deux groupes principaux subdivisibles de l maniere suivante : \ f < -I I. U \ \ 1 I ! * SUR LES CARACTERES ORNITIIOLOGIQUES 469 EXEMPLES : !• Aile sur-aigue. . -• • Les vrais langrayens, les vrais etourneaux, les colibris , les vraies hirondelles , les sternes, les fregates 2. Aileaisrue Les vrais faucons, les balbuzards. 3. Aile sub-aigue . 4. Aile sub- obtuse. . Le gypaete, plusieurs autres oiseaux de proie, et un grand nombre de passereaux. Les breves, les vrais kal^atoes. 5. Aile obtuse= .... Les aigles , et la plupart des oiseaux de proie i; dits ignobles ; un grandnombre de gallinaces. 6. Aile sur-obtuse. . . Les geais , les coqs-de-roche , la lyre , les tou- races, et un ;^rand nombre de gallinaces (i) . \ II et formes k peine besoin de remarquer que ^ 1 synoptique , dans ce blea dans un ordre tel, que cliacune d'elles difFere peu soit de celle qui ia precede , soit de celle qui la suit et fait le passage de I'une a I'autre. Les formes ex- tremes different au contraire considerablement , puis qu'elles ne sent pas seulement diverses, mais inverses Aussi pourrait-on etablir a priori que la differenc d une forme a celle qui la suit uTimeaiatenieuL ue suffit pas pour produire une difference notable dans levol, tandis qu'il en est toot autrement, si Ton compare entre elles deux formes placees, dans notre tableau synoptique, k quelque distance 1 C effet ce qui resulte des belles ob d'H G les oiseaux emploves (0 Voyez les planches II et III « * 1 I fi i^ I i 14 % 1 1^ ii •* 4 ^ t * t I if luf 'i- k 4 1 \ 4ii I i \ i t { I i|( m / . i ■V. fi i. . i. : t I 7 o eONSIDERATIONS fauconnerie, et des distinctions ^tablies, par celebre naturaliste , entre les rameurs ou especes de haut vol, qui ont les ailes aigues, et les voiliers ou especes de has vol, qui les ont obtuses. II est egalement facile de prevoir a priori que dans le meme genre pourront se presenter de legeres va- riations dans la conformation des ailes , mais jamais des differences assez importantes pour modifier le vol d'une maniere bien sensible. G'est encore ce que I'ob- servation confirme et demontre. La revision a laquelle j'ai soumis , pour eclairer ce point important de I'or- nithologie , une multitude de genres de divers ordres, et notamment tous les oiseaux de proie , m'a fourni precisement les resultats que j'en attendais , et nVa meme permis d'en donner Texpression la plus precise par les propositions suivantes. Deux formes voisines peuvent se trouver reunies dans les memes g encore n en est-il pas ainsi dans les genres qui, de Taveu de tous les ornitliolo gistes , sont eminemment naturels. II n est au contraire aucun genre base sur une res- semblance evidente de Tensemble de Torganisation genre vraiment naturel observ fois des formes d'ailes assez differentes pour n etre pas placees immediatement a la suite Tune de Fautre. Ainsi des esp gues sont quelquefoi congeneres d'especes k ailes sdit sur-aigues, soit sub- aigues, mais jamais d' especes k ailes obtuses, et reci^ proquement. De meme, des especes a ailes sul>obtuscs \ ¥i H / -^" J r 1-t d'^-^ < SUR LES CAHACTERES OBNITHOLOGIQUES. sont congeneres d'especes k ailes soit sub-aigues , obtuses, mais jamais d'especes k ailes soit sur-obt 471 g «« ues. Ce n'est pas que, dans plusieurs genres ornitholo- giques, tels qu'ils ont ete etablis par les auteurs, on ne trouve assez frequemment reunies des especes tres- difFerentes par leur systeme alaire , et quelquefois meme , des especes k ailes sur-aigues et d \ obtu Mais, dans tons les il ainsi , la necessite de subdiviser est facile a demon- trer , meme en laissant de cote les importants carac t^res que presente Fappareil du vol ; car, avec ceux-ci coincident constamment de nombreuses modifica tions , soit du bee et des organes des sens , soit de pieds , soit meme le plus souvent des uns et des autre k la fois. IV. r DES CARACTERES FOURNIS PAR LES PIEDS. Les modifications des pieds sont extremement nombreuses et varices dans la serie ornithologique , mais presque toutes bien connues et utilisees de tout temps pour la classification. Aussi n'insisterai-je que sur un seul point , la disposition des doigts , qui ne me parait pas encore avoir ete sufiisamment etudiee. Disposition des doigts. Sur les quatre doigts des oiseaux, que je designerai, selon I'usage, sous les \ I I 4 I i t * m. i A S f i I f -J 1 i t I I b ' f >l4 i ■- i I t , I <■ / . ,1 r / - 1. t 'fc- _ - J-iT ^^ _-^l V tVt! n / i\ * i t .r ^ ^ CONSIDERATIONS /' d' interne, de median , d'externe et depouce St deux , I'externe et le median , dont rexistenc( astante ; deux , 1' interne et le pouce , qui peu manque ensembl qui n a lieu que chez I'autruche, soit separement. L'interne, lorsqu'il existe, et le median sont cor stamment, I'externe le plus souvent, et le pouce trei rarement, diriges en avant. Toutefois les martine ne sont pas les seuls , comme on I'a dit si souveui qui presentent ce dernier caractere, le pouce etai chez la plupart des pelecanus de Linne , aussi hie que chez ces passereaux, dirige, sinon completi ment en avant , au moins en dedans. Le pouce est constamment distinct des autres doig dans la presque totalite de sa loni^ueur. II en est c du doigt interne, si Ton excepte lesjacai on du median et surtout de Texterne, do bles y et pouvant fou nir de nonibreux et excellents caracteres, doivent etre etu- dices avec soin. Ce dernier doigt pent presenter quatre dispositions, dont I'une, tres-remarquable en ce quelle fait le pas- sage de la premiere aux deux dernieres, a complete- ment echappe h la plupart des ornithologistes , et n'a ete indiquee que tres-legerement par les, autres. La plus commune , et I'on pourrait dire la plus reguliere de ces dispositions, est celle ou le doigt externe, bien distinct dans la presque totalite de sa longueur, est dirige en avant comme l'interne , et sensiblenient I Ai 1 J rf J^^^ f A. * \ y SUR LES' CARACTERES ORiXirHOLOGIQTJES de meme longueur que Gette disp qui d le pied symetrique , se retrouve environ dans les euf dixiemes de la serie ornithologique (i). Le cas le plus rare de tons est , au contraire , celui ou 1 doigt externe , conservant la meme disp generale , devient beaucoup plus long que 1 interne ; caractere que j'ai trouve cliez les picucules et dans tous les genres qui se trouvent lies avec eux par des rapports vraiment intimes. F I (i) Le pied est de meme symetrique chez quelques oiseaux tridac- tyles . et chez plusieurs de ceux qui ont deux doigts en ayant et deux en arriere. On peut done dire que I'immense majorite des oiseaux a le pied symetrique et regulier, etque la forme asymetrique, irveguhere, que presente le pied dans quelques autres , est exceptionnelle , et cou- stitue en quelque sorte une deviation du type essentiellement normal. Cette remarque peut etre rendue beaucoup plus generale. Par exemple, en passant en revue la serie des mammiferes , on trouvera que les huit dixiemes environ de ces animaux sont etablis sur Tun des types suivants , types tous egalement reguliers et symetriques : i^ cinq doigts dont le median est le plus long , le second et le quatrieme plus courts, les deux extremes plus courts encore ; a*» quatre doigts, dont les deux medians plus longs, les deux extremes plus courts ; 3« trois doigts, dont le median plus long, les deux lateraux plus courts; 4*^ deux doigts egaux; o° un seul doigt symetrique : d ou il suit que Textremite du membre peut presque toujours etre divisee par un axe longitudinal en deux moities analogues entre elles. Ce fait general , qui na point encore ete etabli, est un des nombreux exemples par lesquels je crois pouvoir demontrev de 1 niere la plus complete ce que j*ai nomme ailleurs la loi de parite, et etablir qu une tendance tres-marquee a la symetrie se manifeste ega- lement dans toute la serie zoologique ( meme parmi les etres regardes comme les plus asymetriques ) , soit a Tegard des animaux eux-memes, soit a regard de leurs organes. Voyez , a ce sujet , mon Histolre gcnc^ rale des anomalies^ t. I, p. AoQ et !Sq. a ma- V. i J r \ \ 1 \ i \ I #' ' X ^ X ■> X i <* { X I I t jgy »* .*■ 1H m I iflif i^ / I r t: '^ r ** r h i ill i t \ 4 CONSIDERATIONS Enfin on voit chez d'autres oiseaux le doigt externe ut en conservant la meme conformation generale e ; memes proportions que cliez les picucules , pre [Iter deux dispositions tres-differentes I'une de I'au 3, c'est-k-dire se diriger en arriere , comme cliez le , ou bien se souder dans un perroquets et grande partie 1 c pics t) gt median. De ces deux dispositions , la premiere a valu aux oi seaux qui la presentent le nom de Zjgodactyles , 1 seconde le nom de Sj'ndactyies. La modification qui caracterise les zygodactyles a -t-elle une celle impo q caracterise de beaucoup sup sjndactyles ? En d termes, les fails confirnient-ils ropinion d'un grand nombre d'auteurs, et de Cuvier lui-meme, qui eta- blissent pour les zygodactyles un ordre k part , et qui SI on de font des syndactylcs q simple div r ordre des passereaux; division quils placent sur le nieme rang que le groupe des tenuirostres ou celui es fissirostres? Je ne puis ici demontrer, comme je ( crois avon^ r k le faire dans le cours d S ie du Museum (en placant a la fois un grand nombre d' oiseaux sous les yeux de mes auditeurs), que le groupe des zygodactyles et celui des syndactyles for- ment deux series paralleles, presque entierement composees de genres reciproquement analogues (i). i (i) Cette proposition n est point du tout , comme elle peut le pavaitre au premier aspect , en contradiction avec ce que je dis plus bas de la I ■^-^ - ! 1 I SUR LES CARACTERES ORNITHOLO&IQUES 475 Mais je crois du moins pouvoir etablir que ces deux groupes sont egaux entre eux en importance , et doi- 4 ■^ I 4 necessite de placer les zygodactyles a la tete des passereaux. Les diverses especes d'un genre, les divers genres dune famille, les diverses families dun ordre, et de meme encore les divers ordres dune classe (et il en serait encore ainsi des groupes d'un rang plus eleve), forment presque constamment , d'apres des recherches que j'ai deja pu etendre a quatre classes zoologiques (les trois premieres des vertebres et les crustaces), des series manifestement paralleles a celles qui les precedent et h, celles qui les suivent, comprenant des etres fort analogues a ceux que renferment celles-ci , mais etant cepeiidant dans leur ensemble inferieures aux pre- jjiieres, superieures aux secondes. La serie superieure et I'inferieure ont, ^ en effet , si je puis employer cette expression a la langue des matbe- ^ maticiens , beaucoup de termes communs. Mais les premiers termes de la serie superieure n ont point d'equivalents dans I'inferieure , et les der- niers de Tinferieure sont egalement sans analogues dans la superieure- Ainsi (et peut-etre ces idees un peu abstraites paraitront-clles moms obscures, exprimees sous cette forme), si la premiere serie est represen- tee par les lettres a,b , c, d, e (la lettre a indiquant les etres les plus eleves en organisation, et e\ c-eux qui sont places le plus bas dans Teclielle animale), la seconde le sera par & , c , J , e , /, la troisieme par c, d, e ,f, g , et ainsi de suite. II est evident que ce seront la autant de series , se composant en partie de termes communs et pouvant etre dites paralleles, mais auxquelles on pent cependant assigner des rangs inegaux, puisque cbacune delles s eleve moins haut et descend plus bas que celle qui la precede. Ces idees , que je ne puis indiquer ici que d'une mauiere sommaire et par cela meme obscure, ont ete ailleurs, non-seulement exposees avec plus de soin , mais appliquees jusque dans leurs dernieres consequences, en sorte qu'il estaujourd'hui facile a chacun de les apprecier a leur juste valeur, pour peu qu il veuille bien faire une etude attentive de tous les elements de la question. En effet, la classification des monstruosites unitaires et composees que j'ai donnee dans les tomes II et III de m'on Hlstoire gencrale des anomalies , est essentlellement une classification parallelique , cest-a-dire rigoureusement fiutc selon les vues qui vien- ncnt detre indique^s. I ■ b r- I I / 4 I 4 } \ ■ > 1 I \ i 3: } i A I It. i 4 / V%\ ..1 t 11 k M 5 I f '-\ .* h ■ 1 i r Si (t 4. 476 CONSIDjfi RATIONS le § dans la classification, la de Tun cVeux, les zygodactyles , ayant geree, et celle de 1' autre, les syndactyles, appreciee r au contraire beaucoup trop has. Et d'abord, quant odactyles, le qui les reunit a-t-il une grande importance? Gliang t-il essentiellement en grimpeurs tous les oiseaux qui le presentent ? Non, sans doute, puisqu grand nombre de zygodactyles ne gnmpent pas, niais sautent et se perclient a la maniere des passereaux L ordinaires, et que, dun autre cote, un grand nwiibre de passereaux ordinaires grimpent tout aussi bien que les Js perroquets et les pics, Ce caractere est-il au moins bien tranche ? Les oi- seaux qui le presentent diiferent-ils beaucoup de ceux qui ne le presentent pas? Cest encore ce qui n'a pas J'ai deja fait remarquer, en efFet, que d form tion generale du doigt externe lui-meme qui fo le caractere difFerentiel. Tout le monde sait d'ai] que , dans plusieurs genres , le doi pe de I'oiseau se porter et cela a lieu , non pas les niusophages , dont pports ], mais aussi cliez plusieurs oiseaux de pr 5. Ajoutons enfin qu'il y a sans aucun doi perroquets et les beaucoup lus de d zygodactyles ordinaires , ces essentielles qu entre I 1 i .^rjM.± ^i-«*— AU-r^ I }3li Cl SUR LES CARACTERES ORNITHOLOGIQUES i et le reste des passereaux , ainsl que 1 ia M. de Blainville et plusieurs aut 477 logistes distingues. II est done bien evident que la retroversion du doigt externe est loin d' avoir toute I'importance qu'on ttribuee; quelle n'indique, entre les lesquels observe, ni une confo generale d'organisation , ni une analogie de mceurs et d'habi tudes. Par consequent , elle ne pent en aucune fa ser un ordre. que Ton a attrib roupe des syn- dactyles, n'est-elle pas au contraire trop faible? Ne surpasse-t-elle en rien celle des autres divisions etablies parmi les passereaux , c est-a-dire les tenuirostr G derniere question etant ainsi posee , je ne crois pas qu'il soit possible d'hesiter meme un seul instant sur Tout le monde sait que les les tenuirostres passent les notam par les merops, upupa etparadiscea de Lmne ; uns et les autres, de meme que les fissirostres , jamais ete distingues d'une maniere precise des le defaut d'echancrures au que r absence des dentirostres que par bee. j'ai montre plus liaut echancrures n'est pas , comme on Tavait pense general pour P quent , j'ai etabli k I'avance I'impossibilite de cir- )nscrire nettement le groupe des dentirostres , par ipport aux sous-ordres suivants. J'ai h peine besoin 1 \ ! A \ > « ;■ i : \ r 1 -t 1 f I / f '^ f^ II V \ n^m li r«i| *H^ 1 ■ f: i r. t / s ^ i 4 1 ■^ i J : 478 CONSIDERATIONS ■ > d'ajouter que les syndactyles forment , au contraire , une division Men mieux trancliee, soit que Ton ait egard specialement au caractere tire de la disposition de leurs doigts , soit que Ton considere Tensemble de leur organisation et de leurs habitudes. Ces iderat ons , et plusieurs autres que j'in- Yoquerais k leur appui, si je ne les croyais veritable- ment superflues, montrent dans les sjndactyles ur groupe d'un rang tres-superieur k celui qui leur avail ete attribue , et , par suite , conduisent a proposer ur autre changement dans la classification de Guvier La serie ornithologique nous ofFre quelques exemple; de genres remarquables en meme temps par la sou- dure partielle de leurs doigts externe et median el par leur bee ecliancre ; en d syndactyles et dentirostres. fois devront etre I . A quel groupe de pportes ? Faudra les placer parnii les dentirostres ou les ranger parnii les syndactyles? Subordonnant implicitement le carac- tere de la soudure des doigts k celui de I'existence des echancrures mandibulaires , Cuvier et presque les ornithologistes , meme ceux qui ont generalement suivi d'autres principes de classification , ont adopte la premiere opinion. Les considerations que j'ai presentees plus haut, et qui me font voir dans la soudure de deux doigts un caractere superieur en importance k fexistence de pe- tites ecbancrures au bee , m'obligent , au contraire , d'adopter la seconde, que j'ai ete heureux y 1 I I I H U - - b — * ■^ "-v % \ SUR LES CARACTERES ORNITHOLOGlQUES. 479 I, pour voir confirmee de la maniere la plus posi- tive par la decouverte de I'Eurycere (i). Ce genre remarquaLle lie en efFet d'une maniere intime, comme I'indique son nom , les huceros de Linne, ou les calaos , avec les eurylaimes , I'un de ces groupes de syndactjles k bee echancre que Ton a places parmi les dentirostres. Mais il y a plus encore. Les Lords de la mandibule superieure de I'Eurycere presentent une ecliancrure large et obtuse , qui , par sa disposition et son etendue, tient exactement le milieu entre ce I qu'on observe , d'une part chez les pipra et les eury- laimuSy et de Fautre , chez plusieurs especes d^alcedoy formant aujouvd'hui de petits sous-genres , entre au- L tres chez le cboucas et chez le dacelo macrorhinus de MM. Lesson et Garnot. Les premiers ont , en efFet , des echancrures semblables k celles de la plupart des passereaux insectivores ; encore celles des eurylaimes commencent-elles k etre peu marquees et obtuses. Chez les seconds , au contraire , les bords des mandi- bules presentent de chaque cote une sinuosite pro- fonde, un enfoncement que la connaissance que nous avons maintenant de I'Eurycere , conduit k regar- der, quelque different qu'il en paraisse au premier aspect , comme une echancrure , a la verite modifiee devenue extreme- d'une maniere remarquable, et ment obtuse. / (i) Cest a M. Lesson qu est d« Vetablissement ik \ i r I 4 ■ « ■-t I --. ^ > ^J" # 4 , r , I f J rJ- t H .>* ^ i*. 480 CONSIDERATIONS Les applications que Ton peut faire cles remarqucs precedentes a la classification ties oiseaux, et que j'ai deik tentees en partie, sont tres-nombreuses. D rimpossibilite ou je suis de les indiquer toutes ici (c qui me conduirait a remanier dans son entier la clas sification ornitliologique , et m'entrainerait ainsi dan ir I'execution duquel je n'ai point en po core reuni des materiaux assez nomJjreux ) , bornerai h indiquer les principaux resultats q obtenus en ce qui 1 esultats pouvoir presenter comnie des rigOLireusement deduits des faits et des remarques qui precedent. I Le groupe des zygodactyles ou grimp tue pas un ordre distinct, et doit eti ne aux passereaux. 2** L'ordre des passereaux se partage naturellement en trois grandes sections ou sous-ordres^ caracterises de la nianiere suivante ; I IS A- Doigt externe (i) dirige en amere. ,. . B. Doigt externe dirige en avant et soude. C. Doigt externe diri2:e en avant et libre. . . Les Zygodactyles. . . Les Sylndactyles. • . Les Deodagtyles (2) . } (1) Les auteurs definissent ordlnairement les zygodactyles des oiseaux ayant deux doigts en ayant et deux en avriere. Cette definition est a pen pres equivalente, pour la plupart des cas, a celle que je donne ici^ mais elle est tres-inexacte a Tegard de plusieurs genres tridactyles que Fensemble de Icurs rapports place parmi les zygodactyles. La caracte- ristique que je donne ici, est au contraire constamment applicable. (■2) Je siiis oblige d'eniployer ici un nom nouyeau , qui , au r^ste , X ^ ■" t. r T^ r^j ^ >• *. I SUR LES CAMCTERES ORNlTHOLO&IQUES 3« Ces ordres, comprenant 48 1 grand nombre de genres , pourront etre et seront utilement suLdivises en groupes secondaires ; groupes qui mal- f heureusement seront toujours pen distincts et mal limites. Ainsi les syndactyles pourront etre partag^s r exprime bien le caractere dii groupe auquelje Tapplique, et est en par- faite analogie avec les autres termes consacres par Tusage. Le mot deodactyle , dceodactylus , est en effet forme des mots S'iK.rrVKo^ , doigt, et cTct/a), je divise ^doigts di vises ). II correspond done au mot fissi- dactyle qu un savant ornithologiste a recemment propose , mais que le vice de son etymologic ne permet pas d'admettre. Cette division des passereaux en trois groupes principaux est celle que j'aisuiyie dans tons mes cours d'ornithologie , depuis la premiere publication de ce memoire ( iSS-i ) , et chaque annee m'a convaincu de plus en plus des ayantages qu elle ofFre pour Texpression des veritables rapports naturels des oiseaux. Je nai cesse d'ailleurs, soit relativement atix coupes d'un ordre inferieur , soit par rapport aux groupes supe- rieurs, d'introduire dans la classification ornithologique les change- ments que me parait reclamer son etat actuel. Mais, soit en ce qui concerne les oiseaux, soit meme en ce qui concerne les mammi- feres , quolque plus avance a leur egard, je ne regarde point les resultats auxquels je suis parvenu comme vraiment satisfai- sants et comme dignes d'etre proposes a Tadoption des autres zoolo- gistes. C'est pourquoi j*ai cru devoir, jusqu a ce jour, au liea deles publier dans des memoires exprofesso, me borner a les utiliser pour mon enseignement , quils m'ont souvent perniis de rendre plus simple, plus clair et plus methodique. M. Victok Meunier a du reste fait connaitre, par une suite d'articles inseres dans YEcho du monde savant , la clas- sification ornithologique quej'ai adoptee dans mon cours en 1 836; et c est de meme d'apres Texposition que j en ai faite oralement, qu elle a ete citee dans divers traites et dictionnaires dliistoire naturelle. La classification mammalogique que je suis depuis plusieurs annees a de meme ete public e en tout ou en partie par divers zoologistes, et notamment par M. Guerin Meneville, qui en a insere une analyse ^- Ma ZOOLOGIE GfiNftRALE, 31 I 1 * \ i n i \ 4 » ; < J 1*! ' -f I I V m i ■) t i. ««t 1 f' l4 »i I ^ *• *j Ml i. ¥ % ^ * '..' * ^ 1 c I ^ 5 a- X 482 SUR LES GARAGTERES ORNITHOLOGIQUES en dentirostres et non-dehtirostres ; les deodactyles en dentirostres, fissirostres , conirostres et tenuiros- tres , et ces dernieres subdivisions , malgre I'impossi- bilite ou Ton sera touj ours de leur assigner des carac- teres Lien precis , seront neanmoins extremement utiles , en raison du nombre immense des passereaux qui appartiennent au groupe des deodactjles: ran ger les' L'ordre suivant lequel je viens de trois divisions primaires des passereaux , me parait prescritpar I'ensemble des rapports naturals. La pre- miere de ces trois subdivisions coniprend en eiFet les perroquets, que la conformation generale de leur bee, la cire qui enveloppe la base de leur mandibule su- perieure , les conditions generales de leur systenie nerveux, et la conformation de plusieurs parties im- portantes ^ lient avec les oiseaux de proie , parmi les- quels se trouvent d'ailleurs , ainsi que je Tai fait remarquer plus liaut ^ plusieurs especes k doigt ex- terne versatile. D'un autre cote, ceux de^ depdactyles qui sont le plus essentiellement granivores , tels que laplupart des conirostres de M. Cuvier, terminent tres-lieureusement , ce me semble, la grande serie des passereaux , et la lient aux gallinaces , dont les alouettes prennent meme , avec le regime dietetique, les formes generales , le port , le systeme de colora- tion , et jusqu'aux habitudes. . ^ k_ i I f \ I. V i VIII. S DRIES CHEZ lES INIMllX 9 ' X ET SP^CIALEMEKT \ SUR DES FEMELLES D'OISEAUX A PLUMAGE DE MALES. \ PKEMIERE PAKTIE REMARQUES GENERALES. ^ I I -Ir f Les animaux sont , h certaines epoques de leur vie, sujets k deux sortes de changeriients : les uns connus sous le nom de metamorplioses , et les autres sous ^ J celui de mues. La metamorpliose , metamorphosis , est, comme I'indique la composition de ce mot, le cliangeraent dans lequel il y a transformation, c'est- k-dire ou la forme nouvelle que revet I'anmial est differente de celle qu'elle remplace. La mue, WMta^ tie , est le cliangement dans lequel il n'y a pas trans- formation , c est-a-dire dans lequel la forme primitive imal s'est conservee. L'alteration ou la persis- del' am tance de la forme est done ce qui distingue essentiel- kment la simple mue de la metamorpliose. Les plienomenes connus sous le nom de metamor^ phases ont fixe , de tout temps , et ne pouvaient 1 \ \ *f I 4 t -1 1 i r 1 I ') i 1 I ' t ^^^ 4SI*' I / «l^ •> r I :i m M II f* J I / HUES DES ANIMAUX. 484 manquer de fixer au plus haut degre I'attention des observateurs : les plijsiologistes en ont fait le sujet d'un tres-grand nombre de reclierches. Au contraire , glige, je dirai presque ils ont dedaie;ne ils ont r etude approfondie de la mue les zoologistes, auxquels presque sans parta restait ainsi aLandonnee ront guere consideree que sous un point de yue tout special : la necessite de dis- tinguer d'une maniere nette et precise les caracteres permanents et vraiment specifiques des animauXj des qu ils presentent a certaines caracteres transitoires epoques c lel eur vie. Gette repartition de I'etude de la metamorphose et de r etude de la mue entre les plijsiologistes et les zoolo- gistes s est operee , en quelque sorte, d'elle-meme et par le cours naturel des clioses. L' etude de la mue parait assez facile et assez simple ; elle est relative a des organes pour la plupart exterieurs; elle est d'une* application done etre negligee par les les etres : elle ne pouvait zoologistes. L'etude des metamorplioses, j'entends leur etude veritahlement rationnelle et scientifique, souleve plusieurs liautes questions d'organogenie ; elle est, sans nul doute, de la plus liaute importance pour la zoologie ; mais ell plane en quelque sorte au-dessus de ses details , k I connaissance desquels il suffit d'appliquer quelque consequences partielles des resultats generaux de fob servation ; elle exige , d'ailleurs, des metliodes expe- rimentales, tres-differentes de la metbode ordinaire J I ( I * * ■ ♦^--^i^-'-J-i I 1-^-3 m I REMARQUES GENERALES. 4^5 r des zoologistes : sous tous les rapports , elle est done du domaine de la pliysiologie. de partage etait done inevitable; niais les zoolo- gistes et les pliysiologistes eussent du reconnaitre que dans I'oLse des plien c :le dans celle des metamorpl faisaient , apres tout , que traiter deux parties d'une seule et meme question. La mue et la metamorphose , en effet , pour qui y reflechit murement , ne presentent entre elles aucune ^ difference essentielle, aucune autre difference que qui existe entre Toutes deux sont , en derniere analyse , des pKenomenes d dre, des phenomenes prod metne de Fantagonisnie de pend elle- Tel est , ainsi que je I'ai dejk indique ailleurs (i) , le veritable point de Yue sous lequel doivent etre enyisagees les des blances par lesq distinguent ; caracteres sur lesquels il ne sera pas * lie de presenter quelques remarques. 5 ^ f I t J < 4 14 1 J" 'n r #s \ y ¥ if 1 11. L'alteration de la forme primitive dans la meta- morphose, sa conservation dans la mue, sont les efFets ■^ (i) Dicilonnaire dassifiG dlIis(o(rc naturdle, t. XI; p. ?-77 et siuyj J ■* f #i 9 If ,1 m r t t m ^h I F b * / f 1 1, 4-86 MUES DBS ANIMAUX. des trois differences eenerales que robservation montre • .J- entre I'une etl'autre; et Ton va voir que, dans au- cune de ces differences generales, il n'j a rien de con trair'e a I'analogie essentielle des deux genres de plie- nomenes que nous venons de comparer entre eux. La premiere difference est que , dans les metamor- phoses, la metastase se produit h I'egard d'organes d'une haute importance , tandis que , dans la mue , elle a lieu entre des organes d'une importance secon- daire. Le plus souvent meme , ces derniers sont sim- plement des parties du systeme tegumentaire , et il est meme heaucoup d'especes chez lesquelles la mue ne s'etend pas au del5. Chez d'autres, au contraire, il y a quelque chose de plus. Ainsi la reproduction annuelle du bois, chez les ruminants a prolongements frontaux caduques , est evideranient un plienomene de mue. Le r emplacement des dents de lait par ctelles de la seconde dentition est encore un plienomene que Ton ne pent separer des mues proprement dites, lorsqu on veut se placer^ dans leur etude ^ au point de vue pliysiologique. Une seconde difference entre la muei et la meta- ^ morphose , difference plus importante et plus ca- J racteristique que la premiere , est la suivante. Dans la mue , aussi hien que dans la metamorphose , il y a hien , comme il vient d'etre dit , metastase d'un or- gane a un autre ; mais , dans le premier cas ^ le nou- 4 vel organe est essentieilement analogue a celui qu'il i ' remplace, et il y a toujours meme^ entre Tun et I + J i ) ^ I w REMARQUES GENERALES. 4^7 r i'autre, sinon une similitude parfaite, du moins beau- coup de ressemblance.Ainsi un poil ou une plume est toujours remplace par un poil ou par une plume , et la difference qui pent exister entre la couleur , les dimensions, la forme de fun et de I'autre, n'em- peche pas qu'il n'y ait entre eux, non-seulement de ranalogie , mais meme une ressemblance frappante. De meme ^ une dent de la seconde dentition , quelque differente *i \* n t-lll Ir * *l t tft .«. ^ M» '* r ^ 1 4^8 MUES UES ANIMATJX. position que par leur nature. II en ei dans la metamorphose. comme le montre si bien I'exemple des batraciens anoures, cbez lesquels C( au reste cbez Tembryon bumain , la metastase On effet de la queue aux memb imaginer entre deux organes une difference de posi tion plus marquee que celle qui existe entre le pro longement caudal , place sur la ligne mediane et ap partenant k la colonne vertebrale , et les membres appendices pairs , et situes ement. On doit ment la queue , et qu'ils peuvent d'ailleurs , que ces derniers sont appeles a remplir la meme fonction que remplissait primitive- etre consideres comme appartenant au meme appareil , celui de la locomotion. ^ Apres ces trpis differences , que resume toutes k la fois la notion generale de la persistance de la forme primitive dans la mue et de son alteration dans la metamorphose , il en est une autre encore, non moins r remarquable, dans I'ordre selon lequel se succedent les metamorphoses et les mues. Par les unes I'etre passe successiv ement , de la forme simple qu'il pre- sente primitivement, h une forme d'autantplus dif- ferente de celle-ci , et d'autant plus complexe, qu'il est place plus haut dans la serie (i). Les autres sont en- • ■ — suite , pendant une portion plus ou moins longue de (i) Les etres qui subissent les plus nombreuses et les plus remar- (juables metaiporphoses sont precisement , en graude partie , ccux que N I I t I 1 ej"i- ! REMARQUES GENERALES. 4^9 f la vie , les seules et faibles modifications qui rappel- lent les changements si remarquables des premiers ages (i). III. Les animaux, ou, plus exactement nombre d sotimis deux grand es de I mues : celles qui s'effectuent au passage d efFectuent au passage d ige k un autre. es premieres sent peu sensihles dans quelqui especes ; elles produisent dans d'autres des chang ments importants , et tendent toujours h mettre Tan mal en plus parfaite harmonie avec les circonstanci exterieures. G'est ainsi que tout le monde sait ii. i 'i ^ ^ I i t \ - \ i I ( i i U t*^ Hf ! ^» / h I ± J ^Jh ;. m\ m i¥ \: ) \ ^ m ji s., » mi t 1 * .J Je n'ai nuUement I'intention de traiter ici, dans son ensemble , la question des mues , mais seulement de fixer 1' attention sur quelques circonstances remar- quables des mues par lesquelles s'opere, cbez les oiseaux , le passage d'un age k I'autre (i). Tout le monde sait que, chez les oiseaux, les jevines des deux sexes et les femelles de tout age se ressemblent ordinairement, et que le male seui pre- sente ce luxe de couleurs, ce developpement de plu- \ ^ (l) Dans un autre trayail ( article Mammiferes du Dictlonnalrc das- sique d'llistoire naturelle^ t. X, p. Il3, OU Considerations geuerales sur Ics Mammiferes,^, iqS), j'^i presente quelques rcmarques, qii'il ne sera pas inutile de reproduire ici, sur la Iwree des jeunes mammiferes, Cette livree , ornement que Tanimal perd ayec Page , pour prendre des couleurs plus simples et plus uniformcs , resulte dn melange de deux couleurs , dont Tuyie forme le fond du pelage , et dont I'autre est dispo- r see par taclies ou bandes, Ces taclies, que Ton peut nommer taches dc Iwree, varient, selon les especes, par leur disposition et leur couleur ; mais, sous I'un et I'autre point de vue, representent d'une maniere transitoire, cliez ces especes, ce qui a lieu d^une maniere permanente dans d'autres especes congeneres^ C'est ainsi que les taclies de livree sont chez les lionceaux et les jeunes couguars , et blanches cliez les noires ? i i 1 \ /7 / i \ \ \ r 1 » faons de cerfs , de meme que la plupart des chats sont rayes ou tachetes de noir , et que Taxis et plusieurs autres cerfs le sont de blanc. Sous un point de vue theorique , ces dernieres especes doivent done etre consi- derces, non comme n'ayant pas de livree dans le jeune age , mais, au \ contraire , comme conseryaut la liyree pendant toute la duree de la vie. -^ r i I I .: # w i r --. \ M » .r i \. iM f - * / J 'i M 1 . « r ff\ \i^^, Mi ^ I / HUES DES ANIMAUX. mage qui rendent si remarquables un grand nombre d'especes de cette classe. Cette ressemblance entre les jeunes et la femelle a ete apercue de tout temps; et ornitholdgistes I'ont exprim disant que 1 jeune des deux sexes a le plumage de la femelle. Cett expression est-elle parfaitement exacte ? Est-ce bien le male qui a momentanement , dans sa jeunesse le plumage permanent de la femelle? Ou bien, ce qui est theoriqueraent fort diiferent , ne serait-ce pas la femelle qui conserverait plus ou moins completement le plumage du jeune ^ge ; parviendra r, qui , relativement k se dans son developpement, et n pas aiix conditions caracteristiques d ^■^ I'etat parfait de I'espeee Sous ce rapport , et k quelques autres egards encore, les observations qui vont suivre peuvent paraitre di- gnes de quelque interet. Elles montreront que Ton •e theoriquement , non pas 1' existence, dans la plupart des especes d'oiseaux, dun plumaqe eclatant propre au male ; d'un autre terne, propre k femelle ; mais , en general, de deux plumages , I'un doit admett imparfi ppartenant sp aux jeunes I autre parfait, que les males prennent g de tres-bonne heure, et que les femelles tendent h prendre , mais dans un age beaucoup plus avj OU dans certaines circonstances particulieres. -^ 1/ n i\fi i » »<-• i"' m ?**■ ift. — »"-*- Jr^ J # * FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. 493 SECONDE PARTIE. SUR DES FEMELLES D'OISEAUX , SPECIALEMEJNT DE FAISANS , A PLUMAGE DE MALES (i). 1 1 * 1 , I I. Les chasseurs connaissent clepuis longtemps , sous r le nom de coquards (2) , des faisans qui ressemblent par leurs couleurs k des males dont le plumage serait terne et decolore. On a cru tres-generalement , et rinspection de leurs couleurs conduisait h cette erreur encore tres-accrediteeparmi les chasseurs 5 que les faisans coquards sont des males malades ou en mau- vais etat de plumage. Mais les ornitliologistes savent depuis longtemps , d'une maniere j)Ositive , que ces coquards ou pretendus coqs sont, au contraire^ des femelles. Cest ce qu'ont remarque, d'une part^ ceux qui, elevant ces oiseaux, ont pu suivre Jeur develop- l^ement, et ce que, d'un autre cote, ranatomie a re- connu k son tour et constate par des dissections. Yicq- (i) Extrait, sauf quelques additions et rectifications, des Annales des sciences naturelles , t. VII. /' donn^, et meme beaucoup plus generalement , aux produits metis de poiile et de faisan. II est important de ne pas confondre ces metis avec les veritables faisans dont il est ici question. Voyez les planches 6, 7 et 8, oil i'ai fait representer trois metis, dont Tun de faisan dore avec le fai- san commun', et les deux autves de faisan argente avec la meme espece. f i I I j 1 4 ! * i y f I f '•\ \ { \ L K i i w i ,1' <> .' / _ > _ r M Hi '^# » IN J ! i^ \ "•* t 4 h ^ :.i < r L w ••^ t « t* f» » » •It M I f 1 1 »' * y \ MUES DES ANIMAUX. 494 I L d'Azjret Mauduyt, en France, John Hunter etB r ter, en Angleterre, s'etant, 6n effet, procure de coquards ou coqs-faisans a plumage terne, ainsi qu les appelait avant eux, I'mspection des leur re vela le veritable sexe de ces pretend Mauduy t , autcur de la partie ornitliologique de VEncjclopedie methodique, est jusqu'ici le seul en France qui nous ait fourni quelques documents sur ce fait interessant (i). I vrage (2), au mot Jkisa « Un fait de leur hi dans itoire connu des chasseurs dit ce savant, et dont je ne sache pas que les natu ralistes aient parle , merite cependant de n'etre pa omis : les femelles qui vieillissent , et qui ont proba blement atteint cinq a six ans , non-seulement ces sent d'etre fecondes ou ne le sont qui est dans le cours ordinaire des c que tres-peu prennent un plumage qui tient de celui du mdle , et qui en approche d'autant plus qu'elles sont plus vieilies, en sorte qu'elles ressemblent h. un male dont le plumage serait terne et decolore. » , II nous apprend ensuite qu'il a disseque un coquard vers 1770; que Vicq-d'Azjr en a clepuis disseque (i) Buffon, dans son Histoire naturelle des Oiseaitx , U II, p. BSy , s en est occupe , mais iion d'apres ses propres observations. Presque tout ce quil dit est emprunte a Edwards ( Glanures , t. Ill) , lequel ami (2) Partie or nithologl^ue , t, II, p. 3. #i I ,1 ^i4 I IM \v ^■,. '^^^TV * F FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. 49^ plusieurs , et que tous etaient des femelles ou presque toujours I'ovaire etait, selon son expression, « si oblitere qu'on n'a pu le decouvrir. » II ajoute qu un inspecteur des cliasses do la foret de Saint-Germain a aussi reconnu que les vieilles poules faisanes qui ne pondent plus ou ne pondent que tres-peu , prenaient un plumage approchant de celui du male. « Ge fait , dit-il en terminant , a sans doute echappe dans les faisanderies , parce qu'on n'y conserve que de jeunes femelles , et on I'a depuis verifie par rapport k la fe- melle du fa'isan dore de la Ghine, parce que Ton con- ■ n serve ces animaux rares tout le temps de leur vie. » On doit des observations analogues k plusieurs zoologistes et plijsiologistes anglais, notamment a; John Hunter, h Everard Home, h Jolm Butter, et beaucoup plus recemnient h Yarrell. r \ La plupart des observations de Hunter et d'Everard Home (i) sont relatives a des faisans tues sauvages , Qt a regard desquels ils ne purent, par consequent, c|ue constater la coexistence du sexe feniinin avec un plumage niasculin. Hunter a toutefois aussi fait men- tion d'une poule faisane domestique qui, apres avoir r produit plusieurs fois, prit les couleiirs du male, et des lors fut sterile. Gette derniere observation est. ^ (i) Voyez Hunter , Account of an extraordinary pheasant, dans led Philosophical Transactions , t. LXX , part, II ^ p. S^r? ^ i-jgo.— Everard Home , meme recueil, ann. 1799, p. jSy et suiy. , et Lectures of a parat. dnat.y t. IH , lee. xi. rom- I r 1 A. 1 ^ ■^. ^ >. /i iT i^^^^ \ ti m i n '■*'m %S *■ f,' \ Ml fU i I \ t U 1 t #• ^ r^ i i ■i: u tT> I MUES DES ANIMAUX. 496 d'ailleurs, prefsque aussi incomplete que les I'auteur ne faisant ni la maniere dont s'opera graduellement le cliangement de plumag le degre auquel fut portee la ressemblance des leurs de cette femelle avec celles du m^le JLes memoires de Hunt Everard Home sont , d ailleurs , pas seulement relatifs a des faisa femelles h. plumage de m ferme une observation an; depaon; observation que sa rarete, comme on le verra plus bas , rend doublement interessante. Dans logue faite sur une femelle celui de Home, qui est un travail fort etendu sur riiermapbrodisme , on trouve une observation sur la poule et une autre sur le canard. Les circonstances de ^ette derniere la rendent extremement remarquable. Le travail de Butter (i) est assez etendu, et se re- commande , outre une bonne observation , par le soin auteur a mis a recueillir divers exemples de clian- gement de plumage, publies avant lui , chez divers oi- seaux. II croit pouvoir citer jusqu'a dix especes dans lesquelles on aurait constate , cbez des femelles des + caracteres exterieurs normalement propres aux males. Enfm, on doit h M. Yarrell (2) des observations qui (l) An account 0/ the change of plumage exhilited by many species Wi society, t. IH , p. i83, 1821. (2) On the change in the plumage of some hen-pheasants ^ dans les Philosophical Transactions , annee 1827, part. II , p. 268.— On trouve un extrait deceMemoiredans le t. XIII des Annales des Sciences \ n J i I I J VTB- - *f i i FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. , ^g'J r tendent ti montrer que le cliangemeiit de plumage ne se produit pas seulement chez de vieilles femelles de faisan , mais parfois r* chez des jeunes, mais dont les ovaires sont'malad sujets encore Quoique plusieurs des observations qui viennent d'etre rappelees , ou qui le sont dans les memoires de k ces auteurs, remontent k une epoque deja assez eloi- gnee de nous, on n'a donne que peu d'attention k I'interessant phenomene auquel elles se rapportent, le plus sou vent meme il a ete omis dans les ouvrages ode sur I'ornithologie et sur la phjsiolog comparee (i). Aussi ne me parait-il pas sans quelq natarelles. 4 Plus recemment, M. Yarrell a presente a la Societe zoo- logique de Londres (voyez ses Proceedings, i83o-i83i, p. 22) un nou- vel exemple de changement de plumage cliez Toiseau que les Anglais designent sous le nom de common gamefo'wL (i) II est mentionne toutefois dans Vlfistolre naturelle des Gallina- ces de M. Temminck et dans le JDictionnaire d'histoire naturelle ouvra"-e ou les articles d'ornithologie ont ete faits par M. Vieillot, Dans sa Philosophie anatomique (t. II , p. 36o) , non-seulement men pere a aussi rappele le phenomene qui fait le sujet de ce travail, mais en a aborde rexplication physiologique. Voici sous quel point de vue il Ta considere : , a Ces developpements, dit-il, donnent la clef de bien d'autres phe- nomenes. La difference entre les sexes est d'autant plus forte que les femelles livrent une plus grande quantite de produits de generation. Et, en effet, la surabondance de la nourriture, pour me servir dune expression de BufFon qui recoit ici une juste application , se repartit tres-inegalement entre les sexes, surtout chez les oiseaux ; la richesse et les vives couleurs du plumage , chez ces derniers, sont des signes exte- rieurs qui temoignent de toute Tenergie vitale des males , comme Ta- bondance des pontes temoigne de la puissance generatrice des femelles, laquelle, pour se manifester, n a pus meme besoin des excitations de ZOOLOGIE 32 ) \ r / ■^ ^^ \r 1 !>*- ■ C y ^ \. m* { '>\ H 1 J 1 498 HUES DES ANIMAUX. interet de faire connaitre plusieurs faits que j'ai eu occasion de recueillir il y a quelques annees (i) , et qui sent beaucoup plus complets, en ce que mon observation s'est etendue k un plus grand nombre d'annees ; ce qui me permettra de donner ^ sur les circonstances du changement de plumage , plus de details qu'on n'en possedait encore, et surtout de montrer que le passage, que les auteurs n'ont jamais YU s'operer que partiellement , per/^ s'effectuer de la maniere la plus complete. 11. Les observations que je vais rapporter ont ete faites sur des femelles defaisan commun (phasianus col- chicus), de faisan argente (phasianus nycthemeros\ et de faisan ^ collier {phasianus torquatus). Premiere observation. Poulefaisane commune. Cette femelle avait ete elevee dans la faisanderie du Museum. EUe cessa de pondre vers Tage de cinq ans, Tautre sexe. La tristesse du plumage, chez les femelles d'oiseaux, tient I si manifestement a une predominance partielle et locale du sang arte- riel, a celle du sang dont les afflux energlques sont reserves aux organes de la generation , que , lorsqu elles cessent de pondre, et qu il n est plus en elles d'organe, sous ce rapport,, privilegie, elles reprennent les formes et le plumage du male , non entierement , il est vrai, mais tout autant que cela devient possible dans un age qui touche a celui de la decre- pitude. » (i) Deux de ces observations ont ete publiees, pour la premiere fois, dans les Memoires du museum d'kistoire naturelle ^ t. XII , 1826 , et la r troisierae , dans les Annates des sciences naturelles , t. VII , 1826. ( ** X ^ T- / FEMELLES A PLUMACxE DE MALES. 499 et le cliangement de plumage commenca k devenir apparent vers la meme epoque. H se manifesta d'a- bord sur le ventre, qui prit une teinte plus jaune, et sur le col, qui se colora plus vivement, et bientot tout le corps eut change de couleur. L'annee suivante les teintes de ses plumes prirent encore beaucoup plus de I'eclat et de la vivacite de celles du male, et des I lors il fut possible de dire que la poule faisane etait semblable a im male dont le plumage serait ierne L ^et decolore. Enfin, Tannee suivante , c'est-a-dire ^ la troisieme depuis que le cbangement de coloration r avait commence a se manifester , son plumage ajant pris encore un nouvel eclat , il devint presque impos- sible de ne pas se meprendre sur son veritable sexe , d'apres la seule inspection de ses couleurs , surtout lorsqu'on n'avait pas en meme temps un faisan male sous les jeux ; car la ressemblance etait tres-grande , mais non encore parfaite. Tel etait I'etat du plumage de cette femelle, vers I'age de huit ans; elle mangeait bien , jouissait d'une bonne sante, et il y avait tout lieu d'esperer qu'on la verrait, l'annee suivante, revetir le plumage parfait du male , lorsqu'un accident la fit perir inopinement. Cette femelle avait toujours vecu , comme les au- tres poules faisanes, avec des males ; mais, depuis que le cbangement de plumage avait apparu , elle n'etait plus pour eux qu'un objet indifferent. Elle-meme, depuis la meme epoque , ne les cbercbait plus , se confondant ainsi avec eux sous plusieurs rapports, !. r L L- '^ 1^ 1 -t I l^^k-** w ^ I X t^ ' \ « ¥ ,■) f 1 in 5oo MXJES DES ANIMAUX. autant par ses manieres que par son exterieur. Lors de sa mort, son plumage resseniHait telle- ment k celui d'un male , que des personnes, habitudes k voir et meme h soigner des faisans , furent trompees par sa couleur, et crurent que c'etait un m^le qui venait de perir. Neanmolns la ressemLlance n'etait pas encore complete ^ comme nous allons la voir dans un second exemple. Seconde observation, Poule faisane argentee. Get exemple nous presentera beaucoup plus d'interet, parce que I'observation est beaucoup plus complete, ajant ete continuee pendant quatre ans et demi ; et si j'ai fait connaitre avec detail le premier, c'est prin- clpalement afin de pouvoir apprecier mieux et d'une maniere plus generale les circonstances que presente le cbangement de plumage , et de connaitre le laps de temps dont il a besoin pour s'operer. Gette fenielle avait ete elevee en societe avec un male , dans la niaison de campagne d'un ancien ami de ma famille , M. Mortaud , notaire a Paris ; mais dans sa vieillesse, elle fut donnee au Museum. r F Gelle-ci ne commenca h passer au plumage du male qu'k I'age de buit ou dix ans ; beaucoup plus tard, par consequent, que la premiere poule faisane. Une autre circonstance remarquable est qu elle avait dejk cesse de pondre depuis trois ou quatre ans, lors- que le cbangement commenca k s'operer. Dans I'exemple precedent, au contraire , , le commence- ment de ce pbenomene et la cessation des pontes * I i ft >i / j i iJ I i FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. 5oi avaient coincide. Des plumes blanches, qui se mele- rent aux plumes brunatres de I'etat normal annon- cerent d'abord le passage aux couleurs du male. Ce passage se prononca davantage I'annee mais ce ne fut veritablement qua la troisieme annee qu'on put dire le cliangement opere. La quatri^nie annee, la ressemblance devint complete; la huppe et la queue s'etaient meme allongees k I'egal de ce que suivante j doit etre notee avec soin I'on voit chez les mAles, en meme temps quelle se parait des plus belles couleurs ; et cette circonstance J parce qu'ici nous vojons changer, non plus seulement la coloration des plumes, mais meme leurs proportions normales. La cinquieme annee, il n'etait pas possible d'apercevoir la nioindre difference entre le plumage de cette femelle et celui d'un male ; elle representait I'apparence d'un coq adulte, orne de sa plus brillante parure. Le male vivait encore k I'epoque ou le changement avait commence k paraitre. Sans doute, parce quelle etait son unique compagne , elle ne lui etait pas en- core devenue indifFerente : pour elle, au contraire, elle paraissait importunee de la presence de son male, et I'evitait lorsqu'elle pouvait se soustraire k son voi- sinage. Cependant celui-ci etant venu k mourir, elle parut s'ennujer de son isolement , et c'est pourquoi * elle fut envoyee au Mu seum, ou on la conserva quelque temps. Mais bientot les infirmites de la vieil- r ■ lesse firent regarder sa mort comme prochaine ; et dans le desir dc conserver sa depouille intacte , on se ':x- { " .-^ ^ »... f I i ^3 < w II t 5 02 MUES DBS ANIMAUX decida h la tuer, avant que la Leaute de son plumag fut alteree par les effi caducite d Lors de sa mort , dont I'epoque J qua que le plumage avait commence k changer de EUe ressemblait alors exactement au male dans son plus beau plumage ; c'est ce dont chacun peut se convaincre, en examinant sa depouille aujourd'liui placee dans les galeries de zoologie du Museum, ou en jetant les yeux sur I'une des planches de ce Me- moire, ou elle a ete fidelement representee par 1' ha- bile pinceau de M. Pretre. La dissection des organes sexuels a montre , k cote de I'ovaire , toujours suhsistant , deux petites lan- paraissant les vestiges des derniers ovules 3 du sac ovarien. La portion de I'oviducte, g que rum \ tres-distincte et de forme ovoide. La presence de I'o vaire est importante a noter, k cause des observation; k ce sujet , de Mauduit et de Vicq-d'Azyr , qui n'on pu apercevoir cet organe. Les plumes tombees dans les annees qui ont pre cede la derniere mue , ont aussi ete conserve'es par le soins eclaires des premiers possesseurs de I'oiseau ; e c'est k cette circonstance, ainsi qu'aux renseignement qu'ils ont bien voulu me fournir, quej'e dois la con- naissance d'une grande partie des details que je vien^ de donner. ^y f 4 t I It t FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. 5o3 TROisii:ME OBSERVATION. Poule faisam a collier. La femelle dont il me reste k parler avait ete , comme la precedente , elevee k Paris , cliez un particulier , et elle fut de meme donnee , dans sa vieillesse , k la me- nagerie du Museum. Les rensei le donateur apprirent qu elle avait plusieui pondu chez lui. Neanmoins , comme le cliang par fois de plumage se trouvait deja fort presentait de plut les et quelle exterieurs d'un m^le que ceux d'une femelle , on ne crut entiei- rement k la realite du sexe annonce qu apr^s 1' avoir verifie lors de sa mort , qui eut lieu peu de temps apres. La depouille de cette poule faisane k collier est conservee , comme celle de la precedente , dans les _ L galeries du Museum, et figuree avec soin dans les planches de cet ouvrage. En examinant depouille elle-meme , soit la fi que 1 couleurs sont , en effet , fort semblables a celles du male. Toutefois les couvertures superieures de la queue et des ailes sent rousses, comme le reste du corps ; le collier est moins marque , et le ventre beau- coup moins noir que cbez le male ; en sorte que Ton ne trouve point , k beaucoup pres , chez cette femelle, cette entiere et complete ressemblance dont je viens de donner un exemple. Aussi ne me serais-je pas ar- r rete sur cette femelle , que je n'ai pas vue vivante, et dont par consequent je n'ai pu suivre le developpe- ment , si elle ne present&it, sous un autre rappo '%i i^i^ \ ^ I - T # i. ^ \^ :l •1 / ^ \ ^ 9i \ ryi / * \ 1 i 1 > \ 5o4 HUES DBS ANIMAUX. heaucoup d'interet. L'ergot, ce caractere propre sexe male, chez et nieme presque aussi considerable i \ ,1 f FEMELLES A PLUMAGE DE MALES, I I \ developpement de I'ergot parait done t( 5o5 k des causes en partie differ entes de celles qui produisent le cliangement de plumage ; et il se pourrait , h la ri- gueur, que, cliez notre poule faisane ^ collier, I'un de ces plienomenes eut precede I'autre , sans qu'il y eut entre eux aucune relation directe. m. On voit , par les trois otservations que je viens de rapporter , qu'une femelle de faisan peut , dans un certain laps de temps , revetir exactement les cou- leurs du male , en prendre meme les ornements de plumage. L' ergot lui-meme n est pas tellement le partage exclusif du male , qu'il ne puisse existeraussi chez la femelle. Lorsque tons ces caracteres sont reu- nis chez la meme femelle, elle se confond entierement avec I'autre sexe par 1' ensemble de ses caracteres ex- terieurs. Tout au plus reste-t-il , comme difference , un peu moins de developpement dans la membrane rouge circmnorbitaire, et encore cette membrane est- elle, chez les femelles a plumage de males, a peu pres ce qu elle est , chez le m^le , dans la saison la plus eloignee du rut. beaucoup par son organisation , il etait facile de penser qu'il en serait de meme a son egard j et c'est , en effet , ce que nous avons pu verifier sur notre poule faisane a collier. Ses ergots different , par la forme , de ceux du male ; le gauche est beaucoup plus deyeloppe que le droit , jnais il est etroit et conune bossue sur toute sa surface. "V t J i 4\ "1 V *-" .1 \. / * H ^1 i\ 4( r I i \ Ht 5o6 / MUES DES ANIMAUX. A r^poque ou le changement de plumage s'op^re blance des femelles avec les males se pro ■g les, les instincts du sexe feminin disp pports. Les hah 1 meme temps que le Ainsi , les femell umag feminine i i I \ !S k plumage de males ne sont plu reclierchees des males, et ne les recherchent plus ; par fois meme elles les fuient et les evitent (i). La' voi] change , et devient plus ou moins semhlable a celL du male, fait qui est tres-hien connu, h I'egard de; poules, dans les campagnes , ou meme le changemem de voix est regarde comme un signe malheureux : (I) Everard Home a mentionne, chez le canard, un fait extreme- ment remarquable. Une vieille femelle , ayant pris divers caracteres exteoeurs du male , non-seulement n'etait plus recherche par les indi- vidus de I'autre soxe , et ne les reclierchait plus ; mais ou la vit elle- meme poursuivre d'autres femelles , et cocher une de celles-ci en simu- lant, a sonegard, les actes dun veritable mMe. Voyez le Memoire plus haut cite, d'Everard Home. Voyez aussi Roose, Beytrage zur offend, undffericht. arzeneikuncle , t. II, p. aSo, _ Des faits de ce genre etaient , au reste, deja c'onnus des anciens. On lit, a ce siijet, dans /^ristote ( Histoire des Animaux , liv. IX ch 4g) un passage fort remarquable, que je citerai d'apres la traduction de . Comme dans tous les animaux leurs actions sont conformes i leurs passions, reciproquement aussi leur caractere change, les actions venant a changer, et ce changement influe jusque sur certaines parties de leur corps. Un en a des exemples chez les oiseaui. Une poule qui a vaincu un coq, prend son chant ; elle yeut imiter les males et essaye de cocher cotnme eux : leur cr^te et leur queue s'elevent, au point qu'il y en a qu on a de la peme a reconnattre pour femelles ; quelquefois meme fl leur pousse des especes de petits erffofe. . (I I I 4 • I ^"^ * 1 I _"^ -L=-i ♦ I FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. 607 / . . r sans doute parce qu'on a fait la remarque que les poules qui prennent la voix du coq deviennent aussi- tot steriles. i La vieille femelle , dans la serie de ces plienomenes remarquables qui tendent k la rendre de plus en plus e, semble done tendre a passer ma semblable au par toutes les memes pi que da ns sa jeunesse fj male, line femelle, quand les pontes vont cesser ou viennent de plu •nt dans des conditions que Ton peut comp plusieurs rapports. Tous deux ont le mer] ; , le plumage imparfait ; tous dans un temps plu^s ou moins eloigne deux 1 e plumage, le pi parfait de Tespece. Le nieme doit d op de part et d'autre , puisque le point de depart est le me que la vieille femelle et le jeune male tendent e but. Mais le cliangement se fait , chez Tune et fautre. tres-ineealem 1 a Tune il faut (Utre, I'ordre selon lequel s'opere le cliangemen pas non plus exactement le meme. II suffira de parer les jeunes males conserves dans tous les musees, details que j'ai donnes sur les vieilies femelles, pour s'apercevoir que , dans I'un et I'autre cas , le chansement s op d maniere differente. II poule fail aquelle le cliangement a commence, qu\ jamais possible de dire d pi d un ieune faisan male de tel ^. h ^ T r 1 t i i r A -* )¥ \ 1^- II \ \ ^_ t Ui / f k 1 1 u- 4 4 ^1? !)M ft \ 5o8 r MUES DES ANIMATJX, ou tel age, C'est done par deux voies diflerentes que la nature, dans I'un et I'autre cas, marche vers un resultat finalement semblable. Quoi qu'il en soit , les observations de divers au- teurs avaient deja montre que les poules faisanes res- semblent , dans leur vieillesse , k des males ; que le cbangement de plumage s'opere peu a peu , se pro- noncant toujours de plus en plus , a mesure que I'ani- mal vieillit davantag que I'ovaire est si rudi nientaire, dans plusieurs de ces femelles h plumag de males , qu'on en retrouve h peine quelques veS' tiges. II etait presumable que celles dont Tovaire ; presque disp celles cliez lesquelles le cbangement est le plus complet ; ce qui n'est pas puisque cet organe ne s'est pas trouve cbez des fe melles qui ne ressemblaient qu'imparfaitement au: males , tandis qu'il s'est retrouve chez celle ou nou A la ressemblance parfaite. resultats des observations les faits que j'ai rapportes permettent d'ajouter : que le cbangement de plumage commence beaucoup tot cbez certaines femelles que cbez d'autres ; qu'il pent ne se manifester que plusieurs annees apres la cessation des pontes , quoiqu'il doive dependre, d'une maniere plus ou moins directe , de ce pbenomene , avec lequel il pent coincider ; que c'est dans la qua- tri^me annee que le cbangement parait se completer ; qu'alors la femelle n'a pas seulement les couleurs, 'mais quelle a aussi 1' eclat du male, auquel elle res- / 1 t m FEMELtES A PLUMAGE DE MALES, SOQ semble meme par les divers ornements de son plu- mage ; quelle peut meme etre eperonnee comme lui; enfm , que le passage des couleurs ternes se fait d'une maniere difFerente chez le jeune male et cliez la vieille femelle , quoique fmalement , cliez I'un comme cliez I I'autre , le resultat soit le meme. \ 4 ■^ r ^ . V. 1* i / m I IV. Quelq I 1 auteurs ont paru croire que le plie ■quable que je viens d'etudier, et dont \ apporte trois exemples nouveaux cliez les observe guere que dans ce § et pa les poules domestiques, si voisines des poules faisane sous tous les points de vue , qu'k peine est-il possibl de les en distinguer generiquement. On a vu plu haut , par le court resume que j'ai cru devoir donne des memoires importants de plusieurs zoologistes e pliysiologistes anglais , que des exemples sont connu chez d'autres oiseaux ; et depuis specialement sur r M r tte question , pi Je crois devoir te ce memoire par Tenumeration des especes dans les- quelles des femelles k plumage de males ont ete observees. Les faisans blement, de genres, celui dans lequel le phenomene qui fait 1 sujet de ce memoire s'est presente le plus frequem raent ; et c est un fait que 1' immense difference exis t ^ * 4 /■> / / J ff ^"♦' ! i \i i y. »t ^ > 1 1 i. \ f % « n> u- *^ «"i I *4^ i t\ »* 'M if / •) 5io MUES DES ANIMAUX. tant, dans ce genre, entre les deux sexes (i), rend aussi remarquable qu'il est bien constate. Ainsi, chez les quatre especes qui ont ete transportees et vivent dans notre pays, il n'en est aucune ou on ne I'ait observe. J'en ai rapporte un exemple cbez le faisan argente, un autre chez le faisan a collier. Chez le fai- san dore , des observations sont dues a Edwards , ou plutot h Colinson (2). J'ai moi-meme vu le cbangement commence cliez plusieurs autres individus de cette espece. Quant au faisan ordinaire, plusieurs observations m'ont ete (i) Au milieu, cle ces nombreuses et brillantes legions d'oiseaux , adiiiirables productions des deux Indes, dans cette famille meme qui fournit au luxe europeen ses parures les plus magnifiques , et dont le nom meme indique un eclat plus que terrestre , un bieu petit nombre peut, par la richesse de son plumage ;, etre compare aux faisans males. La nature leur a donne des couleurs si magnifiques , des teintes si eblouissantes, que Timagination ne saurait leur en prcter de plus belles. C'est un melange liarmonieux des couleurs que nous admirons dans les gemmes et dans les metaux les plus precieux ; c'est un eclat que la plume ne peut rendre et que le pinceau ne saurait imiter. Et toute cette incomparable ricliesse est encore rehaussee par des parures que I'oiseau agite avec grace, et qui donnent a son plumage ce qui manque aux pierres precieuses , la variete , le mouyement , la vie. Mais , a cet oiseau si magnilique, opposez sa femelle. L'ceil etonne cberche en vain chez elle quelques traces d'eclat ; Tor , la pourpre et Tazur ont fait ^ + place aux couleurs les plus ternes. Toute parure a disparu. Rien ne rap- pelle plus ce male si richement orne; et Ion croirait que la nature , en. associant deux oiseaux si dissemblables , a destine I'un a faire ressortir, par la tristesse et la monotonie de ses couleurs , la variete et la splen- deur du plumage de Taut re. (2) Vojez les Glanures of natural History d'Edwards , troisieme par- tie , p, 268. tf »»- ' v ** •*? 1': I FEMEILES A PLUMAGE DE MALES. 5l I communiquees , independamment de I'exemple que j'ai rapporte plus haut , et des faits tres-nombreux que rapportent les auteurs. Le changement a ete assure- ment vu un plus grand nombre de fois chez le faisan ordinaire que cliez la poule elle gre la de des indiviHus de cette derniere espece que nourrissent nos basses-cours. Parmi les gallinaces , un exemple est encore connu cbez le paon par les observations de Hunter (i) ;"et Becbstein (2) mentionne des ponies d'Inde qui au- raient pris quelques-uns des caracteres du male. Je ne connais , dans I'ordre des ecbassiers , aucun fait qui soit exactement comparable aux precedents (3) ; mais , parmi les palmipedes , le cbangement de plu- mage a ete observe cbez le canard domestique (4) , et meme avee des circonstances remarquables quelcjues rapports ^ que dans aucune autre obse vation. Les observations nous manquent moins encore dans Tordre si vaste des passereaux. Parmi les zjgo- dactyles, ou grimpeurs de Cuyier , le claangement est constate , dans le genre coucou , par Levaillant (5) , (i) Loco cit., p. 534- (2) Voyez Gefiu Naturgeschichtc Deutschlands , t. III. (3) Butter, dans son savant memoire deja cite, mentionne toutefois, r chez Toutarde et la spatule , d^apres d'autres auteurs , des faits qui ne sojit pas sans analogic avee les precedents. (4) Voyez plus haut, p, 5o6. (5) Histoire naturelle des Oiseaux d* Afriqw ^ t. V, P. 4^, Levaillant » i f^--*»« -^v f ^- 1 li i ft ^* -*r : ? . im k>\ M If '1 5l2 HUES DES ANIMAUX. pour I'edol « et par M. Pajraudeau (i), pour le coucou commun. L'oLservation de Levaillant est ren- due fort interessante par la presence d'un oeuf pret k sortir chez la femelle du male du coucou edolio, qu'il vit revetue des couleurs du m^le, Parmi les deodactjles ou passereaux ordinaires, des exemples me sont connus, par diverses communi- cations, dans six genres. Feu M. Dufrene , ancien chef du laboratoire de zoologie au Museum d'histoire na- turelle, m'a assure qu'il a constate le cliangement de plumage chez de vieilles femelles de cotingas. M. Flo- rent Prevot a vu le cliangement commence chez plu- sieurs femelles de pinsons. De semblables observations faites a I'egard de la femelle du rouge-queue etourneau. Enfin, plus recemment, de celle de 1 M. Menetries ( gue a ete public, chez le bouvreuil, par M. BaiUon, d'Abbevill communique une femelle de bee mage etait devenu beaucoup ph du male qua celui de la femelle, Le cliangement de plums dont le comme par ces divers exemples , un fait tres-general parmi especes d'oiseaux oii les deux sexes ont normalemi f \ r dit, a cette occasion, qu'il avalt deja autrefois constate le cliangement de plumage chez quelques femelles d'oiseaux. Malheureusement il ne dit pas quelles especes lui avalent fourni ces premieres observations. (1) Bulletin des Sciences naturelles , t. XIII, p. 243. (2) Voyez son Catalogue raisonne des ohjets recueillis dans son voyaga au Caucase. i vol. in-4, Petersbourg, i833, p. 43. t ii it » .1 t i I > *l f \\ :.--A I I I FEMELLES A PLUMAGE DE MALES. des couleurs differentes. Toutes en sont 5i3 •pro bablement :ptibles; mais, des raisons qui nous echappent entierement dans I'etat present de la science , ce phenomene se produit beaucoup plus fre- quemment dans certains groupes ornithologiques que dans d'autres. Parrai les gallinaces , par exemple, I'un des genres les plus voisins des faisans , celui des paons, ne le presente presque jamais. L'exemple rap- porte par Hunter reste encore aujourd'liui un fait unique. Au Museum d'histoire naturelle meme , quelque considerable que soit le nombre des paons qui ont successivement fait partie de la menagerie de cet etablissement , et quoiqu on y laisse toujours ces oiseaux perir de leur mort naturelle, je n'ai jamais premiere publication de mes obser- vations sur les faisans , ni dep de paon presenter , meme imparfa seule fe / del En i'existence, cbez rand d'oiseaux , du pben etudie specialement cbez les faisans pas encore une idee suffisante de sa generalite ne faisais remarquer qu'il n'est pas sans analogues bur dans d'autres classes et dans I'espece meme. Dans le genre Gerf , on voit quelquefois des bois se developper cbez de vieilles bicbes, comme le plumage prend les carac teres du m^le cbez les vieilles femelles d'oiseaux : on trouve , par exemple , exemples de cette cbez le cbevi^il, jiisq a cinq € ZOOLOCIE GENIiRALE. 33 $ rl i -I i ] ) 1 i _.■::= / tT n X *,' « •ff •ft ka^ i #A IP r 'II 1 Tf^ 5i4 MUES DES ANIMAUX. omalie , cit^s par Otto , d Jnatomie p thologique (i). Enfin, tout le monde salt que, chez beaucoup de femmes , apres la cessation des regies , le menton et la levre superieure se d de veritable barbe ; phenomene dont on ne peut nier non plus le rapport avec le developpement du plu- mage cbez nos poules-faisanes. La tendance que les femelles ont k subir , apres I'epoquedela fecondite , les memes cbangenients que subissent les m^les dans leur jeunesse , est done tres- generale , et , par consequent , depend de < peut conduire ^ des consequences dignes I'attention des physiologistes. II n est point de sujet dont I'etude puisse jeter plus de jour, soit sur la ques- tion si complexe de rhermapbrodisme , soit sur la tbeorie generale des sexes et de I'influence de I'appa- reil generateur sur 1' ensemble de I'organisation et des fonctions (2). C'est sous ce point de vue que les ob- servations contenues dans ce memoire me semblent 1 ofFrir quelque interet, et que j'ai cru devoir les re- prod ici des faits moms d'ornithologie , mais comme pouvant jete quelque jour sur I'une des questions les plus impor- tantes et les plus complexes de la physiologic generale (i) Lehrhuch der path. Anntomie, t. I , § 123 , notes. (u) Voyez I'histoire que j'ai donnee de I'herraaphrodisme , dans mon Histoire genernle des anomalies de I'organisation , t. II , p. 3o et suiv. ^ 4 I I I I I M \ I f m \ -I ii ^ _ LZJ- ^.^ Mh.^ > — ^- -f ■_ ■_ P^'^ > # ■ - > ^ '1 r \ \ I I \ i ' < 1 t I ^ J" / ■**■ >^j^ jfc ^M * ^ : .^ V^ ■!-> V '-F - EXPLICATION DES PLANCHES JOIKTES A GE Ml&MOIRE. J'al fait representer, h la suite de ce M^moire , deux des poules faisanes a plumage de males qui yontetedecrites^etj'y aiajoute, ' ■ ■ ■ ■uiis faisan, auxquels on a donne aussi le nom de coquards. Ges di- oiseaux faisane iement les couleurs du male, C'est le sujet de la seconde obser- vation. Voyezy plus haut, page 500. presque exactement la troisieme observation. Yoyez^ plus haut, page 503-. comimun individu est un jeune male qui a vecu a la menagerie du Museum. Planches '\1I et YIIL Le sujet de la planche YII est un male celui de la planche YIII , une femelle , Fun et Tautre nes a Ver- sailles , probablement dans la meme couvee. Je ne possede aucun renseignement . certain sur rorigine de ces deux metis ; mais la coloration du male ne permet pas de douter qu'il ne soit ne du croisement du faisan argei^te et du faisan commun, II a ^ en effet, presque exactement les couleurs du faisan argente , en dessus , et celles du faisan commun ^ en dessous. J'ai vu , d^ailleurs ,. plu- sieurs autres individus exactement semblables^dont Porigineetait constatee par des renseignements positifs. A ces trois metis, nes du ci^oisement de deux especes du genre (i) Je n'ai pu malheureusement eavolr si ce sujet est nri d'liii coq dore et d'une poulo cormnune, ou si lo conlraire a eu Hqu. H I, . ^^^"^^ / -^ _l t ^v «f t^ t i 5i6 EXPLICATION DES PLAIN'CHES. Faisan , je n'ai pas cru devoir joindre le coquard proprement dit;, commun efc trop connu pour qu'il puisse etre utile de le figurer. Il me sufflt de rappeler que , dans toutes les nombreuses varietes de coquards qui se presentent a Pobservation , comme dans les metis que j'ai fait representer , le plumage est toujours intermediaire entre celui du pere et de la mere. Tout le monde sait que le croisement une taille differente , donne gouvent au contraire des produits exclu- sivement semblables , soit au p^re , soit a la mere. Ainsi se trou- * ' \ vent ^confirmes, chez les oiseaux , les deux faits generaux suivants , que j^ai deduits, en 1826 , d'observations faites:specialemeut chez les mammiferes- 10 Le produit de deux individus d'espece differente presente generalement des caracteres constants , fixes , etqui sont en partie ceux du pere , en partie ceux de la mere. 2° Au contraire , le produit du croisement de deux varietes de une aussi , ressemble entierement a Pun des individus qui lui ont Mam 'P ^ i p:306.) ^ fr' r I I . if! ft \ i Y ' n ? f i ERRATUM. ■V Page 263 , di^us le titre, suppriruez le mot domestiqu^s » -. % i » V I J h i ! ' * «l t r TABLE DES MATIERES (i). Premiere Partie. HISTOIRE DE LA SCIENCE, I. Considerations- historiques sur la zoologie 3 II. AdDITIOjSS AUX considerations HISTORIQUES sua LA ZOOLOGIE. . 5 1 Des vues de M. Ampere sur Thistoire philosophique des sciences ,.^.j^ De la division des sciences et de leur association , conside- rees comme conditions necessaires de leurs progres. . . 55 Des jugements portes sur BufFon , et specialement de quel* ques horamages nouvellement rendus a sa gloire scien- tifiq'^e 59 Des vues emises a diverses epoques sur Yunite de compo- sition OU Yunite de plan, , . ao De la date ( 1807 ) assignee aux travaux de M. Geoffroy Saint-Hilaire sur Tunite de composition. " gd III. Sur LES NAXURALISTES COMPItATEURS DU SEIZI^ME ET DU DIX-SEP- TIEME SIECLE gg IV. Des TRAVAUX de LiNKE sur la nomenclature ET LA CLASSIFICA- TION ZOOLOGIQUES. •..-.... lo6 V. SCR LE PiEGNE ANIMAL DE CuVIER, ET SUR LA CLASSIFICATION ADOPTEE DANS CET OUVRAGE j35 VI. SUR LES TRAVAUX ZOOLOGIQUES ET ANATOMIQUES DE GoEXHE. . ., l53 VIL Considerations HisTORiQUEs SUR LA Teratologie , , . jnS Secoude Parti e. ^ ZOOLOGIE GENERALE ET ANTHROPOLOGIE. I. \j% LA PossiBii,ixE declairer l'histoire naturelle de l'homme PAR L ETUDE DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 227 II. De la DOMESTICATION DEs amimAUX o^Q Introduction ^ ^ ^.^^ Notions preliminaires sur les divers modes de possession des animaux pax Thomme ^g Des divers degres de domestication des animaux et de leurs divers modes d'utilite _ ^go Resume des faits precedents * ^ Des motifs qui ont determine la domestication des especes animales, presentement asservies a Thomme . a^^S Des variations subies par les animaux sous Tinfluencc de la domesticite ^ ..... . ^^z (I) Vo^cz , p. 2l3 , la table des avUeurs cites dans ia partle historique/ /• Jk ■^a ■"»;■ 2 \ .iSOU (UX -' t J ■^ f ^\ »» \ i m n m » lA J' < « 4 5l8 TABLE DES MAT life RES. Du retour des animaux domestiques a Tetat sauvage. . . 3oo Des progres qui restent a accomplir relativemcnt a la do- mestication des animaux 3o^ in. De LA DOMESTICATION DES SOLIPEDES RESTES ENCORE SACVAGES. . SlQ IV et V- Recherches zoologiqtjes et physiologiques sur les Varia- tions DE LA TAILLE CHEZ LES ANIMATJX SATJVAGES ET DOMESTIQUES ET DANS LES RACES HUMAINES. ... * 33 ^ Introduction. . ■-■ iUd. 4 Premier Memoire. Des variations gene'rales de la taille dans le regne animal 333 Premiere partie. Limites des variations de la taille chez les mammiferes * 33g Seconde partie. Rapports des variations de la taille des mammiferes avecleur genre de vie. . . , . 3>j5 Troisicme partie. Generalisation des faits precedents, et application a Tensemble du regne animal , 357 Second Memcoire. Des Variations de la taille chez les animaux domestiques et dans les races humaines s^s Premiere partie. Variations de la taille chez les animaux domestiques 379 Seconde partie* Variations de la taille dan^ les races ha- maines 3()4 Troisituie partie. Examen de cette question : Si la taille des homines a diminue depuis les temps anciens. . - . l\o% Resume DES DEUX Memoires trecedents f^\% VI. Fragments sur la Zoologie geoguaphique 4*^4 Remarques generalcs et apercu historique sur cette science. ihid» Des rapports de la zoologie geograpliique avec la paleon- tologie • • • - 4^9 Remarques sur la Faune indienne , . 433 VIL Considerations sur les caracteres employes en ornithologie pour la distinction deo genres, des x^amilles et des ordres. , . 44? Des caracteres fournis par le bee. . , - . . . 4^^ Des caracteres fournis par les organes des sens et par les teguments 4^1 Des caracteres fournis par les ailes 4^5 Des caracteres fournis par les pieds ..,*•...... 4?^ VIII. Sur les mues chez les animaux, et spegialement sua des FEMELLES A PLUMAGE DE MALES 4^^ Remarques generales. , , , , , . (bid, Sur des femelles d'oiseaux , et specialement sur des fe- melles de faisans a plumage de males . 49^ Explicalion des planches de ce memoire. ., 5i5 Table des matieres 017 FIN. fF % « \ ■ P \ 1 ^1 I '.I JL 1^-4 ^ i^ f B 2 \ l'Ex articles raisonnes dont MM. les cxposants auront demande Tinsertion. Ces arliclos seront d'autant plus en saillie qu'ils paraitront dans un cadre lout special. II est evident que si la publicite (^*st un des ressorts les plus actifs qui puissent contribuer developpement du commerce et dc lindustrie, cette publicite n'est feconde en heureux resultats que quand elle se renouvelleet se perpetue, Le Moiniteur de POSITION aura ce double caractere d'utilite : vendu a bas prix, il comptera bientdt un grand nombre d'aclieteurs, et comme tons les soins seront apportes a la redac- tion eta la fabrication materielle de ce livre, il sera conserve pour devenir le lide a consulter. I MM. les cxposants, en se conformant aux conditions ci-apres exprimees, pour- 'ont faire inserer les articles, explications et avis qu'ils jugeront convenables a eurs interets ou necessaires pour Tintelligence dc leurs inventions; toutefois diteurs se reservent le droit d'exercer leur contrdle sur la redaction, de telle sort juc leMojviteur de lTxposition ne soit ouvertni aux personnalites , ni aux jalou- ies derivalite; de telle sorte encore que I'apprecialion des produits exposes soif legagee de tout charlatanisme et ne soit pas un piege tendu a la credulite publique. ■uC n'est qu'a ces seules conditions que la maison de M. Roret a pu preter a ce nouvel ouvrage son patronage et son appUi; a ces conditions seules, d'ailleurs, .e MoNiTEDR DE l'Expositioin pouvait <3tre unc oeuvre honorable par ses tendances, et utile par ses resultats. V igesures \f^ 1^ mission qu'il s'est imposee ; c'est ainsi que des horames speciaux, attachant a cetle publication le degre d'n^portance qu'elle merite, ont bien voulu promettre leur £oncours aux editeurs toules les fois qu'il scrait necessaire que les notes fournie^ oar les exposants recussent quelqaes dcveloppcments scientifiques. r Lc 15 mai p-ochain est le terme le plus eloigne que les editeurs du Moniteur DE MM exposants devront faire parvenir directement a M. ROPtET, libraire, rue liaute- feuiile,n° 10 bis^ a Paris, a moins que les articles n'aient eteremis a M. CHARRIN, chevalier de la Legion-d'Honneur, Tun des collaborateurs del'ouvrage et le soul n rnnf mie la maisou Roret ait accredite aunres de MM. les e:i:Dosanfs OBSERVATION ESSENTIELLE, M. Roret, qui na d'autre but que de publier un ouiTagf- utile a Finduslrie, previent MM. les cxposants qu il ne pourra leur etre demande AUGUNS FRAIS DE REDACTION pour articles dont ils desireraient rinsertion dans le Moniteup i>e l'Exposition , et nue sa maisou ne se charge pas des annonces que MM, les cxposants destinent aux journnux. Paris, 2r> mars 18:^). .ijh « I 1 7 K -% E I I i n developpement du commerce et de rindustrie, cette pnblicite n'est fecond eureux resultats que quand elle se renouvelleet se perpetue, Le Monitedr de l osiTiON aura ce double caractere d'utilite : vendu a has prix, il comptera bie m grand nombre d'acheteurs, et comme tous les soins seront apportes a la re consulter pour MM Wt faire inserer les articles, explications et avis qu'ils jugeront convenabl eurs interets ou necessaires pour T intelligence de leurs inventions ; toutefoi l^diteurs se reservent le droit d'exercer leur contr61e sur la redaction, de telle s 3 leMoniteur de l'Exposition ne soit ouvert ni aux personnalites , ni aux j^ pies de rivalite; de telle sorte encore que Vappreciation des produits exposes [legagee de tout charlatanisme et ne soit pas un piege tendu a la credulite publi n'est qu'a ces seules conditions que la maison de M. Roret a pu preter ouvel ouvrage son patronage et son appUi; a ces conditions seules, d'aille MoNiTECR DE lTxposition pouvait ^tre une oeuvre honorable par ses tenda t utile par ses resultats. Des mesures ont ete prises pour que la redaction de ce livre fut a la hauteur I pission qu'il s'est imposee ; c'estainsi que des hommes speciaux, attachant a ublication le degre d' importance qu'elle merite , ont bien voulu promettre oncours aux editeurs toutes les fois qu'il serait necessaire que les notes fou ar les exposants recussent quelqtzes developpements scientifiques. Le 15 mai p'-ochain est le terme le plus eloigne que les editeurs du Moniteu 'Exposition aient pu fixer pour faire droit aux demandes d' insertion que MM xposants deyront faire parvenir directement a M. ROPtET, libraire, rue H euille,n^ 10 bis^ a Paris, a moins que les articles n' aient etererais a M. CHAR yievalier de la Legion-d'Honneur, Tun des coUaborateurs del'ouvrage et le ^nt aue la maison Roret ait accredite aunres de MM. les e.inosants OBSERVATION ESSENTIELLE LL Roret, qui n'a d'autre but que de publier un ouvragf- utile a Tindustrie, pre 'IM. les exposants qu il ne pourra leur etre demand^ AUCUNS FRAIS DE REDACTION .tides dont ils desireraient linsertion dans le Moniteup »e l'Exposition , et que sa m< ibrairie ne se charge pas des annonces que MM, les ^xposants destinent aux jouriin - ri « V ^ C OLLAi'.OK Vil r I i «* ^> I 4 - ** -MV 1^ X k ^ L 1. P' ^ T t t L -' d \ J S. XKA'IIOI ■■ If' < "" ^ fc ■ A i- - m- ^ L ^ _ 1 ■-» 'V ^ Ir-- d . // \ . \ .> \\i \ « H //; / ^- ^ ^ - J F p ,w r L : i^rvT-^ •* , I ' A - I !>i M(?> 'AiSSON, f ^ •m » ^ / V// {f.: Uj'r>&C^ »/ /■ t , f* 'If* Wn ^1 ru A . ^ ^. ('. f F I \ ft mi ui, ^ ! J » ' * 1 r t \ 2 \\\>>K)\,.i<.^^^'e .7* I. x/1 Aii r, '^ 'V >'r./- I" ■ 1 ' - ' f 1 ! ,./ I.K , wi./il !.. 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